Métropolite Athanasios : Saint Païssios et Saint Serge de Radonège. (2/2)

Entretien réalisé par le correspondant du site Agionoros.ru, au Monastère de la Présentation au Temple à Moscou, à l’occasion de la publication du livre en russe du Métropolite Athanasios de Limassol «Le Cœur ouvert de l’Église», dont la traduction de plusieurs extrait est proposée ici. Le texte russe est sous-titré: L’Église donne réponse aux questions les plus importantes de la vie de l’homme. Voici la seconde partie de l’entretien; la première se trouve ici.

Dans votre livre «Le Cœur Ouvert de l’Église», au chapitre concernant Saint Porphyrios, vous rapportez qu’un moine catholique romain séjourna avec vous à la Sainte Montagne. Or, quelques années plus tard, vous vous êtes prononcé contre la visite à Chypre du Pape de Rome, et lorsqu’il vint toutefois, vous avez refusé de le rencontrer. Où se situe la limite des relations avec les chrétiens de diverses confessions? Sur quel critère pouvons-nous nous orienter?
En qualité de Chrétien, nous devons aimer et respecter tout homme et toute femme. Mais nous ne sommes pas obligés d’avoir pour autant les mêmes croyances qu’eux. Nous avons notre foi propre, nos dogmes, et nous n’y apporterons aucune modification. J’aimerai tout homme, car il est l’image de Dieu. Je n’ai rien contre les papes. Mais quand l’un d’eux vient à Chypre, il ne vient pas en tant qu’homme. Read more

Sainte Xénia et Napoléon; le rôle de la Personne dans l’Histoire.

Le texte ci-dessous est la traduction d’une homélie prononcée à Moscou le 06 février 2006 par l’Archimandrite Syméon (Tomachinski), hiéromoine du Monastère de la Sainte Rencontre, enseignant à l’Académie Spirituelle de Moscou (où il enseigne la littérature russe et étrangère) ainsi qu’au Séminaire de la Sainte Rencontre. Rédacteur pour le site Pravoslavie.ru, il dirigea les éditions de la Sainte Rencontre entre 2003 et 2014. Il fut en outre nommé Recteur du Séminaire de Koursk en 2015.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !
Il n’existe probablement aucun livre d’histoire qui parle de Sainte Xénia de Petersbourg dont nous venons de célébrer la mémoire. Par contre, tous les livres d’histoire mentionnent Napoléon et ses entreprises. Tous deux ont pourtant vécu approximativement à la même époque : le passage du XVIIIe au XIXe siècle. Leurs contributions respectives à l’histoire sont-elles tellement incomparables ?
Les accomplissements de Napoléon sont renommés : des centaines de milliers de victimes, dont certaines sont enterrées ici, au Monastère de la Sainte Rencontre, des églises dévastées et pillées, et pas seulement en Russie, mais aussi, par exemple, à Venise et à travers toute l’Europe, et une multitude de vies ruinées. A son époque, Napoléon exerça aussi une influence spirituelle tout à fait considérable, comme le prouvent les œuvres de Tolstoï et Dostoïevski. Raskolnikov, tourmenté par le doute, «Suis-je une créature tremblante, ou ai-je le droit?», frappa de sa hache la vieille usurière avec, pourrait-on dire, aux lèvres le nom de Napoléon.
La vie de Sainte Xénia nous est bien connue, elle aussi. A l’âge de vingt-six ans, toute jeune femme encore, elle devint veuve. Abandonnant sa demeure, elle assuma dès lors l’ascèse de la folie-en-Christ, et erra, invariablement vêtue d’une veste verte et d’une jupe rouge ou d’une veste rouge et d’une jupe verte. Elle priait sans discontinuer, faisant l’objet des moqueries et des insultes. En contrepartie de son exploit ascétique incompréhensible pour le monde, et qui se prolongea pendant des décennies, Sainte Xénia reçut de Dieu la grâce de secourir les gens avec promptitude et efficacité. Son rôle fut manifesté de façon claire et triomphante dans des milliers de destins.
Son don particulier consistait à aménager la vie familiale des gens. Ainsi, un jour qu’elle rendait visite à la famille Golubev, Sainte Xénia déclara à la jeune fille de la maison, âgée de dix-sept ans : «Tu prépares du café ici pendant que ton mari enterre son épouse à Okhta. Cours-y vite!». Toute troublée, la jeune fille ne savait comment réagir à de tels propos étranges. Mais Sainte Xénia la poussa littéralement, avec un bâton, à se mettre en chemin vers le cimetière d’Okhta à Saint Petersbourg. A cet endroit, un médecin qui venait d’enterrer sa jeune épouse morte en couches pleurait de manière inconsolable et finit par perdre conscience. La famille Golubev s’efforça de le consoler tant bien que mal. C’est ainsi qu’ils firent connaissance. Et ils entretinrent cette relation, si bien qu’un an plus tard, le médecin proposa à la jeune fille de devenir son épouse. Et leur union fut des plus heureuses. Sainte Xénia aménagea de la sorte la vie d’innombrables familles. Elle fut en vérité créatrice des destins humains.
Napoléon fut inhumé à Paris, à la Cathédrale des Invalides, où les touristes se précipitent pour voir son sarcophage de porphyre rouge monté sur un piédestal de granite vert. Personne ne vient le prier ou lui demander quoi que ce soit. Pour l’homme contemporain, Napoléon se résume à une pièce de musée, un passé momifié. Aujourd’hui, son influence est réduite à la portion congrue, au mieux, un matériel banal pour le cinéma, ou encore pour les exercices pseudo-historiques de graphologues débutants.
Quant à la tombe de Sainte Xénia, depuis deux siècles, elle s’est révélée source de guérison et d’aide efficace dans les circonstances difficiles de la vie, source de résolution des problèmes insolubles. Ainsi, Sainte Xénia apparut à un homme souffrant d’alcoolisme et le morigéna de la sorte : «Cesse de boire! Les larmes de ta mère et de ton épouse inondent ma tombe». Est-il nécessaire d’ajouter que l’homme ne toucha plus à la bouteille ? Chaque jour des milliers de pèlerins défilent devant la tombe de Sainte Xénia, lui demandant son aide au moyen de petites notes portant leur appel au secours. Et ces notes ornent la chapelle, telles des guirlandes. Des centaines, des milliers, des millions de petits bouts de papier, l’appelant par son nom… Déposa-t-on jamais un seul pareil petit papier sur la tombe rouge de Napoléon, montée sur son piédestal vert ?
L’expression «histoire sociale» se fait de plus en plus commune dans le cadre des sciences historiques contemporaines. Il s’agit d’une orientation prometteuse, signifiant l’importance du destin des hommes simples, le sens des «petites choses» de la vie de la société, ainsi que le rôle déterminant des gens ordinaires dans le processus historique.
Ce serait erroné d’imaginer que l’histoire culmine dans les grands de ce monde, dans une Olympe politique ; l’histoire n’est pas du tout ce qu’on nous montre à la télévision. La véritable histoire se déroule dans le cœur de l’homme, et si celui-ci se purifie par la prière, le repentir, l’humilité, la patience dans les afflictions, alors le rôle qu’il joue dans sa propre destinée, et donc dans celle de ceux qui l’entourent, et donc dans l’histoire de l’humanité, augmente considérablement.
Sainte Xénia ne dirigeait pas un État, elle ne constitua pas une armée de nombreux milliers de soldats, et elle ne mena donc aucune armée en campagne. Tout simplement, elle pria, jeûna, humilia son âme et endura toutes les offenses. Mais son influence dans l’histoire de l’humanité est bien plus importante que celle de n’importe quel Napoléon. Mais cela, aucun manuel d’histoire ne le mentionne…
Toutefois, le Christ nous en parle dans l’Évangile : «Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme?» (Marc 8,36). Les exemples de Sainte Xénia et Napoléon confèrent grande conviction à ces paroles.
L’histoire n’est pas façonnée au Kremlin, à la Maison Blanche, à Bruxelles ou à Strasbourg, mais ici et maintenant, dans notre cœur, pour autant qu’il s’ouvre à Dieu et aux hommes». Amen.
Traduit du russe.
Source

La majorité des illustrations viennent d’un site russe consacré à Sainte Xénia.

Souvenirs et Réflexions de Geronda Anastasios, Disciple de Saint Païssios 2/2

Deuxième partie du texte rapportant une rencontre organisée à Moscou le 1er juin 2016 avec Geronda Anastasios, disciple de Saint Païssios l’Athonite. Geronda Anastasios (Topozious) est un moine du Saint Monastère de Koutloumousiou, iconographe, peintre, écrivain ; il côtoya Saint Païssios pendant 20 ans. Le texte original russe a été mis en ligne le 7 juin 2016 sur le site Pravmir.ru. La première partie du texte se trouve ici.

Questions de la Salle
L’Orthodoxie grecque compte de lumineux héros de l’ascèse, prédicateurs de l’Orthodoxie. En Russie et dans d’autres pays, on en connaît de nombreux exemples. Ne pensez-vous pas qu’il y a beaucoup de travail pour les moines athonites en dehors de la Sainte Montagne, et qu’il faudrait alterner, pour le salut des gens du monde, les périodes régulières de réclusion sur la Sainte Montagne avec des périodes de prédication parmi le peuple ?
Il n’existe pas d’Orthodoxie grecque. Il existe des Pères grecs, des Pères russes, mais l’Orthodoxie est une. L’Orthodoxie est la connaissance juste de ce que croit notre Église. Saint Païssios disait : «Quand nous faisons ce que nous dit l’Église, jamais nous ne commettons d’erreur. Mais lorsque nous commençons à dire : ‘Je crois que ceci est juste et que cela est faux’, c’est alors que commence l’hérésie». Ils étaient orthodoxes, les pères vénérés de Russie, de Géorgie, de Grèce, de Serbie ; tous obéirent à l’Église. Vous savez tous fort bien ce que vous avez à faire, en fonction des conseils que vous prodigue l’Église, et en fonction de l’exemple de vos pères spirituels. Dès lors, de nombreuses prédications et une catéchèse intense ne sont pas nécessaires, même si elles sont parfois fort utiles pour nous rapprocher et nous procurer la joie et la beauté des rencontres. Approfondissant les notions de beauté physique et de beauté spirituelle, Geronda Païssios disait que la beauté physique tombe et finit au tombeau alors que la beauté spirituelle monte et parvient au ciel et devient ce qui embellit le monde. Et c’est Dostoïevski qui a dit que c’est la beauté qui sauvera le monde. Read more

Souvenirs et Réflexions de Geronda Anastasios, Disciple de Saint Païssios 1/2

Texte rapportant une rencontre organisée à Moscou le 1er juin 2016 avec Geronda Anastasios, disciple de Saint Païssios l’Athonite. Geronda Anastasios (Topozious) est un moine du Saint Monastère de Koutloumousiou, iconographe, peintre, écrivain ; il côtoya Saint Païssios pendant 20 ans. Le texte original russe a été mis en ligne le 7 juin 2016 sur le site Pravmir.ru

Introduction du Père Cyprien (Yachenko)
Le Père Anastasios vit en ermite à la Sainte Montagne, dans une vieille kelia datant du XVIIe siècle, à la limite de Karyès. Il est rare de pouvoir le rencontrer, et difficile de savoir où il vit. Il est un authentique homme de prière, et en outre il dessert une paroisse à Risso, près d’Ouranopolis, où il se rend le dimanche pour célébrer la liturgie. C’est un artiste, il peint des tableaux, mais se consacre aussi à l’iconographie. Et il écrit également ; deux de ses ouvrages, qu’il a personnellement illustrés, ont reçu le prix du «Meilleur livre de l’Année» en Grèce. Et Geronda est psalte ; il participe au chœur, et il remplace parfois celui-ci… Geronda Anastasios est venu à Moscou à l’occasion de l’ouverture de l’exposition «Athos, Sainte Montagne», qui se tient au Monastère de la Nouvelle Jérusalem. Read more

La Lettre de Saint Seraphim de Sarov adressée au Saint Tsar Nicolas II

Le Saint Tsar Nicolas II
Le texte ci-dessous est traduit de la page 88 du livre «Chronique de la Vie et des Activités de la Bienheureuse Grande Duchesse Élisabeth Feodorovna» («Летопись жизни и деятельности Благоверной Великой Княгини Елисабеты Феодоровны»), rédigé et édité par Madame Ludmila Vladimirovna Koulikova, à Moscou, en 2011. Le fait rapporté se produisit au cours de la visite impériale, effectuée en juillet 1903, à Sarov et Divieyevo à l'occasion des cérémonies en l'honneur de l'accueil officiel du Père Seraphim de Sarov dans le Chœur des Saints. Plus précisément, ce fut le 20 juillet 1903 dans l'enceinte du Monastère de Divieyevo que le Saint Tsar Nicolas II eut la révélation de ce qu'allait être son destin et celui de la Russie. Ce fait fut déjà mentionné, entre autres, par Sergueï Fomine dans son livre «La Russie avant la Seconde Parousie» («Россия перед вторым пришествием», Moscou, 2001), ainsi que, par exemple, sur ce blog ou celui-ci.

A leur arrivée à Divieyevo, l’Empereur Souverain et l’Impératrice Souveraine demandèrent à examiner la chapelle Nord de l’église principale du monastère, préparée en vue de sa dédicace au Saint Père Seraphim. De là, les hôtes impériaux passèrent dans l’appartement de la supérieure, l’Higoumène Maria, et ils demandèrent que la Liturgie soit alors célébrée dans la chapelle privée de cette dernière. Pendant ce temps, dans l’appartement, on prépara un petit déjeuner accompagné de thé. Au début du petit déjeuner, l’Empereur Souverain et l’Impératrice Souveraine se rendirent auprès de Praskovia Ivanovna, la bienheureuse. Quand le petit déjeuner fut terminé, ce fut le tour de l’Impératrice Maria Feodorovna et des Grandes Duchesses de rendre pareille visite.
Lorsqu’ils eurent quitté Praskovia Ivanovna, les Souverains Impériaux allèrent auprès d’Elena Ivanovna Motovilov. L’Empereur Souverain savait en effet que celle-ci avait conservé une lettre que lui avait remise son défunt époux N.A. Motovilov, lettre rédigée par Saint Seraphim en 1829 et portant l’adresse: «à l’Empereur Souverain Nicolas Alexandrovitch». Saint Seraphim avait rédigé cette lettre et l’avait cachetée avec de la mie de pain… Il l’avait remise ensuite à N.A. Motovilov en lui disant «Tu ne vivras pas jusqu’alors, mais ton épouse vivra le moment où viendront à Divieyevo la Famille Impériale et le Tsar. Celui-ci viendra voir ton épouse; qu’elle lui remette alors cette lettre».
Quand le Souverain Nicolas II reçut la lettre, il la glissa, avec un pieux respect, dans sa poche de poitrine en disant qu’il la lirait plus tard.
Lorsqu’il fut revenu dans l’appartement de l’Higoumène, le Souverain lut la lettre. Alors, il pleura amèrement. Les membres de la Cour le consolèrent, disant que malgré que Batiouchka Seraphim fut un saint, il avait pu se tromper. Mais le Tsar, demeurant inconsolable, continuait à verser des larmes…

Traduit du russe

PS : Cette page du site de la Société Impériale Orthodoxe de Palestine propose une série de photos de la visite impériale à Divieyevo à l’occasion des cérémonies en question.

Saint Luc de Crimée : Recourez à l’aide des Saints

agios-louka-st-lukaInnombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 31 octobre 1951, à l’occasion de la Fête du Saint Apôtre et Évangéliste Luc. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «La Pâque du Seigneur» (Пасха Господня).

L’humanité vénère une multitude de bienfaiteurs que le Seigneur, par Sa grande miséricorde, suscite afin d’aider l’homme. Comment ne pas vénérer quelqu’un comme Louis Pasteur, qui posa les fondements de la compréhension claire et précise de toutes les maladies infectieuses. Avant lui, on n’y comprenait rien, on s’en faisait une représentation erronée. Comment ne pas vénérer Émile Behring, qui découvrit le sérum de l’antitoxine de la diphtérie, permettant ainsi de sauver des milliers de vies d’enfants, car avant cela, la diphtérie était incurable. Comment ne pas vénérer Joseph Lister, qui découvrit les antiseptiques, écartant ainsi un danger jusqu’alors inhérent à toute intervention chirurgicale ; avant lui, la majorité des patients opérés décédaient ensuite des conséquences d’une infection purulente. Read more