Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (2)

Le texte ci-dessous est deuxième partie de la traduction d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Dans mon petit livre de souvenirs du Père Kirill, publié récemment grâce aux éditions de la Métropole de Simbirsk, il y a cette dédicace : «A mes chers amis partis pour l’autre monde…». Cette dédicace est très importante pour moi, car ce sont eux, précisément, mes chers défunts, qui furent les modèles de la vie de juste dans les conditions réelles du monde contemporain. Le chemin parcouru par certains d’entre eux, qui vécurent dans des conditions de vie dramatiques, fut la voie, dirais-je, du martyr non-sanglant sur cette terre. Ce ne fut peut-être pas un chemin irréprochable, sans erreur, mais il fut grand par sa tendance décidée vers la justice d’En-Haut.
Oui, le Père Kirill fut une pépite, un homme rare, et de plus, un starets béni par la grâce… Toutefois, je dois préciser ce qui suit. Je vis maintenant au Monastère de l’Exaltation de la Sainte Croix de Jérusalem dans la périphérie de Moscou. Après la mort du Starets, je craignais un peu de vivre dans une communauté monastique, de plus, de façon générale, dans la vie, on s’habitue à ce qu’il y ait à côté de nous un homme parfait. Et quand il part pour l’éternité, on a peur de la froideur de la solitude… Et donc, je regardai autour de moi et observai que pratiquement toutes mes sœurs actuelles sont des justes et des héroïnes de l’ascèse, chacune à sa mesure!

Moniale Euphémia, auteur du texte

Elles travaillent humblement de l’aube à l’aube, endurant les défauts les unes des autres, essayant de garder la paix et le bien dans l’âme; que faut-il de plus?! Parfois, je les admire toutes et je ne cesse de remercier Dieu pour le fait que j’ai encore le bonheur de voir de belles personnes autour de moi, des gens qui se sacrifient, gentils, sensibles!
Et je remercie mon précieux starets de m’avoir exaucée par ses podvigs et ses souffrances avant sa mort. Voici donc un regard sur le monde qui m’entoure:un regard reconnaissant.
J’entendis un jour des mots amers, de la bouche d’un célèbre hiérarque : «Dès ma jeunesse, j’ai reçu la tonsure monastique pour éviter les compromis moraux inévitables dans le monde, mais dans ma vie ecclésiastique, et en particulier épiscopale, ces compromis se sont révélés beaucoup plus importants que ce qu’ils auraient été dans le monde». De quoi cela dépend-il ? De ce que l’un est prêt à faire des compromis et que l’autre ne l’est pas pas? Est-ce exact que c’est inévitable? Est-ce que cela dépend de l’homme lui-même, ou des circonstances aussi? En termes simples: pourquoi le Père de Kirill a-t-il réussi à éviter les compromis avec la conscience chrétienne, et d’autres, apparemment aussi des gens bons et sincères, n’y parviennent pas?
J’ai connu des moines qui avaient du mal à vivre le fait que notre vie monastique moderne vous met parfois devant un choix qui, par définition, ne devrait pas surgir dans notre environnement… Oui, nous, comme on dit, n’atteignons pas la hauteur du podvig qui nous est destiné. Beaucoup d’entre nous ne voient même pas notre sécularisation et notre hypocrisie, ou celle-ci sont devenues la norme habituelle, ce qui est effrayant… Mais il y a aussi dans les monastères ceux qui souffrent profondément, réalisant à quel point nous sommes loin des idéaux d’une véritable solitude. Et maintenant, ces hommes et ces femmes qui souffrent, peu de gens les connaissent, même au sein de leur communauté. Ce sont les justes de nos jours. Souvent, ils sont étrangers parmi les leurs. Je pense que le Père Kirill ressentait profondément l’imperfection de ce monde et souffrait également intérieurement, et ne fut jamais vraiment satisfait de lui-même. Il n’avait aucune illusion sur la qualité de notre vie monastique. Mais il devait «porter les fardeaux» de tous ceux qui l’entouraient, et dans le rayonnement de sa bienveillance envers tout homme, il croyait en quelque sorte au meilleur, l’âme s’ouvrait à l’espoir que tout n’était pas perdu…
Pour être honnête, je n’en suis qu’à apprendre cette véracité intérieure. Et je me trompe, et je me mens à moi-même, et je suis hypocrite, très souvent. Mais j’ai remarqué une chose: la grande force motrice de la justesse de l’homme, c’est l’amour de Dieu. Seulement l’amour de Dieu! C’est tellement simple de se dire: «C’est fini, à partir de demain, l’intransigeance sera mon deuxième prénom!»… secousse d’air dans le vide. Devenir juste pour se prouver quelque chose est une motivation insignifiante. Et la grandeur du plan c’est de se tenir devant la Face de Dieu. Ensuite de Lui seul viennent et la force et le courage. Le Père Kirill était un homme qui aimait Dieu et l’Évangile… En disant cela, tout est sans doute dit…
Je me souviens de vos paroles au sujet du Père Kirill: «Jamais, même dans les conversations sur des sujets domestiques, il n’y avait un sentiment de glissement superficiel.» Pourriez-vous expliquer ce qui nous rend superficiels? Pourquoi glissons-nous l’un sur l’autre?»
Je pense que c’est parce que nous ne nous intégrons pas complètement à l’autre, à l’interlocuteur, pendant la conversation avec lui. Nous ne donnons pas à l’autre l’attention qu’elle devrait recevoir : à la périphérie de la conscience, nous réfléchissons déjà à ce que nous dirons en réponse, ou en général nous pensons à nos affaires… le Père était extrêmement attentif à chaque moment de sa conversation avec autrui. Et il priait. Par conséquent, toute situation devenait aux yeux de Dieu votre présence commune à vous et lui…
Vous écrivez que le Starets Kirill restera dans votre mémoire «non un clairvoyant, non le prédicateur visionnaire de certains événements du futur (bien que dans le trésor de la mémoire de mon cœur il soit tout cela), mais un bon maître qui, choisissant avec précision et délicatesse ses outils, fit de vous, avec chaleur et grande sagesse un être humain». Je ne suis pas la seule à jeter un regard en arrière sur ma vie et à voir à quel point j’ai manqué d’éducateurs intelligents… pourquoi un tel déficit? N’est-ce pas parce que seule l’attitude évangélique envers l’homme peut être à la base de la pédagogie morale?
Oui, nous manquions tous cruellement de maîtres intelligents et doués à cette époque. Ils manquent aujourd’hui, et les monastères ne font pas exception… Mais vous avez tout à fait raison de noter que seul l’exemple moral, l’exemple de l’attitude évangélique d’homme à homme, c’est la vraie pédagogie. Et il arrive que de tels exemples nous soient donnés par des gens qui ne sont ni particulièrement mécréants, ni vraiment religieux… En vérité, «l’âme humaine est par nature chrétienne». Je me souviens maintenant comment mon papa «mécréant» me fit honte, avec cœur, parce que j’avais agi de manière impolie et arrogante envers une fille malade mentale. L’âme de papa avait senti que «nous, les forts, devons supporter les infirmités des faibles plutôt que nous satisfaire» (Rom.15,1). Cela, je ne le comprenais pas encore à ce moment-là… Mais jusqu’aujourd’hui, je lui suis reconnaissante pour cette leçon. De même, au monastère, nous apprenons tous les uns des autres, une fois par des erreurs, une fois par des exemples très dignes du comportement de nos frères et sœurs. Dans le monastère, quand j’avais admis certaines erreurs, j’étais toujours fortement impressionnée par la non-sévérité, la clémence douce des autorités, la générosité, le pardon, une telle attitude secoue votre conscience et vous encourage à changer pour le mieux…
A propos de l’amour. C’est incroyablement difficile d’apprendre l’amour le plus élevé, d’ordre évangélique, pas l’amour-réaction («Ici avec cet homme, je suis bien; il me réchauffe, me soutient, me protège, m’inspire, c’est pourquoi je l’aime»), mais l’amour-compassion, l’amour-don. Vous essayez de le faire, mais vous vous fatiguez très vite des gens. Vous voulez pardonner, mais vous ne le pouvez pas. L’exemple du Père de Kirill est frappant; mais pouvez-vous dire qu’il a enseigné cela aux autres? Mais est-ce même possible de l’enseigner?
Non, évidemment! J’étais si proche de lui, mais je n’ai pas appris… Et ce n’est pas de la coquetterie. Mais combien il est encore important qu’un échantillon d’un tel amour et d’une telle considération pour autrui ait été devant vos yeux! Dans un moment d’extrême faiblesse, je peux me dire en toute responsabilité «Sois forte, matouchka! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus que toi et qui a eu la force d’aimer!» Et, qui sait, peut-être que cette mémoire me sauvera à elle seule d’un pas qui me perdrait. Mais, d’un autre côté, il n’est pas nécessaire d’être avec quelqu’un dans la même pièce pour apprendre de lui ses meilleures qualités. Et maintenant se promènent sur terre des gens qui ont rendu visite au Starets seulement deux ou trois fois, et qui ont gravé à jamais dans leur cœur l’exemple de son humilité et de sa bonté, et qui imitent cet exemple. Et Dieu leur donne Sa grâce. Et ils acquerront, le moment venu, l’amour dans lequel Dieu agit….
Le sacrifice le plus dur du Père Kirill fut ses treize ans de maladie, pénétrés de faiblesse, très difficile à accepter. Une question involontaire se pose «Pourquoi? Pourquoi ce tourment pour lui?..» Avez-vous eu des questions similaires? Si oui, qu’est-ce qui a aidé à trouver la réponse?
Aujourd’hui, je peux dire une chose : ce sont les voies de Dieu… et c’est la dernière gloire du Starets à son Créateur, si je peux le dire ainsi. Un homme n’est pas toujours noble et beau pendant les périodes de souffrance qui précèdent sa mort. Le Père Kirill était beau et noble pendant toutes ces treize années de tourments. Sa souffrance, comme si elle avait donné une taille particulière à la pierre précieuse de son âme, est devenue comme le sommet de son exploit monastique et pastoral. Voilà ce que je pense… (…)
Traduit du russe
Source

Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (1)

Le texte ci-dessous est la traduction (en deux parties) d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Matouchka Euthymia, il y eut beaucoup de justes dans votre vie, pas seulement le Père Kirill ; pourriez-vous parler brièvement de ceux d’entre eux qui jouèrent un rôle qui orienta votre vie?
Bien sûr, je pourrais commencer à énumérer des noms, connus de bien d’autres que moi, à commencer par l’Archimandrite Adrian (Kirsanov) qui me donna sa bénédiction quand j’étais encore toute jeune, pour entrer au monastère. C’était ma première rencontre avec un homme possédant le don de clairvoyance. A cette période de ma vie, je ne cherchais que timidement mon chemin, mais j’avais fermement compris une chose: je n’avais pas de place dans le monde qui m’entourait, je ne survivrais tout simplement pas. Et ce n’était pas dû à certaines situations socio-politiques, mais simplement une perception de moi-même… en Passant, au départ, je ne cherchais pas de «startsy clairvoyants» et, on peut dire que je me suis retrouvée par hasard aux grottes de Pskov-Petchory, faciles d’accès à l’époque déjà, depuis Leningrad.

Et voilà que, le Père Adrian, tout droit sorti des pages des anciens paterikons, s’est adressé à moi par mon nom, bien qu’il ne me connaissait pas du tout, puis, après m’avoir extraite de la foule des pèlerins, il m’a conduite dans la pièce où il recevait, et où je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche. Tout mon chemin de vie était devant cet homme comme dans la paume de sa main, même le dernier souffle de ma vie… Et j’ai remercié le Seigneur de ce que mon désir de devenir moniale coïncidait avec Sa volonté toute bonne.
Une autre vraie femme juste rencontrée sur mon chemin fut l’higoumène Georgia (Chtchoukine), qui m’étonna, toute jeune novice, par son cœur miséricordieux et sa clairvoyance…Voici juste un épisode caractéristique: depuis décembre 1989, nous, les jeunes habitants de Pioukhtitsa, sous la direction de l’higoumène, avons travaillé à la restauration du Monastère de Saint-Jean à Saint-Pétersbourg sur la Karpovka. Pour tous les novices, vous savez, elles sont difficiles, les premières années de cette vie inhabituelle pour eux. L’higoumène nous surveillait avec sévérité, mais je n’oublierai jamais avec quelle tendresse sincère elle s’est excusée auprès de nous lorsqu’à notre demande d’aller au zoo (c’était un cadeau promis depuis longtemps pour notre travail acharné) elle a dû répondre par refus. Je me souviens de la première fois qu’elle m’a imposé des grandes métanies; il n’y en avait que sept! Mais à la première occasion, elle a compensé sa rigueur par des éloges publics. Et j’étais si heureuse de ces métanies; pour moi, c’était un signe que j’étais enfin moi-même parmi les miennes, et que je pouvais être réprimandée! Mais je voudrais faire remarquer que parfois dans la vie, ce sont pas seulement des «célébrités» ou des personnes de haut rang qui jouent un rôle d’orientation. Combien de soutien spirituel et humain inestimable ai-je reçu de gens merveilleux dont je suis peut-être la seule à avoir être témoin de ce qu’ils étaient des justes…
Avant d’entrer au monastère, je connaissais une famille de Saint-Pétersbourg, le père à moitié aveugle, un soldat de première ligne, «détenu» sur base de l’article 58, et un fils, un jeune homme solitaire qui se consacrait à son père, à prendre soin de lui. Ce jeune homme ne se permettait même pas de balayer la pièce, si pour quelque raison, son père en était gêné ou simplement irrité… En regardant leur existence simple, paisible, faite de respect mutuel, et à quel point ils la partageaient généreusement avec d’autres, je me disais: «Apprends! Voici de vrais moines!» Ces exemples et bien d’autres sont restés dans la mémoire de mon cœur, comme une grande miséricorde de Dieu, comme un don de la grâce…

Monastère de Pioukhtitsa

Et encore ceci. A la fin des années 1980, à Pioukhtitsa, il y avait une abondance de dignes moniales à la vie juste, de simples moniales à la spiritualité remarquable! Je ne doute pas qu’il y en avait aussi, et qu’il y en a encore, dans d’autres monastères, mais je mentionne ce que j’ai pu observer de mes propres yeux. Dommage que je vécus trop peu de temps à Pioukhtitsa pour apprendre de ces sœurs et acquérir semblable expérience… Les plus âgées de ces moniales décédèrent dans les années 1990′ déjà, mais aujourd’hui encore, là-bas, vivent celles qui continuent leur humble podvig. Dans le monde, elles sont évidemment inconnues, mais elles sont nos contemporaines.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde turbulent et imprévisible. Chaque jour il y a des événements que nous ne pouvions même pas imaginer hier… Peut-être arrive-t-il que quelqu’un vous demande: «Et comment le Père Kirill réagirait à cela? Que dirait-il de ça?» Je comprends toute l’incorrection de ces questions: après tout, de cette façon, nous lui attribuerions nos propres pensées et opinions. Mais-pouvez-vous dire que vous avez reçu du père de Kirill une sorte de clé universelle pour toutes les situations possibles?
Question difficile… Je dirais plutôt que je sens que, grâce à certains conseils de mon père spirituel, j’ai ma propre clé particulière. C’est ma clé à moi. Non pas parce que je sois tellement unique, mais simplement parce que c’est comme ça que ça marche. La conscience de chacun doit ressentir quelque chose de semblable lorsqu’il prend des décisions. Vous pouvez appeler cela un diapason spirituel intérieur, probablement. Mais il n’y a pas de modèle commun. Je me souviens des craintes qui ont renversé les gens pendant la longue histoire du numéro d’identification fiscale: aucune de nos sœurs au Patriarcat, quand j’y accomplissais mon obédience, ne voulait donner son passeport, à cause de ces craintes. Je ne me souviens plus maintenant pour quelles procédures ces passeports étaient alors nécessaires, mais on m’a appelée, comme on dit, «à me rallier au peuple» et à ne pas le donner non plus. Je regimbai contre cet aiguillon; complètement indifférente à cette histoire de numéro d’identification fiscale, je me rendis directement dans le bureau du Patriarche et déposai tranquillement mon passeport devant lui. Il fut tellement ému, en ces jours sinistres, qu’il me serra dans ses bras en me disant : «Comme tu comprends bien!». Il y avait tant de remue-ménage autour du fait que le Père Kirill aurait été catégoriquement opposé au numéro d’identification fiscale, et tout cela introduisit même certaines tensions dans sa relation avec le Patriarche Alexis. C’est-à-dire que si nous étions plus attentifs aux hommes de Dieu, si nous écoutions de tout notre cœur et très sérieusement ce qu’ils veulent nous dire, nous vivrions, en effet, notre vie dans toute son authenticité: elle ne serait peut-être pas simple, ni facile, mais ce serait notre vie…
J’ai l’impression, peut-être ne serez-vous pas d’accord avec moi, que la vie de juste en tant que norme de vie est perdue aujourd’hui. C’est cette justice tranquille des obscurs et pauvres batiouchkas de village qui n’émerveillaient personne, qui n’attiraient personne… et dont nous lisons les nécrologies détaillées dans les «Feuillets Diocésains» d’avant la révolution. Justice et simplicité. L’homme moderne, même sincèrement croyant et aspirant au bien, est complexe, confus, contradictoire, tout en problèmes douloureux. La vie au multiples difficultés l’attaque de tous les côtés, le secouant et le retournant, l’épuisant et le dévastant. Il n’y a plus de silence en l’homme, il y a une cacophonie mentale-émotionnelle constante. Peut-on aujourd’hui revenir à la vie de juste, à la simplicité et au silence? Le Starets Kirill ne fut-il pas le «dernier des Mohicans»?
Ce monde, comme nous le savons vous et moi, se serait effondré il y a longtemps si les justes n’existaient plus du tout… «Il n’y a pas de village sans un juste», n’est-ce pas?.. Ils sont toujours là et, comme je l’ai dit plus haut, ils ne sont pas nécessairement largement connus. Ou, selon vous, personne ne va vers eux. Peut-être une telle obscurité les garde-t-elle de l’hypocrisie et du jeu d’acteur avec lesquels beaucoup masquent avec succès leur indifférence au podvig moral…
Les temps présents ne favorisent pas vraiment l’homme à se consacrer profondément et fondamentalement, par exemple, à l’examen de ses pensées et de ses actions à la lumière des commandements de l’Évangile. Beaucoup de tentations extérieures, de pièges… D’où cette cacophonie mentale-émotionnelle, comme vous le dites. Mais le choix nous appartient. Le chemin de beaucoup de chrétiens aujourd’hui est même tragique, mais si quelqu’un cherche Dieu, si pour lui la voix de la conscience n’est pas un son vide et si elle travaille sur son âme, cela sera payant. Peut-être que le silence et la paix souhaités seront rares, mais le cœur informera un tel travailleur de la justesse de son chemin. Et il sera heureux, je pense. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (2)

Le texte ci-dessous est la seconde partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu).

Les parents de la Très Sainte Mère de Dieu.
L’Archimandrite André (Lemechonok), père spirituel du Monastère Sainte Élisabeth de Minsk parle du Starets Nicolas Gourianov.

Starets Nicolas Gourianov

Le Père Nicolas Gourianov était incapable de passer simplement dans une église devant une icône de la Très sainte Mère de Dieu sans s’arrêter pour la vénérer… C’était avec un grand tremblement de crainte sacrée qu’il faisait une métanie devant l’icône de la Toute Sainte.
Je me souviens qu’à l’époque à laquelle je commençais seulement à aller auprès de lui, je vécus un conflit. Le recteur de notre église interdit les voyages à l’Île de Talabsk [Où résidait le Starets Nicolas. N.d.T.] J’en parlai au Père Nicolas, qui me répondit : «Tu viendras! Va auprès de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Minsk, prends Sa bénédiction et viens». Voilà. Le Starets, dans sa foi à la pureté enfantine selon laquelle c’est la Providence Divine qui dirige le monde, et la Très Sainte Mère de Dieu dispose de tout, il put me conseiller de prendre directement Sa bénédiction à Elle.
Il existe dans la vie spirituelle une incroyable liberté de l’esprit et l’étendue paradoxale de la proximité du Monde Céleste. C’est le Seigneur Qui nous a apporté cette liberté (Jean 8;32).
Quand on voit un homme comme Batiouchka Nicolas, c’était un ange, une lumière visible émanait de lui, alors, on se souvient des paroles que la Très Sainte Mère de Dieu prononça au sujet de Saint Seraphim de Sarov : «Celui-là, il est de Notre lignée».
La Très Sainte Mère de Dieu est arrivée
Alexandre Ivanovitch Panfilov, médecin émérite de la Fédération de Russie et Médecin en Chef de l’hôpital central du District de Rybinsk parle de la Moniale du grand schème Théodosia (Kosorotikhina)
On sait que les premières paroles que prononça Matouchka Théodosia quand elle sortit du coma, à l’âge de dix-neuf ans et demi furent : «Pourquoi ne m’avez-vous rien donné à manger? La Très Sainte Mère de Dieu m’a nourrie». Cette relation directe avec la Très Sainte Mère de Dieu, Qui comme une maman, vient nourrir ses enfants à la cuillère, Matouchka Théodosia la conserva jusqu’à la fin de sa vie terrestre, mais peut-on nommer pareille vie «terrestre»? Parfois, alors qu’elle était alitée, on lui apportait jusqu’à sa couche une icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu. On lui laissa par exemple toute une nuit l’icône miraculeuse «Bogolioubski». Après, elle raconta que toute la nuit, elle avait conversé avec la Mère de Dieu. Après être sortie de son coma, elle connaissait beaucoup de prières par coeur, malgré le fait qu’avant son coma, dans le monde soviétique, elle n’avait pu en prendre connaissance nulle part. La cellule de Matouchka était couverte d’icônes du sol au plafond; partout des icônes du Seigneur, de Sa Mère Toute Sainte, et des Saints.
Matouchka aimait beaucoup qu’on lise dans sa cellule l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et les acathiste à Ses différentes icônes. Elle vénérait particulièrement l’icône de Kazan ; l’anniversaire de sa naissance était fêté le quatre novembre, jour de la fête de cette icône (Bien que la date précise de la naissance de Matouchka Théodosia ne soit pas connue avec certitude). La Staritsa avait l’habitude de ne recevoir aucun pèlerin ni visiteur les jours de fête de la Très Sainte Mère de Dieu : c’étaient à ces occasions que les batiouchkas venaient chez elle. Un groupe allant jusqu’à vingt prêtres, moines ou mariés, se rassemblaient dans sa cellule pour y célébrer le moleben de la sanctification de l’eau. Le jour où je m’y retrouvai pour la première fois, je ressentis une grâce incommunicable. Les batiouchkas célébraient le moleben, les chantres psalmodiaient… Il y avait tant de monde dans cette minuscule cellule, et malgré tout, tous s’adaptaient et trouvaient place. Comment était-ce possible de faire entrer tout ce monde dans un lieu aussi exigu? Mais le plus extraordinaire était qu’à minuit, le cierge placé devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu s’allumait spontanément et Matouchka disait : «Oh, la Très Sainte Mère de Dieu est arrivée!».
Avez-vous demandé la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu pour votre chemin de vie?
Iraïde Sokolov parle de son oncle l’Archimandrite Hermogène (Mourmazov), dans le schème, Tikhon.
Le Père Hermogène aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Quand il parlait de la Toute Sainte à quelqu’un les larmes se mettaient toujours à couler de ses yeux.
Je me souviens comment Batiouchka m’apprit à tirer au sort. A une certaine époque, je ne savais pas où il valait mieux que je vive : près d’Optino Poustin’, à Kozielsk, ou à Pskov? Il me dit : «Commence par prier l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et ensuite, tire au sort». Sur un bout de papier, j’écrivis: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Kozielsk?», et sur l’autre: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Pskov?». Je pliai ces papiers et les plaçai dans l’évangéliaire. Je lus l’Acathiste à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu trois jours de suite. Tout cela se déroula lors de cette fête. Après, chaque fois,je lus l’Évangile. Le troisième jour je me signai, traçai ensuite le signe de croix sur les papiers, comme Batiouchka me l’avait prescrit, et je tirai au sort. La bénédiction pour Kozielsk me fut ainsi donnée. Je n’avais pas encore eu le temps de me relever de la position agenouillée que le téléphone sonnait. «Votre appartement, vous ne l’avez pas encore vendu?». Avant cela, quand de mon propre chef, je m’apprêtais à partir à Pskov, je n’étais pas parvenue à vendre mon appartement! Mais dès que fut déterminée la bonne destination, avec la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, je reçu cet appel d’un correspondant que me dit alors «J’achète votre appartement!». Imaginez qu’ainsi, mon appartement fut vendu en un jour…
Batiouchka m’avait donné pour instruction de réciter vingt-quatre fois par jour : «Mère de Dieu et Vierge…», afin, expliqua-t-il, que chaque heure de la journée fut bénie. Si j’oubliais, il rappelait «Récite la prière à la Très Sainte Mère de Dieu!». «Batiouchka, je l’ai récitée douze fois…» «Non, tu dois la réciter vingt-quatre fois!». De plus il convient de la réciter vingt-quatre fois de plus pour les enfants et les proches. Alors, on commence à se souvenir et à commémorer tout le monde. Et ainsi, il est possible de persévérer, jusqu’à la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, … ainsi le cœur s’élargit dans la prière. Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!
Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman»
L’Higoumène Mikhaïl (Semionov), Supérieur du Désert de l’icône du Sauveur «non-faite de main d’homme», dans le village de Klykovo, parle de la Moniale du grand schème Sefora (Chniakine).
Matouchka Sefora possédait une prière très ardente à la Très Sainte Mère de Dieu. Il est très difficile de parvenir à ce niveau avec le seul esprit. Elle avait préservé cette expérience de la pureté du cœur depuis son enfance. Elle s’adressait au Seigneur et à la Mère de Dieu simplement et directement, comme un enfant. Pour autant qu’il me fut donné d’observer sa prière, j’en ai toujours été étonné: c’était une femme de quasi cent ans, mais son espoir était celui d’un petit enfant qui n’a plus personne d’autre de qui attendre de l’aide : «Très Sainte Mère de Dieu, aide!». Seuls les petits enfants appellent au secours leur mère avec une telle franchise et sans une goutte d’hésitation. Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman». Et pour cette sincérité dans la foi, Elle ne l’abandonna pas. Il est bien connu que Matouchka rêva du monachisme dès ses jeunes années. Mais les circonstances de la vie ne permirent pas que cela se réalise : il y eut le mariage, les enfants et ensuite les petits-enfants. Et même, après qu’elle fut tonsurée, et surtout après qu’elle ait reçu le grand schème, elle ne voulut pas rester moniale dans le monde et finir par reposer dans un cimetière urbain ou villageois. Elle pria la Protectrice des moines et moniales.
Alors, en 1993, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut : «Ne t’inquiète pas, tu ne mourras pas dans le monde. Les prêtres de Klykovo viendront te chercher». Nombreux furent ceux qui proposèrent à Matouchka Sefora de venir chez eux, même l’Archimandrite Benedikt (Penkov), d’Optino Poustin’ lui proposa de lui construire une petite maison, lui promis une auxiliaire de cellule. D’autres encore essayèrent. Mais la Staritsa, que l’âge avait déjà rendue aveugle de ses yeux corporel, lui demanda : «Mais, êtes vous de Klykovo ?…».
Je me souviens que lorsque je fis connaissance de Matouchka, je n’étais pas encore à Klykovo. Mais elle me dit déjà : «Je vais aller vivre chez toi». Je ne compris pas. Mais elle me tapa sur l’épaule et dit «Bon, eh bien, file, c’est l’heure!». Plus tard, après plusieurs années, alors que j’étais à Klykovo, je vins chez elle. Elle avait reçu cette prophétie-bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, et elle voulut se hâter : «Dépêchez-vous de construire une maison, et je viendrai vivre chez vous! J’accomplirai ainsi une bénédiction de la Mère de Dieu». Elle chérit toujours cette faculté de vivre dans l’obédience à la Très Sainte Mère de Dieu, ne faisant rien par sa propre volonté. Vous m’avez interrogé au sujet de sa «vénération», mais je pense que pour elle ce mot n’existait même pas! La Très Sainte Mère de Dieu, le Seigneur, les saints, c’était ses parents. La vénération implique une certaine distance alors qu’elle vivait au milieu d’Eux!
Je me souviens que pour moi, à vingt-deux ans, après mon quotidien des komsomols, cette expérience fut une vrai «explosion» de mon cerveau! Je ne savais même pas que c’était possible. Et pourtant, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut à plusieurs reprises. Elle la consola quand elle fut chassée de sa maison, elle la guida, lui apprit bien des choses. Matouchka Sefora fut une enfant profondément obéissante de la Toute Sainte, comme nous sommes tous appelés à l’être, nous les Chrétiens.
Traduit du russe
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Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (1)

Le texte ci-dessous est la première partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu). Six serviteurs de Dieu racontent leur vénération de la Très Sainte Mère de Dieu, leur relation avec Elle de fils et de fille, qui fit d’eux Ses enfants, Ses proches, Ses disciples. .

«Priez la très Sainte Mère de Dieu, demandez-Lui en toute simplicité»
L’Higoumène Ekaterina (Tchaïkova) est la Supérieure du monastère stavropégique pour femmes de l’Exaltation de la Croix à Jérusalem. Elle parle de l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko).

Higoumène du grand schème Savva (Ostanienko)

Mon père spirituel, l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko), mena son podvig au Monastère de Pskov-Petchory. Il commandait toujours à ses enfants spirituels de lire chaque jour la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, obligatoirement avec les tropaires. «Celui qui lit la Très Sainte Mère de Dieu bénéficiera de son intercession au Jugement Dernier», m’a-t-il dit. Lui-même était animé, comme Saint Seraphim de Sarov, d’un ardent amour pour la Très Sainte Mère de Dieu. Ils nous bénissait toujours pour communier lors de toutes les fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu et de Ses principales icônes. «Kazan, est puissante! Contemplez ! Communiez ! Et ne chagrinez en rien la Très Sainte Mère de Dieu!». Cela faisait partie de ses instructions. Et le Père Savva appréciait beaucoup les acathistes. Cette attirance pour les acathiste a été héritée par un fils spirituel du Père Savva, l’Archimandrite Antippe (Mikhaïlov), au sujet duquel Vladika Tikhon (Chevoukhounov) a écrit avec talent dans son livre «Les saints de tous les jours». Le Père Savva aimait beaucoup aussi les hymnes de louange et d’action de grâce au Seigneur et à la Très =sainte Mère de Dieu. Nous tous ses enfants spirituel avons hérité de son intense vénération de la Très Sainte Mère de Dieu. Moi-même, je dis souvent à mes soeurs : «Sœurs! Chantons chaque fois que c’est possible une hymne de vénération à la Mère de Dieu, sortons en procession avec les icônes de la Toute Sainte, récitons «Mère de Dieu et Vierge, réjouis-Toi…». Alors la Très Sainte Mère de Dieu Elle-même nous protégera». Une sorte de relation très simple, proche, avec la Mère de Dieu s’est installée en moi. Il m’arrive de m’approcher d’une de Ses icônes et de dire : «Toute Sainte Mère de Dieu, Tu es si belle !… Je T’aime. S’il-Te-plaît, aide-nous!». Ou encore : «Mère de Dieu, je T’aime tant! C’est Toi qui intercède pour nous, notre Avocate! Aide-nous!». Ou je viens tout simplement comme auprès de ma maman et j’explique : il y a ça et ça qui ne marche pas pour moi, que faire ?… «Très Sainte Mère de Dieu, je me suis fâchée sur telle ou telle soeur, comme vais-je m’en sortir maintenant?». Ou alors, je demande conseil : «Toute Sainte Mère de Dieu, je voudrais ceci, ou cela. Je ne sais pas si c’est la volonté de Dieu?» Et rapidement, d’une manière ou d’une autre, je reçois la réponse. C’est quelque chose d’humain, n’est-ce-pas, une relation sans formalisme. Un dialogue ininterrompu. Ainsi, j’ai encore une maman, et je m’adresse au Seigneur et à la Très Sainte Mère de Dieu. Ils sont vraiment ici et maintenant dans notre maison. Parfois, je vais auprès de l’icône du Sauveur et je dis : «Père!Un homme est venu me trouver pour me demander de l’aide.Comment donc puis-je l’aider? Aide-le Toi-même, s’il-Te-plaît!» Voilà un genre de relation très simple, et la Très Sainte Mère de Dieu accorde Son aide. Le Seigneur est proche. Il nous entend.
Notre âme guérit dans la prière
Youri Vladimirovitch Goumenny, Directeur d’une usine de matériel électrique parle du Starets Élie (Nozdrine).
Je me souviens qu’un jour, Boris Kortchevnikov a demandé quelque chose à Batiouchka Élie pour sa fille. On lui avait diagnostiqué un cancer. Elle se faisait soigner en Allemagne. Elle avait été opérée, on avait prélevé des cellules souches et la chimiothérapie avait commencé… Mais on ne constatait pas d’évolution favorable. Les médecins allemands décidèrent d’entreprendre une nouvelle tentative, à l’aide de cellules-souches du père, et ils se concertèrent avec des collègues des États-Unis, qui leur répondirent que cela ne servirait à rien, seul un pourcent des patients survit…». Et voilà que les parents de cette jeune fille téléphonèrent. Rencontrer le Père Élie, c’était leur dernier espoir… Mais à l’époque, Batiouchka voyageait et ce n’était pas facile de le trouver. Toutefois, je sentais que leur prière était tellement instante… «De toutes façons, on prend l’avion et on arrive!». J’étais mis devant le fait accompli. Ils arrivaient d’Allemagne avec leur fille. «Comme le Seigneur voudra». Ce fut tout ce que je pus dire. Mais que dire d’autre? Les voici donc qui arrivent et soudain, Batiouchka débarque de Dieu seul sait où! Je me souviens, nous étions dans une pièce, l’Archimandrite Élie, la maman, la jeune fille et moi. La maman expliqua brièvement la situation à Batiouchka et demanda s’il fallait faire une nouvelle opération. Le Starets était jusque là resté silencieux, la tête inclinée. Visiblement, il priait. Soudain, il dit : «Vous savez quoi ?!! Ne faites rien. Priez la Très Sainte Mère de Dieu. Elle est ici, vraiment tout juste ici!». Et il se tourna comme s’il tournait tout son être vers la Très Sainte Mère de Dieu qui Se trouvait entre la jeune fille et sa maman d’un côté et moi-même de l’autre… En moi, mon âme fut renversée! De façon très claire, je ressentis la présence de la Très sainte Mère de Dieu. Il est impossible d’expliquer le tremblement de crainte et de joie qui saisit l’âme en pareil moment. «Priez-La!», entendis-je répéter Batiouchka…
Ils obéirent au Starets. Une amélioration se produisit. Récemment, j’ai reçu un appel téléphonique. La jeune fille n’est pas guérie complètement, mais c’était un meilleur résultat que celui qu’aurait donné les traitements onéreux. Et l’essentiel, c’est l’expérience de la prière. Batiouchka a développé l’aspiration de leurs coeurs, ce « dernier espoir», le détournant des princes de ce monde et des fils des hommes vers la Souveraine des Cieux et de la terre Elle-même. Et dans cette expérience de la prière, notre âme guérit, c’est essentiel.
Les Servantes de la Reine des Cieux
L’Higoumène Sergia (Konkova), Supérieure du Monastère Saint Seraphim de Diveevo parle de Saint Seraphim de Sarov.
A Diveevo, nous sommes toutes des servantes de la Reine des Cieux. Et notre Abba, ici, c’est Batiouchka Seraphim. Il ne fait rien de sa propre volonté, même pas, selon ses propres paroles, bouger un petit caillou. De la même manière, nous devons vérifier si tout ce que nous entreprenons correspond à la volonté de l’Higoumène d’en-Haut. Rien qu’il soit ne peut être accompli par notre propre volonté dans l’Apanage de la Très Sainte Mère de Dieu. La règle de vie intérieure au monastère exige de chaque membre de la communauté, de la novice à l’higoumène, le respect de ce principe. C’est en cela, jusque dans notre prière, que se reflète avant tout notre amour et notre vénération pour la Toute Sainte.
Depuis 1991, nous avons réintroduit au monastère la procession annuelle sur la Kanavka, en priant la règle de la Très Sainte Mère de Dieu. En 1992, lorsque fut consacrée l’église de la Nativité de la Très sainte Mère de Dieu, on alluma une veilleuse permanente devant l’icône de la Nativité de Marie la Très Sainte Mère de Dieu et c’est là que furent célébrées les premières tonsures monastiques. Tout comme la Mère de Dieu fut consacrée à Dieu dès Sa naissance, dans la tonsure naissent les moniales servantes du Seigneur et de la Toute Sainte. En soi, le christianisme est renoncement à soi-même, et le monachisme d’autant plus. Jusqu’au bout de nos forces, nous respectons la règle et nous prenons ainsi conscience de notre infirmité. Respectant l’oustav du monastère, nous renonçons à notre volonté, et pour cela, le Seigneur donne de la joie et de la force, la Mère de Dieu nous favorise et Batiouchka Seraphim nous aide en toutes choses. (A suivre)
Traduit du russe
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Pétouchki, terre promise.

Le texte ci-dessous est la traduction d’un court extrait du premier chapitre du livre «Петушки обетованные», intitulé «Рассказы старой монахини Монахиня Людмила (Золотова)» , titre qu’on peut traduire, approximativement, par Pétouchki, Terre Promise. Récit de la moniale Ludmila (Zolotova). Cette moniale se souvient d’un épisode qu’elle a vécut dans sa jeunesse, sans doute vers le début des années 1960′ du siècle dernier, dans la région de Vladimir. L’auteur du livre, qui a donc recueilli ce récit, est le hiéromoine Seraphim (Katychev). Le livre a été publié en 2018 par les éditions du Monastère Sretenski à Moscou.

La Sainte Souveraine
C’était la guerre. Alors, j’étudiais à l’école technique d’Orekhovo-Zouyevo. Les temps étaient si durs. Difficile d’expliquer tout cela aux générations actuelles. La faim, le froid, les privations de toutes sortes. On aurait dit que la vie elle-même vous obligeait à ne penser qu’au corps mortel. Notre sœur aînée travaillait à l’usine, à Ousad, la plus jeune n’était pas encore en âge d’école, et elle vivait avec maman à Novoselovo. Nous les étudiants, on recevait cinq cent grammes de pain par jour. Même pour une petite jeune fille, ce n’est pas une ration énorme et s’il y a un surplus, il est bien maigre, mais j’en gardais une part pour quand j’allais rendre visite à la maison; je voulais l’offrir à maman et à notre petite sœur. Ce n’était une mince affaire que de rentrer au village. Par Pokrov, cela faisait vingt kilomètre de route forestière, ou, depuis la gare de Sanino, douze. A travers la forêt, là aussi. Le chemin était donc moins long que l’autre, mais en cours de route, sur un kilomètre environ, il fallait traverser des marais sur un ponton à demi pourris. C’était déjà effrayant pendant la journée, mais bien plus encore au crépuscule ou pendant la nuit.
Un jour à la fin de l’automne, nous étions rentrées à trois au village, et chemin faisant, il avait été convenu de repartir tôt le lendemain matin. Notre maison se trouvait au bord du village, et les filles allaient passer me prendre. On ne peut vraiment pas dire qu’à l’époque j’étais croyante. Je me contentais de suivre maman. Je connaissais les prières de base, j’essayais d’observer les commandements, et les circonstances de la vie me forçaient à jeûner. Bien que nous n’allions pas à l’église, elles étaient toutes fermées, grâce à maman, nous sommes restées en Dieu. J’étais sans doute un peu différente de mes sœurs puisqu’on m’appelait «la merveilleuse»1. Et parfois, on se moquait un peu de moi à ce sujet. Et ce jour-la, les filles avaient décidé de plaisanter à mes dépends, de me faire marcher seuls sur ce chemin toute la nuit en tremblant de peur. Maman me poussa pour m’éveiller et me fit lever en disant que Vera et Zoïka étaient déjà partie. En me hâtant, je le rattraperais. Le temps de m’habiller et j’étais sur leurs traces. Maman vit mon état et me dit : «Ne crains rien. Prions et faisons trois grandes métanies à la Très Sainte Mère de Dieu. Après, mets-toi en route et je prierai pour toi».
Je sortis de la maison. Personne en vue. Tant bien que mal je retrouvai la route. Aujourd’hui, c’est la rue Gagarine. Après la mort de Youri Gagarine, ils ont asphalté le chemin à partir de Pokrov, mais au moment de mon histoire, il y avait seulement du remblais. J’avançais lentement, justement vers l’endroit où l’avion tomba. Mon cœur battait la chamade pendant que je pensais «Mais comment vais-je m’en sortir toute seule sur un tel chemin?» Soudain, j’entendis une voix féminine d’une exceptionnelle beauté : «Eh bien, ma petite fille, tu vas vers la gare?». Je n’avais absolument pas peur de cette inconnue. Que du contraire, je ressentais un bonheur rare. «Oui!» «Nous ferons la route ensemble, j’y vais aussi». Dans l’obscurité de la fin de nuit, je ne pouvais distinguer précisément ma compagne de route. Ce que je sais, c’est qu’elle était de haute taille, et habillée de vêtements sombres. Nous ne marchions pas, c’était comme si nous volions ; je me sentais tellement bien. Cette femme me parlait continuellement, avec une grande douceur, m’interrogeant, me réconfortant ; elle débordait littéralement de bonté. Je ne me souviens plus de cette conversation. Il me reste seulement une sensation de joie.

Protection de la Très Sainte Mère de Dieu sur la Russie

Nous avancions à grande allure. Soudain me vint la pensée : «Comment ne pas être en retard pour le train?». Mais exactement à ce moment, la femme me dit : «N’aie pas peur, nous ne serons pas en retard». Et en effet, nous arrivions devant la gare. Si tôt le matin, elle était déserte. Je me mis à la recherche de mes compagnes parties avant moi, mais aucune trace d’elles nulle part. Mais où étaient-elles? Nous ne pouvions les avoir dépassées sans les voir, il n’y avait qu’une seule route. Je me retournai et les aperçus, ces jolis-coeurs, la langue pendante, sortir de la forêt. Je m’avançai vers elles alors qu’elles me regardaient, éberluées : «Mais comment as-tu fait pour te retrouver ici?». Je répondis que j’étais évidemment arrivée par la route, avec une compagne de chemin. Elles ne voulurent pas me croire. Je leur dis qu’elle était là dans la gare. Nous y entrâmes. Personne, il n’y avait personne à l’intérieur, et pas une âme dehors. Qui donc m’avait ainsi accompagnée? Ce ne pouvait être qu’Elle, la Très Sainte Mère de Dieu. Visiblement, elle était ardente, la prière de maman.
Traduit du russe

Mystère de l’obéissance : le Seigneur Jésus et Saint Basile le Grand

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié sur le site Pravoslavie.ru le 14 janvier 2022. Il s’agit de l’homélie prononcée ce jour-là par l’Archiprêtre Alexandre Chargounov.

La fête de la Circoncision du Seigneur et celle de Saint Basile le Grand son liées l’une à l’autre. L’Église nous parle du mystère de l’obéissance. Tous, nous nous rappelons ces paroles : «L’obéissance est plus grande que le jeûne et la prière». Mais, comme le dit Saint Seraphim de Sarov, il faut comprendre cela correctement. En effet, il s’agit en premier lieu des Commandements donnés par Dieu, qui concernent clairement la vie spirituelle. Mais non seulement cela. Cela inclut aussi tout ce qui s’accomplit selon les habitudes humaines naturelles, qu’il s’agisse des règles de la vie de famille ou des lois civiles, tout ce qui n’entre pas en conflit avec la conscience chrétienne. Comme le dit l’Apôtre Paul, «Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui est de bonne renommée, s’il est quelque vertu et s’il est quelque louange, que ce soit là l’objet de vos pensées»(Phil.4,8). L’Église parle de cette obéissance qui est remplie de mémoire, d’amour et de fidélité envers Dieu. Par delà la simple obéissance terrestre, une profondeur incomparable peut s’ouvrir. C’est cette obéissance que manifesta le Christ dès sa naissance, et même avant Sa naissance. Nous nous souvenons comment Sa Toute Pure Mère et le fiancé, le Juste Joseph, obéissant au décret impérial sur le recensement de la population, allèrent à la ville où le Christ devait naître.
Le huitième jour après Sa naissance, le Sauveur fut circoncis selon le commandement donné à Abraham, lorsque Dieu promit d’établir une alliance éternelle avec lui et sa postérité. Le Seigneur pur et sans péché accepta le signe de réconciliation qu’il avait établi lui-même, en tant que Dieu et créateur de la loi. Dès les premiers jours de Sa venue sur terre, Il obéit humblement aux prescriptions de la loi, montrant que tous les modèles de l’Ancien Testament sont accomplis en Lui. La circoncision du Second Adam met fin à la circoncision charnelle de l’Ancien Testament et ouvre la Nouvelle et vraie Alliance, scellée par la circoncision spirituelle, au prix de son Sang. Le Baptême chrétien est une véritable circoncision spirituelle, un signe d’appartenance à un nouveau peuple qui s’associe à la mort vivifiante et à la Résurrection du Seigneur. Tous les baptisés au nom du Christ doivent apprendre ce mystère de l’obéissance.
En ce jour-là fut donné à Dieu le nom que le Messager céleste avait révélé, avant la naissance, au Juste Joseph. Jésus signifie Sauveur. Par ce seul nom s’ouvrit Son ministère sur terre, pour lequel le Dieu d’avant les siècles et Créateur devint homme. Le nom de Jésus exprime tout le mystère de notre salut. «Il s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur.» (Phil.2,8–11). Ceux qui ont été baptisés en Christ ont revêtu de Christ.
Et Saint Basile le Grand nous révèle avec une force exceptionnelle ce que signifie être baptisé, ce que signifie le mystère de l’obéissance. Depuis son enfance, avant même le baptême, il obéit humblement à tout ce qui lui fut enseigné dans sa famille (Il est impossible de ne pas remarquer que cette famille est tout à fait extraordinaire, littéralement une icône de la famille, en particulier à notre époque: elle compte dix enfants, dont cinq seront déclarés saints, et son éducation est principalement assumée par la grand-mère, Macrine, élève de Saint Grégoire le Thaumaturge de Néocésarée). Il fut formé à la rhétorique, c’est-à-dire à l’art d’exprimer ses pensées avec précision et clarté, sous la direction de son père, puis s’engagea dans d’autres études laïques, comme on dirait maintenant, à Césarée de Cappadoce, à Constantinople et enfin à Athènes. Il enseigna modestement la rhétorique, sans penser à aucune gloire. Et après avoir reçu le baptême, il étudia avec diligence les fondements de la vie spirituelle.
Et bientôt, pour se familiariser avec la vie monastique, il part en voyage en Syrie, en Palestine et en Égypte, où il entre en contact étroit avec certains ascètes. C’est ainsi qu’il apprend la science d’une obéissance plus parfaite, dont on pourrait parler encore longtemps. Mentionnons seulement qu’à son retour de voyage, il distribue ses biens aux pauvres et se retire dans le désert près de Néocésarée, où il se livre aux exploits ascétiques, avant de se mettre au service de l’Église. C’est ce côté de sa vie, l’aspect extérieur, qui devient de plus en plus important, parce qu’il est toujours indissolublement lié à l’amour de Dieu. Selon le témoignage de Saint Ephrem le Syrien, lorsque Saint Basile prêchait, une colombe blanche et brillante murmurait à son oreille les paroles qu’il prononçait. Et quand il célébrait la divine liturgie, tout était comme une colonne de feu qui montait de la terre au ciel. Aujourd’hui encore, l’Église orthodoxe, lors de la divine liturgie de nos fêtes les plus importantes, prie avec ses prières remplies d’une grande inspiration théologique. Il veillait à ce que la mémoire des martyrs et la vénération des saintes reliques soient célébrées avec une solennité particulière. Il a été le premier des pères orthodoxes à annoncer clairement et avec audace que le Saint-Esprit est vrai Dieu consubstantiel au Père et au Fils. Inspiré par l’Esprit de Dieu Lui-même, communiquant par grâce avec la Sainte Trinité, Saint Basile formula avec une clarté et une précision incomparables les principaux concepts théologiques, tels que substance et hypostase, sans jamais les isoler du mystère du salut et de la déification de l’homme. Toute sa vie fut une lutte contre les hérétiques qui semaient le trouble dans l’Église. Il fut un évêque accompli, vivante icône du Christ, il fut tout pour tous, mais en même temps, sur le plan humain, il eut à subir maintes défaites dans le cadre de différentes tempêtes et divisions qui sévirent dans l’Église. Aujourd’hui, l’Église nous introduit dans la relation intime du Christ avec Son Père Céleste. Ce n’est pas un hasard si nous lisons à la liturgie l’Évangile selon lequel, après la fête de Pâques, le Christ resta à Jérusalem dans le temple avec des maîtres de la loi qui s’émerveillaient de Son intelligence et de Ses réponses. La chose la plus importante ici est le mystère de Son amour pour Dieu le Père. L’ayant retrouvé après trois jours de recherche, Sa Mère Lui dit : «Mon enfant, pourquoi as-Tu agi ainsi avec nous? Ton père et moi, nous Te cherchions tout affligés? Et il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que Je sois aux choses de mon Père»(Lc.2;48-49). C’est le Christ qui dit cela. Il est pleinement homme, adolescent, et Il est avec Son Père. Et l’Évangile dit : «Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.»(Lc.2;50). Ils ne pouvaient pas encore accéder à cela. Le Christ a une conscience de Dieu-Homme, grâce à laquelle Il vit une relation permanente avec Son Père. «Ne saviez-vous pas qu’il faut que Je sois aux choses de mon Père?»(Lc.2;49). Le Christ a douze ans, et Il témoigne à la fois de Son indépendance et de Son obéissance vis-à-vis de Sa Mère et du Juste Joseph. En effet nous avons entendu ensuite qu’Il «descendit avec eux, et vint à Nazareth, et Il leur était soumis» (Lc2;51). Mais pour cacher Son ministère tout à fait spécial, il fut absent pendant trois jours, et Sa Mère et le Juste Joseph ne pouvaient pas comprendre cela. Nous sommes invités à pénétrer dans cette relation secrète d’amour mutuel infini entre le Père Céleste et le Christ. «Il faut que Je sois aux choses de mon Père?». Voilà la révélation du Christ que nous devons entendre. Ce témoignage prodigieux traverse tout l’Évangile. Le Christ est toujours avec Son Père, Il ne peut s’empêcher d’être avec Lui. Et nous devons apprendre que le secret de notre vie est d’être avec le Christ dans le secret de Dieu le Père, qui contient tout l’amour qui est en Lui. Au cours de tous ces événement, Sa Mère «conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans Son cœur.»(Lc2;19). La joie surabonde dans l’Évangile : «Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes»(Lc.2;52) Mais cela ne l’empêche pas de rester indépendant, en quelque sorte caché à Ses plus proches, auxquels il commence à dévoiler Son secret. Et Il nous appelle nous aussi à être dans le secret de Pâques, dans le secret de Son Père, et à faire Sa volonté.
«Ne saviez-vous pas qu’il faut que Je sois aux choses de mon Père?» Comme ils sont étonnants, ces mots, absolument incomparables! Nous devons chanter la gloire de Dieu, sachant que cet adolescent de douze ans, Jésus–Christ, a déjà un esprit supérieur à toute intelligence humaine, qu’Il est avec son Père et qu’Il fait toujours ce que Celui-ci veut. Il est tout amour pour Son Père Céleste, et en même temps toute obéissance envers sa Mère et le Juste Joseph. Tout est accompli dans l’Église suite à Sa venue dans le monde, car le Christ est avec le Père afin de révéler aux gens qui est Son Père.
Prions le Seigneur pour qu’il nous soit donné d’entrer dans le mystère de Son amour, de Son humilité, de Sa douceur et de Sa patience. Donnons-nous tout entier à tout ce qu’Il fait pour notre salut. Comme le fit Sa Mère qui a tout gardé dans son cœur, gardons ce don dans notre cœur et ainsi, avançons, comme Lui, selon le don qu’Il nous fit, en sagesse et en âge, et dans l’amour de Dieu et des hommes. En ces moments, jadis, la Toute Bénie Vierge Marie ne comprit pas les paroles de Son Fils, mais Elle les garda, et peu à peu il Lui fut donné de les comprendre en plénitude. Tout lui fut révélé, la Croix du Christ et la gloire du Père révélée dans la Résurrection.
Voilà le mystère de l’amour et de la vérité que le Seigneur révèle à ceux qui Lui sont fidèles, leur donnant des yeux nouveaux et un cœur nouveau. Le Saint-Esprit nous permet de savoir que le Christ est consubstantiel au Père et que le Père ne Le quitte pas un seul instant. Nous ne devons pas douter que Dieu ne nous quitte pas non plus un seul instant. Dieu est avec nous. Il est avec nous. Il nous sauve. C’est la seule chose qui compte. Tout le reste est dans le secret de l’obéissance et de notre amour réciproque pour Lui.
Traduit du russe
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