Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (2)

MNMoLe texte ci-dessous est la traduction d’une deuxième partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Un autre trait remarquable de Saint Païssios était l’acuité de son esprit. Avec l’aide de celle-ci, il s’adaptait à son interlocuteur. Avec les évêques, il parlait comme un évêque, avec le patriarche, comme un patriarche, avec un moine, comme un moine, avec un père de famille, comme un père de famille. C’était un trait étonnant chez cet homme qui aima l’ascèse dès son jeune âge : s’adapter à son interlocuteur, quel que soient l’âge et la situation de celui-ci. Il était un homme très sincère. Voulez-vous que je vous parle d’un petit défaut? Je vais le faire, car souvent, nous perdons notre crédibilité quand nous nous efforçons en permanence de construire une auréole de sainteté à quelqu’un. Saint Païssios était un homme sévère. Je dis cela non parce qu’étant moi-même sévère, je souhaite m’en consoler. Quand il essayait de corriger les situations dont on lui parlait, il devenait très dur. C’était un homme d’ascèse. Souvenez-vous du pain qu’il prépara lui-même et fit cuire dans un vieux morceau de tôle qu’il avait trouvé. Quand il eut terminé de cuire le pain, qu’il mangea pendant plus d’un mois, il jeta son «four fait maison». Je lui demandai :
– Geronda, pourquoi le jettes-tu? Tu pourrais encore l’utiliser la fois prochaine!
Mais il répondit :
– Je trouverai un autre morceau de fer et j’en ferai un «four». Je ne veux pas dépendre des choses.
Vous comprenez maintenant la différence entre sa mentalité et la mentalité qui prévaut aujourd’hui dans la société de consommation?
Il était aussi très compatissant. Un jour, alors que les médecins dirent à mon ami Dimitri qu’il était probablement atteint par la sclérose en plaques, Dimitri me dit :
– Quand tu iras chez Geronda Païssios, dis-le lui, pour qu’il prie pour moi!
Arrivant chez Geronda, je l’informai avec ma loquacité coutumière de mes problèmes personnels et me souvins seulement à la fin de mon ami Dimitri, et j’ajoutai donc juste avant de partir :
– Dimitri, un de mes amis demande que vous priiez pour lui !
– Demi-tour! Viens ici. Qu’est-il arrivé à Dimitri? Raconte-moi, afin que je puisse compatir avec lui!
– Il m’a dit de vous demander de prier pour lui.
– Oui, mais que t’a-t-il demandé, concrètement, de me dire? Que lui est-il arrivé? Raconte-moi, pour que ma prière soit compatissante!
Pour lui, le préalable à la prière était la douleur de l’homme. Si nous voulons prier pour quelqu’un, nous devons prendre sur nous son problème, quel qu’il soit, physique, psychologique, financier, social.
Le Saint Geronda Païssios aimait beaucoup la douleur, le labeur, les larmes. Il soupirait en voyant comment ma génération (aujourd’hui, j’ai cinquante trois ans, mais alors, j’en avais entre vingt et trente) n’aimait pas travailler. Il me disait :
– Votre génération veut se sanctifier en appuyant sur un bouton! L’homme s’imagine que s’il pousse sur un bouton, il va devenir saint!
Je sens que je ne parle pas ainsi d’un inconnu, mais d’un homme qui m’est proche. De plus, les saints sont les hommes de Dieu et deviennent «les leurs» pour les croyants. Saint Païssios ressentait de l’amour pour les réfugiés, indépendamment du fait qu’il viennent d’Asie Mineure, de Chypre ou de Constantinople. La clé, c’était «réfugié», et cette clé ouvrait immédiatement non pas sa cellule, mais son cœur.
Il était un homme de sens pratique. Si une femme venait auprès de Saint Païssios et lui disait : «J’ai un problème avec mon mari». Il ne lui répondait pas avec de la théorie mais obligeait à prendre des mesures pratiques. Son activité de pasteur consistait en une multitude de recettes pratiques. Permettez que j’en propose un exemple. Je dis un jour à Geronda Païssios :
– Je suis perturbé quand une pensée me vient, ou un souhait, et que je ne parviens pas à les dépasser ; cela me met en colère. Je me mets très vite en colère!
– Moi aussi !, Me répondit-il.
– Mais cela ne me console pas. Répliquai-je.
– Écoute, je vais te dire ce que tu dois faire quand ces pensées et souhaits viendront encore te rendre visite.
– D’accord, mais seulement, ne me répétez pas ce que vous m’avez déjà dit à Koutloumoussiou, que je dois réciter la prière «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi, pécheur!»
– Pourquoi cela te paraît-il insuffisant?
– Dites-moi ce que je dois faire ;
– Récite la prière «Grand est le nom de la Sainte Trinité» et «Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Quand je récite ces prières, je ressens l’aide de la Sainte Trinité et de la Très Sainte Mère de Dieu et la tentation disparaît. Récite ces prières et si elles ne t’aident pas, viens me tirer les oreilles!
Et quand Saint Païssios te parle ainsi, la seule chose que tu puisses faire, c’est mettre en pratique ses paroles. Je retournai à Athènes. «Des pensées et encore des pensées, et ça, ce sont des souhaits», me dis-je et je commençai à prier «Grand est le nom de la Sainte Trinité! Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!». Et je découvris que les pensées commençaient immédiatement à disparaître, et les souhaits à s’éteindre. Voilà un exemple de la dimension pratique des paroles de Saint Païssios. C’est sans doute à cause de cela que les contemporains l’aiment tellement, las qu’ils sont des théories en tous genres.
Une tentation survint dans la famille d’un de mes proches. Je craignais qu’il ne tombe en dépression. De nos jours, les gens sont facilement déprimés. Mais je constatais qu’il restait heureux et je me dis : «Seigneur prend pitié! Peut-être a-t-il un problème de santé? Comment cela se fait-il qu’il soit aussi joyeux?». Je lui demandai :
– Mon enfant, une grande tentation s’est abattue sur ta maison. Aujourd’hui, tu vis loin de ton épouse et de tes enfants. Vous vous êtes séparés, et toi tu as l’air si heureux !
– Tu sais, je fais ce que toi tu fais quand tu répares ta voiture.
– Et je fais quoi?
– J’ai remarqué que quand tu répares ta voiture, tu répètes de temps en temps «Grand est le nom de la Sainte Trinité. Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Je fais la même chose, et je ressens cette immense joie!
Les saints soignent les maladies latentes sans opérations traumatisantes, sans incision.
Un autre trait de Saint Païssios, commun à tous les saints, était qu’il aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Saint Païssios dit un jour à un moine cypriote :
– Père, les faits que les Turcs n’ont pas pris l’entièreté de Chypre, que Chypre sera libérée, que ne se produira pas là tout le mal qui envahira le monde, tout cela est dû à la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous, les Grecs contemporains, nous devrions crier : «Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!». Il ressentait fortement la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Un jour, pendant la prière, il vit que les Turcs se préparaient à envahir la Mer Égée et la Très Sainte Mère de Dieu entendit alors Sa Protection sur toute la Grèce. Imaginez donc quelles relations les saints entretiennent avec la Très Sainte Mère de Dieu pour qu’Elle étende, juste à cause de quelques-uns d’entre eux, Sa Protection à tout notre peuple! La Très Sainte Mère de Dieu est le modèle de l’homme, de la femme, équilibrés. Qui est l’être humain le plus équilibré de tous les temps? La Mère de Dieu. Elle concentre en Elle l’Épouse et l’Inépousée, la Mère et la Vierge, le Ciel et la Terre, l’Esprit et la Mère. Tout cela s’unit dans Sa personnalité, et donc, celui qui veut être un homme équilibré doit aimer fortement la Très Sainte Mère de Dieu. (A suivre)
Traduit du russe
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