Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (2)

MNMoLe texte ci-dessous est la traduction d’une deuxième partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Un autre trait remarquable de Saint Païssios était l’acuité de son esprit. Avec l’aide de celle-ci, il s’adaptait à son interlocuteur. Avec les évêques, il parlait comme un évêque, avec le patriarche, comme un patriarche, avec un moine, comme un moine, avec un père de famille, comme un père de famille. C’était un trait étonnant chez cet homme qui aima l’ascèse dès son jeune âge : s’adapter à son interlocuteur, quel que soient l’âge et la situation de celui-ci. Il était un homme très sincère. Voulez-vous que je vous parle d’un petit défaut? Je vais le faire, car souvent, nous perdons notre crédibilité quand nous nous efforçons en permanence de construire une auréole de sainteté à quelqu’un. Saint Païssios était un homme sévère. Je dis cela non parce qu’étant moi-même sévère, je souhaite m’en consoler. Quand il essayait de corriger les situations dont on lui parlait, il devenait très dur. C’était un homme d’ascèse. Souvenez-vous du pain qu’il prépara lui-même et fit cuire dans un vieux morceau de tôle qu’il avait trouvé. Quand il eut terminé de cuire le pain, qu’il mangea pendant plus d’un mois, il jeta son «four fait maison». Je lui demandai :
– Geronda, pourquoi le jettes-tu? Tu pourrais encore l’utiliser la fois prochaine!
Mais il répondit :
– Je trouverai un autre morceau de fer et j’en ferai un «four». Je ne veux pas dépendre des choses.
Vous comprenez maintenant la différence entre sa mentalité et la mentalité qui prévaut aujourd’hui dans la société de consommation?
Il était aussi très compatissant. Un jour, alors que les médecins dirent à mon ami Dimitri qu’il était probablement atteint par la sclérose en plaques, Dimitri me dit :
– Quand tu iras chez Geronda Païssios, dis-le lui, pour qu’il prie pour moi!
Arrivant chez Geronda, je l’informai avec ma loquacité coutumière de mes problèmes personnels et me souvins seulement à la fin de mon ami Dimitri, et j’ajoutai donc juste avant de partir :
– Dimitri, un de mes amis demande que vous priiez pour lui !
– Demi-tour! Viens ici. Qu’est-il arrivé à Dimitri? Raconte-moi, afin que je puisse compatir avec lui!
– Il m’a dit de vous demander de prier pour lui.
– Oui, mais que t’a-t-il demandé, concrètement, de me dire? Que lui est-il arrivé? Raconte-moi, pour que ma prière soit compatissante!
Pour lui, le préalable à la prière était la douleur de l’homme. Si nous voulons prier pour quelqu’un, nous devons prendre sur nous son problème, quel qu’il soit, physique, psychologique, financier, social.
Le Saint Geronda Païssios aimait beaucoup la douleur, le labeur, les larmes. Il soupirait en voyant comment ma génération (aujourd’hui, j’ai cinquante trois ans, mais alors, j’en avais entre vingt et trente) n’aimait pas travailler. Il me disait :
– Votre génération veut se sanctifier en appuyant sur un bouton! L’homme s’imagine que s’il pousse sur un bouton, il va devenir saint!
Je sens que je ne parle pas ainsi d’un inconnu, mais d’un homme qui m’est proche. De plus, les saints sont les hommes de Dieu et deviennent «les leurs» pour les croyants. Saint Païssios ressentait de l’amour pour les réfugiés, indépendamment du fait qu’il viennent d’Asie Mineure, de Chypre ou de Constantinople. La clé, c’était «réfugié», et cette clé ouvrait immédiatement non pas sa cellule, mais son cœur.
Il était un homme de sens pratique. Si une femme venait auprès de Saint Païssios et lui disait : «J’ai un problème avec mon mari». Il ne lui répondait pas avec de la théorie mais obligeait à prendre des mesures pratiques. Son activité de pasteur consistait en une multitude de recettes pratiques. Permettez que j’en propose un exemple. Je dis un jour à Geronda Païssios :
– Je suis perturbé quand une pensée me vient, ou un souhait, et que je ne parviens pas à les dépasser ; cela me met en colère. Je me mets très vite en colère!
– Moi aussi !, Me répondit-il.
– Mais cela ne me console pas. Répliquai-je.
– Écoute, je vais te dire ce que tu dois faire quand ces pensées et souhaits viendront encore te rendre visite.
– D’accord, mais seulement, ne me répétez pas ce que vous m’avez déjà dit à Koutloumoussiou, que je dois réciter la prière «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi, pécheur!»
– Pourquoi cela te paraît-il insuffisant?
– Dites-moi ce que je dois faire ;
– Récite la prière «Grand est le nom de la Sainte Trinité» et «Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Quand je récite ces prières, je ressens l’aide de la Sainte Trinité et de la Très Sainte Mère de Dieu et la tentation disparaît. Récite ces prières et si elles ne t’aident pas, viens me tirer les oreilles!
Et quand Saint Païssios te parle ainsi, la seule chose que tu puisses faire, c’est mettre en pratique ses paroles. Je retournai à Athènes. «Des pensées et encore des pensées, et ça, ce sont des souhaits», me dis-je et je commençai à prier «Grand est le nom de la Sainte Trinité! Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!». Et je découvris que les pensées commençaient immédiatement à disparaître, et les souhaits à s’éteindre. Voilà un exemple de la dimension pratique des paroles de Saint Païssios. C’est sans doute à cause de cela que les contemporains l’aiment tellement, las qu’ils sont des théories en tous genres.
Une tentation survint dans la famille d’un de mes proches. Je craignais qu’il ne tombe en dépression. De nos jours, les gens sont facilement déprimés. Mais je constatais qu’il restait heureux et je me dis : «Seigneur prend pitié! Peut-être a-t-il un problème de santé? Comment cela se fait-il qu’il soit aussi joyeux?». Je lui demandai :
– Mon enfant, une grande tentation s’est abattue sur ta maison. Aujourd’hui, tu vis loin de ton épouse et de tes enfants. Vous vous êtes séparés, et toi tu as l’air si heureux !
– Tu sais, je fais ce que toi tu fais quand tu répares ta voiture.
– Et je fais quoi?
– J’ai remarqué que quand tu répares ta voiture, tu répètes de temps en temps «Grand est le nom de la Sainte Trinité. Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Je fais la même chose, et je ressens cette immense joie!
Les saints soignent les maladies latentes sans opérations traumatisantes, sans incision.
Un autre trait de Saint Païssios, commun à tous les saints, était qu’il aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Saint Païssios dit un jour à un moine cypriote :
– Père, les faits que les Turcs n’ont pas pris l’entièreté de Chypre, que Chypre sera libérée, que ne se produira pas là tout le mal qui envahira le monde, tout cela est dû à la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous, les Grecs contemporains, nous devrions crier : «Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!». Il ressentait fortement la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Un jour, pendant la prière, il vit que les Turcs se préparaient à envahir la Mer Égée et la Très Sainte Mère de Dieu entendit alors Sa Protection sur toute la Grèce. Imaginez donc quelles relations les saints entretiennent avec la Très Sainte Mère de Dieu pour qu’Elle étende, juste à cause de quelques-uns d’entre eux, Sa Protection à tout notre peuple! La Très Sainte Mère de Dieu est le modèle de l’homme, de la femme, équilibrés. Qui est l’être humain le plus équilibré de tous les temps? La Mère de Dieu. Elle concentre en Elle l’Épouse et l’Inépousée, la Mère et la Vierge, le Ciel et la Terre, l’Esprit et la Mère. Tout cela s’unit dans Sa personnalité, et donc, celui qui veut être un homme équilibré doit aimer fortement la Très Sainte Mère de Dieu. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (1)

MNMoLe texte ci-dessous est la première partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Le Métropolite Néophytos de Morfou propose de garder en mémoire certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Saint Païssios est un saint homme e avec lequel la Divine Providence me jugea digne de faire connaissance en 1982, quand j’étais étudiant à la Faculté de Droit. Par la suite, étant devenu diacre à Chypre, je me rendais de temps à autre à la Sainte Montagne. Je ne cache pas que l’aimant le plus puissant pour beaucoup de visiteurs, c’était la personnalité du saint Geronda Païssios. C’était quelqu’un qui pouvait sentir la douleur de l’autre, qui pratiquait la prière du cœur. C’était un grand héros de l’ascèse en ce monde. Les gens lui ouvraient leur cœur et il leur ouvrait son esprit. Il insista pour que je ne devint pas moine au Mont Athos.
– Vas à Chypre, me disait-il. Construis-y des bases et elles chasseront les bases militaires.
– Je ne comprends pas de quelles bases vous parlez?
– Eh quoi, tu es américain? Qu’est-ce que tu ne comprends pas? Je parle pourtant le Grec. A Chypre, il existe un problème spirituel. Alors, la loi spirituelle va agir : quand vous construirez des monastères, des paroisses orthodoxes, des familles orthodoxes, alors les bases pécheresses des occupants disparaîtront.
Nous sortîmes de sa cellule, dans la cour, et il dessina sur le sol un grand triangle rectangle qu’il divisa en deux triangles et me dit :
– Il viendra un temps où tu construiras des monastères. Tu feras deux cours, une pour les laïcs et l’autre pour les moines ou les moniales.
J’étais stupéfait par ce qu’il me racontait. A l’époque, j’étais un étudiant normal de vingt ans, un paquet de «Rothmans» en poche. Je ne dis pas ceci pour me vanter. Fumer était une des passions qui m’affligeaient. Je me dis avec surprise en moi-même, en entendant parler des monastères : «Est-ce possible que moi je construise de saintes demeures?». Voyant ma surprise, Geronda Païssios me dit :
– Tu ne vas pas les construire maintenant, plus tard, quand tu seras devenu une personnalité officielle.
Et en effet, plus tard, devenu hiéromoine, et puis évêque, je commençai avec Geronda Siméon à construire le Monastère Saint Georges à Mavrovouni. Et puis, en tant qu’évêque, je construisit le Monastère Saint Nicolas à Orounda, avec deux cours, comme l’avait dit Geronda Païssios. Aujourd’hui, moines et moniales en sont reconnaissants, car si d’une part les laïcs qui souffrent ont accès au monastère, les moines et les moniales conservent leur espace, leurs cellules, leur chapelle intérieure, leur réfectoire, inaccessibles aux laïcs.
Depuis lors, chaque fois que j’allai à la Sainte Montagne, je rendais visite à Geronda Païssios, et il me raconta beaucoup de choses très intéressantes, dont je ne parlerai pas dans le présent entretien. Je vais juste résumer en quelques phrases qui était pour moi Saint Païssios.
Saint Païssios était cappadocien. J’insiste, c’était un Cappadocien, un réfugié d’Asie Mineure devenu moine athonite. Aujourd’hui, c’est un Saint universel, un maître de vie orthodoxe, de vie monastique et de vie familiale, un prophète remarquable pour notre peuple au sein duquel nombreux sont ceux qui sont mis à l’épreuve de la foi et l’incroyance.
Personne ne veut écouter aucune idée, même si celles-ci sortent de la bouche d’un saint homme, mais on veut «capturer» le cœur des autres. Saint Païssios était notre homme de l’Est, d’Asie Mineure, tout comme Saint Jacques d’Eubée. Ils étaient originaires de deux régions différentes d’Asie Mineure, et réfugiés dès leur enfance. Ceux qui ont été réfugiés peuvent le mieux comprendre Geronda Païssios et Geronda Jacques. Comme le disent les médecins d’aujourd’hui, et particulièrement les psychiatres qui ont étudié Lacan, les dix premières années de la vie s’avèrent décisives pour tout le monde, indépendamment du fait qu’on soit saint ou pas. Pour bien comprendre Saint Païssios, nous devons examiner les dix premières années de sa vie.
Saint Païssios naquit à Farassa, en Asie Mineure, dans une famille comptant huit enfants. Il fut baptisé, rapidement après sa naissance, par le prêtre du village, Saint Arsène de Cappadoce, qui lui donna son nom, Arsène. Quand les parents émirent une objection, Saint Arsène leur répondit, de façon prophétique :
– Permettez que je laisse un moine après moi!
Le quatorze septembre 1924, la famille s’installa dans l’Île de Corfou, et puis, à Konitsa. C’est là que le petit Arsène termina l’école primaire. Le dix novembre 1924, son protecteur, Saint Arsène, mourut, à Corfou. Telles furent les dix premières années de la vie de Saint Païssios. Un de ses camarades de classe raconta que dès son enfance, le Saint se distinguait par sa compassion ; cela a une importance fondamentale. Un autre de ses traits est son aspiration à l’ascétisme. Les mercredi et vendredi, il refusait de manger de l’huile d’olive et du lait, et il commença à jeûner quand il était encore très jeune, tout comme Saint Jacques d’Eubée. Imitant leurs maman respectives, Saint Païssios, sa maman Evlampia et Saint Jacques, sa maman Theodora, voyant comment elles faisaient des métanies, ils étaient encore petits enfants quand ils commencèrent eux-mêmes à faire des métanies devant les icônes. Plus tard, à l’âge de sept ans, ils ressentirent la nécessité de quitter leur maison et de se rendre dans des chapelles éloignées de leur village pour y faire les prières du soir. Ils agissaient ainsi parce que cela leur procurait de la joie et la prière était pour eux quelque chose de tangible. Et qu’apprenons-nous de Saint Païssios? Que la grâce est tangible. L’homme sent la grâce, son action, et s’il ne la sent pas, cela veut dire qu’il a en lui l’un ou l’autre problème psychologique ou spirituel. Même les enfants atteint du syndrome de Down, quand on les amène à la divine liturgie dans une église, ils la vivent. Dès leur petite enfance, les deux gerondas goûtèrent à la grâce et y aspirèrent de toutes leurs forces, particulièrement par l’ascétisme, devenant des exemples de vaisseaux de l’Esprit-Saint. Qu’entendons-nous par «vaisseau» ? C’est de la théologie de Saint Païssios. Il me dit :
– Écoute, le Seigneur t’a donné un grand vaisseau. Il te sera difficile de le remplir!
Je ne comprenait pas ce à quoi il faisait allusion avec le terme vaisseau. Il me dit :
– Il y a des gens qui naissent avec un vaisseau de la taille d’un dé à coudre. Si ce dé à coudre est rempli de la grâce de Dieu, pour eux, cela suffira. Ils y a des hommes dont le vaisseau a la taille d’une tasse de café. Si la grâce de Dieu remplit cette petite tasse, ce sera suffisant pour eux. D’autre ont un vaisseau spirituel de la taille d’un verre d’eau, d’autres encore, la taille d’une carafe, et d’autres, la taille d’un réservoir d’eau, rempli de temps à autres et utilisé pour arroser les champs voisins. Au plus grand est notre vaisseau devant accueillir la grâce, au plus grande est notre responsabilité devant Dieu, Qui nous l’a donné, et devant nos bons parents, qui ont «fabriqués» ce vaisseau. Il ne dépend pas de nos capacités ni de notre dignité, mais de notre maman, de notre grand-mère, de notre père, de notre grand-père, de l’un ou l’autre prêtre ou moine ou moniale ou de bienfaiteurs dans notre lignée. Les gens d’aujourd’hui peuvent appeler ça dna, ou hérédité, ou encore d’un autre terme issu de la psychologie contemporaine. Mais aucune explication n’est aussi précise que celle de Saint Païssios. Sois attentif au vaisseau que t’a donné le Seigneur afin que tu le remplisses! (A suivre)
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (4)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

Comme sur des ailes !
Matouchka Théodosia recevait les pèlerins la nuit. Elle commençait vers neuf ou dix heures le soir, et poursuivait jusqu’au dernier. Et les dernières années, il pouvait y avoir entre cent et cent cinquante visiteurs en une nuit. Au début, la milice et les collaborateurs du kgb traquaient les fidèles, c’est pourquoi les visites à la Staritsa se passaient la nuit. Par la suite, l’habitude fut conservée. Elle recevait les pèlerins la nuit et priait le jour. Quand Matouchka dormait, ses proches avaient du mal à répondre. Olga Soloviev, épouse du petit-neveu de Matouchka Sergia, se souvient que Matouchka Théodosia pouvait prier très longuement Dieu et la Très Sainte Mère de Dieu, avec des larmes, jusqu’à ce qu’elle reçoive une réponse. Les moines disent qu’il n’y a pas de travail plus lourd que la prière. L’âme elle-même doit en principe avoir une prédisposition pour ce labeur. Ainsi, la vive et courageuse Natalia fut paralysée pendant plus de soixante années, dont vingt ans sans manifester conscience, mais l’appétit pour le travail s’avère être une caractéristique de l’esprit et non du corps. Ainsi, lors de la séparation de l’âme et du corps, ne s’adresse-t-il pas à tous ces travailleurs toujours utiles, cet appel du Seigneur : «C’est bien, serviteur bon et fidèle … entre dans la joie de ton maître»(Math.25;21) ?
La Moniale du grand schème Théodosia termina ses jours à l’âge de 90 ans, le 15 mai 2014, jour de la fête des Saints Princes Confesseurs de la Foi et Martyrs Boris et Gleb, aux quels était dédicacée l’église la plus proche de sa maisonnette, et où furent célébrées ses funérailles. Quelques heures avant son décès, Matouchka, tout à fait consciente, communia aux Saints Dons. Ensuite, se préparant à sa mort, elle demanda au prêtre qui venait de la communier, Constantin Goussarov, le Recteur de l’église des Saints Princes Boris et Gleb, d’examiner le «paquet pour sa mort», c’est-à-dire les choses préparées pour son inhumation. Lorsque Vladika Cyrille vint prendre congé, il vit la foule rassemblée, le clergé en habits rouges de Pâques, toutes les fleurs qui avaient été apportées, et qui non seulement entouraient le cercueil, mais qu’on ne put disposer dans l’église mais qu’on plaça dans la rue le long des murs de l’église, il dit spontanément : «Cela ne ressemble plus à un enterrement, mais à une glorification». La célébration du quarantième jour après le décès de Matouchka eut lieu dans la Cathédrale des Saints de Riazan. Auprès de cette travailleuse, tous devenaient légers, joyeux. Les soeurs du monastère qui se trouvait jadis près de la maisonnette de Matouchka disaient : «Nous arrivons fatiguées et désespérée, et nous quittions Matouchka comme sur des ailes!».
«Dans le village, il n’y avait pas une flaque d’eau (Elles sont pourtant très impressionnantes sur les routes défoncées d’Oktobria) que je ne pouvais franchir en sautant quand je sortais de chez Matouchka!», admet franchement un voisin, aujourd’hui devenu un homme d’affaires accablé par les tracas et les nombreux contentieux du monde commercial.
Matouchka donnait non seulement la force spirituelle de couvrir les infirmités et les manies des proches avec amour, humilité, patience; elle donnait aussi une énergie d’une grâce tangible qui permettait de surmonter les difficultés et les maladies. À côté de la Staritsa, et en présence de Dieu proche d’elle, tout était facile, même dans les tribulations.
Ainsi, elle dénonçait la domination imaginaire du péché et du modèle éphémère de ce monde sur l’âme immortelle de chacun de nous et sur l’esprit libéré par le Sacrifice du Christ. Dans son cœur, le Christ était vraiment ressuscité. Matouchka Théodosia ne cacha aucun secret de sa vie fertile, elle ne les emporta pas avec elle. L’essentiel, commandait-elle, est que les gens retournent à l’Église, se repentent, reçoivent la Sainte Communion. «Vivez en paix», disait-elle. «Où la paix est là est la grâce de Dieu.» «Restez avec le Seigneur Dieu!»
Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (3)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

«Vivre avec Dieu»
Matouchka accueillait tout le monde. «Matouchka, il y a là tout une bande de tziganes. On les empêche d’entrer?». Les enfants spirituels de Matouchka voulaient préserver la tranquillité de la staritsa. «Comment-ça, empêcher les tziganes d’entrer!?» répliqua Matouchka. Il s’avèrent qu’ils étaient venus lui présenter un couple de jeunes pour qu’elle les bénisse avant leur mariage. Dans leurs familles, les anciennes générations décidaient entre elles qui parmi les jeunes doit se marier avec qui, et ensuite, ils allaient chez Matouchka : qu’allait-elle dire? Allait-elle bénir? Il n’y avait alors quasiment pas de discussion.
Un jour, une voyante essaya de se faufiler dans la cellule de Matouchka. Les gens l’empoignèrent par les coudes et la portèrent dehors : «Tu n’as rien à faire ici!». Elle parvint toutefois à s’échapper et à ramper sur le sol jusqu’au lit de Matouchka, qui la regarda d’un air attendri et la plaignit : «Petite sorciérette! Comme je t’aime…». La femme éclata en pleurs et là, dans la cellule de Matouchka, elle déchira son «diplôme» de voyante extralucide.
Même les bandits, Matouchka ne les rejetait pas, s’étonnait le maire de Skopine, Ivan Mikhaïlovitch Eganov. Elle leur manifestait aussi ses bienfaits, trouvait pour quoi intercéder en leur faveur. alors, on voyait leur coeur s’attendrir, la grâce les avait touchés. Ils sortaient de chez elle le visage rougi par les larmes.
Il arrivait que les héritiers se querellent au sujet de l’héritage, ne pouvant se supporter les uns les autres. Dans une situation semblable, le frère aîné demanda pardon à ses parents, à genoux en larmes dans la cellule de Matouchka Théodosia. Plus tard, des racketteurs tirèrent sur toute sa famille devant ses yeux; c’était dans les années 1990. Que serait-il arrivé si les membres de la famille, ensanglantés, étaient définitivement séparés de la sorte, dans un état d’âme mutuellement hostile? Mais il fit un vœu à Dieu : s’ils demeuraient en vie, il se retirerait dans un monastère. Le Seigneur les épargna à cause de ce repentir.
«L’ennemi se réjouit quand vous vous querellez», disait Matouchka. Quand elle raisonnait les fidèles, elle se réjouissait : «Soyez en paix et je suis avec vous». De façon générale, elle essayait toujours d’attirer à sa table, d’offrir le thé, de la nourriture, afin que nul ne parte «maigre et inconsolé», et elle pardonnait à tous toutes les offenses.
Elle parlait de la beauté du paradis, de ce qu’ici, en fait, tout n’a guère d’importance, tout est éphémère. Quelqu’un vit que Matouchka vivait dans une vieille petite maison et proposa de lui en construire une normale. «C’est là-bas que j’ai ma maison», répliqua-t-elle.
«Faites tout selon Dieu. Le coupable doit compenser quadruplement», répétait-elle. «La Justice, c’est celle du Seigneur Dieu. Nulle part ailleurs vous ne la trouverez. Priez. La Justice parlera. Vivez avec Dieu». Ses instructions étaient simples. Ici, dans cette minuscule maison à la limite du village d’Octobre, dans la région de Skopine, les députés de la Douma, les gouverneurs, les puissants de ce monde et le simple peuple étaient des habitués.
Mère Spirituelle
Matouchka se réjouissait quand des prêtres venaient lui rendre visite. Ne connaissant pas vraiment sa date de naissance, son anniversaire fut fêté pendant toute sa vie le quatre novembre, jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Parfois, lors des fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu, elle ne recevait personne. C’était en de tels jours que venaient les prêtres, jusqu’à vingt à la fois. Ils célébraient des molebens et lisaient les acathistes. Matouchka Théodosia aimait beaucoup l’Archevêque Cyrille (Nakonetchnyi)de Iaroslavl et Rostov, aujourd’hui Métropolite d’Ekaterinbourg et Verkhotour. Elle l’appelait «fiston». Et on sait que ce surnom fut largement entendu lors des funérailles de la juste moniale du grand schème Théodosia. Avec toute la révérence qu’elle éprouvait envers les hiéromoines et prêtres mariés, elle était une authentique mère spirituelle. Le fait qu’elle fut tonsurée directement au grand schème fut un signe de l’Église, autorisé par les dons de l’Esprit Saint que l’héroïne de l’ascèse fut digne de manifester : la prière, la consolation spirituelle, les guérisons, la clairvoyance et la prophétie. Avec la bénédiction du Métropolite Simon (Novikov) de Riazan et Kasimov, la tonsure fut célébrée en 1997 par un autre héros de l’ascèse, de haute vie spirituelle, un athonite, l’Archimandrite Abel (Makedonov), Supérieur du Monastère Saint Jean le Théologien à Pochoupovo, dans la région de Riazan.

L’Archimandrite Naum (Baiborodine)

Quelques années auparavant, Matouchka Théodosia avait reçu la visite de l’Archimandrite Naum (Baïborodine), de la Laure de la Trinité-Saint Serge, qui lui avait prédit sa tonsure (tout comme à une des filles spirituelles de Matouchka, Agathe, qui devint la moniale Pélagie). Le Père Naum rendit seulement deux fois visite à Matouchka, mais en prière, leurs esprits étaient de façon mystérieuse en communion. Matouchka pouvait lui envoyer ses propres enfants spirituels si c’était nécessaire (par exemple pour recevoir des conseils au sujet du séminaire), et elle leur disait : «Ne vous en faites pas, il ne reçoit personne, mais vous, il vous recevra». Et de fait, l’un d’eux, un jeune homme, rencontra «par hasard» le Starets dans l’escalier et put s’entretenir avec lui. (A suivre)
Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (2)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

Matouchka s’étonnait : «Pourquoi les gens n’aspirent-ils pas à Dieu aujourd’hui ? Les églises sont ouvertes, les bus roulent, presque tout le monde a une voiture…» Cette situation ressemble à celle qui prévalait voici environ un siècle, avant la révolution de 1917, que les chercheurs appellent aujourd’hui la «révolution des rassasiés». Et Matouchka ne donnait pas sa bénédiction pour détruire les anciens poêles et les remplacer par les installations au gaz. «Mes petits enfants bien-aimés, je vous observe, comme vous êtes jeunes, et je vois ce que vous allez devoir vivre…» Parfois, elle soupirait. Mais en aucun cas elle ne voulait faire peur, que du contraire, elle encourageait : «Priez Dieu, et le Seigneur vous donnera la force de tout supporter. Quand vous avez quelque chose, remerciez Dieu. Quand vous n’avez rien, remerciez Dieu aussi! Aujourd’hui tout est en abondance, il faut se réjouir. Quand viendra le manque, il faudra rendre gloire au Seigneur». Elle donnait sa bénédiction pour qu’on conserver au moins quelques réserves et provisions à la maison. Elle disait : «Tout peut arriver en une minute. Vous ne vous y attendrez pas et cela arrivera. Attention, je ne vous exhorte pas à être avides,mais a sentir ce qu’il vous faut pour l’avenir. Maintenant, tout est en abondance. Prenez une part de votre abondance et offrez-la au monastère ou à une famille nombreuse. Pour ces dons charitables, le Seigneur prolongera vos bonnes années».
«Son visage est si vivant»
Natalia avait dix-huit ans quand la guerre commença. Eux, les jeunes, étaient envoyés au front pour creuser les tranchées. «Où nous envoient-ils? Où vont-ils nous emmener? Où allons-nous vivre? Qu’allons-nous manger? On n’en savait rien, on ne voyait que le travail». Après la guerre, de nouveau le travail et encore le travail. Elle travailla avec les prisonniers de guerre, à la mine, ensuite, dans une brigade de construction… A cette époque, beaucoup de gens devenaient estropiés ou invalides au travail. Toute l’année on les transportait dans les bennes ouvertes des camions à benne basculante. C’est ainsi que Natalia eut son premier accident, avec sa jeune sœur Olga, au début des années 1950. Le camion qui les transportait bascula. Les blessures étaient importantes, on voulu même déclarer les sœurs invalides, mais elles refusèrent : «Comment ça ne plus rien faire? Les jeunes ça doit travailler!». Ces circonstances voulues par la Divine Providence révèlent au monde celle qui allait intercéder sans cesse lorsqu’il ne lui resterait plus d’autre possibilité que de se consacrer entièrement au soin d’autrui. Les soeurs avaient faim. Elles voulurent trouver un fiancé à Natalia. A cette époque, peu d’hommes étaient revenus de la guerre. Natalia faisait une fiancée de premier plan. «Seigneur, ne permets pas que je sois fiancée», pria-t-elle l’Époux auquel elle aspirait, en revenant de la communion lors de la fête de la Dormition en 1953. «Ce fut le dernier office auquel j’allai assister sur mes deux jambes», se souvint Matouchka par la suite. C’était le jour même où les fiançailles étaient prévues pour la soirée, et le jour où survint le second accident. Lorsqu’on déchargea les briques, la ridelle du camion bascula sur ceux qui travaillaient. Un homme fut tué sur le coup, laissant quatre orphelins, qui jusqu’à nos jours vinrent fréquemment prendre conseil chez Matouchka. Natalia fut emmenée à la morgue, où une infirmière dit : «Son visage est si vivant…». On plaça un miroir devant sa bouche et il se couvrit de buée. Ils refusèrent longtemps de rendre Matouchka à sa famille, prétextant qu’elle ne disposait pas des moyens nécessaires pour faire face aux soins d’une telle malade. Ils voulurent l’envoyer, comme ils faisaient d’habitude dans ces cas, à Moscou.
Alors, le mari d’Olga la soeur cadette, qu’il venait juste d’épouser, rédigea une déclaration signifiant qu’il prenait sa parente dans le coma sous sa responsabilité. Seulement, il était militaire, et on venait de l’envoyer dans un lointain cantonnement. C’est dès lors Olga qui se consacra aux soins de sa soeur alitée. Le mari, elle ne le virent plus jamais.
Qu’est-ce qui se passa dans l’âme de Natalia pendant toutes ces années, seuls le Seigneur et Sa Très Sainte Mère le savent. «Le Sauveur est avec nous, la Mère de Dieu est avec nous», répétait souvent Matouchka Théodosia. Et elle ajoutait : «Priez le Seigneur et aimez Mamouchka (ainsi appelait-elle la Très Sainte Mère de Dieu)».
«On m’a instruite là-bas.»
Matouchka reprit conscience lors de la clôture de Pâques 1973, bien qu’auparavant, en fait, son âme manifestait mystérieusement sa présence dans son corps endormi. Lors des funérailles de Thècle, la soeur aînée, Natalia dit soudain «Mam-ma». La soeur aînée avait été une mère pour eux-tous. Leur frère Tikhon vint demander pardon à Natalia, et ensuite il mourut. Quand on emmena le corps dans son cercueil, des larmes coulèrent sur les joues de Matouchka. Plus tard, il lui arriva de dire sans raison apparente à un parent: «Petia, transmets mes métanies à mes parents». Et bientôt, ce même parent décédait prématurément… Matouchka connaissait les dates de départ de chacun d’entre nous. Mais elle n’en parlait pas à tout le monde. On dit quelque chose à quelqu’un, mais on ne sait pas comment il va réagir, explique l’Archiprêtre Oleg Vorobiov, responsable du Doyenné des Danilov à Moscou : je me souviens qu’un jour j’étais à Jérusalem et Matouchka m’a téléphoné : «Dis à untel qu’il célèbre et communie chaque jour». Littéralement le lendemain, je rencontrai ce prêtre , qui avait vu Matouchka une fois, en tout et pour tout. «Matouchka m’a demandé de te dire… » «Pourquoi donc?» «Pourquoi, Eh bien ?!??»… Exactement un an, jour pour jour, après que Matouchka m’ait téléphoné, ce prêtre décéda. Elle le lui révéla car il construisait une église dédicacée au Saint Archange Gabriel, messager de la vie, et de la mort. Et je me souviens aussi que décéda l’Archiprêtre Mikhaïl Khaliouta, doyen à Alouchta. Il n’était jamais allé voir Matouchka, mais un jour que j’étais chez elle, je lui racontai qu’il était mort. Matouchka sembla perdre conscience, comme elle en avait l’habitude, et puis, revint à elle. «Tu sais, là-bas, il a rencontré la Sainte Megalomartyre Barbara». Je fus ébahi. Je téléphonai à son fils Serguei, aujourd’hui doyen à Sébastopol. Je lui répétai mot pour mot ce que Matouchka avait dit… Et il répondit : «Père avait une grande icône du XVIIe siècle représentant la Sainte Mégalomartyre Barbara. Toute sa vie, il l’emmena dans les paroisses, où on faisait des molebens et des acathistes devant elle. Et avant sa mort, il l’a placée pendant deux ans dans l’autel de sa dernière église à Alouchta, l’église de tous les Saints de Crimée et de Saint Théodore Stratilate, et y a lu l’acathiste chaque semaine jusqu’à sa mort».

Matouchka voyait le monde invisible de même que le monde visible, physique, même quand ses yeux étaient encore fermés quand elle est sortie du coma. Par la suite, clouée au lit, elle voyait des choses qui se produisaient loin dans le temps et dans l’espace. «Natacha, tes yeux, quand vont-ils s’ouvrir?», demanda une parente quand Natalia s’éveilla. «A l’Ascension», répondit-elle. Et effectivement, ils s’ouvrirent au cours de cette année, lors de cette fête. Parmi les premières paroles de Natalia, on se souvient de ceci : «Pourquoi m’avez-vous donné à manger? La Très Sainte Mère de Dieu Elle-même me nourrissait». Et par la suite encore, certains jour, sa jeune soeur Olga lui apportait un repas, mais c’était comme si elle n’en avait pas besoin. «Mais avant, quand tu étais inconsciente, tu mangeais?…». Et puis elle se souvenait que sa soeur avait une sorte de parenté céleste. Certains entendaient Natalia prononcer des prières qu’elle n’avait pu connaître en sa jeunesse… «Comment les connais-tu?» «On m’a instruite là-bas». Qui avait enseigné quoi? Devant elle se trouvait un labeur colossal de quarante années de prières. La croix de staritsa qui doit nourrir les fidèles.. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (1)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

«Le bébé grandira!»
1923. Le pays était sur le Golgotha. Dans le petit village de Vélémia, dans la région de Riazan, naquit une fillette qu’on appela Nataliouchka. Dans la famille de Nicéphore et Euphrosine Kossopotikhine, il y avait déjà trois enfants : les soeurs aînées, Thècle et Ania (que tout le monde appelait Onia), et leur frère Tikhon. Après Natalia vint au monde la soeur cadette, Olienka. D’autres enfants naquirent, mais ils moururent en bas-âge. Matouchka Théodosia (ainsi fut nommée Natalia lors de sa tonsure monastique), disait de ces derniers : «Ce sont des anges!. Ils sauveront toute la lignée par leurs prières. Mais surtout, il ne faut pas les tuer». Matouchka pleurait abondamment quand elle apprenait qu’un avortement avait été pratiqué. Une habitante du village se souvient que Matouchka l’avait accueillie en disant : «Mais pourquoi t’es-tu laissée aller à un tel malheur?». Cet avortement avait occasionné des complications ; une infection du sang qui provoquait un décollement de la peau des jambes, comme des bas. Matouchka pria et la villageoise promit de ne plus recourir à cette pratique. Le gynécologue commenta : «Vous n’accoucherez plus!». Mais deux mois plus tard, raconta cette femme, j’étais de nouveau enceinte. Son mari buvait. Matouchka disait des «petits ivrognes», comme elle les appelait, que «La Très Sainte Mère de Dieu S’est détournée d’eux. Elle ne veut plus les regarder». Le fils aîné de cette femme allait déjà à l’école, mais elle lui donnai toujours le bain et le portait dans ses bras. Un jour, elle alla, accompagnée de sa mère, auprès de Matouchka. Celle-ci la regarda d’un air très attristé… D’habitude elle l’accueillait par un gentil surnom, mais cette fois elle utilisa son patronyme et dit : «Mais à quoi penses-tu? Tu n’arriveras à rien de bon». La mère, assise à côté de la femme, pria Matouchka pour celle-ci, qui était pétrifiée, et l’interrogea, apprenant alors que sa fille était à nouveau enceinte. Quand elle sortirent, la femme garda le silence, mais la mère s’écria en pleurant : «Seigneur! Mais pourquoi ne dis-tu rien à ta propre mère ?! Qu’as-tu encore manigancé?» La femme raconta tout à sa mère, qui lui répondit «Mon Dieu! Mais pendant la guerre, on élevait jusqu’à huit enfants. Ton bébé, tu vas l’élever!». Bien plus tard, nous nous trouvions dans la maisonnette de Matouchka, décédée déjà depuis longtemps, et cette femme héla son fils : «Kolienka, viens donc!». Approcha un fringant et beau jeune homme, qui sourit. Il s’avère qu’il amenait ici en voiture des gens âgés, les aidait pour la visite et les ramenait chez eux. Sa maman déclara : «Je suis comme Matouchka m’a bénie. J’ai cessé d’aller à l’hôpital pour des analyses. Je suis juste venue ici et Matouchka m’a dit : «Ne pleure pas! Tout ira bien» Je travaillais dans la production de produits nocifs. Et au sujet de mon prochain accouchement, elle dit : «Tout le monde trouvera ce petit merveilleux».
Cette génération qui suivit la révolution, la génération de la guerre, vit tellement de morts qu’elle savait apprécier la vie. Le pays dégrisé des rouges par le sang des néomartyrs et des héros-défenseurs de la Patrie, même en ces années effroyables, resplendissait d’une splendeur pascale, qui est restée dans la mémoire de ceux qui demeurèrent fidèles au Christ.
«Le Seigneur aime le labeur.»
En, 1937, année que l’on désigne comme la plus sanglante dans l’histoire de notre pays, la maman Kossorotikhine décéda, non pas victime de répressions, de «dékoulakisation», ni de déportation, mais d’épuisement sous la charge inhumaine de travail, en la Terre bénie de Riazan. Elle mourut dans les bras de Natalia. Ils étaient nombreux à cette époque à pratiquer des travaux physiques : dans les kolkhozes, dans la construction, les travaux d’intérêt publics. A ce sujet, Matouchka Théodosia n’émit jamais le moindre murmure, la moindre insatisfaction : «Il faut travailler. Comment ne pas travailler?». Elle ne se fatiguait jamais de répéter : «Le Seigneur aime le travail. Il a dit «Vous, travaillez comme de bons serviteurs, et Moi, Je vous aiderai». Il fallait partir tôt aux champs dès que la terre avait séché, car il fallait semer. Toute cette désolation est due à notre négligence. Notre terre nourricière est délaissée, c’est pourquoi les âmes sont envahies par les mauvaises herbes. Il faudra répondre de tout cela devant le Dieu». Les parents qui affluaient vers elle avec des questions concernant leurs enfants s’affligeaient : «C’est vrai, nous n’avons pas la crainte de Dieu. Que demander aux enfants?» Avant, au milieu des durs labeurs, on élevait les enfants des familles nombreuses, dans l’esprit d’entraide. Dès l’aurore, on était dans les potagers, printemps comme été. Et il y avait encore l’une ou l’autre tête de petit bétail à nourrir, et la volaille. Et tout cela était grevé à l’époque, d’un impôt exorbitant. Comme aujourd’hui d’ailleurs, tous les hommes d’alors devaient aller travailler, et c’était le cas du papa Nicéphore Kossorotikhine, si bien que les labeurs de la maison et de l’agriculture reposaient sur les épaules de la maman. Bien entendu, les enfants aidaient ; ils avaient grandi dans la compassion, pas dans l’égoïsme. Il n’y avait pas de chauffage central en ces temps anciens, et après une éreintante journée de travail, il fallait encore s’enfoncer dans la forêt pour ramener du bois sec. Et puiser des seaux d’eau et les rentrer à la maison. Sans même rappeler qu’il fallait préparer la nourriture, laver la vaisselle, nettoyer, faire la lessive, recoudre les vêtements, ravauder, réparer. Sachant tout le labeur que cela requérait, les enfants vivaient de façon parcimonieuse, évitant toute dépense, toute avidité. Toujours, ils avaient un peu faim. Le pain était précieux. Matouchka l’appelait toujours un «don de Dieu». Elle disait qu’il fallait en chérir chaque croûton, ne pas le gaspiller. Souvenez-vous comment le Seigneur bénit les apôtres pour qu’ils récoltent les restes de pain, jusqu’à la dernière miette, par corbeilles entières (J.6;12). Les enfants grandirent dans la gratitude, c’est pourquoi chez eux, la vivacité de l’âme était joyeuse. «Avant, on vivait joyeusement! On avait froid, on avait faim, mais on partait travailler en chantant, se souvenait Matouchka. On se vêtait avec ce qu’il y avait. Personne n’avait de chaussures. Plus tard, apparurent les galoches. Là-dedans, les pieds gelaient pendant le travail. En tous lieu, on battait le sol en passant d’un pied à l’autre ; il faisait froid. Aujourd’hui, il y a de tout. Tout le monde est rassasié, habillé, chaussé. Comment donc être désespéré? L’âme doit être dans la joie! Tes pieds et tes mains sont entiers? De quoi d’autre as-tu besoin? Tu peux récolter des plantes sauvages!», s’étonnait-elle de ses contemporains prédisposés à la dépression. Elle-même se rappelait de son enfance, quand ils allaient à la cueillette des champignons et des baies. Et surtout, quand ils allaient communier à l’église.
«Rendez-grâce à Dieu!»
Ils étaient guettés et humiliés quand ils approchaient l’église locale, alors, ils allaient à pieds à l’église Saint Nicolas de la ville de Skopine, marchant entre deux et trois heures pour y aller à l’office. Ils communiaient, et puis prenaient le chemin du retour. Et le long de ce chemin, il y avait tellement de sainte sources où on priait. De nos jours, Matouchka donnait encore sa bénédiction pour qu’on aille nettoyer les anciennes saintes sources qu’elle connaissait depuis sa jeunesse. «Le Seigneur donne tout selon la prière», disait la Staritsa. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
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