Saint Aristocle naquit dans l’Oural en 1846, et fut baptisé sous le nom d’Alexis. Il rejoignit le Mont Athos, y mena son podvig, et puis il rentra en Russie et y entama un second podvig. La majeure partie du texte français est la traduction des pages du livre «Paterikon Russe Athonite des XIXe et XXe siècles» (Русский Афонский Отечник XIX — XX веков) édité à la Sainte Montagne en 2012 par le Monastère Saint Panteleimon. Il y est question de la vie du Starets, de ses prophéties, des miracles qu’il accomplit. L’intérêt du texte provenant du site du monastère est double, car outre sa dimension spirituelle, il relève également de la chronique et de l’histoire. Les premières parties du texte se trouvent ici.

Voici maintenant le témoignage de la guérison d’un petit garçon né aveugle. Suivant les conseils des médecins, une jeune femme, mère d’un enfant né aveugle se rendit à Moscou. L’enfant fut présenté aux meilleurs spécialistes. Une date fut retenue, à laquelle une opération serait tentée, mais finalement, la mère ne put s’y résoudre. Passant par hasard devant la chapelle dédié au Saint Thaumaturge et Mégalomartyr Panteleimon, elle y aperçut une foule importante. Les gens lui parlèrent du starets, de sa clairvoyance et de ses dons de thaumaturge, et elle décida de lui rendre visite avec son fils, et de tout lui raconter.Voyant la femme qui venait d’arriver, Batiouchka la regarda fixement, tout en continuant à oindre les fidèles. Ceux-ci défilaient devant lui. Quand arriva le tour de la femme et de son fils, Batiouchka oignit chacun des yeux de celui-ci, en traçant chaque fois le signe de croix, et il fit de même sur le front de la femme. Il la fixa du regard et en lui demanda «Mais qui est ton mari?». Ne recevant pas de réponse, il continua: «satan lui-même!». La femme lui raconta sa vie. Après l’avoir écoutée en silence, Batiouchka la bénit et dit : «Voici le conseil que je te donne : n’accepte pas l’opération. Et pendant tout le temps que vous resterez ici à Moscou, viens à la chapelle quotidiennement avec ton fils, pour un molieben, et l’an prochain, reviens me voir avec l’enfant. Après, tu viendras me voir avec ton mari». Elle ne parvenait pas à croire à tout cela. Mais un an plus tard, elle revint avec son fils auprès de Batiouchka, comme il le lui avait recommandé. La femme racontait que tout ce qu’avait dit le Père Aristocle s’était accompli à la lettre. Elle passa quelques mois à Moscou et venait quotidiennement participer au molieben à la chapelle. Et chaque fois, Batiouchka appliquait l’onction en forme de croix sur les yeux du petit garçon. Avant qu’ils ne repartent chez eux, Batiouchka répéta l’onction, les bénit et dit : «Le Seigneur sait à qui tout cela est utile». Plus tard, la femme revint le voir, cette fois accompagnée de son mari et de son jeune fils dont les yeux bleus n’étaient pas encore lumineux, mais déjà commençaient à s’ouvrir. Mais quand plusieurs hommes amenèrent son mari auprès de Batiouchka, cet homme se mit à bondir, poussa un cri et s’effondra sur le sol; on était effrayé à sa vue. Sans les prières de Batiouchka, il ne serait vraisemblablement pas resté en vie. Après son dernier saut, il s’effondra sur le sol, comme mort. Il fallut longtemps avant qu’il ne reprît ses sens, mais alors, il sauta debout et alla se jeter aux pieds de Batiouchka en sanglotant. Voilà comment la femme raconta la guérison des yeux de son fils : «Un matin, tôt, je lus comme toujours l’acathiste à la Mère de Dieu «Qui écoute rapidement» et puis, je commençai à lire l’acathiste à Saint Panteleimon. Soudain j’entendis : «Maman, maman, viens vite près de moi». Je courus auprès de mon fils et là, que vis-je? Mon petit garçon était assis sur son lit, les yeux ouverts. Il me regarda et me dit : «Maman, je te vois, Man, je te vois!». Alors, nous sommes tous ensemble venus auprès de vous».
Une multitude de témoignages soigneusement consignés confirment également le don de clairvoyance du Saint.

L’icône de la Mère de Dieu, qui se trouvait dans la cellule de Saint Aristocle

Saint Aristocle décéda pieusement le 24 août/6 septembre 1918, dans sa cellule avenue de la Clairière. Se tournant une dernière fois vers l’icône ardemment vénérée de la Très Sainte Mère de Dieu «Qui écoute rapidement», il se signa trois fois avec ferveur et remit calmement son âme entre les mains de Dieu. Son corps fut enterré dans l’immeuble qu’il avait fait construire, dans l’église de la Très Sainte Mère de Dieu «Qui écoute rapidement», située au sous-sol. Trois évêques moscovites célébrèrent les funérailles du Starets Aristocle : l’Évêque Arsène (Jadanovski), l’Évêque Trifon (Tourkestanov) et l’Archevêque Ioasaph (Kallistov) de Mojaïsk, supérieur du Monastère de la Théophanie et faisant fonction à cette époque, de Métropolite de Moscou. Comme nous venons de le mentionner, à l’origine, le Starets Aristocle fut inhumé dans un tombeau de marbre, au Podvorié. Toutefois, après la révolution, toutes les possessions monastiques furent nationalisées par les bolcheviques, et les églises domestiques furent liquidées. Les perquisitions, arrestations et confiscations touchèrent le Podvorié. En janvier 1919, le Hiéromoine Macaire, supérieur de la Chapelle Saint Panteleimon, fut arrêté par les bolcheviques. En 1921, ce fut le tour du Hiéromoine Théophane… Dès lors, les enfants spirituels du Starets prirent en 1922 la décision de transférer son corps ailleurs. Ils l’inhumèrent calmement, sans attirer l’attention des autorités soviétiques. Ainsi, des moines enlevèrent de son tombeau le cercueil contenant les reliques incorrompues du Hiéromoine du Grand Schème Aristocle, le chargèrent sur une télègue et l’emmenèrent au Cimetière du Monastère des Danilov. Des témoins présent lors de l’arrivée au cimetière racontèrent que des colombes, que le Starets aimait nourrir, affluèrent de tous les horizons et, se croisant, formèrent une croix vivante, et cette croix vivante de colombes accompagna le Starets jusqu’à sa tombe.(…)

Matouchka Barbara (Tsvetkova)

Matouchka Barbara (Tsvetkova) se souvient : «Par les prières du Starets de Dieu Aristocle de l’Athos, de nombreux miracles survinrent à la Chapelle Saint-Panteleimon, des guérisons de malades, et de malheureux possédés. Au Podvorié athonite de l’Avenue de la Grande Clairière, Batiouchka recevait des files interminables de visiteurs, assoiffés de sa guidance et de ses conseils spirituels. Batiouchka nous consolait toujours, priant et annonçant ce qui allait se passer. Un jour, mon frère et mon père furent emmenés à la Loubianka. Il n’y avait aucun espoir qu’ils sortent de là vivants. Ma tristesse était immense. Soudain, Batiouchka me dit joyeusement :
Vous irez dans un pays étranger, ouvertement.
– C’est absolument impossible! Répondis-je avec stupéfaction.
– Pourtant, vous partirez.

Saint Aristocle l’Athonite

Il me dit cela en 1918, peu de temps avant sa mort. Et tout se passa comme il l’avait prédit, en 1922. Mon frère sorti de prison, soudainement et inexplicablement, avec l’ordre de quitter le territoire. Quelque jours plus tard, notre père fut aussi relâché, sans aucune raison apparente, et on nous envoya en Allemagne. En vérité, ce fut pour nous un miracle. Notre cher Batiouchka n’était déjà plus avec nous, mais souvent, je me rappelais avec tristesse comment, dix jours avant sa fin, alors que j’étais auprès de lui, il me bénit de façon particulièrement chaleureuse : «Adieu, mon petit enfant, adieu…». Je me souviens qu’un jour, lors d’une conversation au sujet du sort de la Russie, je lui dis que j’espérais en l’Armée Blanche, alors en formation. Il me dit alors : «Non, n’espère pas cela, car l’esprit ne va pas en ce sens». Je l’interrogeai à propos de la guerre, qui n’était pas encore terminée, et il répondit : «Il y en aura encore une autre… Tu apprendras dans le pays où tu vivras à ce moment-là…que le bruit des armes allemandes résonnera aux frontières de la Russie». Et il en fut ainsi. A Jérusalem, nous lûmes ces mots, en anglais. Batiouchka annonça encore : «Mais il ne faudra pas encore t’en réjouir. Beaucoup de Russes imagineront que les Allemands viendront libérer la Russie du pouvoir bolchevique, mais il n’en sera pas ainsi. Les Allemands, il est vrai, entreront en Russie et feront beaucoup de choses, mais ils partiront, car l’époque du salut ne sera pas encore arrivé. Cela, ce sera plus tard, plus tard…» Je me souviens qu’auparavant, il avait dit que je ne vivrais pas jusqu’à cette époque. Mais la Russie sera sauvée. Beaucoup de souffrances, de tourments à venir… On fera de toute la Russie une prison, disait-il, et il faudra implorer le pardon du Seigneur, se repentir des péchés et craindre de commettre le moindre péché. De toutes ses forces, il faudra essayer de faire le bien, fût-ce le moindre «Car l’aile de la mouche pèse son poids, disait le Père, et la balance de Dieu est précise. Et lorsque le moindre des biens fera pencher le plateau de la balance du côté du bien, alors, Dieu manifestera Sa miséricorde à la Russie». Le Starets disait encore : «Il faudra encore endurer et souffrir beaucoup, beaucoup, et tous devront se repentir profondément. Seul le repentir à travers la souffrance sauvera la Russie. Ils feront de toute la Russie une prison, mais il faut beaucoup prier et demander au Seigneur de pardonner… La fin des malheurs de la Russie se produira à travers la Chine. Il y aura une sorte d’élan, et le miracle de Dieu se produira. Et la vie sur terre sera toute différente. Mais pas très longtemps». Le Starets rejetait la révolution athée de 1917 et considérait le nouveau pouvoir soviétique comme «antichristique». Pendant la dure période révolutionnaire, les prières du Starets sauvèrent les gens de la mort par la famine, de la prison, de l’exécution par fusillade. Grâce à lui, de nombreux athées se tournèrent vers Dieu. (A suivre)
Traduit du russe.

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