«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Extrait du livre «Archevêque Louka (Voïno-Yassenetski). Homélies.Tome 2», publié par les éditions de l’Éparchie de Simferopol et de Crimée, en 2004, et repris en 2005 par les Éditions Omega de Moscou pour la version adaptée à l’internet. Cette homélie fut prononcée en 1958 par le Saint Archevêque Luc de Simferopol et de Crimée, et elle a été publiée sous le titre : Homélie sur le Jugement Dernier. Le songe de Nabuchodonosor. .

Voici très longtemps, jadis, régnait à Babylone le puissant despote Nabuchodonosor, qui avait conquis et soumis de nombreux royaumes terrestres. Une nuit, il fit un rêve effrayant qui le troubla profondément. Mais le matin quand il se leva, il l’avait complètement oublié. Il ordonna alors qu’on mande auprès de lui tous les devins, sages, voyants et charmeurs, et il exigea de ceux-ci qu’ils lui racontent et expliquent son rêve. Évidemment, personne ne fut capable de savoir ni de conter le rêve du Roi. Ils purent tout juste lui promettre de lui expliquer son rêve s’il le leur racontait. Nabuchodonosor entra dans une colère blanche et ordonna d’exterminer tous les devins, sages, voyants et charmeurs de son royaume.Le Prophète Daniel eut vent de cela car il se trouvait en captivité à Babylone, avec tout le peuple d’Israël. Lui aussi était menacé de mort. Mais Dieu lui révéla le rêve du Roi et sa signification. Il se présenta donc devant le terrible Despote Nabuchodonosor et lui raconta son rêve :
«Voici, ô Roi, ce que tu as vu en songe : tu regardais une sorte de grande idole. Elle était gigantesque cette idole, et sa splendeur extraordinaire; elle se dressait devant toi, et son aspect était terrible. Cette statue avait la tête d’or fin, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, les jambes de fer, les pieds en partie de fer et en partie d’argile. Tu regardais, jusqu’à ce qu’une pierre se détachât de la montagne, sans l’intervention d’aucune main, et vint frapper la statue sur ses pieds de fer et d’argile, et les brisa.
Alors furent brisés en même temps le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle qui s’élève de l’aire en été, et le vent les emporta sans qu’on en trouve plus aucune trace ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.»(Dan.2;31-35).
Ce rêve de Nabuchodonosor, le Prophète Daniel l’interpréta,comme l’histoire de tous les royaumes qui se dresseront après son royaume qui, dans le songe était représenté, supérieur à tous les royaumes, par la tête en or de l’idole. De très puissants royaumes lui succéderont, pareils à l’argent, au cuivre et au fer, similaires à la poitrine, au ventre et aux cuisses de l’idole, faits de cuivre, très prisé dans l’Antiquité, similaires à ses jambes de fer, des royaumes forts comme le fer, le plus dur des métaux de l’époque. Et les pieds et orteils faits d’un mélange de fer et de glaise représentant les royaumes les plus tardifs, beaucoup plus faibles.
Et c’est sur ce point faible de l’idole, signifiant les faibles royaumes les plus récents, que tomba la pierre, détachée de la montagne sans l’intervention d’aucune main, et détruisit ainsi l’idole effroyable, la pulvérisant en minuscules parcelles, en poussière même, emportée par le vent.
Et la «Pierre non-taillée de main d’homme», par la Force de Dieu taillée de la «Montagne non-incisée», la Toute Sainte Vierge Marie, devint une montagne gigantesque couvrant la terre entière. Ainsi se manifesta la puissance divine du christianisme, qui conquit toutes les nations païennes.
L’interprétation du rêve de Nabuchodonosor fut donnée au grand Prophète Daniel par l’Esprit-Saint et, comme nous le savons, elle s’accomplit de façon exacte au cours de l’histoire ultérieure de l’humanité. L’idole énorme et terrible était l’image des nombreux royaumes et États qui partageaient un grave vice commun, tous avaient le même point vulnérable : les pieds, en partie de fer, en partie d’argile. Ce point vulnérable, c’était l’absence de la Vérité.
Les paroles des grands prophètes inspirées par l’Esprit-Saint ont une signification éternelle. Et aujourd’hui encore la terrible idole vue en songe par Nabuchodonosor se tient sous notre regard intérieur. Nous pouvons voir dans le passé récent et même de nos jours les agissements des États qui s’appuient, dans leur aspirations à la domination du monde entier, sur l’or et l’argent, sur la puissance guerrière de leur torse et de leurs cuisses de cuivre, sur la force de leurs jambes de fer qui piétinent ta terre entière, écrasant les peuples faibles. Mais nous savons, comme l’a dit le Prophète Daniel, que leurs terribles pieds sont d’argile, et seulement en partie, de fer.
Et ces puissants États auront une fin pitoyable quand viendra le grand et glorieux jour du Jugement Dernier, quand la «Pierre non-taillée de main d’homme», qui s’est détachée non par une force humaine de la «Montagne non-incisée», frappera les pieds d’argile de tous les auteurs d’iniquité, des États tout entiers aux individus.
Alors toute la force et le pouvoir de l’homme s’effondreront. Alors tous les morts ressusciteront par le pouvoir de la «Pierre non-taillée de main d’homme», notre Seigneur Jésus-Christ, et Son Jugement Dernier sur le monde entier commencera.
Alors, Il ordonnera à Ses Anges de répartir tous ceux qui comparaîtront au Jugement et de placer les uns à Sa droite, et les autres à Sa gauche, et dira à ceux qui se tiendront à droite: «Venez, les bénis de Mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde. Car J’ai eu faim, et vous M’avez donné à manger ; J’ai eu soif, et vous M’avez donné à boire ; J’étais étranger, et vous M’avez recueilli ; nu, et vous M’avez vêtu ; malade, et vous M’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à Moi».
«Les justes lui répondront : Seigneur, quand T’avons-nous vu avoir faim, et T’avons-nous donné à manger ; avoir soif, et T’avons-nous donné à boire ? Quand T’avons-nous vu étranger, et T’avons-nous recueilli ; nu, et T’avons-nous vêtu ? Quand T’avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à Toi?» «Et le Roi leur répondra : En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait.» «S’adressant ensuite à ceux qui seront à sa gauche, Il dira : retirez-vous de Moi, maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car J’ai eu faim, et vous ne M’avez pas donné à manger ; J’ai eu soif, et vous ne M’avez pas donné à boire ; J’étais étranger, et vous ne M’avez pas recueilli ; nu, et vous ne M’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne M’avez pas visité. Alors eux aussi lui diront : Seigneur, quand T’avons-nous vu avoir faim ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne T’avons-nous pas assisté ? Et Il leur répondra : En vérité, Je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait. Et ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice, et les justes à la vie éternelle?» (Mat.25;34-46).
Comme vous pouvez le voir, lors du Jugement Dernier, le Seigneur Tout-Puissant jugera tous les peuples sur deux critères ou deux attributs seulement, ou même sur un seul trait de justice suprême, car celle-ci est inséparable de l’amour parfait. Pour leurs œuvres de vérité et d’amour, Il justifiera ceux placées à droite; pour leurs œuvres d’iniquité et d’aversion envers Dieu et les hommes, Il condamnera ceux placés à gauche.
Parmi les justifiés et les bénis, il y aura beaucoup de gens ordinaires, dont l’Apôtre Paul a dit : «ce que le monde tient pour insensé, c’est ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; et ce que le monde tient pour rien, c’est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts ; et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n’est rien, pour réduire au néant ce qui est…»(1Cor.1;27-28).
Ces gens ordinaires n’ont aucune ressemblance avec l’idole terrible manifestée dans le songe de Nabuchodonosor. Leur intelligence n’est pas sophistiqués par l’instruction, par la science, et ne ressemble pas à la tête d’or de l’idole. Ils n’ont pas le puissant pouvoir de l’argent. Ils n’ont pas la force et la robustesse du cuivre et du fer. Mais ils n’ont pas les pieds d’argile. Tout leur être est constitué de chair humaine, sur laquelle, bien sûr, ne s’abattra pas la Pierre non-taillée de main d’homme, qui écrase seulement l’iniquité.
Ce sont des gens bons et simples qui ont aimé de tout leur cœur le Soleil de Justice, le Seigneur Jésus-Christ.
Que notre Seigneur Jésus-Christ nous accorde la joie éternelle d’être parmi ceux chez qui Il ne trouvera aucune iniquité.
Qu’Il nous compte nous aussi parmi le chœur des simples, de ceux qui ne savent rien, mais devant qui sont confondus le sage et celui qui sait.

Amen.

Traduit du russe
Source

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)