Le texte ci-dessous est la quatrième partie de la traduction de l’original russe intitulé : Новый Завет в апостольское время. La première édition imprimée: de ce texte en russe fut l’article Le Nouveau Testament à l’époque apostolique, dans la revue Le Chrétien, Sergiev Posad, 1916, N ° 1. Il était signé: Archimandrite Hilarion. L’auteur se concentre sur les Saintes Écritures en tant que manifestation de la vie sainte de l’Église. Dans cet article, l’Archimandrite Hilarion affermit sa compréhension théologique de la place des Saintes Écritures dans l’Église du Christ par des témoignages historiques. S’appuyant sur les sources premières du siècle apostolique, l’Archimandrite Hilarion étudia ainsi la place des livres du Nouveau Testament dans l’Église chrétienne, inclus au IVe siècle par l’autorité ecclésiastique dans le Canon des Saintes Écritures.
La deuxième Épître de Pierre est très proche en son contenu de la petite Épître de l’Apôtre Jude, où les mêmes faux docteurs sont dénoncés que dans cette lettre de Pierre. Peut-être était-elle destinée au même cercle de lecteurs que cette deuxième Épître de Pierre. Par conséquent, dans sa propagation, elle est inévitablement arrivée elle aussi à Éphèse. L’Épître de l’Apôtre Jacques est adressée aux Juifs de la diaspora. Dans l’histoire des activités de l’Apôtre Paul à Éphèse, nous apprenons qu’il y avait beaucoup de Juifs qui y fréquentaient la synagogue, et auxquels l’Apôtre prêcha sans crainte pendant trois mois (voir Actes.19;8,10,17). Dans ses paroles d’adieu avec les presbytres d’Éphèse, l’Apôtre Paul se souvient de la prédication qu’il fit à Éphèse aux Juifs et aux Hellènes, et des épreuves qui lui furent infligées par des Juifs malintentionnés (Actes 20;19). Cette fois encore, nous avons des raisons de supposer que l’Épître de Jacques parvint à Éphèse. Ainsi, après avoir examiné les relations mutuelles entre les personnalités éminentes de l’époque apostolique et pris en compte les circonstances de l’origine des différents livres du Nouveau Testament, nous arrivons à une conclusion très naturelle: à Éphèse, entre les mains de Timothée, Primat de l’Église d’Éphèse, se trouvaient jusqu’à 21 livres du Nouveau Testament (les Évangiles de Marc et Luc, les Actes, les quatorze épîtres de Paul et les quatre épîtres conciliaires).
Jean le Théologien, disciple bien-aimé du Seigneur, apôtre et évangéliste, vécut à Éphèse, jusqu’à la fin du Ier siècle. Peu importe que soit contesté, et pour quelle raison qu’il l’est, le séjour à Éphèse de Saint Jean le théologien, est attesté fermement par la tradition et de manière parfaitement fiable. Saint Irénée de Lyon, dans une lettre adressée à Florin, se souvient de la façon dont Saint Polycarpe de Smyrne a évoqué sa rencontre personnelle avec le Saint Apôtre Jean en Asie Mineure. Saint Irénée lui-même dit clairement que jusqu’à l’époque de Trajan, l’Apôtre Jean était à Éphèse, où il écrivit son Évangile. Saint Clément d’Alexandrie dans son essai «Quel riche sera sauvé?» raconte l’histoire célèbre d’un jeune homme devenu un voleur et ramené vers l’Église par l’Apôtre Jean. Et cela se passa près d’Éphèse, d’où l’Apôtre sortait pour visiter les lieux proches [Iren. Contra haer.III, 1, 1.]. Eusèbe de Césarée estime que ces témoignages suffisent pour confirmer le séjour prolongé de l’Apôtre en Asie. Dans le débat sur la Pâque, Polycrate, Évêque d’Éphèse, fait référence à la tradition selon laquelle Saint Jean, était confesseur et enseignant et était enterré à Éphèse. Selon Tertullien, Saint Polycarpe de Smyrne fut élevé au rang d’évêque par Saint Jean. Le Bienheureux Jérôme écrit que l’Apôtre Jean demeura à Éphèse jusqu’au règne de Trajan, qu’il organisa et administra toutes les églises d’Asie et, ayant atteint un âge avancé, mourut dans la soixante-huitième année après la Passion du Seigneur, et fut enterré près de la ville-même. Mais si l’apôtre Jean le Théologien a vécu longtemps à Éphèse et s’il y a écrit son Évangile, comme le dit Saint Irénée, cela nous dit clairement que les trois premiers évangiles se trouvaient déjà à Éphèse, et que l’Apôtre Jean ajouta le sien et compléta ainsi le Canon des quatre Évangiles. L’Évangile de Jean suppose que les trois premiers évangiles synoptiques lui soient antérieurs; il n’en est que le complément. C’est ainsi que l’antiquité chrétienne le considérait. Origène dit que l’Évangile de Saint Jean fut le dernier des quatre à être rédigé. Clément d’Alexandrie a également écrit la même chose, exposant dans ses «Hypothyposes» la tradition des anciens presbytres concernant l’ordre des évangiles. Selon cette légende, les évangiles qui contiennent la généalogie de Jésus-Christ ont été écrits d’abord, puis l’Évangile de Marc. “Et le dernier des évangélistes, Jean, ayant remarqué que les évangiles n’annonçaient que le corps, a écrit l’Évangile spirituel à la demande de ses proches et par l’inspiration du Saint-Esprit [Eusebius. Historia ecclesiastica. VI, 25, 6].
Eusèbe de Césarée écrit à propos de l’Évangile selon Jean: «les Anciens lui ont donné la quatrième place après les trois autres. … Quand les trois évangiles écrits auparavant furent distribués à tous et parvinrent à Jean, celui-ci entreprit, dit-on, de rendre son témoignage quant à leur véracité, sauf que dans ces Écritures, il n’y avait pas de récit concernant ce que le Christ avait accomplit au début de Sa prédication. C’est vrai. Il est facile de comprendre que les trois autres évangélistes, décrivant les œuvres accomplies par le Sauveur au cours de l’année qui suivit l’incarcération de Saint Jean le Baptiste, ont pris cela pour débuter leur narration. Et en effet, Saint Matthieu commence son récit par la période de jeûne et de tentation de quarante jours, en disant: en Entendant cela… que Jean avait été arrêté, il se retira (de Judée) en Galilée (Math.4;12). Il en va de même pour Saint Marc: «Après que Jean eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée, prêchant l’Évangile du royaume de Dieu»(Mc.1;14). Saint Luc fait allusion à la même période, alors que, n’ayant pas encore commencé à décrire les œuvres de Jésus, il dit: «…il ajouta ce crime à tous les autres, et enferma Jean en prison»(Lc.3;20). C’est pour cela qu’on demanda, dit-on, à l’Apôtre Jean de décrire dans son Évangile, (τῷ κατ’ αὐτὸν εὐαγγελίῳ παραδοῦναι) la période passée sous silence par les évangélistes précédents, et a rapporte les actes du Sauveur, liés à ce temps (c’est-à-dire Ses œuvres jusqu’à l’emprisonnement de Saint Jean le Précurseur). C’est précisément à cela que Saint Jean fait référence quand il dit : «Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus»(Jn.2;11), et de même, dans le récit des œuvres de Jésus, il dit de Saint Jean le Baptiste qu’il baptisait à Ennon, près de Salem (Jn.3;23). C’est également clair de les mots suivants: «Car Jean n’avait pas encore été jeté en prison»(Jn.3;24). Ainsi, dans son récit évangélique, Jean parle des actes accomplis par Christ alors que le Baptiste n’était pas encore emprisonné, tandis que les trois autres évangélistes mentionnent les événements qui se sont produits après son emprisonnement… Par conséquent, il était naturel pour Jean de garder le silence sur la généalogie du Sauveur selon la chair, que Matthieu et Luc avaient précédemment exposée, et de commencer par la théologie que l’Esprit Saint lui avait révélée comme étant la plus excellente» [Eusebius. Historia ecclesiastica. III, 24, 2, 7–13.].
Et Saint Jérôme dit la même chose «Le Saint Apôtre Jean… après les autres évangélistes, écrivit son Évangile à la demande des évêques d’Asie contre Cérinthe et d’autres hérétiques, et surtout contre la fausse doctrine des ebionites qui enseignaient que le Christ n’existait pas avant Marie. C’est cela qui l’incita à parler dans son Évangile de Sa naissance avant les siècles, de Dieu le Père. Mais on indique une autre raison l’ayant poussé à écrire cet évangile. Quand il eut lu les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, bien qu’il ait approuvé le texte de leur récit et reconnu que ce qu’ils disaient était vrai, il a constaté qu’ils raconté l’histoire d’une seule année de la vie terrestre du Seigneur, au cours de laquelle Il souffrit, c’est-à-dire les événements qui suivirent l’incarcération de Saint Jean (le Baptiste). C’est pourquoi, omettant l’année dont les événements avaient été décrits par les trois autres évangélistes, il a raconté les événements du temps précédant l’emprisonnement de Saint Jean le Baptiste. C’est évident pour tous ceux qui liront attentivement les quatre livres des évangiles». (A suivre)
Traduit du russe
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