Saint Païssios l’Athonite. L’aide des saints.

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3, qui concerne l’aide de la Très Sainte Mère de Dieu et des Saints, pages 108 à 111 de l’édition russe.

[Note du traducteur russe, p. 108: L’église Saint Arsène de Cappadoce fut construite avec la bénédiction de Saint Païssios dans l’hésychastère pour femmes de Souroti en 1974. Après la glorification de Saint Païssios en 2014, en cette église fut célébré un grand office la consacrant aux deux saints pères, Arsène et Païssios.]
– Geronda, que ressent Saint Arsène, maintenant qu’il a son église?
– De la joie! Il a maintenant sa bergerie où il rassemble ses brebis et les protège.
– Geronda, après qu’un saint soit glorifié, les gens reçoivent plus d’aide de sa part qu’auparavant?
– Bien entendu. Quand l’Église a glorifié un saint, il sent qu’il a l’obligation de nous aider. Si je peux m’exprimer ainsi, il est obligé de nous aider plus qu’avant sa glorification. De plus, le Seigneur l’envoie aider les gens.
– Geronda, un saint peut-il demander à Dieu que les fidèles honorent sa mémoire?
– Non, les saints n’adressent pas de pareilles demandes à Dieu. Il ne disent pas à Dieu : «Seigneur, que les fidèles vénèrent ma mémoire, et Toi, aide-les à le faire», ou encore «Aide seulement ceux qui vénèrent ma mémoire». Les saints disent plutôt : «Seigneur, ces gens vénèrent ma mémoire récompense-les pour cela».
– Geronda, j’éprouve une plus grande vénération envers l’Évangéliste Jean le Théologien qu’envers le saint dont je porte le nom.
– Ne t’inquiète pas, ton saint n’est pas jaloux de l’Apôtre Jean parce que tu aimes celui-ci plus que lui. Évidemment, tu dois le vénérer car il est le protecteur de votre hésychastère, mais même s’il n’était pas votre protecteur, ton saint, comme tous les autres saints, se réjouit quand ton cœur est solidement attaché à n’importe quel autre saint et que tu reçois de l’aide de ce dernier. Les saints sont saints et ils n’ont aucune passion humaine, aucune mesquinerie humaine. L’homme reçoit de l’aide de la part du saint qui lui est particulièrement proche. L’un demandera de l’aide à un grand saint et il la recevra, tout comme l’autre en demandera à un saint quasi inconnu et la recevra aussi, car dans un cas comme dans l’autre, c’est la force de Dieu qui agit.
– Geronda, qu’est-ce qui doit précéder le fait qu’un homme ressente une dévotion particulière pour un saint?
– Quand survient une dévotion particulière pour un saint, cela signifie que le cœur de l’homme a d’une façon ou d’une autre entendu la voix de ce saint. Quand l’un ou l’autre parmi nous a reçu l’aide d’un saint, il peut éprouver pour celui-ci un amour particulier, que cette aide concerne des choses importante ou des détails. Dès mon enfance, j’ai fréquenté l’église Sainte Barbara à Konitsa, ainsi j’éprouve une vénération particulière pour cette sainte megalomartyre. La Sainte m’a aidé quand j’étais à l’armée, quand on m’a pris comme radiotélégraphiste alors que cela demandait une formation préalable. Et elle m’aida plus tard aussi, dans la clinique pour tuberculeux après mon opération aux poumons. Les médecins m’avaient prévenu qu’ils enlèveraient les sondes et les appareils de drainage seulement quand les poumons seraient nettoyés. D’habitude, cela prenait environ cinq jours. Mais moi, vingt-cinq jours plus tard, les sondes étaient toujours en place et cela m’occasionnait de grandes douleurs. Le samedi trois décembre, j’attendais les médecins, espérant qu’ils me libèrent de ce martyr, mais ils ne vinrent pas. Le dimanche matin, jour de la Fête de Saint Barbara, je dis : «Si la sainte voulait m’aider, elle l’aurait fait depuis longtemps. Les médecins sont partis, aujourd’hui, c’est dimanche, personne en viendra. Qui donc va me libérer de ces tuyaux?». Je dis encore avec amertume : «Tant de fois j’ai allumé les lampes à huile dans l’église de la Sainte, combien de flotteurs pour les lampes, combien d’huile ai-je apporté là, combien de fois ai-je nettoyé, mais quoi, c’est si difficile de m’enlever deux tuyaux?». Toutefois, après, je pensai : «Sans doute ai-je d’une manière ou d’une autre chagriné Sainte Barbara, c’est pour cela qu’elle ne s’occupe pas de me les faire retirer». Soudain, j’entendis du bruit. Je m’étonnai : «Que se passe-t-il? A qui est-il arrivé quelque chose?». On me dit : «Les médecins arrivent». Je ne sais quelle mouche avait piqué le médecin en chef, mais tôt le matin il avait téléphoné aux médecins en charge de mon cas et leur avait ordonné : «Allez enlever les sondes du moine». Ils entrèrent et dirent : «On nous a donné pour instruction d’enlever le dispositif de drainage». Visiblement mes paroles amères avaient touché Sainte Barbara. (…)

Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80

Saint Théophane le Reclus : «Racontez tout à la Très Sainte Mère de Dieu »

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un original russe, une homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, prononcée par le Hiéromoine Ioann Loudishchev et mise en ligne le 4 novembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru, à l’occasion de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Au-delà de l’événement fêté, c’est surtout le lien entre la Très Sainte Mère de Dieu et l’espérance qui rend ce texte particulièrement intéressant. Le titre russe de l’article sur Pravoslavie.ru est d’ailleurs : «L’espérance, ferme appui de l’âme. Homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan»

C’est ainsi que le Père Ioann (Krestiankine) a écrit: «Après tout, la foi ne se manifeste pas seulement dans l’arrêt dans la prière et dans la fréquentation de l’église; la vraie foi est témoignée dans la confiance en Dieu et dans l’acceptation de Lui de tout ce qu’Il a trouvé bon de nous envoyer sur notre chemin de vie… Et remerciez Dieu pour tout, marchant sans crainte vers la vie de la terre promise».
Si tu veux être orné de l’espérance, commence à travailler selon le Seigneur, à l’accomplissement de Ses commandements, et tu grandiras dans l’espérance vivante. L’espérance, à son tour, alimentera plus encore l’ardeur de ton adoration de Dieu. L’adoration diligente de Dieu nous fortifie de nouveau dans l’espérance. Et ainsi ils se soutiennent, se fortifient et se nourrissent. Et, au contraire, même chez ceux qui ont vécu saintement, quand ils enfreignent délibérément les clairs commandement de Dieu, l’espérance s’éteint.
Ayant appris à tout remettre entre les mains de Dieu, l’homme «avance toujours avec une grande espérance en Dieu». Selon Saint Païssios l’Athonite, «En faisant confiance en Dieu, avec humilité, tous les problèmes se résolvent. Fais ce que tu peux faire… et ensuite remets-toi à la Divine Providence et à la volonté de Dieu. L’espérance en Dieu est la garantie la plus sûre pour l’homme».
«Commence dès aujourd’hui à faire tout ce que tout ton possible, et Dieu Tout-Puissant fera ce que tu ne peux pas faire.»
«Il faut laisser agir Dieu. Il ne faut pas faire quoi que ce soit sans avoir confiance en Dieu»
«Il faut tout confier à Dieu avec confiance».
«Si l’homme s’accroche dans une certaine mesure à son “moi”, dans cette même mesure, il restera à la traine. Il ne réussira pas spirituellement parce qu’il freine la miséricorde de Dieu. Pour réussir, il faut beaucoup de confiance en Dieu.»
Aujourd’hui, c’est la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan : combien de Ses miracles sont attestés! Combien de fois dans les événements difficiles de notre histoire, la Très Sainte Mère de Dieu Se fit l’Intercesseur instantané de toute la Terre russe! Combien de fois à travers cette icône, et à travers Ses autres icônes, la Très Sainte Vierge Marie a apporté de l’aide suite aux demandes personnelles qui Lui étaient adressées! Ainsi, à un homme qui n’avait jamais vu, la Très Sainte Mère de Dieu donna la vue: il avait vénéré avec une foi sincère Son icône miraculeuse de Kazan, et il reçut la guérison. Une femme, aux jambes complètement paralysées demanda qu’elle fût transportée auprès de l’icône miraculeuse de la Toute Pure Mère de Dieu de Kazan; après le moleben, elle implora la miséricorde, en pleurant et avec une grande foi. Et elle fut également guérie. La Très Sainte Mère de Dieu ne refuse Son aide à personne. Gardons dans notre cœur le souvenir de ces miracles manifestant Son aide et Son intercession, et adressons-nous à la Très Sainte Mère de Dieu dans nos besoins. Ainsi, en traversant avec Elle les événements difficiles de notre vie, nous grandirons en notre espérance en la Très Sainte Mère de Dieu. Tous nous sommes appelés à l’espérance vivante et à une relation vivante avec la Très Sainte Mère de Dieu, car Elle voit tous nos besoins.
Saint Théophane le Reclus a écrit à l’un de ses enfants spirituels : «Maintenant, racontez tout à la Mère de Dieu et demandez pardon pour vos infirmités et pour votre attachement à l’avenir». Ce conseil du Saint: «dites tout à la Mère de Dieu» devrait être notre vivante relation à la Sainte vierge à travers toutes nos difficultés et nos joies, dans tous nos soucis. Les paroles qui portent cette relation remplissent les acathistes et les canons qui Lui sont dédiés.
«Vers qui crierai-je, Souveraine, vers qui accourrai-je dans mon chagrin, sinon vers Toi, Reine des Cieux? Qui accueillera mes pleurs et mes soupirs recevront-ils, sinon Toi, Toute Pure, Espérance des chrétiens et notre Refuge à nous, pécheurs?» C’est ainsi que les paroles de la prière nous apprennent à nous adresser à la Très Sainte Mère de Dieu. Comme on le chante dans le Canon de l’une des fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu: puisque Toi, Très Sainte Mère de Dieu Toute-Chantée et inépousée, Tu es devenue la Mère du Créateur, le Christ de Dieu, nous nous tournons vers Toi dans la prière: ne cesse pas de Le prier pour nous, en Toi nous plaçons notre espérance et mettons tous nos espoirs en Dieu.
A sa fille spirituelle qui travaillait dans l’Altaï, Higoumène du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu «Joie de tous les affligés», à Tchemalska, et qui y rencontrait de nombreuses difficultés et se décourageait, le Saint Hiérarque Macaire (Nevski) rappelait également l’espérance en la Très Sainte Mère de Dieu: «Rappelle-toi ce que vous aviez et ce que vous avez maintenant. Qui vous a envoyé ces gens qui vous aident? Qui collecte des fonds pour vous? Qui a construit des logements pour vous, pour les enfants, des bâtiments pour les écoles? N’est-ce pas la Très Sainte Mère de Dieu, n’est-ce pas votre Protectrice? N’est-ce pas Elle qu’on a vue venir pour la consécration de votre église? N’est-ce pas Elle qui donna la terre à votre communauté? N’est-ce pas Elle qui incita un bienfaiteur à déposer ses biens aux pieds des servantes encore indignes du Christ? Qui est le médecin des malades, la Consolation des affligés? N’est-Elle pas la Joie de tous les affligés? Le péché serait grand si nous qui avons des yeux ne voyions pas la main bienveillante de Dieu sur votre coin de terre». «En vérité,, elle est visible, la Protection de la Reine des Cieux et de Son Fils Divin, notre Dieu, notre Cher et Bon Seigneur, sur votre coin de terre. Tu dis la vérité: à chaque étape, des miracles sont visibles, surtout pour ceux qui prêtent attention aux voies de Dieu.»
Que le Seigneur nous accorde à nous aussi d’augmenter notre espérance en Dieu et en la Très Sainte Mère de Dieu, afin que, «en nous tenant fermement à l’espérance en la miséricorde de Dieu et en plaçant notre espoir en l’aide de la Très Pure Mère de Dieu», nous surmontions résolument toutes les épreuves et les difficultés sur le chemin du salut dans cette vie terrestre. Amen.

Source

Elle conservait ces paroles dans son cœur.

La Très Sainte Mère de Dieu de Kazan

Le texte ci-dessous est la première partie de la traduction d’un original russe, une homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, prononcée par le Hiéromoine Ioann Loudishchev et mise en ligne le 4 novembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru, à l’occasion de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Au-delà de l’événement fêté, c’est surtout le lien entre la Très Sainte Mère de Dieu et l’espérance qui rend ce texte particulièrement intéressant. Le titre russe de l’article sur Pravoslavie.ru est d’ailleurs : «L’espérance, ferme appui de l’âme. Homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan»

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit!
Aujourd’hui, c’est la fête en l’honneur de l’icône de Kazan de la Très Sainte Mère de Dieu. Quand nous nous souvenons de la Très Sainte Mère de Dieu, nous parlons d’Elle avec espérance comme Celle qui aide et intercède ceux qui ont été offensés, comme l’Espoir des désespérés, la Consolation des affligés, la Nourricière de ceux qui ont faim, le Vêtement de ceux qui sont nus, la Guérison des malades, le Salut des pécheurs, l’Auxiliatrice et l’Intercesseur de tous les Chrétiens. Nous la nommons Refuge salvateur des fidèles, notre prompte Consolatrice dans nos malheurs, la Réjouissance permanente des pieux, Celle qui nous représente devant Dieu, qui délivre le monde de ses calamités, l’Avocate dévouée de tous les Chrétiens.

Très Sainte Mère de Dieu “de Tendresse”

Lors de chaque office, nous entendons les mots : «Nous souvenant de notre Très Sainte, Très Pure, Toute bénie et Glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, avec tous les saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu». Pourquoi nous souvenons-nous de la Très Sainte Mère de Dieu et de tous les saints? Afin que nous nous confiions plus fermement et décidément au Seigneur, comme eux se sont auparavant confiés au Seigneur.
Et en ce jour de sainte fête nous nous souvenons également de ce que nous a enseigné la Mère de Dieu par l’exemple de Sa vie. L’évangéliste Luc attire l’attention sur ce qui a fortifié et soutenu la Très Sainte Mère de Dieu dans Son don de Soi au Seigneur. Il s’agit de Son attention sincère aux dits et aux paroles de Dieu et aux œuvres de la Providence Divine. Ainsi, l’évangéliste dit: «Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur»(Lc.2;19). Comment? Les paroles de Dieu qui Lui étaient adressées étaient des paroles vivantes pour le cœur de la Très Sainte Mère de Dieu. Elle entendit les paroles prophétiques à propos de Son Fils en tant que Sauveur du monde, et vit l’accomplissement des paroles concernant le gloire de Son Fils dans des événements merveilleux. Et Elle conservait ces paroles dans son cœur. La Très Sainte Mère de Dieu, alors enfant de trois ans, supporta Sa séparation de Ses parents lorsqu’Elle entra, pour Son éducation, dans le Temple du Seigneur, parce que déjà dans la maison de Ses parents, Elle avait appris à entendre les paroles de Dieu et à leur faire confiance. Et comment put-Elle, sans méfiance et sans exaltation, recevoir l’annonce archangélique selon laquelle Elle allait donner naissance au Fils de Dieu? Peut-être parce qu’Elle gardait déjà dans son cœur les paroles prophétiques au sujet du Christ. Comment traversa-t-elle les difficultés, les malheurs, les peurs qui entourèrent la naissance et l’enfance de Son Fils? Sans aucun doute, avec une fermeté et une espérance inébranlables, car Elle gardait dans son cœur les paroles de promesses Le concernant. Comment a-t-elle souffert de l’éloignement de Son Fils quand il partit prêcher le salut aux gens, ce qui Lui valut de courir des dangers considérables? Sans aucun doute avec don de Soi, car elle conservait Ses paroles à Lui dans Son cœur à Elle. En fait, si vous demandez ce que faisait la Très Sainte Mère de Dieu quand le Seigneur Jésus prêchait, accomplissait des miracles, souffrait, mourut, ressuscita, et monta au ciel, on peut donner une réponse à tout cela: «Elle conservait ces paroles» Et en les préservant, Elle plaçait Son espérance en Dieu en toutes choses.
Comment ne fut-Elle pas tuée par l’arme du chagrin qui perça Son âme aux heures des souffrances et de la mort de Son Fils et Son Dieu? Elle ne fut pas tuée, parce qu’Elle avait déjà vécu l’expérience de cette arme, quand celle-ci sortit de la bouche du Saint et Juste Siméon qui reçut Dieu en ses mains, et Elle avait préparé son cœur à accepter la blessure de paroles mortelles et à guérir par les paroles de la résurrection. Comment continua-t-Elle à vivre quand, avec l’Ascension du Seigneur au ciel, l’unique raison pour laquelle Elle avait vécu fut cachée à la terre? Le Christ et Ses paroles continuèrent à vivre dans Son cœur, et Elle vécut une vie de foi, d’amour et d’espérance.
Et si les gens gardaient eux aussi en leur cœur les paroles de Dieu, ils pourraient affirmer avec l’Apôtre «Qui nous séparera de l’amour du Christ ?», rien ni personne. Les apôtres éprouvaient eux aussi du chagrin quand ils étaient dans des circonstances affligeantes; mais ils enduraient les tribulations et se réjouissaient dans leur espérance.
Il leur était aussi difficile d’être fermes et inébranlables dans la vie par la foi; mais ils vainquirent toutes les difficultés, par l’espoir que celui qui est fidèle dans ce qui est petit on lui confiera beaucoup (Math.25;21), par l’espoir que si nous persévérons dans l’épreuve, nous régnerons avec Lui ; mais si nous Le renions, Lui aussi nous reniera (2Tim.2;12).
Voici donc, la clé de la vie est en Jésus-Christ, notre Seigneur! Dans l’espérance vivante! Et il est nécessaire que cette espérance devienne le support solide de l’âme. Mais souvent, au son du mot espérance, du cœur viendra pour écho, selon les saints, un questionnement perplexe: qu’est-ce que l’espérance, et à quoi sert-elle dans la vie? Cela signifie alors que le mot espérance n’est pas compris par l’esprit, et n’a pas sa place dans le cœur.
Il faut reconnaître que si les problèmes rencontrés affaiblissent l’esprit et font naître des murmures, si le travail d’accomplissement des responsabilités tue toute ardeur à leur égard, c’est un signe clair que l’espérance ne fait pas partie de notre vie spirituelle, que cet hôte céleste n’a pas visité notre âme. Car, lorsqu’il s’y rend, tout se reconstruit comme il faut et sa présence devient claire. Et lorsque la maison de notre âme est éclairée par l’espérance, cette lumière ne peut se cacher, mais se retrouve immédiatement dans la bonté d’âme et la paix de l’âme, malgré tous les obstacles extérieurs, dans le zèle constant et incessant de travailler pour le Seigneur dans le cercle dans lequel Il nous a mis, en dépit de tous les labeurs requis. (A suivre)

Source

L’arbre du Juste Lot

 

L’Archimandrite Naum (Baiborodine)

Le texte suivant est la traduction des pages 51 à 56 du livre de l’Archimandrite de bienheureuse mémoire Naum (Baïborodine), starets de la Laure de la Trinité-Saint Serge, intitulé «Le Chemin du Repentir» (Путь покаяния) dans son édition de 2019, édité à Moscou par les Éditions Sibirskaia Blagozvonnitsa. Le saint Père Naum était doté, en plus de charismes accordés par Dieu, de connaissances encyclopédiques. Ce texte montre comment sont reliés des événements de trois époques éloignées les unes des autres et illustre ainsi la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, la continuité de l’Histoire Sainte sous la Providence de Dieu.

Pas loin de Jérusalem se trouve la Mer Morte, dont la salinité est telle que pas un seul poisson ne peut y vivre. Elle s’est formée sur l’emplacement des antiques villes de Sodome et Gomorrhe, où vécurent des gens pervers qui refusaient de se repentir. Le Seigneur punit ces villes par le feu et elle disparurent de la surface de la terre. Mais, sa femme et leurs deux filles vivaient une vie juste. L’Esprit Saint leur ordonna de sortir de la ville qui devait être détruite. Ainsi, ils eurent la vie sauve.
Toutefois, plus tard, Lot, tomba et commit un lourd péché : dans son ivresse, il connut ses deux filles comme si elles étaient, successivement, sa femme. Quand plus tard il reprit ses sens, cela le mit hors de lui et il pleura amèrement. Il se rendit auprès du patriarche Abraham, son oncle, et il lui raconta tout ce qui s’était passé. Abraham lui répondit : «Tu as commis un grand péché. Je vais prier Dieu. Il me parlera». Abraham était un tel juste qu’il pouvait appeler Dieu et Dieu lui répondait ; il s’entretenait alors avec Dieu. Il revint et dit : «En guise de repentir tu feras ce que je vais te dire». Abraham prit trois branches desséchées, une d’un cyprès, une d’un cèdre et une d’un pin. Il les serra fortement l’une contre l’autre, planta le tout en terre et continua à transmettre le commandement de Dieu : «Voilà ce que tu feras en guise de repentir : va jusqu’au Jourdain, à trente kilomètres. Puises-y de l’eau et revient en arroser ces trois branches sèches, ces trois baguettes mortes, jusqu’à ce qu’elles reverdissent, jusqu’à ce qu’elles commencent à pousser ici».
Quelle foi fut nécessaire à Lot, quelle espérance, quel labeur, pour que reverdissent des baguettes sèches et sans vie, pour qu’elles fleurissent et qu’un arbre pousse à partir d’elles. Et il alla au Jourdain pendant trente ans avec une mule, remplissant une grande jarre d’eau et revenant arroser le triple plant.
Le Monastère de la Croix se trouve dans un faubourg de Jérusalem. On y montre justement l’endroit où poussa cet arbre. Il fut préservé, car c’est de cet arbre que fut façonnée la Croix sur laquelle fut crucifié le Sauveur du monde.
Que ne dut-il pas endurer, Lot! La chaleur torride de Palestine, la distance de trente kilomètres à parcourir, et les embûches que le diable ne manqua pas de monter. Il prit un jour la forme d’un vieillard et il arrêta Lot sur son chemin de retour. Il lui dit : «Homme de Dieu, donne-moi à boire, je meurs, tu en répondras devant Dieu!» Et il se lamenta jusqu’à ce que Lot cédât et lui donnât la grande cruche. Le vieillard but à la cruche et ensuite vida se qui restait. Lot hocha la tête et s’en retourna vers le Jourdain, chercher de l’eau.
Et un jour, la joie de Lot fut grande ! Les trois branches s’étaient unies et poussaient en un seul tronc, grand et beau, qui se divisait en trois cimes.
Quand le Roi Salomon décida de construire le temple à Jérusalem, sur le Mont Moriah, il donna pour instruction d’y amener tous les beaux et grands arbres pour la construction. On en amena même par la mer, les nombreux cèdres du Mont Liban. L’arbre de Lot fut abattu et amené lui-aussi. Mais les constructeurs ne parvinrent pas à en faire usage. Pour les uns, il se faisait démesurément gros, pour les autres,il s’amincissait et pour d’autres encore, il s’écourtait. Ils cognèrent tant et plus et finirent par dire : c’est l’arbre de Lot, l’arbre du péché. Et ils le rejetèrent. Il gît pendant presque un millénaire dans la piscine de Siloam. Et lorsque le Sanhédrin eut décidé de la manière dont il fallait punir Jésus-Christ, l’Homme qui s’était «fait égal à Dieu» (J.5;18), ils se rappelèrent l’existence de l’arbre de Lot, l’arbre du péché, et il l’utilisèrent pour en fabriquer la Croix. L’ancienne prophétie s’accomplit, et de l’arbre à la triple origine fut faite la Croix, et sur ce bois, le Christ fut crucifié, expiant nos péchés, et il vainquit la mort et nous donna la résurrection.
Traduit du russe.
Source :

Gerondissa Anastasia. Elle s’entretenait avec les Anges. (3)

Le texte ci-dessous est la fin de la traduction d’un original russe mis en ligne sur le site Pravoslavie.ru le 12 août 2016. Il est consacré à Gerondissa Anastasia (Vlakhou), du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu «Kira Angelon» (La Dame des Anges), sur l’Île de Corfou.
L’auteur, Madame Ludmila Lis, introduit son texte par les phrases suivantes. «Un jour, passant à proximité du monastère détruit, la petite fille de dix ans entendit l’appel de la Très Sainte Mère de Dieu. Toute la suite de sa vie fut consacrée à Dieu et aux démarches de restauration du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges». Ce monastère à l’état de ruine jusque 1933, année où débuta sa reconstruction par Gerondissa Anastasia, était un antique monastère pour hommes fondé au dix-septième siècle.

Madame A. d’Igoumenitsa était mariée depuis huit ans, mais n’avait pas d’enfant. Elle demanda à Gerondissa de venir lui rendre visite et de prier avec elle. Elle vint et demanda qu’on la laisse seule dans la pièce où se trouvaient les icônes afin qu’elle y prie. La femme fit comme il lui était demandé et monta à l’étage. Le sol y était fait de planches. La femme ôta un bout de planche qui n’était pas fixé et se mit à observer Gerondissa. Celle-ci releva le bas de son vêtement pour poser ses genoux nus sur le sol rugueux et pria longtemps, le visage appuyé sur le sol. Ses larmes se mêlaient à du sang qui s’écoulait de ses genoux. Soudain Gerondissa se releva, rendit grâce à Dieu et appela la maîtresse de maison. «Le Christ m’a dit que dans ta maison la naissance d’enfants apportera beaucoup de joie», dit-elle. Et il en fut ainsi. Deux mois plus tard, la femme était enceinte. Elle donna naissance à une petite fille, et plus tard, aussi à un garçon.
Le beau-père de Constantin Mavromati, chantre d’église, avait de gros problèmes suite à des litiges dans le cadre d’un héritage. Il tomba soudainement malade et fut envoyé par les membres de sa famille (des héritiers) dans un hôpital psychiatrique. Son épouse arriva en sanglot au Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges. Elle voulait prendre conseil auprès de Gerondissa. Après avoir prié, celle-ci lui dit : «Ton mari n’est pas malade. Il va bien. Sors-le de cette clinique et ramène-le à la maison. Alors, sors la couverture de l’armoire (elle précisa de quelle armoire il s’agissait). Cette couverture a été lacérée treize fois avec des formules de magie. Brûle-la immédiatement». La femme mit en œuvre les instructions de Gerondissa, et son mari guérit, libéré des forces démoniaques qui le persécutaient.
Madame Georgia Chrissovitsanou raconta ce qui suit. «Je me rendis dans un désespoir total auprès de Gerondissa pour lui demander de m’aider en priant au sujet de mon problème. Je n’étais pas encore parvenue à lui expliquer de quoi il s’agissait qu’elle me disait avec force et conviction : «Ne te tourmente pas, tu donneras naissance à deux enfants». Et il en alla ainsi». Son premier enfant, Constantin Chrissovitsanos est maintenant prêtre.
Voici le témoignage du Docteur Spyridon Chrissikopoulos, qui passa toute son enfance «aux pieds de Gerondissa Anastasia» : «Je me souviens du cas d’une femme nommée Antonia, qui n’avait pas d’enfant. Les médecins avaient arrêté leur diagnostic : stérilité. Elle alla voir d’autres médecins, jusqu’à Londres. Elle était désespérée quand elle arriva au monastère. Gerondissa l’appela et lui dit : «Ne désespère pas mon enfant, je vais aller demander à ‘mes docteurs’ ce qu’ils peuvent faire». Ma curiosité enfantine me poussa à entrer de suite dans l’église. Je me faufilai dans l’autel et me cachai derrière les ornements du prêtre qui pendaient au mur. Je me cachai pour entendre comment elle allait discuter avec ‘ses docteurs‘. Il n’y avait personne d’autre dans l’église, mis à part elle et moi. Elle ferma l’église et avança jusqu’à l’iconostase. Arrivée devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu, elle se signa, se mit à genoux et commença à prier avec ardeur. C’était un chuchotement ininterrompu, dont je ne comprenais pas le sens. Soudain, l’église s’emplit du son de nombreuses voix, comme si beaucoup de monde priait ensemble, mais je n’y comprenais toujours rien. Je vis son visage, radieux de lumière, rempli de joie, et ses lèvres continuaient à prononcer la prière. Des larmes de joie coulaient sur son visage épuisé par la vie ascétique. J’observais avec enthousiasme. La seule chose dont je me souvienne, c’est mon incompréhensible peur quand un parfum connu, rappelant l’odeur de la marjolaine,se répandit partout. Je ne me rappelle plus combien de temps était passé quand j’entendis la voix de Gerondissa me disant : ‘Sors. Un jour tu comprendras tout quand tu ausculteras tes patients’. Évidemment, je ne compris pas ce qu’elle voulait dire. Gerondissa sortit de l’église et dit joyeusement à Antonia : «Tu les amèneras ici tous les deux pour les faire baptiser!» Instantanément, le visage sombre et fatigué d’Antonia fut illuminé par le bonheur et la gratitude envers la Très Sainte Mère de Dieu et Gerondissa. Et elle vint, dans les années qui suivirent, faire baptiser ses jumeaux. Après le Mystère du Baptême, Gerondissa Anastasia demanda à Antonia en me regardant, ‘tu vois, mon enfant? La foi et tes larmes ont fait grandir les ailes de mes amis, les Anges de la Dame, et par reconnaissance, ils t’ont offert ce cadeau. Crois en Dieu de toute ton âme, mon enfant, et adresse-toi à Lui, et rends-Lui gloire tous les jours. Aime-Le sans limite et toujours Il t’aidera‘».
Depuis le décès de Gerondissa, des pèlerins du monde entier viennent sur sa tombe pour rendre hommage à son podvig et lui demander d’intercéder devant Dieu comme elle le faisait de son vivant. Ils emmènent trois petites pierres de sa tombe en promettant de les y ramener quand leur demande sera exaucée. Beaucoup sont venus ramener les cailloux et beaucoup viendront encore…
Traduit du russe
Source