maxresdefaultLe texte ci-dessous est un extrait du livre Orthodoxie et Hellénisme: Voyage vers le troisième Millénaire, publié par le Saint Monastère de Koutloumousiou, au Mont Athos. Ce texte du Père Jean Romanidès est intégré à un ensemble intitulé : La Maladie de la Religion et sa Guérison par l’Orthodoxie. L’approche théologique du Père Romanidès a inspiré de nombreux membres et serviteurs de l’Église, dont le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, dont les écrits nourrissent les âmes de dizaines de milliers de fidèles de par le monde et particulièrement en Grèce. La traduction française des deux premières partie du texte se trouve ici.  

La Religion est une maladie neuro-biologique. L’Orthodoxie en est le Traitement.

Les patriarches et les prophètes de l’Ancien Testament, les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament, ainsi que leurs successeurs, connaissaient parfaitement la maladie de la religion, et le Médecin qui la guérit, le Seigneur (Yahvé) de Gloire. C’est Lui le médecin de nos âmes et de nos corps. Cette maladie, Il l’a guérie chez Ses amis et Ses fidèles, avant Son incarnation, et, Il continue, en tant que Dieu-Homme à la guérir.
La maladie en question consiste en un court-circuit entre l’esprit situé dans le cœur de l’homme (c’est-à-dire, selon les Pères, son énergie noétique) et son cerveau. Dans son état normal, l’énergie noétique fonctionne selon un mouvement rotatif, comme une manivelle, elle tourne avec la prière dans le cœur. Dans son état pathologique, l’énergie noétique ne suit pas un mouvement cyclique, rotatif. Au lieu de cela,  ancrée dans le cœur, elle se déroule et est bloquée au niveau du cerveau, causant un court circuit entre celui-ci et le cœur.  Et les concepts du cerveau, dérivant tous de l’environnement extérieur, deviennent les concepts de l’énergie noétique qui reste en permanence enracinée dans le cœur. Dès lors, le malade devient l’esclave de son environnement. Et en tant que tel, il confond certains concepts issus de son environnement avec son Dieu ou ses dieux. Par religion nous voulons signifier toute «équation» de «l’Incréé» avec le créé, et particulièrement, toute «équation de représentation» de l’Incréé avec des concepts de la pensée humaine, ce qui constitue le fondement de l’idolâtrie. Ces concepts et mots peuvent être de simples concepts et de simples mots, mais il peut s’agir aussi de représentations au moyen de statues et d’images, à l’intérieur ou hors d’une textualité soi-disant inspirée par le Divin. En d’autres termes, identifier les concepts de Dieu et les mots de la Sainte Écriture avec l’Incréé relève également du monde de l’idolâtrie, constitue la base de toutes les hérésies connues.

Dans la Tradition Thérapeutique de l’Ancien et du Nouveau Testament, les concepts et les mots adéquats sont utilisés en tant que moyens, pendant la purification et l’illumination de nos cœurs; ils sont devenus superflus lors de la glorification, lorsque la Gloire incréée, indescriptible et incompréhensible de Dieu, qui remplit toute chose, est révélée dans le Corps du Christ. Après cette glorification, les concepts et mots de la prière noétique dans le cœur reviennent. A travers sa glorification, l’homme constate qu’il n’existe aucune similitude entre le créé et l’Incréé, et qu’il est impossible d’exprimer Dieu, et encore plus impossible de Le comprendre.
Le fondement des hérésies du Vatican et des Protestants consiste en ce qu’ils suivent Saint Augustin, qui prit la Gloire de Dieu révélée dans l’Ancien et le Nouveau Testament pour une chose «créée» qui , de plus, va et vient. En outre, ce qui est pire, il considéra  entre autres, l’Ange du Grand Conseil et Sa Gloire comme des créations ayant un commencement et une fin, que Dieu amena à l’existence à partir de rien, pour qu’ils soient vus et entendus, et qui retourneront à la non-existence une fois leur mission accomplie.
Mais pour qu’un homme ait une démarche correcte dans le traitement de l’énergie noétique, il doit avoir pour guide l’expérience de quelqu’un qui a été déifié et témoigne de certains axiomes : il n’existe aucune similitude entre Dieu Incréé et ses Énergies Incréées d’une part, et Sa création, de l’autre, et «il est impossible d’exprimer Dieu et plus impossible encore de Le comprendre» (Saint Grégoire le Théologien). Seule la base formée par ces principes permet d’échapper au fléau qu’est d’avoir le diable pour guide, sous la forme de théologiens autoproclamés spéculant au sujet de Dieu et des choses divines. Dans son état naturel, l’énergie noétique régule les passions telles que la faim, la soif, le sommeil, l’instinct de conservation (c’est-à-dire la peur de la mort) afin de les rendre irréprochables. L’état maladif de l’énergie noétique permet aux passions de devenir répréhensibles. Celles-ci, combinées à une imagination débridée, créent une religion magique visant à brider les éléments naturels et à sauver l’âme de la matière, dans un état de bonheur et de béatitude du corps et de l’âme. Conformément à la Sainte Écriture, la foi est coopération avec l’Esprit Saint, Qui initie le traitement de la maladie de l’amour égoïste dans le cœur et sa transformation en un amour «qui ne cherche point son intérêt». Ce traitement culmine dans la glorification (la déification) et constitue la quintessence de l’Église Catholique Orthodoxe, qui remplaça ainsi l’idolâtrie en tant que noyau de la Civilisation Hellénique de l’Empire Romain.

Pour comprendre la raison qui amena l’Empire Romain à incorporer l’Église Orthodoxe dans son code de lois, nous devons avoir une image claire du contexte dans lequel l’Église et l’État envisagèrent la contribution de ceux qui furent déifiés à la guérison de la maladie de la religion, maladie qui détruit la personnalité humaine à travers la quête de la béatitude ici et au-delà de la tombe. Ni l’Église, ni l’État ne voyaient la mission de l’Église comme la simple rémission des péchés des fidèles pour qu’ils puissent entrer au paradis après leur mort. C’eût été comme si les médecins pardonnaient les malades d’être malades, pour qu’ils puissent guérir après la mort. Tant l’Église que l’État savaient que la rémission des péchés n’était que le début du traitement de la maladie de l’humanité qu’est la poursuite du bonheur. Ce traitement commençait  par la purification du cœur et parvenait à la restauration du cœur dans son état naturel d’illumination, et l’homme entier était menée à la perfection dans l’état préternaturel de glorification, la déification. Le résultat de ce traitement, cette perfection, ne constituait pas seulement une préparation adéquate pour la vie après la mort du corps, mais aussi la transformation de la société, ici et maintenant, d’un groupe d’individus égoïstes et égocentriques en une communauté d’hommes à l’amour altruiste, «qui ne recherchent pas leur intérêt».

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