Métropolite Athanasios : A propos des moines, des laïcs et des saints

AthanasiosEn Grèce et en Russie, le Métropolite Athanasios de Limasol prodigue des enseignements spirituels nombreux et denses, dont la conformité avec la tradition est unanimement reconnue. Avec régularité, le site pravoslavie.ru présente à ses lecteurs russes des entretiens et conférences du Métropolite Athanasios. Nous en proposons ici la traduction française.

C’est la deuxième année de suite que vous venez en Russie pour la Conférence sur le Monachisme. Comment qualifiez-vous l’édition actuelle?
Je suis très touché de ce que le Patriarche Cyrille, les évêques et les prêtres s’inquiètent du monachisme contemporain. Il existe incontestablement une série de choses qui doivent être constatées et auxquelles il convient d’accorder une grande attention. Il faudra apporter des modifications, et cela ne concerne pas seulement la Russie, mais aussi l’Athos. Chaque lieu a sa propre tradition, ses règles, ses gens. Le monachisme apparaît à un endroit et il y vit, entouré par les habitants de ce lieu. Je pense que tout se passe très  bien. Cela ne signifie toutefois pas que je ne sois pas conscient des réalités. Je constate que les choses évoluent de façon naturelle, j’observe les souhaits et aspirations des higoumènes à corriger les défauts et apprendre à mieux faire. Lire la Suite

La Paternité spirituelle dans la Tradition Orthodoxe 2

Μητροπολίτης Νέας Σμύρνης κ.ΣυμεώνLe Métropolite  Simeon (Koutsas), de Nea Smyrni, dans la banlieue Sud d’Athènes, a rédigé en 1995 un long texte intitulé «Le Père Spirituel : La Paternité spirituelle dans la Tradition Orthodoxe». Le texte original grec fut publié par la Sainte Métropole de Kalavryta and Aegialia,  et demeure disponible sur le site Myriobiblos. Il fut traduit en anglais en 2009. Voici la traduction de la deuxième partie intitulée dans l’original «La Signification de l’Institution».  La première se trouve ici.

Évolution de l’Institution au cours de l’Histoire de l’Église.
Au fil du temps, avec le développement des institutions de l’Église, celle de la paternité spirituelle prit racine et commença à croître. L’endroit où elle fut le plus cultivée fut tout naturellement le désert, lieu de prédilection du monachisme. Et comme ce fut le cas d’autres éléments, cette institution se répandit et imprégna la vie spirituelle de l’Église entière. Nous sommes devenus familiers avec les termes caractéristiques de la littérature ascétique : abba, geronda en grec, ancien, starets dans la langue de nos frères et coreligionnaires russes. Lire la Suite

Métropolite Athanasios : Raviver le feu de la foi chrétienne

AthanasiosEn Grèce et en Russie, le Métropolite Athanasios de Limasol prodigue des enseignements spirituels nombreux et denses, dont la conformité avec la tradition est unanimement reconnue. Avec régularité, le site pravoslavie.ru présente à ses lecteurs russes des entretiens et conférences du Métropolite Athanasios. Nous en proposons ici la traduction française.

Votre Éminence, n’avez-vous pas l’impression que nous vivons des temps anormaux? Au risque de passer pour des ronchons, les gens ont toujours prétendu qu’avant le soleil brillait plus fort, que l’herbe était plus verte et les gens, meilleurs. Toutefois un sentiment généralisé d’anxiété et d’inquiétude est partagé aujourd’hui par tous, pas seulement par les Chrétiens.
Je pense que nous aussi, avons mûri et vieilli, et nous voyons le passé sous un éclairage qui lui est favorable, il en devient plus acceptable que le présent. Il ne fait aucun doute que le monde avance vers les temps derniers. Néanmoins, pour un Chrétien, «hier» et «demain» n’existent pas. Seul existe aujourd’hui, qui se vit dans les Mystères de l’Église, dans la Divine Liturgie, dans la présence de Dieu. Lors des fêtes de l’Église, nous disons «Aujourd’hui, le Christ est né, aujourd’hui, le Christ est baptisé, aujourd’hui, le Christ est cloué sur la croix». C’est ainsi que nous vivons aujourd’hui le Royaume des Cieux, qui avance vers la fin. Je pense que nous devons rendre grâce à Dieu pour le Royaume des Cieux. Comme disait Geronda Païssios, au plus nombreuses sont nos tribulations, au plus Dieu nous bénit. Lire la Suite

La Paternité spirituelle dans la Tradition Orthodoxe. 1

Μητροπολίτης Νέας Σμύρνης κ.ΣυμεώνLe Métropolite  Simeon (Koutsas), de Nea Smyrni, dans la banlieue Sud d’Athènes, a rédigé en 1995 un long texte intitulé «Le Père Spirituel : La Paternité spirituelle dans la Tradition Orthodoxe». Le texte original grec fut Publié par la Sainte Métropole de Kalavryta and Aegialia,  et demeure disponible sur le site Myriobiblos. Il fut traduit en anglais en 2009. Voici la traduction de la première partie intitulée dans l’original «La Signification de l’Institution».                                                                    Chaque homme a un père biologique, auquel il doit son entrée en cette vie. En plus de ce père biologique, le Chrétien a également un père spirituel. C’est à celui-ci qu’il doit sa renaissance spirituelle ; c’est lui qui l’introduit dans la vie en Christ et le guide sur la voie du Salut. Notre naissance biologique nous fait entrer en cette vie, elle nous introduit dans la communauté des êtres humains. Notre naissance en Christ est une naissance d’un ordre différent ; elle nous introduit dans la communauté de l’Église et nous procure le potentiel nécessaire pour vivre cette vie en Christ.
Dans l’Église des temps anciens, quand la quasi majorité des  fidèles recevait le baptême à un âge mur, le père spirituel du Chrétien était le berger de l’Église, qui le catéchisait, lui administrait le sacrement du baptême et continuait en le guidant dans la vie en Christ. De nos jours, alors que presque tout le monde est baptisé tout petit enfant, le père spirituel n’est très souvent pas le prêtre qui a baptisé, mais plutôt celui qui, à un certain moment, aide l’homme à croire en toute conscience et le guide vers un mode de vie chrétien cohérent.

L’exemple de l’apôtre Paul nous aide à percevoir le mystère de la paternité spirituelle dans toute sa pavlos_apostlesplendeur. Paul est le père spirituel des Chrétiens de Corinthe, et de bien d’autres cités de son époque. S’adressant aux Chrétiens de Corinthe, il écrit : «Ce n’est pas pour vous faire honte que j’écris ces choses; mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. Car, quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez cependant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Évangile» (1 Cor.4:14).
Ainsi, pour les Chrétiens de Corinthe, Paul n’était pas simplement leur instructeur et leur enseignant en Christ ; il était leur père. Il fut celui qui leur donna de renaître spirituellement. Il fut celui qui les fit entrer dans la famille des Rachetés. Son cœur apostolique était enflammé par son amour pour ses enfants spirituels. Cet amour paternel en Christ fut le moteur de sa démarche apostolique. Il aspirait non seulement à transfuser en eux l’Évangile, mais aussi son âme (1 Thess, 2:8). Il lutta et peina afin de former le Christ en eux (Gal. 4:19). Jamais il ne cessa de les conseiller, «chacun de façon individuelle» et «avec larmes», dans son désir de les édifier spirituellement et de les stabiliser dans un mode de vie en Christ (Actes 20:31, Ephes.4:12-16)
Cette perception paulinienne du contenu et de la signification de la paternité spirituelle imprègne la Tradition spirituelle orthodoxe toute entière. Saint Siméon le Nouveau Théologien, l’un des porteurs les plus authentiques de cette Tradition, et auquel nous ferons souvent référence, écrivit à l’un de ses enfants spirituels : «Nous t’avons conçu à travers nos enseignements, nous avons traversé les souffrances de l’enfantement à travers la repentance, nous t’avons mis au monde avec beaucoup de patience, de douleur et de larmes quotidiennes» (Lettre 3,1-3). Comme nous pouvons le voir, la naissance spirituelle est comparée à la naissance naturelle, et comme celle-ci, elle se déroule en trois étapes : la conception, la gestation et le travail de l’enfantement.
exomologDeux images fréquentes dans les écrits des Pères sont susceptibles de nous faire mieux comprendre le rôle de notre père spirituel. La première est celle de l’escalade d’une montagne escarpée et inhospitalière. Celui qui tente une telle ascension pour la première fois doit nécessairement suivre un chemin bien délimité ; il doit avoir un guide et compagnon de route habitué à cette montagne et connaissant le sentier de montée. Il s’agit précisément du rôle du père spirituel, compagnon d’escalade et guide sur notre chemin spirituel, notre mode de vie en Christ.
La deuxième image est tirée du domaine de l’éducation physique, de l’athlétisme. Tous ceux qui s’entraînent dans une quelconque discipline athlétique ont besoin d’un guide expérimenté, leur entraîneur, qui les initiera aux secrets de ce sport et les guidera méticuleusement pendant leur période d’entraînement. La mission du père spirituel est semblable : ayant lui-même acquis l’expérience de la vie en Christ, il entreprend alors d’initier ses enfants spirituels. (A suivre)

Source grecque. Traduction anglaise.

V. Karpets. Le Social-Monarchisme russe. 1

Vladimir Igorievitch Karpets, juriste, orthodoxe Vieux-Croyant, a écrit entre autres un ouvrage intitulé Социал-Монархизм (Le Social-Monarchisme), publié en 2014, livre qui n’a pas été traduit en Français à ce jour. karpec-00 Le texte ci-dessous est un extrait du livre, dans lequel l’auteur esquisse les prémices de sa thèse. Nous avons déjà proposé, en guise d’introduction, la traduction d’un extrait de ce livre ici. Aux lecteurs initiés à la langue russe, nous conseillons la lecture du blog de Vladimir Igorievitch.

Monarchisme, socialisme et libéralisme.

Le socialisme du XXe siècle revendiqua la succession  politique et historique des soi-disant «Lumières» et des révolutions anti-traditionnelles et anti-monarchiques qu’elles engendrèrent, avant tout les révolutions du XVIIIe siècle, française et américaine. Lire la Suite

L’Unité du Monde Orthodoxe Russo-Grec.

Suite de la conversation avec Athanase Zoïtakis, chargé de cours à l’Université d’État de Moscou Kyril_Phanar_04(МГУ) et rédacteur en chef du site «agionoros.ru», à propos de l’influence mutuelle des Églises russe et grecque. La première partie, concernant Saint Cosme d’Etolie, se trouve ici.                                                                         Sur le plan professionnel, vous vous occupez d’histoire moderne et contemporaine, et de l’histoire de l’Église. Quelle fut l’influence réciproque des Églises russe et grecque au cours de l’histoire ? Quels ascètes orthodoxes russes furent porteurs d’un enseignement pour les Grecs ?
Selon les termes d’Alexandre S. Pouchkine, «La foi confessée par les Grecs nous donna notre caractère national propre». En acceptant l’Orthodoxie, le peuple russe s’est lié au peuple grec par des liens spirituels indissolubles. L’influence de la tradition grecque ne signifiait pas qu’il s’agissait simplement de copier sans faire preuve d’initiative et d’une vision originale. On reconnaissait des traits propres au type spirituel russe. Lire la Suite