Alors que Saint Païssios menait son ascèse dans la kalyva de la Précieuse-Croix, le 2 décembre 1972, il paisios (1)rédigea une longue missive à l’attention de la Gérondissa Philotée du Monastère Saint Jean le Théologien, qu’il avait fondé à Souroti, là où reposent aujourd’hui ses saintes reliques, auprès de celles de Saint Arsène de Cappadoce. Dans cette lettre, tel un joyau dans son écrin, se trouvent enchâssées vingt béatitudes.

1. Bienheureux ceux qui ont aimé le Christ plus que toute chose au monde et qui vivent loin du monde, près de Dieu dans la joie paradisiaque dès cette terre.
2. Bienheureux ceux qui ont réussi à vivre dans l’obscurité, et ont acquis de hautes vertus sans même acquérir le moindre renom.
3. Bienheureux ceux qui sont parvenus à faire le fou et ont préservé ainsi leur trésor spirituel.
4. Bienheureux ceux qui annoncent l’Évangile non par des mots, mais qui le vivent et l’annoncent par leur silence avec la Grâce de Dieu, laquelle seule le trahit.
5. Bienheureux ceux qui se réjouissent d’être accusés injustement plutôt que d’être loués justement pour leur vie vertueuse. Là réside le signe de la sainteté, et non pas dans une ascèse stérile ni dans le grand nombre de pratiques ascétiques qui si elles ne sont pas accomplies avec humilité et dans le but de se dépouiller du vieil homme, ne font que produire de fausses idées sur soi.
6. Bienheureux ceux qui préfèrent subir l’injustice plutôt que de pratiquer l’injustice, qui reçoivent paisiblement et silencieusement les injustices, car ils manifestent en pratique qu’ils croient en un seul Dieu, le Père Tout-Puissant et qu’ils attendent de Lui leur justification, et non pas des hommes pour être vainement justifiés ici-bas.
7. Bienheureux ceux qui sont nés infirmes ou le sont devenus par leur propre imprudence, mais qui ne se plaignent pas et rendent gloire à Dieu. Ils auront les meilleures places au Paradis auprès des Confesseurs et des Martyrs qui ont donné leurs mains et leurs pieds par amour du Christ et qui maintenant baisent avec vénération  les Pieds et les Mains du Christ.
8. Bienheureux ceux qui sont nés laids et qui sont méprisés sur la terre, car, s’ils rendent gloire à Dieu et ne se plaignent pas, ils auront droit aux plus belles places du Paradis.
9. Bienheureux sont les veuves qui, même involontairement, portent le noir dans cette vie et mènent une vie spirituelle blanche comme neige en rendant gloire à Dieu sans se plaindre, autrement bienheureuses que les malheureuses qui portent des couleurs et mènent une vie de débauche, haute en couleurs !
10. Bienheureux et trois fois bienheureux les orphelins qui ont été privés de l’immense tendresse de leurs parents, car ils ont été jugés dignes d’avoir Dieu pour Père dès cette vie et, la tendresse parentale dont ils ont été privés est placée avec intérêts à la Caisse d’Épargne de Dieu.

(A suivre)

N.B. Le texte des Béatitudes de Saint Païssios se trouve aux pages 236 à 241 du livre du «Père Païssios» intitulé LETTRES, et édité en 2005 par le Monastère Saint Jean le Théologien à Souroti. Il est possible d’acquérir ce livre, de même que les autres œuvres de Saint Païssios, directement au monastère à Souroti, pour ceux qui ont la joie de s’y rendre, ou encore en passant commande, par exemple sur les sites web du Monastère de la Transfiguration, ou du Monastère de Solan