ieromonah-arseniiLe hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé «Philocalie Athonite sur le Silence et la Prière» (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici. Les premiers extraits se trouvent ici).

La prédisposition à la prière est un don de Dieu. Mais en fonction du degré de pureté et d’ouverture de leur cœur, certains ressentiront rapidement la présence d’un tel don, et leur prière devient alors consolation et douceur indicibles. D’autres devront œuvrer longtemps avant de parvenir à éveiller en eux ce sentiment bienfaisant. La variété qu’adopte en cette matière la mise en œuvre de la Grâce nous fait venir à l’esprit la sagesse de l’économie divine. Si un don nous vient sans labeur aucun, nous ne lui accorderons que peu de valeur, et nous le perdrons facilement, alors que ce que nous conquérons par nos efforts, nous le préservons tel un précieux trésor.
Il est bon de prier, lorsque Dieu nous donne des larmes d’attendrissement. Tout est merveilleux en de tels instants où l’on est tel la femme pécheresse, où l’on se penche aux pieds du Crucifié pour les baigner des larmes du repentir, où on L’implore de remettre nos innombrables péchés, sans reconnaître aucun mérite à nos insignifiantes vertus, mais plaçant toute notre espérance en l’infinie miséricorde divine qui couvre tous nos péchés. Quelque agréable à Dieu qu’ait pu être à notre avis notre offrande de prière, quelle que soit la profondeur de l’affliction dont nous demandons au Seigneur de nous libérer, il convient de confier sans réserve l’accomplissement de notre requête à la Providence divine, nous souvenant des paroles de notre divin Rédempteur : «Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux» (Mat. 26,39). Voilà le modèle suprême de la parfaite prière, dans laquelle se reflète la soumission inconditionnelle à la volonté de Dieu. Dans les cas de besoins particuliers, il convient de suivre l’exemple de notre Sauveur et de prier jusqu’à trois fois, comme Il le fit à Gethsémani avant Sa passion.
Pour l’homme accablé par l’affliction, il n’est pas de consolation supérieure à celle de la prière. «Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu’il prie» (Jac.5,13). Si la conversation avec l’ami apaise l’affliction, combien plus celle tenue avec Le véritable Consolateur de l’âme. L’habitude de la prière attentive et concentrée s’acquiert en la travaillant, et lorsqu’elle est acquise, la prière se fait source de permanente consolation spirituelle. Saint Macaire d’Egypte, le lumineux ascète ayant conquis le réconfort spirituel, parle ainsi de son expérience : «Par moments, le feu de la prière se devient ardent et brûle avec force. Parfois, il faiblit un peu, comme cette lampe à huile qui toujours brûle et illumine. Parfois, le feu de la prière se fait plus clair, enflammé par la Grâce divine, par moments son intensité devient plus modeste, à d’autres moments encore sa lumière apparaît dans le cœur, dévoilant la plus intérieure, la plus précieuse, et la plus profonde des lumières, et l’homme tout entier englouti en cette douceur, en cette contemplation, ne s’appartient plus».
La description de cette félicité dans la prière ne peut être entièrement comprise par ceux qui s’exercent peu à la prière. Mais celui qui lutte avec diligence et humilité pour conquérir cette sainte connaissance voit s’ouvrir ses yeux spirituels, intérieurs, et se dévoiler les œuvres secrètes de Dieu. Et si le rôle du père spirituel est important en toutes circonstances, il l’est plus encore dans le combat de la prière, afin que dans notre inclination à celle-ci, nous n’accueillions pas, au lieu de la Grâce, les tentations de l’esprit du mal déguisé en ange de lumière, comme le dit le Saint Apôtre Paul.
Traduit du russe
Sources 1, 2.