agios-louka-st-lukaInnombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 31 octobre 1951, à l’occasion de la Fête du Saint Apôtre et Évangéliste Luc. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «La Pâque du Seigneur» (Пасха Господня).

L’humanité vénère une multitude de bienfaiteurs que le Seigneur, par Sa grande miséricorde, suscite afin d’aider l’homme. Comment ne pas vénérer quelqu’un comme Louis Pasteur, qui posa les fondements de la compréhension claire et précise de toutes les maladies infectieuses. Avant lui, on n’y comprenait rien, on s’en faisait une représentation erronée. Comment ne pas vénérer Émile Behring, qui découvrit le sérum de l’antitoxine de la diphtérie, permettant ainsi de sauver des milliers de vies d’enfants, car avant cela, la diphtérie était incurable. Comment ne pas vénérer Joseph Lister, qui découvrit les antiseptiques, écartant ainsi un danger jusqu’alors inhérent à toute intervention chirurgicale ; avant lui, la majorité des patients opérés décédaient ensuite des conséquences d’une infection purulente.
Mais satan grince des dents. Il ne tolère rien qui soit bon. Il ne veut pas la guérison des malades. Il veut que tous souffrent, que tous soient torturés, que tous meurent. En réponse à la joie éprouvée par l’humanité à la vue des progrès de la médecine, il fait claquer son rire infernal et suscite les plus grands malfaiteurs, qui répandent des rivières de sang de par le monde et qui détruisent des milliers de vies. Combien pathétiques paraissent, face à ce rire de satan, les tentatives des chirurgiens de rendre la santé à un nombre limité de patients à l’aide d’interventions chirurgicales lourdes, exceptionnelles et dangereuses au cerveau. Nous opérons, nous extrayons des tumeurs pendant que satan prépare des bombes atomiques dont une seule suffit pour anéantir les millions d’habitants innocents de n’importe quelle grande ville. Il tourne de la sorte en dérision le labeur dévoué des médecins. C’est ainsi qu’en notre malheureux monde, l’œuvre des meilleurs, des bienfaiteurs de l’humanité, est réduite à rien. Mais ceux qui guérissent les infirmités corporelles seraient-ils les seuls à être dignes de vénération ? Il existe de nombreux autres bienfaiteurs, nettement supérieurs à Pasteur, Behring et Lister. Ils guérissent le cœur et l’esprit, et cela est bien plus important que de soigner le corps. Le Seigneur Dieu a manifesté une multitude de tels guérisseurs au cours des siècles. Voici les paroles que le Christ adressa à Ses disciples, les Saints Apôtres : «Celui qui vous écoute M’écoute, et celui qui vous rejette Me rejette; et celui qui Me rejette, rejette Celui qui m’a envoyé» (Lc.10,16). Voilà une chose terrible! Si nous n’écoutons pas les Saints Apôtres, si nous ne nous abreuvons pas à leur vie de luminaires, alors, nous rejetons notre Seigneur Jésus-Christ, et Son Père sans commencement. Et le Christ leur dit qu’ils étaient Ses amis, qui prochainement seront assis sur des trônes, pour juger à Ses côtés le monde entier. Et le Saint Apôtre Paul dit encore : «Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde?» (1Cor.6,2).
Les saints, dont nous portons les noms, sont des modèles tels que nous n’en voyons pas dans la vie, car sur terre, beaucoup de choses sont trompeuses, fausses. Nous devons observer leurs instructions, ils doivent être des modèles pour tous nos agissements, toutes nos paroles, toutes nos pensées. C’est la perfection chrétienne toute entière que nous devons apprendre d’eux. Ils resplendissent comme les étoiles au firmament de l’Église. Nous leur demandons de nous guider sur le chemin de notre vie. Ne devons-nous pas aimer de tout notre cœur, et vénérer de même, nos intercesseurs? Ne devrions-nous pas les prier de nous accorder leur aide? Certains hérétiques disent que prier les saints, cela n’a aucun sens. Renonçant à vénérer les saints, ils renoncent à implorer leur céleste intercession en notre faveur. Ils disent qu’il existe «un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ homme» (1Tim.2,5), Qui demanda à Dieu Son Père de pardonner les péchés de toute l’humanité, et nous montra la voie et les moyens du salut.
Mais cela signifierait-il qu’il nous faille renoncer à l’intervention des saints? Non! Nous disposons d’ailleurs d’une multitude de témoignages selon lesquels les saints, qui ont quitté cette vie et séjournent dans la gloire céleste, ne cessent de prendre soin de ce monde, et en particulier de ceux qui leur sont les plus proches au cours de leur vie. Dieu a allumé une quantité impressionnante de luminaires qui éclairent les ténèbres de la vie humaine, afin qu’ils indiquent le chemin du salut à ceux qui vivent dans ces ténèbres. Il luit devant nous, comme les étoiles dans la nuit sombre, le chœur des saints. Et en son sein brillent une multitude d’énormes étoiles. Pareil à Sirius la lumineuse, resplendit le très glorieux thaumaturge, le grand élu de Dieu, Nicolas, l’Archevêque de Myre en Lycie. Au cours de nombreux siècles, les innombrables miracles qu’il accomplit par la force de Dieu, sa foi plus dure que le diamant, son humilité, sa douceur et son exceptionnel amour des hommes, sa soif de vérité et sa haine ardente de l’injustice, enflammèrent et sanctifièrent les cœurs de millions d’hommes et de femmes. Pour comprendre comment une telle chose put se produire, il faut examiner les parole de David le Psalmiste : «Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles Dont le son ne soit point entendu: Leur retentissement parcourt toute la terre, Leurs accents vont aux extrémités du monde» (Ps18,4-5). Ces paroles prophétiques cachent un grand secret de Dieu, et il en va de même des paroles de l’Apôtre Paul : «La parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants» (Héb.4,12). A partir du moment où les pensées et les paroles de l’homme sont produites, elles ne meurent plus. Elles se répandent sur toute la terre, et même dans tout l’univers, avec une force irrésistible, et d’une manière que nous ne pouvons imaginer. Elles vivent et elles agissent. Les saintes pensées et paroles des apôtres, ces grands porteurs de la lumière du Christ, leur prédication de l’Évangile, se sont répandues partout, par la force de Dieu, et elles ont pénétré les cœurs des hommes, enflammé leur amour de ce qui est juste et bon, leur dégoût et leur colère vis-à-vis de toute injustice, de toute violence. Et le nombre de ceux qui ont faim et soif de justice, de miséricorde, le nombre de cœurs purs, va croissant, de même que celui des pacificateurs et de ceux qui souffrent pour le Christ. Le bien, la justice, l’amour et la miséricorde qui remplissent le cœur des saints se répand, par la force de l’Esprit Saint, et sans cesse continue de se répandre dans les esprits et les cœurs des gens qui acceptent, consciemment ou inconsciemment, de recevoir ces paroles. Les actes et les paroles miraculeuses des saints vivent encore et vivifient les cœurs des hommes. Et jusque dans les nuits les plus noires de l’histoire de l’humanité, ils nous soutiennent et nous affermissent.
Saints Zosime et Saba des Solovkis œuvrèrent après leur mort au profit du monastère des Solovkis et de tous ceux qui y résidaient. Le récit de leur ‘vie’ foisonne d’histoires tout à fait fiables rapportant leur apparition aux côtés de moines et de laïcs en train de faire naufrage dans une mer furieuse, les sauvant ainsi de la mort. Une de ces histoires est tout à fait étonnante. Des hommes qui naviguaient en mer furent pris dans une forte tempête. Complètement épuisés, ils avaient abandonné tout espoir de s’en tirer, se contentant d’écoper tant bien que mal l’eau dont les vagues furieuses remplissaient l’embarcation. Tombant de fatigue, deux d’entre eux s’assoupirent. Et l’un d’eux vit alors Saint Zosime et Saint Saba se tenant à leurs côtés dans l’embarcation. Et il entendit Saint Saba dire à Saint Zosime : «Ordonne au timonier de mettre le bateau nez au vent». L’autre marin vit également les deux Saints et entendit ces mots : «Frère, veille sur cette barque, je dois être aux Solovkis pour le déjeuner». Et Saint Zosime veilla sur l’embarcation, il apaisa la tempête, et les hommes qui pensaient mourir en mer furent sauvés. Saint Zosime apparut souvent réellement au milieu des moines, et en plein jour, dans l’église du monastère des Solovkis. Apparaissant un jour de la sorte, il dit à Saint Gérasime, son proche disciple : «Va donc communier!». Il l’accompagna jusqu’auprès de la Sainte Coupe et attendit que le moine eût communié. Ensuite, il redevint invisible. Deux moines du monastère furent envoyés sur une île lointaine où était installé un des entrepôts de la communauté. Le vent les dévoya à soixante verstes du monastère. Naviguant en direction d’une petite île, ils y aperçurent deux colonnes de feu au-dessus d’une petite hutte. Les moines accostèrent et avancèrent jusqu’à la hutte et y virent deux hommes à l’aspect misérable, nus et affamés, à peine vivants. Ceux-ci demandèrent aux moines : «Qui êtes-vous et d’où venez-vous? Ne seriez-vous pas envoyés par les deux starets qui viennent souvent nous voir? Ils sont venus aujourd’hui. Chaque fois qu’ils viennent nous cessons de ressentir la faim et le froid et nos douleurs s’apaisent. Ils nous ont dit leurs noms : Zosime et Saba et ils nous ont promis qu’aujourd’hui, nous serions délivrés». Et conformément aux paroles des saints anciens, les deux hommes surpris jadis par une tempête furent sauvés et ramenés au monastère. Si Saint Zosime et Saint Saba prirent un tel soin de leur monastère, de ceux qui y vivaient, et des malheureux navigateurs menacés de noyade dans la Mer Blanche, oserions-nous nier que les saints prennent soin de nous qui vivons en ce monde? Ne devrions-nous pas les prier avec ardeur? Quel autre Saint que le Saint Apôtre Luc pourrais-je vénérer, moi qui, indigne, ai le bonheur de porter son nom? Vers qui tournerais-je mes prières ardentes, permanentes et insistantes, sinon vers lui?

Chacune, chacun, vous avez un céleste protecteur, ou une céleste protectrice, dont vous portez le nom. Vous devez l’aimer chaudement. Demandez-lui d’intercéder en permanence auprès de Dieu pour vous, pécheurs, pécheresses, qui vous languissez dans les souffrances. Et bien vous en adviendra. Nos protecteurs et protectrices célestes intercèdent sans cesse pour nous. Preuve en est ce que vécut le Saint Évêque Pitirim de Tambov, qui dans le monde portait le nom de Procope, en mémoire de Saint Procope le Décapolite. Après qu’il eût reçu l’ordination épiscopale, le saint homme continua à vénérer Saint Procope, car il aimait beaucoup celui-ci, et lui adressait chaque jour une ardente prière. Et voilà qu’un jour, Saint Procope se tint réellement devant lui. Il le bénit et lui dit : «Pitirim, sois assuré de ce que j’écoute toujours ta prière. Et je prie toujours Dieu en ta faveur». Saint Pitirim demanda à un iconographe de représenter l’apparition du Saint. Et ainsi, dans la cathédrale de Tambov, on conserve cette merveilleuse icône représentant Saint Procope le Décapolite en train de bénir le Saint Évêque Pitirim agenouillé devant lui.

Et au plus sombre est la nuit de l’hostilité et du mal fratricide dans le cœur des ennemis du monde qui vivent  parmi les hommes, au plus vive sera la lumière des grandes étoiles de Dieu. Agenouillons-nous devant nos protecteurs célestes, et nous recevrons d’eux la bénédiction au nom de Dieu. Offrons à ces grands et divins luminaires notre amour chaleureux, et élevons nos prières ardentes vers eux, en remerciement pour cette lumière d’amour, de bonté et de justice qui resplendit si vivement dans les ténèbres. Amen.

Traduit du russe

PS ; Ceux et celles qui souhaitent approfondir le sujet de l’intercession des saints peuvent consulter, entre autres, le texte récemment publié sur le site Orthodoxologie.