Écrits

Le texte ci-dessous est la traduction d’une homélie prononcée en 1971 par le Métropolite Ioann (Snytchev), qui à l’époque était Évêque de Syzran et Vicaire de Kouïbychev. Cette prédication est reprise aux pages 140 à 142 du recueil d’homélies du Métropolite, intitulé «La Voix de l’Éternité» («Голос вечности»), publié aux Éditions Tsarskoe Delo à Saint-Pétersbourg, en 2012.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit!
Quelle grande chose que l’humble patience, chers frères et sœurs! Ce n’est pas en vain que notre Seigneur Jésus Christ a annoncé clairement à ce sujet: «C’est par votre humilité que vous sauverez vos âmes». Cette vertu grandiose est le fondement de notre salut, et de toutes les autres vertus. Il est nécessaire de l’assimiler non seulement en esprit, mais aussi avec le cœur, afin de parvenir à surmonter à l’aide de cette vertu tous les obstacles possibles et imaginables sur la voie du salut.Si nous regardons en nous-même, nous voyons dans quelle indigence spirituelle nous nous trouvons. Nous sommes en vérité très infirmes. Nous ne parvenons pas toujours à supporter avec humble patience certaines afflictions dont Dieu permet que nous soyons affectés. Regardez: à peine l’affliction nous a-t-elle touchés que nous tombons dans le désespoir, dans la lâcheté. Nous baissons les bras, ne souhaitant pas lutter contre l’une ou l’autre peine qui nous met à l’épreuve.
Mais les saints moines et les pères théophores, eux, voyaient les afflictions comme une chose nécessaire pour leur salut. Souvenons-nous des instructions de l’Apôtre Paul. Il a dit que nous devrions passer par de nombreuses affliction pour entrer dans le Royaume de Dieu. Et il témoigne ensuite de l’attitude de tous les apôtres: nous louons les afflictions car «la tribulation produit la constance, la constance produit une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance. Or, l’espérance ne trompe point» (Rom.5;4-5).
Voyez-vous, frères et sœurs bien-aimés, comment les pères théophores considéraient ces tribulations? Ils voyaient dans les tribulations non seulement des privations, morales et physiques, mais ils voyaient en elles quelque chose de doux, quelque chose que l’on peut même louer. Ils voyaient avec leur esprit l’essence de certaines tribulations, c’est pourquoi ils les supportaient avec grandeur d’âme. Le Seigneur les aida. Trois fois, déclara l’Apôtre Paul, j’ai prié le Seigneur d’éloigner de moi l’ange de satan, et le Seigneur m’a répondu: «Ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que Ma puissance se montre tout entière»(2Cor.12;9). Et si nous tournons notre attention vers d’autres héros de l’ascèse de l’Église du Christ, nous voyons qu’eux aussi débordaient de grandeur d’âme quand il s’agissait de supporter toutes sortes de tribulations, et en particulier, d’endurer des infirmités corporelles et des maladies.
Un jour, Saint Isaac, ce grand moine héros de l’ascèse de l’Église du Christ tomba malade. Pensant que la maladie du starets le rapprochait de sa fin, un des frères vint à lui et lui offrit de la nourriture, qu’il avait préparée avec du beurre : «Abba, goûte cette nourriture, pour le nom de Dieu». Mais Saint Isaac observait sévèrement son ascèse et ne pouvait accepter pareille consolation, même de la part d’un frère très proche. Il répondit alors qu’il souhaitait supporter cette dure maladie trente ans encore. Vous voyez, frères et sœurs bien-aimés, avec quel empressement Saint Isaac se proposa d’endurer patiemment de terribles souffrances corporelles? Voilà la grandeur d’âme que recelait le cœur de Saint Isaac, ce héros de l’ascèse!
Mes petits enfants bien aimés! Disposons-nous serait-ce d’une parcelle de cette patience? Pouvons-nous nous écrier de tout cœur, à la suite de ces héros de l’ascèse fidèles au Christ : «Seigneur, nous sommes prêts à tout endurer, maladie et afflictions!»? Non. On entend surtout des aaah et des ohhh et des soupirs: «Seigneur, pourquoi m’as-Tu puni?». La maladie a juste le temps de se déclarer, un petit rhume, un mal de tête, et on commence à geindre : «Oh, Oh, Seigneur, c’est dur!». Bien sûr, il faut aussi se débarrasser de la maladie en recourant à la médecine, mais il faut avant tout compter sur la Providence Divine. Si le Seigneur veut nous guérir par des remèdes naturels, notre corps sera certainement rétabli. Si le Seigneur veut que nous fassions preuve de patience dans la maladie, alors nous devons faire preuve de grandeur d’âme et de soumission totale à la volonté de Dieu.
Voilà, frères et sœurs bien-aimés, ce que je voulais vous dire aujourd’hui, vous expliquer que nous devons essayer d’acquérir la grande vertu de l’humble patience, et sauver nos âmes par la patience. Et si le Seigneur nous rend visite avec telle ou telle tribulation, ne baissons pas les bras, que notre cœur ne faiblisse pas et ne nous lamentons pas, mais disons simplement: «Seigneur, ceci signifie que cela T’es agréable! Aide-nous à endurer cette affliction avec grandeur d’âme, à ne pas perdre patience et de ne pas perdre Tes célestes bienfaits!» C’est ainsi, frères et sœurs bien-aimés, que nous nous améliorerons spirituellement et marcherons sur le chemin du salut jusqu’à ce que le Seigneur nous rappelle à Lui, afin que nous puissions aussi nous présenter devant Dieu, purs et justifiés, et glorifier de cœur et de bouche le grand nom de la Sainte Trinité du Père et du Fils et du Saint-esprit, maintenant et à jamais. Amen.
Traduit du russe