L’ensemble de textes ci-dessous est la traduction d’un choix d’extraits du livre Живой Колос (Le Colosse Vivant), Ed. Otchii Dom, Moscou, 2018. Il s’agit d’extraits du chapitre III de ce livre, pages 189-190, 193-194 et 196-199, 203-204, et 206-207, intitulé «Le Chemin terrestre du Chrétien vers Dieu». Le livre tout entier est constitué lui-même d’une sélection opérée par l’éditeur en collaboration avec le Monastère Saint Jean à Saint-Pétersbourg, parmi les notes de Journal rédigées en 1907 et 1908 par notre Saint Père Jean de Kronstadt.

Dieu, comme un médecin miséricordieux, nous donna, à nous, pécheurs souffrant d’innombrables passions, le repentir comme remède spirituel, comme vie. Toute âme sincère est avide de repentir, sa nourriture vitale, l’aliment qui renforce l’âme et le corps, comme la lumière renforce la vision amoindrie.Le don du repentir nous est obtenu du Père Céleste par Jésus Christ le Béni, et par Lui seulement, car Lui seul accomplit pour nous toute justice, toute la loi divine, qu’aucun homme ne pouvait accomplir de lui-même, car Lui seul prit sur Lui la juste malédiction envoyée par le Père Céleste sur l’humanité indocile, Lui seul endura pour nous tous les tourments et goûta pour nous à la mort que nous avions nous-mêmes obtenue comme salaire du péché (Rom.6,23). Si notre Seigneur Jésus Christ ne s’était pas offert Lui-même en sacrifice pour nous, nous n’aurions pas reçu le repentir. Celui-ci a été donné à tous les croyants grâce à Son sacrifice, et tous ceux qui sont véritablement avisés y recourent avec zèle, se transformant à travers une conversion divine, faisant d’eux-mêmes des hommes nouveaux dotés de pensées nouvelles, de nouvelles aspirations, intentions et activités, et ils se sauvent eux-mêmes, s’illuminant et se dédiant à Dieu. Seuls les non-croyants, les mauvais, les paresseux obstinés succomberont.

O force régénératrice du repentir, par la miséricorde divine! Si grande sont le miséricorde et la longanimité de Dieu envers nous, pécheurs! Chaque jour, (nous efforçant au repentir) nous nous régénérons par la grâce de ce repentir. Le Seigneur donne à l’âme de se renouveler, dans le repentir. Elle m’attendrit, la compassion sans mesure de Dieu pour le genre humain. Quelle offrande d’inestimable valeur Il donna au Père Céleste pour délivrer l’homme de l’enfer et du supplice éternel, pour lui accorder le don de sainteté, pour nous racheter : Il Se donna Lui-même, souffrit et mourut pour nous! O drachme perdue, âme créée à l’image de Dieu! Fiancée de Dieu! Enfant de Dieu! «… il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris» (Is.53,5). C’est pourquoi nous devons souffrir avec Lui et être crucifiés afin de renaître avec Lui.

«Il a rassasié de biens les affamés» (Lc.1,53). Aux plus profonds seront le repentir, l’humilité, la conscience et le sentiment de nos péchés, au plus abondera la grâce du pardon, au plus le bien affluera dans l’âme de l’homme de la part du Maître très généreux. Manassé était le plus dévergondé des rois, mais il fit preuve d’un repentir grand et profond, et il obtint de la sorte un grand pardon et la miséricorde du Seigneur. Plongez-vous profondément dans la prière de repentir de Manassé, Roi de Juda. Voyez comme il fit preuve d’humilité, comment il se repentit, comment il magnifia la miséricorde et la longanimité de Dieu! Sa prière est le modèle du repentir.

«Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est proche»(Mat.3,2). Les péchés éloignent l’homme de Dieu, Source de vie, et le plongent dans la mort. Un repentir sincère est nécessaire pour se rapprocher de Dieu. Dieu Lui-même vint chercher l’homme qui s’était éloigné. Il quitta Lui-même le Ciel et vint sur terre, Se fit homme, noua avec l’homme la plus proche des relations, lui parla, sanctifia les eaux par Son Baptême, faisant ainsi don du bain de régénérescence, institua la Sainte Scène, la communion au Corps et au Sang, envoya l’Esprit Saint sur les croyants, fit don du repentir, de la remise des péchés, de la sanctification, de la renaissance, de l’affermissement, de la nature de fils, et de la déification. Et que ne donna-t-Il encore? Tout, Il donna tout en abondance. Quel usage les gens font-ils des moyens de salut? Ils les piétinent, comme les porcs piétinent les perles. Mais à ceux qui ne croient pas, qui ne sont pas reconnaissants, les fiers et les malhonnêtes, il sera beaucoup réclamé avec sévérité.

Les saints furent tentés et succombèrent à de grands péchés, car sept fois par jour le juste tombe (Prov. 24,16). Mais nous leurs sommes redevables , par leur grands modèles de repentir, de la la miséricorde divine, ainsi : David, Manassé et de nombreux saints du Nouveau Testament, les Apôtres Pierre et Paul, la pécheresse, le pécheur, le bon larron, Sainte Marie l’Égyptienne et de nombreux autres encore. S’ils n’avaient lourdement péché devant Dieu, ils n’auraient pas donné à l’Église leurs miraculeux et ardents modèles de repentir. Lisez avec un cœur attentif les Psaumes du Roi David, particulièrement le psaume 50, et la prière de Manassé, Roi de Juda, le plus inique des rois, qui ordonna d’infliger le supplice de la scie à bois au plus grands des prophètes, Isaïe, et à qui il fut pardonné, et vous verrez combien leur force de repentir fut grande, et Dieu Lui-même les prit pour modèles pour nous pécheurs.

Il fut donné aux hommes et femmes du premier monde, avant le déluge, cent vingt années pour se repentir. Ils avaient été prévenus que leur péchés appelaient une punition divine collective, le déluge. Le temps passa mais les gens persistaient dans la débauche et ne pensaient pas à se repentir. Ils ne croyaient pas celui qui prêchait le repentir, le Juste Noé. Et les Paroles de Dieu s’accomplirent avec précision. Les Juifs ne crurent pas les prophètes leur annonçant qu’ils deviendraient captifs du Roi de Babylone, et ils persistèrent dans l’idolâtrie. Et la captivité arriva, Jérusalem fut détruite, et toutes ses richesses emmenées à Babylone.

Il nous est beaucoup donné, par la miséricorde de Dieu, mais il nous est demandé de nous améliorer, beaucoup de repentir, de zèle, d’amour et de vertus, afin de devenir un parfait homme de Dieu, prêt à toute bonne œuvre.

Le repentir authentique requiert que l’homme ne répète pas les péchés dont il se repent, mais chemine sans dévier du chemin des vertus. Mais il arrive souvent que l’homme se repente de l’irritation de la méchanceté, et de l’aversion, et s’adonne de nouveau rapidement à elles, se repente de son intempérance et recommence bientôt, se repente de sa partialité et de son penchant pour autrui, et y retourne dans la minute qui suit.
«Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait» (Mat.5,48). Un repentir diligent, quotidien, de chaque instant, même, doit nous amener à nous corriger, à la vertu et à la perfection; de jour en jour, d’heure en heure, nous devons devenir meilleurs. Le repentir doit provoquer les soupirs et les larmes, comme chez le publicain et la courtisane.
Traduit du russe.