Craignez trois choses : 
quand vous mourrez, 
comment vous mourrez, 
et où vous retrouverez-vous ensuite. 
(Archimandrite du Grand Schème Andronique)
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Le texte ci-dessus est la suite de la traduction en plusieurs parties d’un chapitre du livre «La vie des Startsy de Glinsk : l’Archimandrite du Grand Schème Seraphim (Romantsov), l’Archimandrite Andronique (Loukach) et le Métropolite du Grand Schème Seraphim (Majouga)» (Жизнеописание Глинских старцев: схиархимандрита Серафима (Романцова), схиархимандрита Андроника (Лукаша), схимитрополита Серафима (Мажуги)), Éditions du Désert de Glinsk, 2010. Ce chapitre rapporte la vie et les podvigs du Starets Archimandrite du Grand Schème Andronique (Loukach), que l’Église accueillit officiellement dans le chœur des saints en mars 2009; sa mémoire est célébrée le 9/22 septembre, lors de la Synaxe des Saints Startsy de Glinsk. Le début de la traduction se trouve ici.

Aucune machination de l’ennemi n’émouvait Batiouchka. Et Dieu le glorifia partout. Beaucoup sont venus à lui pour le bien de leur âme, et le Starets leur enseignait infatigablement les exemples de l’Écriture Sainte. Il veillait surtout à protéger tout le monde de l’orgueil et du jugement. Dans son entretien avec un fils spirituel, il dit qu’il connaissait un moine qui était très calme, humble et doux, mais quand il jugea quelqu’un, la grâce s’était éloignée de lui. «Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés», dit le Seigneur. Que Dieu soit avec celui, qui mange tôt, qui mange tard, qui mange beaucoup ou peu. Dieu a créé chacun, quel que ce ce qu’il mange ou comment il mange, nous ne devons pas nous étonner et de juger. Jour et nuit, Batiouchka s’appliquait à ses exploits spirituels et augmentant ses labeurs, il se souciait sans cesse de son salut. Batiouchka disait ses disciples: «A toute heure, nous devons rester éveillés et prier, car le Seigneur a dit à ses disciples: veillez et priez. Priez sans cesse. Il faut constamment penser à l’heure de la mort, et s’attendre à celle-ci, tout en craignant le feu éternel. Ne soyez pas effrayés par la pensée des difficultés et de la lourdeur de la vie dans ce monde, car c’est par le chemin des tribulations nombreuses que nous pouvons entrer dans le Royaume des Cieux. Ce n’est pas le lieu qui sanctifie l’homme, mais le lieu qui est sanctifié par l’homme. Où se trouve le moine, là est le monastère, vivez de manière monastique, et vous aurez un monastère. Vivez raisonnablement votre vie, vivez dans la pureté, repentez-vous, priez pour que la mort subite et la terrible colère de Dieu ne vous atteignent pas. Beaucoup se sont couchés et ne se sont plus relevés, alors nous nous couchons et ne savons pas si nous nous lèverons le matin. Ne vous détournez pas de la règle de la prière». Les moines d’autres monastères et des ermites de diverses régions de Russie venaient voir le Starets. Parmi eux, il y avait des moines de la Laure de Saint Serge. Batiouchka accueillait avec joie tout le monde, sans relâche et sans paresse et il leur a enseignait : «Par vos bonnes actions, respectez les commandements du Seigneur, obéissez, faites preuve de douceur et d’humilité». De nombreux étudiants des séminaires et de l’Académie de Théologie de Moscou rendaient visite au Starets et écoutaient ses conseils. Il leur expliquait: «Apprenez la Loi de Dieu, ayez le cœur et l’âme purs. Soyez toujours revêtus du vêtement de l’âme : la foi vraie , la prière, les larmes, les soupirs et le repentir, et le Seigneur ne vous abandonnera pas».
Tout en instruisant les gens qui venaient, Batiouchka ne déviait pas de sa règle de prière. En outre, il lisait les livres des saints pères et des vies de saints. Ses conversations étaient souvent émaillées d’exemples de la vie des saints et des martyrs. Pendant de nombreuses années, menant une vie dure et marchant sur l’étroit chemin de l’affliction, orné de sa chevelure grise et de ses vertus, le Père Andronique atteignit un âge vénérable. Parmi les exploits incessants de l’abstinence stricte, du jeûne, des veilles et des prières, Batiouchka approchait de l’issue de cette vie. Il disait souvent à ses disciples: «Je vous remets à la Mère de Dieu. Elle ne vous quittera pas. Elle vous a choisis, Elle vous sauvera». Il disait de même aux laïcs.
Le dernier office du Père Andronique fut celui de la fête de l’Archistratège de Dieu Mikhaïl. Au cours de la liturgie, il communia aux Saints Mystères du Christ. Quand il alla aux vêpres, il rencontra Sa Sainteté le Catholikos-Patriarche David de Géorgie, venu rendre visite au Métropolite Zénobe. Il bénit le Père Andronique et lui dit: «Père Andronique, Je vous bénis pour le port de la mitre quand vous participez aux offices». Ce à quoi Batiouchka répondit qu’il était moine du grand schème. Mais Sa Sainteté répliqua : «Cela ne fait rien, je bénis tout de même». Dans la soirée, après l’office, le Père Andronique alla à sa cellule, qui était à une distance d’environ trois kilomètres de l’église. Ce soir-là, son fils spirituel, l’Higoumène Paulin, lui rendit visite. Il lui parla de sa rencontre avec le Catholicos-Patriarche et de sa bénédiction pour le port de la mitre. «Jamais je ne pourrais la porter», déclaré le Starets.
Dans la matinée du neuf novembre, lors de la lecture des prières du matin, Batiouchka se mit à parler de manière indistincte et confuse. Bientôt, il ne put plus parler, après avoir dit, avec difficultés, dit qu’il était malade. On le mit au lit. Son côté gauche était paralysé. Son état grave se prolongea environ trois jours. Le Métropolite Zénobe lui rendait visite chaque jours. Beaucoup pensaient que sa fin était proche. L’Higoumène Paulin se trouvait en permanence à ses côtés, avec le Hiéromoine Benjamin, auxiliaire de cellule. La nuit ils se succédaient pour veiller leur père spirituel gravement malade. Après trois jours, l’état de celui-ci s’améliora, et après vingt-cinq jours, il retrouva la parole, mais pas tout à fait nette. Alors, le Hiéromoine Benjamin et le Hiéromoine Philarète lui tinrent constamment et inséparablement compagnie. Pour les soins diligents qu’il accorda à Batiouchka, le Hiéromoine Philarète fut honoré par le Métropolite Zénobe du rang d’higoumène avec le droit de porter la palitsa. Peu de gens approchaient alors Batiouchka, alité et souffrant, mais ceux qui vinrent, il les accueillit tous avec joie, comme avant. Les derniers jours de sa vie sur terre furent extrêmement instructifs et édifiants.
Sentant que sa maladie était avancée et incurable, il refusa les soins médicaux, cherchant le soulagement de ses souffrances auprès du Médecin Céleste. Pendant sa maladie, ce Saint de Dieu eut recours à plusieurs reprises au Mystère de l’onction et reçut de façon quasi quotidienne les Saints Dons du Corps et du Sang du Christ.
Avec le début du Carême, l’état de Batiouchka s’améliora un peu et pendant la première semaine, il chanta l’irmos du Grand Canon de Saint André de Crète «Le Seigneur est mon aide et mon protecteur», et répétait souvent «le Christ est ressuscité!». Mais la maladie empira. Sa vue commença à se détériorer, alors que ses yeux intérieurs gardaient leur clarté. Souvent, il demandait à ses disciples, les moines Philarète et Benjamin, de lui lire des passages de l’Écriture Sainte, ainsi que des œuvres des saints pères, et de chanter des hymnes sacrées, telles que : «Ma Très Bonne Reine» et d’autres. (A suivre)
Traduit du russe

Source

  1. Source : Site du Désert de Glinsk.