Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (1)

Le texte ci-dessous est la première partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu). Six serviteurs de Dieu racontent leur vénération de la Très Sainte Mère de Dieu, leur relation avec Elle de fils et de fille, qui fit d’eux Ses enfants, Ses proches, Ses disciples. .

«Priez la très Sainte Mère de Dieu, demandez-Lui en toute simplicité»
L’Higoumène Ekaterina (Tchaïkova) est la Supérieure du monastère stavropégique pour femmes de l’Exaltation de la Croix à Jérusalem. Elle parle de l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko).

Higoumène du grand schème Savva (Ostanienko)

Mon père spirituel, l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko), mena son podvig au Monastère de Pskov-Petchory. Il commandait toujours à ses enfants spirituels de lire chaque jour la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, obligatoirement avec les tropaires. «Celui qui lit la Très Sainte Mère de Dieu bénéficiera de son intercession au Jugement Dernier», m’a-t-il dit. Lui-même était animé, comme Saint Seraphim de Sarov, d’un ardent amour pour la Très Sainte Mère de Dieu. Ils nous bénissait toujours pour communier lors de toutes les fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu et de Ses principales icônes. «Kazan, est puissante! Contemplez ! Communiez ! Et ne chagrinez en rien la Très Sainte Mère de Dieu!». Cela faisait partie de ses instructions. Et le Père Savva appréciait beaucoup les acathistes. Cette attirance pour les acathiste a été héritée par un fils spirituel du Père Savva, l’Archimandrite Antippe (Mikhaïlov), au sujet duquel Vladika Tikhon (Chevoukhounov) a écrit avec talent dans son livre «Les saints de tous les jours». Le Père Savva aimait beaucoup aussi les hymnes de louange et d’action de grâce au Seigneur et à la Très =sainte Mère de Dieu. Nous tous ses enfants spirituel avons hérité de son intense vénération de la Très Sainte Mère de Dieu. Moi-même, je dis souvent à mes soeurs : «Sœurs! Chantons chaque fois que c’est possible une hymne de vénération à la Mère de Dieu, sortons en procession avec les icônes de la Toute Sainte, récitons «Mère de Dieu et Vierge, réjouis-Toi…». Alors la Très Sainte Mère de Dieu Elle-même nous protégera». Une sorte de relation très simple, proche, avec la Mère de Dieu s’est installée en moi. Il m’arrive de m’approcher d’une de Ses icônes et de dire : «Toute Sainte Mère de Dieu, Tu es si belle !… Je T’aime. S’il-Te-plaît, aide-nous!». Ou encore : «Mère de Dieu, je T’aime tant! C’est Toi qui intercède pour nous, notre Avocate! Aide-nous!». Ou je viens tout simplement comme auprès de ma maman et j’explique : il y a ça et ça qui ne marche pas pour moi, que faire ?… «Très Sainte Mère de Dieu, je me suis fâchée sur telle ou telle soeur, comme vais-je m’en sortir maintenant?». Ou alors, je demande conseil : «Toute Sainte Mère de Dieu, je voudrais ceci, ou cela. Je ne sais pas si c’est la volonté de Dieu?» Et rapidement, d’une manière ou d’une autre, je reçois la réponse. C’est quelque chose d’humain, n’est-ce-pas, une relation sans formalisme. Un dialogue ininterrompu. Ainsi, j’ai encore une maman, et je m’adresse au Seigneur et à la Très Sainte Mère de Dieu. Ils sont vraiment ici et maintenant dans notre maison. Parfois, je vais auprès de l’icône du Sauveur et je dis : «Père!Un homme est venu me trouver pour me demander de l’aide.Comment donc puis-je l’aider? Aide-le Toi-même, s’il-Te-plaît!» Voilà un genre de relation très simple, et la Très Sainte Mère de Dieu accorde Son aide. Le Seigneur est proche. Il nous entend.
Notre âme guérit dans la prière
Youri Vladimirovitch Goumenny, Directeur d’une usine de matériel électrique parle du Starets Élie (Nozdrine).
Je me souviens qu’un jour, Boris Kortchevnikov a demandé quelque chose à Batiouchka Élie pour sa fille. On lui avait diagnostiqué un cancer. Elle se faisait soigner en Allemagne. Elle avait été opérée, on avait prélevé des cellules souches et la chimiothérapie avait commencé… Mais on ne constatait pas d’évolution favorable. Les médecins allemands décidèrent d’entreprendre une nouvelle tentative, à l’aide de cellules-souches du père, et ils se concertèrent avec des collègues des États-Unis, qui leur répondirent que cela ne servirait à rien, seul un pourcent des patients survit…». Et voilà que les parents de cette jeune fille téléphonèrent. Rencontrer le Père Élie, c’était leur dernier espoir… Mais à l’époque, Batiouchka voyageait et ce n’était pas facile de le trouver. Toutefois, je sentais que leur prière était tellement instante… «De toutes façons, on prend l’avion et on arrive!». J’étais mis devant le fait accompli. Ils arrivaient d’Allemagne avec leur fille. «Comme le Seigneur voudra». Ce fut tout ce que je pus dire. Mais que dire d’autre? Les voici donc qui arrivent et soudain, Batiouchka débarque de Dieu seul sait où! Je me souviens, nous étions dans une pièce, l’Archimandrite Élie, la maman, la jeune fille et moi. La maman expliqua brièvement la situation à Batiouchka et demanda s’il fallait faire une nouvelle opération. Le Starets était jusque là resté silencieux, la tête inclinée. Visiblement, il priait. Soudain, il dit : «Vous savez quoi ?!! Ne faites rien. Priez la Très Sainte Mère de Dieu. Elle est ici, vraiment tout juste ici!». Et il se tourna comme s’il tournait tout son être vers la Très Sainte Mère de Dieu qui Se trouvait entre la jeune fille et sa maman d’un côté et moi-même de l’autre… En moi, mon âme fut renversée! De façon très claire, je ressentis la présence de la Très sainte Mère de Dieu. Il est impossible d’expliquer le tremblement de crainte et de joie qui saisit l’âme en pareil moment. «Priez-La!», entendis-je répéter Batiouchka…
Ils obéirent au Starets. Une amélioration se produisit. Récemment, j’ai reçu un appel téléphonique. La jeune fille n’est pas guérie complètement, mais c’était un meilleur résultat que celui qu’aurait donné les traitements onéreux. Et l’essentiel, c’est l’expérience de la prière. Batiouchka a développé l’aspiration de leurs coeurs, ce « dernier espoir», le détournant des princes de ce monde et des fils des hommes vers la Souveraine des Cieux et de la terre Elle-même. Et dans cette expérience de la prière, notre âme guérit, c’est essentiel.
Les Servantes de la Reine des Cieux
L’Higoumène Sergia (Konkova), Supérieure du Monastère Saint Seraphim de Diveevo parle de Saint Seraphim de Sarov.
A Diveevo, nous sommes toutes des servantes de la Reine des Cieux. Et notre Abba, ici, c’est Batiouchka Seraphim. Il ne fait rien de sa propre volonté, même pas, selon ses propres paroles, bouger un petit caillou. De la même manière, nous devons vérifier si tout ce que nous entreprenons correspond à la volonté de l’Higoumène d’en-Haut. Rien qu’il soit ne peut être accompli par notre propre volonté dans l’Apanage de la Très Sainte Mère de Dieu. La règle de vie intérieure au monastère exige de chaque membre de la communauté, de la novice à l’higoumène, le respect de ce principe. C’est en cela, jusque dans notre prière, que se reflète avant tout notre amour et notre vénération pour la Toute Sainte.
Depuis 1991, nous avons réintroduit au monastère la procession annuelle sur la Kanavka, en priant la règle de la Très Sainte Mère de Dieu. En 1992, lorsque fut consacrée l’église de la Nativité de la Très sainte Mère de Dieu, on alluma une veilleuse permanente devant l’icône de la Nativité de Marie la Très Sainte Mère de Dieu et c’est là que furent célébrées les premières tonsures monastiques. Tout comme la Mère de Dieu fut consacrée à Dieu dès Sa naissance, dans la tonsure naissent les moniales servantes du Seigneur et de la Toute Sainte. En soi, le christianisme est renoncement à soi-même, et le monachisme d’autant plus. Jusqu’au bout de nos forces, nous respectons la règle et nous prenons ainsi conscience de notre infirmité. Respectant l’oustav du monastère, nous renonçons à notre volonté, et pour cela, le Seigneur donne de la joie et de la force, la Mère de Dieu nous favorise et Batiouchka Seraphim nous aide en toutes choses. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Métropolite Benjamin (Fedtchenkov). «Mon rêve du Patriarche Tikhon»

Vladika Benjamin

Le texte ci-dessous est le traduction française d’un original russe dû au Métropolite Benjamin (Fedtchenkov) de bienheureuse mémoire, publié le 9 octobre 2009 sur le site Pravoslavie.ru qui l’avait repris du magazine Православие и современность (Orthodoxie et actualité). Ivan Fedtchenkov naquit le 2/14 septembre 1880. Il reçut la tonsure monastique en 1907, année au cours de laquelle il termina l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg. En 1910-1911, il fut le secrétaire particulier de l’Archevêque Serge de Finlande, le futur patriarche. Entre 1904 et 1908, il rencontre le Père Jean de Kronstadt à trois reprises, et à l’une de ces occasion, il concélébra la Divine Liturgie avec lui. Il fit partie des fondateurs et fut recteur de l’Église des Trois Saints Docteurs à Paris, et fondateur de la représentation du Patriarcat de Moscou en France. Il fut exarque du Patriarcat de Moscou en Amérique et y devint métropolite. Il termina sa vie au Monastère des Grottes de Pskov-Petchori, du 27 février 1958 au 4 octobre 1961, et son corps y fut inhumé. Vladika Benjamin a laissé un riche héritage littéraire et spirituel.

En général, il ne faut pas croire aux rêves. Les saints pères, d’ailleurs, parlent même d’une «vertu particulière consistant en ne pas croire aux rêves» (Bienheureux Diadoque, dans la Philocalie). Mais il peut arriver que les rêves soient manifestement justes. Je vais vous conter brièvement ma vision du Patriarche Tikhon.
C’était l’année de la discorde entre les Métropolites Antoine et Euloge. Je quittai Paris pour Cannes et là, je célébrai l’office chaque jour. Et soudain, j’eus un rêve.
C’était comme dans une immense ville. On aurait dit Moscou… Mais à la limite des faubourgs. I n’y avait déjà plus de rues, juste quelques petites maisons jetées ici et là… Un lieu au relief accidenté… Des trous boueux. Plus loin, juste des mauvaises herbes et une prairie à perte de vue. Je me trouvais dans une de ces maisonnettes, ou plutôt dans l’isba du paysan. J’étais en rason, sans la panagie épiscopale, mais je savais que j’étais évêque. Dans l’isba s’entassaient entre dix et quinze hommes. Tous issus du simple peuple. Aucun riche, aucun aristocrate, aucun érudit. Le silence régnait. On se déplaçait doucement comme des mouches d’automne sur la fenêtre avant le gel hivernal… Je ne dis ris. Je ne peux rien dire : ils sont incapable d’écouter les reproches et les exhortations, ni d’ailleurs rien qui ait trait à Dieu. Leur âme est tellement blessée, par les péchés, les malheurs, l’incapacité de se relever de la chute qu’ils sont juste des hommes à la peau tellement brûlée qu’on ne peut la toucher fût-ce légèrement… Et je ressens cela et je me tais… C’est suffisant que je sois parmi eux, qu’ils ne me «supportent» pas mais se sentent tout simplement là avec moi (sans aucune familiarité, rien d’émotionnel), ne se gênent pas me considèrent «un des leurs». Silencieusement leurs cœurs me disent : «Seulement, tais-toi. Il suffit que nous soyons ensemble… Ne nous touche pas : nous n’en avons pas la force». Je suis triste pour moi-même et je ne puis rien y faire, mais plus encore, je les plains : ce sont des malheureux.
Soudain, quelqu’un dit: «Le Patriarche arrive».
Et effectivement, plus tôt, ils l’attendaient. Nous sortons tous, moi, au milieu du groupe. Nous regardons. Sa Sainteté le Patriarche Tikhon avance, presque sans toucher le sol. Il porte la mantia épiscopale et le klobouk noir des moines, pas le klobouk patriarcal blanc. Derrière lui, en stikharion, un novice porte le bord de la mantia. Aucune suite ne l’accompagne… Il ne faut pas; ce sont des âmes malades, la splendeur leur serait trop insupportable.

Le Saint Patriarche Tikhon

Nous regardons Sa Sainteté qui approche et nous voyons que son visage s’illumine d’un sourire d’amour d’une tendresse inhabituelle, de compassion, de pitié de consolation. Enfin, un sourire si doux que je ressens quasiment le goût de cette douceur dans ma gorge… Et toute cette douceur d’amour et de tendresse, il l’envoie à ces gens ! Moi, il ne me remarque même pas… Tous s’approchent. Soudain, je sens que quelque chose se transforme dans les cœurs des paysans qui m’entourent : ils commencent vraiment à «s’ouvrir», à dégeler. Comme des mouches sous les premiers rayons du soleil de printemps… Et même en mon corps je commençais à sentir qu’en eux, et en moi, quelque chose commençait à «se détacher», «à la petite cuillère», à se détendre… «Ça relâche»… Plus tard, j’ai appris qu’à cet endroit se trouve en nous un nœud nerveux, ce qu’on appelle le «plexus solaire», là où ça se compresse en cas de tristesse…
Dans leur yeux, je commence à lire leurs pensées : «Mais regardez! Le Patriarche, il sourit… Ça veut dire qu’on peut respirer, qu’on peut vivre!» Et tout leur devient léger, léger, en eux, les pauvres, les persécutés. Et Sa Sainteté s’approche encore et leur sourit toujours plus fort. Son visage est encadré d’une barbe rousse. Et quand il arriva tout près, je vis que le visage de mes voisins se mettait aussi à sourire, mais juste un tout petit peu.
Une pensée surgit : «Maintenant seulement il est possible de leur dire quelque chose, maintenant ils sont capables d’entendre : leur âme s’est dégelée. Mais dans l’isba, il était impossible de penser à leur donner des enseignements».
Et comme ça, j’ai compris que pour commencer, il faut réchauffer l’âme pécheresse, et après, essayer de la corriger. Et Sa Sainteté était parvenu à faire cela : il aimait beaucoup ces pécheurs ; ils étaient ses malheureux enfants. Il les réchauffa de son amour. Je compris que plus tôt, il n’eut pas été possible (pour moi) de leur parler, voilà pourquoi il ne fallait pas le faire. Voilà pourquoi nous restions silencieux dans l’isba. Et je m’émerveillai de la grande puissance de l’amour!
Sa Sainteté s’approcha. Et puis, c’était comme si je lui fis une grande métanie. Me redressant, je lui embrassai la main. Elle me sembla douce et potelée. Je me présentai à lui, en tant qu’évêque. Mais chose étrange, cela semblait ne rien signifier pour lui, comme s’il ne me remarquait pas. Cela m’affligea. Tout son amour était dirigé vers ces gens simples, éplorés, opprimés. Finalement, n’y tenant plus, je décidai de lui adresser silencieusement une question, pas avec des mots, car son cœur sentait ce que je pensais : «Vladika! Que dois-je faire là-bas (à l’étranger), c’est-à-dire en ce qui concerne la division de l’Église entre le Métropolite Antoine et le Métropolite Euloge. Où dois-je aller?» Il comprit immédiatement la question. Mais manifestement, elle ne l’intéressait pas, ou même, plutôt, elle le dérangeait. Son sourire lumineux s’éteignit.
J’attendais une réponse… Laquelle? Il aurait pu me dire ; va chez le Métropolite Antoine, ou au contraire, chez le Métropolite Euloge, ou quelque chose d’autre de ce genre au sujet de la division… Mais sa réponse fut complètement inattendue, jamais je n’aurais pu l’imaginer : «Sers le peuple…». Voilà les paroles surprenantes et inattendues que me dit Sa Sainteté. Il ne s’agissait ni de métropolites, ni de division, ni de juridiction, mais de servir le peuple… Justement ce peuple, ce peuple des gens simples… Ce n’était pas un hasard si dans l’isba il n’y avait que des moujiks (et mon père, un ancien paysan serf)… Il ne dit pas «servez», mais «sers». Cela s’adressait à moi personnellement. Et soudain, le sens de ces paroles du Patriarche me parut clair : «Pourquoi donc, vous les hiérarques, vous querellez-vous? Est-ce de vous qu’il s’agit? L’important, c’est le salut des gens, du peuple des gens simples. S’il est sauvé, tout ira bien, s’il ne l’est pas, tout sera perdu. Que peuvent les généraux sans soldats?» Subitement, la querelle de pouvoir s’estompait…
Alors, il fallut que je réponde… Et, à ma plus grande honte, je ressentis la difficulté, la platitude grise du travail au milieu des gens simples au milieu desquels je m’étais tu dans l’isba. Une sorte de tentation s’empara de moi. Et moi, esclave servile, je décidai d’effectuer une tentative de rejeter la croix…
«Vladika!, dis-je dans mon cœur, mais on me propose un siège épiscopal!» Et j’eus la vision d’une immense église : j’étais en mantia… Je chantais… mais l’église était vide… J’allai à l’autel… Mais Sa Sainteté devint soudain triste. Dans son regard, je lus : Vous êtes insensé, insensé! A quoi sert l’épiscopat s’il n’y a personne pour qui célébrer? Ce n’est pas le peuple qui fait pour l’évêque, mais l’évêque pour le peuple. L’évêque est le serviteur de Dieu pour le peuple…
Une grande honte m’envahit… J’aurais voulu retirer mes paroles, mais hélas, il est trop tard, elles avaient été dites. Alors le Patriarche ajouta : «Eh bien, va chez Antoine… «Eh bien», cela voulait dire : de deux voies mauvaises (comparées au service du peuple) prends celle qui est relativement meilleure… Et puis, il y eut des paroles au sujet d’un monastère, … plutôt perdu, dans le brouillard… mais, je ne vis pas cette fin. Le Patriarche disparut. Je me retrouvai dans une maison, peut-être dans l’isba, je ne sais pas.

Saint Joasaph de Belgorod

Je regardai autour de moi : les reliques de Saint Joasaph de Belgorod étaient disposées là, recouvertes d’un voile… Je m’approchai et les vénérai. A ma suite s’approcha l’évêque Vladimir (de Nice). Un prêtre que je connaissais enleva le voile. Je regardai. Le Saint était comme vivant. Je le vénérai de nouveau et dit à l’évêque Vladimir : «Regardez, regardez, le Saint est vivant». Je m’éloignai un peu de la tête du lit et Saint Joasaph tendit le bras et me tapota avec douceur la joue droite.
La vision prit fin. Je m’éveillai. Voilà mon rêve.
Quelques mois s’écoulèrent. J’en lus le récit à une connaissance (Entre-temps, je l’ai égaré). Soudain, une question surgit en moi : Que vient faire Saint Joasaph là-dedans?
Je examinai mes notes de l’époque et il s’avéra que le jour où j’eus cette vision, c’était soit la veille ou le jour de la fête de Saint Joasaph (le 4 septembre). Surprenante coïncidence. Cela affermit en moi l’idée que ce rêve ne fut pas l’effet du hasard. J’envoyai le récit à des startsy de l’Athos. Il me répondirent : «C’est un rêve remarquable!», sans pour autant m’expliquer les détails… Je compris tout cela comme le signe de ce que je devais retourner en Russie et y «servir le peuple». Je me préparais à partir… J’avais quasi reçu les autorisations quand soudain, le Métropolite Euloge (à l’insu duquel j’avais effectué les démarches) m’envoya une lettre m’implorant de «renoncer «au Nom de Jésus Christ» au voyage, afin «de ne pas tenter» l’émigration». Et il promettait d’intervenir ici en ma faveur (un siège épiscopal?). Je m’arrêtai donc, non pas «devant l’émigration», devant Dieu… Et, au téléphone, je répondis que je devais obéir… Il me remercia… Je sortis dans le jardin de Saint Serge et je sanglotai amèrement : j’avais renoncé à «servir le peuple». Jusque aujourd’hui, je suis envahi par une amère affliction quand je me souviens de cela. J’aurais dû prier trois jour, et la réponse aurait sans doute été différente…
Traduit du russe
Source

Saint Jean de Kronstadt. Homélie pour la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu

St Jean de Kronstadt

Le texte ci-dessous est la traduction d’une homélie prononcée par Saint Jean de Kronstadt à l’occasion de la fête de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu, célébrée le 8/21 septembre. L’original russe a été publié le 19 septembre 2003 sur le site Pravoslavie.ru et était intitulé : Скорбь и радость Слово в день Рождества Пресвятой Богородицы (Affliction et Joie. Homélie pour le jour de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu).
Par Ta Nativité, Mère de Dieu et Vierge, la joie fut révélée à tout l’univers: car de Toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu. (Tropaire de la fête).

Nous fêtons solennellement, chers frères et sœurs, la Nativité de la Toute Sainte Vierge Marie, née de parents stériles, les pieux et justes Joachim et Anne. La Saint Église a instauré cette fête dès les premiers siècles de la foi chrétienne. L’événement célébré, la naissance de la Jeune Vierge choisie par Dieu, a apporté la joie au monde entier, car l’Homme-Dieu, le Christ Jésus sortit d’Elle et détruisit la malédiction de Dieu qui pesait sur le genre humain pervers et déchu. Il fit descendre sur lui la bénédiction divine, et foulant aux pieds la mort universelle, Il donna la vie éternel aux hommes. Voilà comment la Sainte Église explique la raison de la joie présente.
Pendant longtemps, les justes futurs parents de la Vierge Toute Pure s’affligèrent de leur stérilité, longtemps ils prièrent le Seigneur de lever cette infertilité. Celle-ci était considérée comme une punition de Dieu pour leurs péchés; ils faisaient beaucoup d’aumônes afin d’incliner à la miséricorde le Très-Miséricordieux. Et ils enduraient insultes et humiliations de la part des membres de leur communauté. A travers pareilles afflictions, dans leur prières incessantes et par leur charité, ils purifièrent progressivement leur esprit. Leur attachement et leur amour pour Dieu se firent de plus en plus ardents. C’est ainsi que la Divine Providence les prépara à donner une naissance bénie à la Vierge Toute-Bénie, choisie parmi toutes les lignées du genre humain pour être Mère du Verbe fait chair.
C’est par le chemin étroit de la souffrance que le Seigneur conduit Ses élus à la gloire et à la béatitude. En effet, à la Mère de Dieu selon la chair Elle-même, il fut annoncé par le Juste Siméon qu’un glaive transpercerait Son âme et qu’Elle vivrait en Son âme de pénibles afflictions pendant la vie souffrante de Son Fils et ainsi seraient «révélées les pensées cachées dans le cœur d’un grand nombre» (Lc.2;35). Ainsi, elle est étroite et douloureuse la voie de tous les élus de Dieu, car le monde et les puissances de ce monde, c’est-à-dire l’ennemi de Dieu et des hommes, opprime jusqu’à l’extrême les hommes de Dieu; et le Seigneur Lui-même permet qu’ils endurent le cheminement sur la voie étroite, dans la mesure où celle-ci leur permet de monter vers Dieu et de placer en Lui seul leur espérance.
Mais faisons passer notre regard du chagrin à la joie. Quelle joie nous apporte la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu? Examinons plus en détail l’hymne de l’église, qui explique les raisons de la joie de la fête.
C’est à travers la Nativité de la Vierge Toute Pure, et à travers Son Fils unique, que l’humanité maudite par Dieu et réprouvée, se réconcilie avec Dieu, immensément offensé par ses péchés. Car le Christ fut le Porteur de la réconciliation (Rom.5;11). Cette Nativité leva la malédiction, libéra de la mort éternelle et rendit l’humanité digne de la bénédiction du Père Céleste. L’humanité s’unit et se mêla mystiquement à la nature divine; elle fut rendue à sa dignité première à travers ce mélange mystique, comme le chante l’Église [Proverbes 9;2,5. Troisième lecture des grandes vêpres de la fête. N.d.T.]. L’homme qui avait été reprouvé retrouva la dignité de Fils du Père Céleste, recevant la promesse de la glorieuse résurrection et de la vie éternelle dans les cieux avec le anges.
Tout cela s’est réalisé et fut accompli par l’incarnation du Fils de Dieu, de la Très Pure Vierge et du Saint-Esprit, et par l’intercession de Sa Toute-Pure Mère. Comme l’humanité fut honorée et magnifiée à travers la Sainte Vierge et Mère de Dieu. C’est Elle permit de retrouver la dignité du renouvellement en Dieu et de l’adoption par Dieu; et Elle-même fut trouvée digne par Son humilité immense, par Sa pureté, grande entre toutes et par sa Sainteté, d’être la Mère de l’Homme-Dieu! Elle demeure à jamais la plus puissante Avocate et Médiatrice de tous les chrétiens devant Son Fils et Dieu! Elle est notre Espérance qui jamais ne nous décevra. Elle détourne de nous les nuages de la juste colère de Dieu, Elle nous ouvre les portes du paradis par Sa puissante intercession. Elle soutient le trône des rois et les gardes inébranlables à jamais. Mille fois, Elle a sauvé la Russie, de ses débuts jusqu’à nos jours, Elle l’a magnifiée, glorifiée, elle l’a affermie, et Elle l’affermira. Elle est commise au salut des pécheurs. Les Chrétiens Lui adressent des prières sans nombre, des demandes, des louanges, des actions de grâce et Lui rendent gloire. Elle a accomplit et accomplira dans l’Église d’innombrables miracles, des bienfaits dans tous les coins du monde. Célébrons donc de façon lumineuse et solennelle la Nativité de la Toute Sainte Vierge Marie ornée de toutes les vertus chrétiennes. Amen.
Traduit du russe
Source 

Nous voyons parce que Dieu nous voit. Sainte Matrone de Moscou

Le texte ci-dessous est la traduction d’un article de l’Archiprêtre Alexis Chargounov, paru sur le portail Pravoslavie.ru le 2 mai 2012, à l’occasion de l’anniversaire de la glorification de la Bienheureuse Matrone de Moscou. Le 2 mai 1999, en présence d’un grand rassemblement de personnes, a eu lieu l’office de glorification de la Bienheureuse Staritsa Matrone, pieuse héroïne de l’ascèse au XXe siècle, consolatrice du peuple tout entier pendant les années d’athéisme et d’afflictions pour l’Église. Cette Bienheureuse qui plut au Christ resplendit d’une lumière particulière au sein du grand chœur des saints russes devant le trône de Dieu. Aveugle de naissance, la grâce la dota de la vision spirituelle, et du don de clairvoyance.

Comprenons-nous bien ce que signifie être aveugle de naissance, vivre toujours dans les ténèbres imperméables à la lumière? Impossible d’échapper à celles-ci, jamais, pour personne. Seulement les ténèbres sans fin suivies des ténèbres éternelles après la mort. Sainte Matrone n’était pas seulement aveugle. Elle n’avait pas d’yeux. Ses fosses oculaires étaient closes par des paupières étroitement fermées, comme celles de cet oiseau blanc qu’avait vu sa mère en rêve avant qu’elle la mit au monde. Lire la Suite

Les Anges plein d’amour nous défendent (2/2)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un original russe intitulé «Les Anges plein d’amour s’efforcent de nous protéger. Citations choisies relatives au monde des anges» («Любвеобильные ангелы стремятся защитить нас. Избранные цитаты об ангельском мире», préparé par Madame Olga Orlova et publié le 8 avril 2020 sur le site Pravoslavie.ru. Le texte est introduit par ces phrases : «Les anges sont toujours avec nous aujourd’hui. Pour ceux qui sont fidèles au Seigneur, la dernière sonnerie de la trompette archangélique sera celle de la Bonne Nouvelle».

L’Archimandrite Macaire (Vremennikov)
Nous avons cette antique Tradition selon laquelle le lundi, tout comme le mercredi et le vendredi, on observe le jeûne, et ce jour est consacré aux saints anges. Dans le Nomocanon, à la fin du Grand Trebnik, nous lisons : «Que les moines, pendant toute l’année observent le lundi toutes choses de la même manière que le mercredi et le vendredi, car des Saints Pères nous apprenons : quel pardon pourrait-il y avoir pour le moine, si son jeûne n’abonde pas alors que le pieux laïc observe le jeûne?». V.I. Dal a introduit une expression particulière en ce sens : «faire lundi», ce qui signifie «jeûner le lundi en plus du mercredi et du vendredi». Il ajoute également un adage russe : «Qui fait lundi se réjouit de l’intercession de l’Archange Mikhaïl». Lire la Suite