Le texte ci-dessous est traduit des pages 422 à 424 du livre «My Elder Joseph the Hesychast», de Geronda Ephrem de Philotheou et d’Arizona, publié par les Éditions du Monastère Saint Antoine, en Arizona. Il rappelle une loi spirituelle fondamentale et donne à comprendre que Geronda Joseph avait atteint le niveau spirituel propre aux saints de notre Église.
Nonobstant le fascinant don de narration dont jouissait Geronda, lorsqu’il essayait de parler de l’illumination divine, des états de grâce et des contemplations célestes, l’inadéquation du vocabulaire humain ne lui permettait pas d’exprimer ses expériences ineffables. Il aurait eu besoin d’un autre vocabulaire, un vocabulaire céleste, celui qu’on apprend dans l’autre monde seulement.
Malgré cela, Geronda s’efforça de nous enseigner beaucoup de choses. Il participait constamment à la lumière incréée, et il nous en parlait, mais ses paroles nous dépassaient, suite à notre immaturité spirituelle. Nous parvenons à percevoir la grâce seulement à la mesure de notre niveau spirituel. Souvent, à l’issue de ses vigiles, il sortit de sa kaliva et nous disait : «Aujourd’hui, il y a eu un entretien avec la Sainte Trinité!» Il soupirait alors et ajoutait en chantonnant d’un ton jovial «Mais maintenant, qu’est-ce qui m’attend!»
Papa-Ephrem de Katounakia l’interrogea un jour : «Geronda, que veux-tu dire?»
«Il est une loi dans la vie spirituelle, selon laquelle si tu vis soudainement l’expérience d’une effusion de grâce divine, alors que tu te trouves dans des conditions spirituelles normales, c’est-à-dire ni très élevées, ni très basses, cela signifie qu’une tentation arrive, dont l’intensité sera proportionnelle à la quantité de grâce reçue. Dieu ne distribue pas Ses loukoums gratuitement ; nous devons les payer chèrement. Et comme elle n’a pas été précédée par un combat spirituel, cette caresse divine ne constituait pas la récompense de mes efforts, mais l’annonce d’une tentation toute proche».
«Mais Geronda, tu as atteint la theosis. Comment peux-tu encore avoir à affronter des choses mauvaises?»
«Tu verras», répliqua Geronda.
Deux jours plus tard, Papa-Ephrem revint, pour célébrer la divine liturgie, et Geronda semblait être d’une humeur si belle, au point qu’il racontait des blagues. Mais intérieurement, il vivait un enfer. Le voyant tellement heureux, Papa-Ephrem lui demanda:
«Alors, qu’est-ce qui t’attendait? La joie et les bénédictions!»
Geronda Joseph lui dit:
«Viens ici!»
Il l’emmena à part afin que les autres ne l’entendent pas, et lui dit: «Maintenant je comprends la douleur que ressentent les âmes possédées par les démons. Je vois l’ennemi de nos âmes nous surveiller pour voir si ses flèches empoisonnées atteignent leurs cibles. Mais je ne vais pas donner à ce monstre cornu le plaisir de me voir dans l’affliction et les douleurs ».