Sommes-nous Ennemis des Grecs ? (1/2)

Ce texte de Konstantin N. Leontiev fut publié pour la première fois en 1878 dans le n°9 du magazine 4421-1-bigPétersbourgeois «Le Monde Russe» («Русский мир»). Il a ensuite été intégré dans le recueil d’articles paru sous le titre «L’Orient, la Russie et le Monde Slave» à Moscou en 1885-1886, et réédité en langue russe pour la dernière fois en 1996. Jusqu’à présent, il n’avait pas fait l’objet d’une traduction en Français, du moins à notre connaissance. En voici la première partie
Voilà que dure maintenant depuis quasi deux années déjà le combat en Orient…
Toute les nations qui confessent la foi orthodoxe y ont été aspirées l’une après l’autre. Le soulèvement en toute apparence anodin de quelques villages d’Herzégovine fut l’étincelle jugée cette fois responsable du départ du gigantesque incendie qui s’est propagé des rives du Danube aux sources de l’Euphrate, du Nil aux Dardanelles. Bosniaques sans terre, Monténégrins pourchassés par les beys, Serbes, paisibles Bulgares soumis par les Turcs, et même Moldo-valaques, qui n’avaient plus pris les armes depuis des siècles, tous les uns après les autres se sont intégrés au mouvement devant, selon toute vraisemblance, mettre un terme à la domination musulmane de ce côté du Bosphore. Read more

V. Karpets. Le Social-Monarchisme russe. 3

karpec-00Vladimir Igorievitch Karpets, juriste, orthodoxe Vieux-Croyant, a écrit entre autres un ouvrage intitulé Социал-Монархизм (Le Social-Monarchisme), publié en 2014.  La traduction ci-dessous en est un extrait dans lequel l’auteur évoque les éléments de l’histoire et de la civilisation russes qui prédestinent la Russie au système du Monarchisme social.. Nous avons déjà proposé des extraits traduits de ce livre ici. Aux lecteurs initiés à la langue russe, nous conseillons la lecture du blog de Vladimir Igorievitch.

Le type d’économie d’un pays doit correspondre à l’histoire de celui-ci, à sa culture à son «lieu de développement» (expression utilisée par les eurasistes). Et le système économique d’un État dans lequel il n’y a pas de capitalisme, mais où existe la propriété privée, doit porter un nom particulier. La question du socialisme et du capitalisme, qui surgit toujours dans ce contexte, ne doit pas être posée en termes de formations socio-économiques, mais en termes de civilisation. Et donc, non pas dans le sens où le capitalisme remplace le féodalisme et sera remplacé à son tour par le socialisme. Pas selon la vision de Marx. D’autant plus que celui-ci a indiqué que son schéma «fonctionne» seulement pour l’Europe et les États-Unis ; c’est pourquoi il a inventé le concept de «mode asiatique de production», qu’il appliqua également à la Russie. Read more

Berdiaev : S’opposer à la descente vers la nuit du chaos…

L’ouvrage de Nicolas Berdiaev, De l’Inégalité, a été publié en 2008 par les Éditions l’Age d’homme. Le Berdiaev Petittexte ci-dessous en est extrait des pages 98 et 99.                                                                                                                         Le principe conservateur s’oppose dans la vie sociale à l’effondrement du cosmos social formé par le travail créateur et organisateur de l’histoire. Il contient la poussée des ténèbres chaotiques qui montent d’en bas. Le sens du conservatisme consiste non pas à faire obstacle au progrès et à l’élévation, mais à s’opposer à la régression et à la descente vers la nuit du chaos ; il empêche le retour vers l’état antérieur à la formation des États et des cultures. Read more

Konstantin N. Leontiev. L’église et l’Église. 2/2

Ce texte de Konstantin Leontiev fut initialement publié dans le  numéro  10-12 du journal «Le4421-1-big Citoyen» («Гражданин»), à Saint-Pétersbourg en 1878. Il fut ensuite intégré à l’édition de «Byzantisme, Russie et Monde Slave» publié à Saint-Pétersbourg en 1885-1886. A notre connaissance, il n’avait à ce jour pas encore été traduit en français. Ceci constitue la seconde partie du texte original. La première partie se trouve ici.

Il me semble que tout un chacun doive comprendre que précisément au Bosphore s’avère nécessaire l’intervention d’une dextre puissante et d’un esprit impartial qui se place au-dessus des passions locales et étroitement patriotiques. L’influence russe ou le pouvoir russe exercé sur ce grand foyer crucial ne doit revêtir aucune couleur exclusive, ni slave du Sud, ni grecque. Le pouvoir russe ou l’influence russe doit dans ces pays adopter un caractère tout à fait œcuménique… Dans ce contexte, le Patriarcat de Tsargrad doit constituer  pour l’influence réconciliatrice de la Russie le point d’appui moral le plus puissant et le plus stable. Il n’est pas ici fait allusion aux personnes qui ont occupé ces derniers temps ce trône grand et significatif de par la nature des lieux, ni à la nationalité de ces personnes, ni à leur comportement, mais bien à la nature du trône lui-même. La question ne porte pas sur les évêques, sur les personnes vivant dans «la crainte séculaire des Agaréniens». Les personnes changent ; la question porte sur l’antique institution sous l’emprise de laquelle se plaça et grandit notre Rus’ Moscovite, encore bien vivante de nos jours. Read more

Konstantin N. Leontiev. L’église et l’Église. 1/2

Ce texte de Konstantin Leontiev fut initialement publié dans le  numéro  10-12 du journal «Le4421-1-big Citoyen» («Гражданин»), à Saint-Pétersbourg en 1878, sous le titre «Храм и Церковь». Il fut ensuite intégré à l’édition de «Byzantisme, Russie et Monde Slave» publié à Saint-Pétersbourg en 1885-1886. A notre connaissance, il n’avait à ce jour pas encore été traduit en français. Écrit à la fin de la dixième guerre russo-turque, il offre une remarquable perspective historique aux événements qui se déroulent actuellement au Sud-est de l’Europe et au Proche-Orient, et particulièrement aux rôles respectifs qu’y jouent la Russie, la Grèce, la Turquie et l’Union européenne. Le texte fut divisé en deux par son auteur. en voici la première partie.

 

Pour de nombreux Russes, il est désagréable de se défaire de leur conception favorite d’un monde glorieux enclos dans les murs d’enceinte de Tsargrad, même lorsque les conditions générales de la politique européenne nous poussent à un accord avec la Turquie. Et dans pareil cas, il est naturel de compter sur une combinaison quelconque qui placerait Constantinople et les deux détroits sous notre dépendance, fût-elle indirecte, mais néanmoins solide, par la force même des circonstances.
Comme toujours lors des grands événements historiques et chargés du sens du destin, les élans du cœur et des rêves d’un patriotisme animé correspondent, dans leurs tendances inconscientes, avec les calculs politiques les plus fiables, froids et perspicaces. Combien consolant serait-il de lire et d’écouter le récit de l’entrée victorieuse de nos détachements sous les airs de musique et les étendards déployés dans les rues bigarrées d’Istanbul, grandiose même dans sa saleté. Read more

L’Orthodoxie, Byzance, la Russie.

Cet texte de Pavel Kuzenkov, historien et enseignant au Séminaire de la Sainte Rencontre à Moscou, 227517.pest extrait d’un entretien publié en deux parties sur le site Pravoslavie.ru en janvier et février 2016. Cet extrait souligne le rôle unique et puissant de l’Orthodoxie dans la vie de l’Empire Byzantin et de la Russie. Il éclaire la compréhension que l’on peut avoir d’événements qui se déroulent aujourd’hui encore, comme par exemple les attaques envers les fondements de la société orthodoxe en Grèce, et le rôle que peut jouer un chef d’État se réclamant ouvertement de l’Orthodoxie, en Russie.

Byzance n’est pas seulement notre instructrice, une sorte de modèle historique que nous pourrions étudier et sur lequel nous pourrions nous appuyer, mais elle est, si l’on peut dire, notre mère -nourricière, car non seulement nous avons sucé les sucs spirituels grâce auxquels nous vivons depuis plus d’un millénaire, mais nous avons fait cela d’un manière enfantine, sans réfléchir, et la particularité de la conception russe de Byzance consiste en ce que nous l’intégrons sans la sentir. Read more