«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous, prononcée le 6 mai 1951, le dimanche qui suivit celui de Pâques, est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 1» des Homélies de Saint Luc de Crimée, édité par l’Éparchie de Simferopol et de Crimée. Compte tenu de sa longueur, l’homélie est publiée en deux parties.

Le Saint Apôtre Pierre entame son Épître synodale par ces paroles : «Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui selon sa grande miséricorde nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts pour une vivante espérance» (1Pierre 1;3).
L’Apôtre Pierre dit qu’eux, les apôtres étaient morts. Pourquoi morts? Parce qu’après l’effroyable mort de notre Seigneur Jésus Christ par le supplice de la Croix, les espoirs s’étaient effondrés, tout était recouvert de ténèbres impénétrables, il n’y avait plus d’espoir, tout était détruit. Comment allait pouvoir s’accomplir la promesse donnée par le Christ en réponse à la question du Saint Apôtre Pierre : «Voici que nous avons tout quitté pour Te suivre ; qu’avons-nous donc à attendre? Jésus … répondit : «Je vous le dis en vérité, lorsque, au jour du renouvellement, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël.»
Les apôtres croyaient profondément que notre Seigneur Jésus Christ était le Messie, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu. Et quoi?! On L’avait cloué sur la Croix. On L’avait mis au tombeau.
Comment, comment était-il possible de supporter cela?! Quel cœur aurait pu endurer une épreuve aussi effroyable?!
Mais quand le Seigneur ressuscita, ils ressuscitèrent d’entre les morts. Il les ressuscita par Sa propre résurrection. Et nous, nous tous, qui croyons en Christ, nous aussi nous compterions parmi les morts si le Christ n’était pas ressuscité ; notre esprit exige l’immortalité, de façon inconditionnellement obligatoire. Notre esprit ne peut en aucun cas s’accommoder avec le fait que de grands justes tels que, par exemple, notre père Saint Seraphim de Sarov, seraient tout simplement morts, seraient disparus, tombés dans une non-existence sans fond.
Et notre cœur exige, il exige absolument, que les mauvaises actions des gens mauvais soient punies, et dans cette vie, comme nous le constatons souvent, elles demeurent souvent impunies. Et notre cœur exige que les souffrances des justes soient récompensées par la joie céleste éternelle. Si le Christ n’était pas ressuscité, ces espoirs s’effondreraient, comme s’effondrèrent les espoirs des saints apôtres. Saint Paul évoque cela dans son Épître aux Corinthiens : « Or, si l’on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts? S’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, vaine aussi est votre foi» (1Cor.15;12-14).
Que pourrions-nous croire si le Christ n’était pas ressuscité? Comment pourrions-nous croire en la vérité éternelle, en l’absolue justice de Dieu. Si le Christ n’était pas ressuscité, toutes les prédications des apôtres au sujet du Christ n’auraient aucune force. Notre foi en Lui serait vaine, sans espoir, car «S’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité».
Si vous ne croyez pas en la résurrection des morts, alors le Christ Dieu ne pourrait pas être ressuscité, donc ceux qui sont morts en Christ périraient.
Le Christ fut le premier, ceux qui appartiennent au Christ viennent ensuite, lors de Son avènement. Voilà notre foi. Ainsi s’explique notre joie lumineuse lors de la grande Fête de la Résurrection du Christ.
«Mais, dira quelqu’un : Comment les morts ressuscitent-ils ? avec quel corps reviennent-ils?» (1Cor.15;35). Cette question est celle que posent aujourd’hui encore tout les non-croyants ; ils considèrent impossible la résurrection des morts. Quelle chose insensée, disent-ils, que de croire en la résurrection de ceux qui furent déchirés par des bêtes sauvages! Comment croire que ressuscite l’homme dévoré par un requin ou réduit en cendres lors d’un incendie? Il leur semble que la puissance de leur question rend leur position irréfutable. Nous ne leur répondrons pas, c’est le Saint Apôtre Paul qui le fait : «Insensé ! ce que tu sèmes ne reprend pas vie, s’il ne meurt auparavant. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps qui sera un jour ; c’est un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre semence : mais Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu, et à chaque semence il donne le corps qui lui est propre» (1Cor.15;35-36).
Le grain jeté par le semeur dans la terre labourée cesse d’exister en tant que grain: il se désintègre, se décompose, il semble mourir, mais il semble seulement, parce qu’il contient les grandes forces de la vie. À partir du grain qui a cessé d’exister, la puissance de Dieu fait pousser une plante grande, belle, utile et nécessaire pour nous.
La même plante ne sort pas de toutes les graines; mais par Sa force vivifiante le Seigneur donne à chacun un corps particulier: un corps particulier à l’épi de blé, un corps particulier à l’avoine, un corps particulier au buisson. Et d’où proviennent ces corps? De la semence qui est morte.
Par quelle force ces nouveaux corps grandissent-ils et apparaissent-ils? Bien sûr, par la puissance de Dieu, par la puissance de l’Esprit-Saint, qui vit dans toutes les cellules de l’organisme animal et végétal.
De même, lors de la résurrection des morts. «Semé dans la corruption, ressuscité dans l’incorruptibilité». Le corps humain mort est enfoui dans le sol, «semé dans la corruption … semé dans l’ignominie» , car quoi de plus humiliant que le cadavre de l’homme qui commence à pourrir, mais «Ainsi en est-il pour la résurrection des morts. Semé dans la corruption, le corps ressuscite, incorruptible ; semé dans l’ignominie, il ressuscite glorieux ; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force; semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps animal, il y aussi un corps spirituel» (1Cor.15;42-44). Voilà les paroles du Saint Apôtre que nous devons tous comprendre et retenir : «S’il y a un corps animal, il y aussi un corps spirituel». Le corps animal, c’est notre corps présent, chair et sang, os, muscles et entrailles. De cela, le Saint Apôtre Paul dit que «ni la chair ni le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu» (1Cor.15;50), car le corps animal voué à la corruption ne peut hériter l’incorruptibilité. Comment devons-nous comprendre ces paroles? (A suivre)
Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)