Le site Pemptousia, lié au Saint et Grand Monastère de Vatopedi, avait mis en ligne dans ses pages russes une série de quatre textes, intitulés «La Nature de l’Église», du Saint Geronda Joseph de Vatopedi, Père spirituel de la communauté de ce monastère et fils spirituel du Saint Geronda Joseph l’Hésychaste. Très récemment, la section russe du site a été supprimée sans explication. Heureusement, ces textes avaient été repris entretemps par le site Odigitria.by. Il s’agit d’extraits du livre “De la Mort à la Vie”. Voici la seconde des quatre parties. Les autres se trouvent ici.

L’Église est une.
Il n’est pas d’autre Église qu’une Église du Christ, dont elle est le Corps et le Christ ne S’en séparera jamais. L’unité du genre humain, jadis brisée par la chute et le péché, fut restaurée dans le Christ incarné. Au moyen du Corps du Christ, l’Église, un mode d’existence entièrement nouveau, fut introduit. La fonction principale de l’Église dans le monde est de rassembler les hommes et femmes dispersés et disséminés et de les réunir en une unité organique et vivante dans le Christ.
L’unité de l’Église est à la fois le début et la fin de son existence. C’est son fondement et son but, sa donnée originelle et son problème qui exige d’être résolu. L’unité d’esprit fut donnée dès l’origine, mais elle doit être préservée et prolongée par l’union du monde (cf.Eph.4,3) à travers d’incessants efforts de foi et d’amour dans le Christ, et dans la communion du Saint-Esprit.
La catholicité1 de l’Église est également une donnée. La catholicité du Corps est déjà prédéterminée par l’unité de son Chef et du Consolateur. La pleine catholicité induit une transfiguration complète de la vie humaine, qui se réalise au moyen d’efforts spirituels, à travers l’acquisition de l’amour et de l’abnégation.
Par le mystère de l’économie divine, Dieu le Verbe nous ouvrit la voie vers la Divinité Trine. Dans ce mystère divino-humain, dans lequel fut accomplie l’économie divine, tout vient à exister et à être «du Père, à travers le Fils, dans l’Esprit-Saint». Voilà la loi primordiale du corps divino-humain de l’Église, le but suprême tant de sa vie que de la vie de chacun de ses membres, et par conséquent, vie authentique et salut, sont la vie dans la Sainte Trinité, notre Dieu un. Cela fut incarné dans l’Église, Corps du Christ, par la crucifixion, la Résurrection et l’Ascension de notre Seigneur. Au moyen de sa grâce, le Seigneur transfigure l’homme ancien en homme nouveau, lui donne la force pour la vie nouvelle.

En s’incarnant, Dieu le Verbe prit un corps humain et accomplit tout le mystère de l’économie divine, ainsi que le salut du monde à travers ce corps et dans ce corps. L’Église devint Son corps, dans lequel s’accomplit en permanence le mystère du salut du monde, délivré du péché, de la mort et du diable. La promesse du Nouveau Testament consiste en un monde qui fut proclamé à tous, proches et lointains. Il s’agit encore et toujours de l’unique véritable promesse vivante faite aux témoins du Seigneur qui vécurent deux mille ans avant nous; elle est faite à ceux qui vivent aujourd’hui, et à tous les gens et tous les peuples de toutes les époques. De la sorte qu’à travers Jésus Christ, tous les hommes et toutes les femmes, même les juifs, même ceux qui ne connaissent pas Dieu, ont accès au Père dans un même esprit, dans la mesure où c’est uniquement par le Christ que l’on arrive au Père. Dès lors, le salut authentique, c’est la vie dans la Très Sainte Trinité.

Photo: Pemptousia.

Dans l’Église, tout ce qui est divino-humain est trine et à travers le Dieu-homme, tout ce qui appartient à l’Église conduit à la Divinité Trine. « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ Lui-même étant la pierre angulaire. En Lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En Lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit.»(Eph.2,19-22). La vie de l’Église est toujours collégiale, avec tous les saints (Eph.3,18). C’est pourquoi, dans tous ses efforts évangéliques et ses exploits ascétiques, l’homme prend appui sur les saints, sur leur aide, leur intercession, il est concitoyen des saints.
Le chemin vers l’unité divino-humaine de tous les hommes en Christ est tracé par l’Église, à travers les Saints Mystères, et les activités divino-humaines que sont les exploits ascétiques et les actes bons. Les héros de cette solennelle activité sont tous les saints moines qui au cours des siècles à travers leurs multiples podvigs ont complètement rejeté le vieil homme, corrompu par la séduction de la luxure, et revêtu l’homme nouveau, créé selon Dieu. La raison en est leur vie en Christ ; ils ont imité le Christ, dans la mesure où ils se sont approprié le modèle, l’image céleste, le regard fixé sur leur Maître, Jésus, Qui vécut la foi jusqu’à sa perfection. Au moyen de podvigs concrets dans les vertus divino-humaines, la foi, la prière, le jeûne, l’amour, la douceur, la miséricorde, la compassion, la charité, l’homme se fortifie dans l’unité, protège la sainteté, par sa pratique ; ensemble avec les autres membres de l’Église, Corps du Christ, il fait l’expérience de sa rencontre personnelle avec son Image Originelle, le Christ.
L’Église en tant qu’hypostase du Dieu-Homme, le Christ, est un organisme divino-humain, et pas une institution humaine. L’Église est indivisible comme la Personne de son Fondateur, comme Son Corps. C’est pourquoi nous répétons que la division de l’Église, organisme divino-humain insécable en petites organisations nationales, est une erreur immense. Et nous, les Athonites, en cette dernière heure, alors que les fondements de la vie sociale sont ébranlés, demandons à la hiérarchie de cesser de servir l’idée de nationalisme (car ce sont eux, nos pasteurs), et de devenir les militants authentiques de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique (A suivre)
Traduit du russe
Source.

  1. N.d.T. : Le terme russe utilisé dans le texte est «Соборность» (sobornost) qui se traduit également par collégialité, synodalité. Toutefois, le texte grec original de Geronda Joseph utilisait le mot (καθολικὴν ) que nous retrouvons dans le Symbole de Foi: «catholique». C’est en ce sens qu’il est adopté dans la traduction ci-dessus et non par référence aux concepts de la confession latine.