«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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La version russe de l’homélie ci-dessous fut mise en ligne le 24 août 2020, sur le site internet de la paroisse du Saint Archevêque et Confesseur Luc de Crimée, à Ekaterinbourg. L’homélie fut prononcée en 1957.

Il n’est pas rare qu’on me demande, dans des lettres ou lors d’entretiens, d’apprendre comment prier. La première chose que je réponds à pareille demande, c’est qu’il est nécessaire d’être persévérant dans la prière. Il y a beaucoup de gens qui se souviennent de prier Dieu quand ils reçoivent la visite de l’un ou l’autre malheur, d’une affliction pénible, mais qui d’habitude ne Le prient pas du tout. Pareilles prières sont peu susceptibles d’être écoutées par Dieu.Les anciens romains avaient un proverbe sage: la gouttelette incessante ramollit la pierre. Seule la prière incessante, comme la chute de la goutte, adoucit les cœurs gelés sans prière. Quand on me demande d’enseigner la prière, je donne deux conseils essentiels: être constant dans la prière, ne pas laisser passer un seul jour de la vie sans elle, et être profondément attentif à chaque mot de la prière. Ne pas imiter les sectaires qui, dans leur orgueil, méprisent les prières des grands saints et composent leurs propres prières stéréotypées, très peu spirituelles.
Le diable et ses anges essaient par tous les moyens de détourner notre attention des paroles profondes et bénies des prières de l’Église écrites par les saints. Ils dévoient opiniâtrement et habilement notre esprit, en particulier lorsque les paroles de la prière les concernent eux-mêmes, quand nous demandons à Dieu de nous protéger d’eux, ces endurcis. Nous ne pouvons nous protéger de leurs machinations que par une attention profonde lors de la lecture des prières de l’Église. Il est beaucoup plus difficile de réciter les prières par cœur que de les lire dans un manuel de prière.
Il est très important de développer l’habitude de se rattraper lors de chaque distraction et de lire à nouveau les mots dont les démons ont réussi à détourner notre attention. Il est plus facile d’y parvenir par la prière quotidienne de Jésus, sur le chotki, répétée au moins cent fois: «Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur (ou pécheresse)».
À la fin de chaque prière, lorsque vous dites: «aie pitié de moi, pécheur», vous devez vous souvenir de votre péché le plus grave et le pire de tous, et lorsque vous vous renforcerez dans cette habitude, vous apprendrez progressivement à vous souvenir de tous les autres péchés. Chacune des centaines de prières de Jésus martèlera votre cœur comme une goutte d’eau qui tombe sans cesse, ramollissant la pierre, et elle adoucira et réchauffera votre cœur froid par la grande prière de Jésus. Telle sera aussi l’action d’autres grandes prières, en particulier la prière de Saint Ephrem le Syrien qui n’est, malheureusement, lue que lors du Grand Carême. Les Saintes paroles de cette prière vous toucheront si vous la lisez fréquemment: vous vous habituerez à vous sentir dégoûté des vices dont parle Saint Ephrem le Syrien, demandant à Dieu de vous délivrer d’eux, de l’esprit d’oisiveté, des vaines paroles, du jugement d’autrui; et vous vous habituerez à demander à Dieu les vertus de la chasteté, de l’humilité, de la patience, de l’amour et de la mémoire de vos péchés. C’est ce que je réponds aux gens qui me demandent de leur apprendre à prier.
Mais il ne suffit pas, bien sûr, de prier diligemment pour devenir la demeure de l’Esprit de Dieu, pour devenir un proche et même un ami de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous devons également accomplir tous les grands commandements du Christ, et surtout les commandements d’amour et de miséricorde envers autrui. De cela il faudrait parler longuement, répétant plus d’une fois ce que je vous ai déjà dit auparavant.
Je vais seulement parler de la transfiguration du cœur de ces bienheureux, qui sont fermes et constants dans les prières et les bonnes actions. Je dirai que chaque bonne action laisse une empreinte plus ou moins grande dans le cœur de celui qui l’a accomplie.
Même la profonde métanie du mendiant qui a reçu l’aumône de vos mains laissera certainement une trace dans votre cœur. Et ces traces, qui se marqueront de plus en plus souvent dans le cœur de celui qui fait le bien, agiront sur lui comme la goutte qui dégouline et martèle sans cesse la pierre. Elles adouciront et purifieront le cœur qui fait le bien, elles le purifieront et le changeront par la grâce. Et au plus on fera de bonnes actions, au plus l’esprit immortel s’élèvera haut de la terre et de l’iniquité vers les cieux, dans lesquels règne la vérité parfaite et absolue de Dieu.
On s’élèvera de plus en plus haut, loin de la terre et on respirera l’air de plus en plus pur des cieux, on s’approchera de plus en plus de Dieu. Et quand le chemin terrestre sera terminé, la mort ne sera pas seulement agréable, mais joyeuse, car ce ne sera qu’un passage à la béatitude éternelle. Que notre Dieu, le Tout-puissant et le Très-Saint, nous bénisse tous!
Amen.


Traduit du russe
Source

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)