Craignez trois choses : 
quand vous mourrez, 
comment vous mourrez, 
et où vous retrouverez-vous ensuite. 
(Archimandrite du Grand Schème Andronique)
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Le texte ci-dessus est le début de la traduction en plusieurs parties d’un chapitre du livre «La vie des Startsy de Glinsk : l’Archimandrite du Grand Schème Seraphim (Romantsov), l’Archimandrite Andronique (Loukach) et le Métropolite du Grand Schème Seraphim (Majouga)» (Жизнеописание Глинских старцев: схиархимандрита Серафима (Романцова), схиархимандрита Андроника (Лукаша), схимитрополита Серафима (Мажуги)), Éditions du Désert de Glinsk, 2010. Ce chapitre rapporte la vie et les podvigs du Starets Archimandrite du Grand Schème Andronique (Loukach), que l’Église accueillit officiellement dans le chœur des saints en mars 2009; sa mémoire est célébrée le 9/22 septembre, lors de la Synaxe des Saints Startsy de Glinsk.

La terre natale du grand luminaire de l’Église du Christ, l’Archimandrite Andronique, fut le village de Loupa, dans l’ouïezd de Romny, dans le Gouvernorat de Poltava. Il y naquit le 12 février 1889, dans une famille paysanne et fut nommé Alexis. Son père, Andrei Loukach remplissait en outre la charge de postier du village et transportait le courrier venant de la ville de Romny. Sa mère, Akilina, était femme au foyer. La mère de ce grand starets était belle, son visage exprimant la foi, la piété, la modestie, l’amour pour Dieu et pour les autres. Contre son gré, elle avait été liée par des liens du mariage avec un homme qui n’était pas digne d’être appelé son mari. Andrei Loukach était extrêmement enclin à l’ivresse, cette habitude honteuse. En outre, il était très violent, colérique et irritable. Sachant cela, la femme pieuse avait appris à ne pas le contredire, ni en parole ni en action. Dans les moments de colère de son mari, elle demeurait silencieuse dans son humiliation, mais son mari irrité lui infligeait de nombreux coups sur tout le corps. Le plus souvent, cela se produisait lorsqu’il était en état d’ébriété. Akilina devint rapidement la mère de Philippe, puis de Ioann, de Barbara et d’Alexis, doux comme un ange, dont il est question ici. Selon le Père Andronique, Philippe, l’aîné, était extrêmement calme, doux et tranquille. Il décéda dans sa dix-huitième année. Et sa sœur Barbara se présenta, très jeune encore, devant l’Époux Céleste. Ioann vécut jusqu’à un âge avancé. Il avait hérité de certains traits de caractère de son père, de sorte que la pieuse mère ne reçut guère de joie de ce fils. Akilina pressentit qu’Alexis était un enfant de Dieu et, surtout, elle lui consacra ses soins maternels. Elle remplit son âme d’un véritable amour chrétien, et éveilla en lui la voix de sa conscience qui ne se tut pas tout au long de sa vie. L’humble Akilina enseigna à son fils le signe de la Croix et les prières et l’habitua à la vie de l’Église. Parfois, la mère remarquait que l’enfant se levait silencieusement la nuit, s’agenouillait et, les mains croisées sur sa poitrine, priait pour sa mère, son père et ses frères avec une grande diligence, incroyable pour son jeune âge. À ces dons spirituels d’autres qualités s’adjoignirent: douceur impassible et calme inébranlable. Et le bienheureux Starets les conserva toute sa vie.
A l’âge de sept ans, l’enfant fut confié à l’école rurale de la paroisse pour trois ans. Les travaux scolaires du petit Alexis n’étaient pas brillants, mais il ne redoubla jamais. Il a dit lui-même: «Si je n’avais pas réussi les examens, mon père, par sa cruauté, n’aurait pas laissé cela sans punition, mais, à ma surprise, aux examens, on m’a demandé ce que je savais bien. C’est ainsi que Dieu Lui-même m’a aidé.»
À la fin de l’école, son père le plaça comme cocher du volost. Alexis transportait les représentants des autorités locales dans la ville et parfois il prenait au passage le courrier du volost. Il était tellement zélé que très souvent on lui confiait les missions les plus sérieuses.
Souvent, alors qu’il voyageait seul, il s’immergeait dans ce monde où le nom de Dieu est sans cesse loué. La mère avait souvent parlé à son fils des monastères et de la vie ascétique des ermites. Dès sa petite enfance, Alexis brûlait d’amour pour la vie monastique.
Ainsi, dès son enfance, Alexis aimait Dieu, et Dieu l’aimait. Observant la loi de Dieu, l’enfant obéissait à ses parents en toutes choses. Pendant son adolescence, il fut affecté par l’agitation de ce monde, et il décida finalement qu’il valait mieux qu’il suive le chemin étroit des afflictions plutôt que de vivre dans un monde secoué par les vagues des passions et des revers de fortune. Alexis, dans son travail de cocher, se rendait très souvent au bureau des passeports auprès du secrétaire du volost, qui présenta Alexis au mari de sa cousine. Celui-ci aida Alexia à obtenir rapidement un passeport, alors qu’il ignorait son souhait de quitter la maison. Un jour, en sortant de l’église le dimanche à la fin de la Divine Liturgie, Alexis rencontra un vagabond. Se mettant à son niveau, il le salua par une métanie. Le voyageur, touché par l’attention du jeune homme poli, lui dit: «Il me semble que tu n’es pas un habitant de ce monde, je vois tes dispositions monastiques». Alexis lui répondit en soupirant que depuis son enfance, il rêvait de vivre dans un monastère, mais qu’il n’était toujours pas en mesure de réaliser son intention, car il ne connaissait aucun monastère. Le vagabond lui répondit qu’il connaissait beaucoup de monastères en Russie, qu’il était allé à Jérusalem et au Mont Athos. «Je peux, si tu le souhaites, te permettre de faire connaissance avec certains des monastères de notre Russie, déclara le vagabond, mais pour cela, nous devons nous rencontrer quelque part.» Puis il regarda le jeune homme avec discernement et ajouta: «Tu es mal à l’aise à la maison.» Alexis confirma que c’était le cas: son père était strict et n’avait pas l’habitude d’accepter les voyageurs. Alexis suggéra au voyageur de se rencontrer le lendemain soir au cimetière et lui demanda s’il avait un gîte pour la nuit. Le voyageur a répondu par l’affirmative et ils se séparèrent en l’attente du lendemain.
Le lendemain soir, à l’heure convenue, le vagabond attendait Alexis. Celui-ci arriva, le salua d’une métanie, après quoi ils entamèrent la conversation. Le voyageur raconta beaucoup de choses au sujet des monastères de la terre russe, de leurs règles et de leurs coutumes. Alexis entendit parler de la Laure des Grottes de Kiev, de la Laure de la Trinité-Saint Serge, des Monastères de Sarov, de Valaam, de Glinsk, d’Optino et d’autres. «C’est au Désert de Glinsk que la règle est la plus stricte et l’office «athonite», y est le plus long; il commence à minuit, avec l’office du milieu de la nuit, et puis les matines et ainsi de suite jusqu’à l’aube, expliqua le vagabond. Dans les cellules des frères, les femmes ne sont pas admises, et en général c’est très strict à tous égards». Alexis s’extasiait, écoutant tout avec avidité et il choisit pour lui-même le Désert de Glinsk. «Glinsk», décida-t-il immédiatement à l’intérieur de lui-même. Puis, s’adressant au vagabond après un temps de silence, il demanda:
– «Avez-vous l’une ou l’autre connaissance à Glinsk?»
– «Oui, j’en ai une! L’auxiliaire de cellule du Supérieur de la communauté, qui y a été novice. Je te donnerai l’adresse du Monastère et je t’écrirai une lettre à l’attention de l’auxiliaire de cellule, il prendra soin de toi.»
Le dimanche suivant, le vagabond remit à Alexis l’adresse du Désert de Glinsk et une lettre pour le moine. Après un certain temps, Alexis prit la ferme décision de partir au monastère. Il demanda à sa mère de le bénir pour ce chemin. Akilina fut dans la tourmente. Elle demanda: «Et le père?». Aliocha lui demanda humblement: «Maman, laissez-moi partir, car vous savez qu’il m’empêchera d’y aller, et je serai là votre intercesseur pour l’éternité. Vous, il ne vous laissera jamais entrer dans un monastère». Akilina, dans l’espoir que le Seigneur ne priverait pas son fils bien-aimé de Sa miséricorde, enleva sa petite croix et bénit son fils, puis lui demanda:
«Quand reviendras-tu? Ou peut-être est-ce pour de bon?»
«Je ne sais pas comment la Très Sainte Mère de Dieu arrangera cela», répondit Alexis et il se précipita vers la gare. À sa grande surprise et pour son plus grand bonheur, le train entra en gare en même temps que lui. Il réussit à prendre un billet et à grimper dans un wagon, pour la première fois de sa vie, alors que le convoi se remettait en mouvement.
Dans le wagon, Alexis céda sa place à un vieil homme qui s’était approché. Celui-ci s’assit et demanda: «Où vas-tu, jeune homme?». Alexis répondit qu’il allait au Désert de Glinsk. Le vieil homme s’avéra être un errant, qui était allé vénérer des lieux saints, au Monastère Saint Sophrone, au Désert de Glinsk et au Désert des Saints Pierre et Paul. Alexis lui demanda de le conduire jusqu’à Glinsk, et il reçut l’accord de son interlocuteur. (A suivre)
Traduit du russe

Source

  1. Source : Site du Désert de Glinsk.