Saint Luc de Crimée. La profondeur du cœur des saints.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le 11 avril 1954. Le texte original traduit ici est traduit de la version mise en ligne le 27 octobre 2021 sur le site de la paroisse Saint Luc de Crimée à Ekaterinbourg.

Voici peu, je vous ai parlé de la profondeur inhabituelle du cœur du larron, qui soudain a cru en notre Seigneur Jésus Christ, crucifié à côté de lui. Maintenant, je propose de vous parler du cœur de tous les saints. À cela s’ajoute le fait que la Sainte Église consacre le cinquième dimanche du Grand Carême à la mémoire d’une toute grande Sainte, Marie l’Égyptienne. Je vais tout d’abord parler de son cœur.
Marie était une brillante jeune fille d’une grande beauté. Elle vivait dans l’immense Alexandrie, la capitale de l’Égypte. Par sa beauté, elle captivait beaucoup, beaucoup de jeunes gens, par la débauche elle acquit une grande richesse et vécut dans le luxe. Un jour, elle alla se promener au bord de la mer, et elle vit un navire prêt à appareiller, et apprit que ce navire emmenait beaucoup de pèlerins à Jérusalem pour la fête de l’Exaltation de la Croix du Christ. Par caprice elle monta sur ce bateau, et agit tout au long du voyage comme elle le faisait d’habitude, séduisant les jeunes hommes qui voyageaient avec elle, et péchant tout au long du trajet. Ils arrivèrent en Palestine et se rendirent au temple de Jérusalem. Toute la foule du peuple entrait dans le temple, mais quand Marie voulut y pénétrer, une force inconnue l’en empêcha, lui interdisant l’entrée du temple. Elle en fut stupéfaite. Elle essaya d’entrer à plusieurs reprises, et à chaque fois une force inconnue la repoussa, l’empêcha d’entrer dans le temple. Alors son regard tomba sur une icône de la Très Sainte Mère de Dieu, suspendue au-dessus de la porte d’entrée, et elle, de son cœur profondément ébranlé, fit une prière ardente à la Très Sainte Mère de Dieu, Lui demandant de l’aider, Lui demandant d’intercéder devant son Fils né avant les siècles, et d’obtenir le pardon pour elle, pécheresse repentante. Après cette prière, elle put entrer dans le temple.
L’exaltation de la Sainte Croix la stupéfia encore plus, et elle vécut brusquement une conversion profonde. Elle sortit du temple et parcourut un long chemin, sur la rive du Jourdain, puis elle traversa le Jourdain et entra dans le désert de Jordanie. Elle marcha loin, loin dans le désert, et dans ce désert, elle vécut pendant 47 ans, sans jamais voir un visage humain, sans savoir que manger. Comment sa vie s’y déroula, on ne sait pas. Nous savons seulement, par le récit qu’elle fit avant sa mort, que pendant seize ans, elle fut tourmentée, gravement tourmentée, par les souvenirs de sa vie dans le luxe, des plats exquis et des vins fins dont on la régalait. Et au bout de seize ans seulement, ces souvenirs douloureux et tentateurs l’abandonnèrent. Au cours de sa vie dans le désert pendant 47 ans, elle acquit des dons extraordinaires du Saint-esprit. Elle ne lut jamais les Sainte Écritures, mais elle les connaissait profondément, car elles lui furent enseignées par le Saint-Esprit Lui-même. Sa prière était si extraordinaire qu’elle s’élevait dans les airs, assez haut, et priait très longtemps, avec larmes, suspendue debout dans les airs, les bras et mains levés vers le ciel. Nous voyons ainsi ce qu’était le merveilleux cœur de cette femme, ce cœur autrefois plein d’impureté, d’abomination, de fornication, de débauche, et dans lequel se produisit soudainement un retournement aussi radical et merveilleux. Ce cœur fut ébranlé par la puissance de Dieu. Le Seigneur savait la profondeur de ce cœur autrefois pécheur, Il savait de quels exploits extraordinaires ce cœur était capable. Et le Seigneur toucha de Sa dextre le cœur de Marie, et ce cœur, autrefois pécheur, devint l’un des plus grands cœurs de l’histoire de l’humanité.
Rappelons-nous aussi la grande et ardente myrophore, Sainte Marie-Madeleine. Ne lisons-nous pas à son sujet que notre Seigneur Jésus-Christ a chassé sept démons d’elle, alors imaginez à quel point la souillure de son cœur était énorme, quelle terrible méchanceté faisait rage en elle, si sept démons habitaient en elle. Et pourtant, ce cœur s’est avéré être tel que dans sa vie ultérieure, elle reçut le titre d’«égale aux apôtres», car son amour pour le Seigneur Jésus-Christ était ardent. Elle manifesta envers Lui un amour qu’aucun amour humain ne peut égaler.
Et maintenant, souvenons-nous du grand enseignant de l’Église, Tertullien. Il est considéré comme un grand maître, en particulier dans l’Église d’Occident, bien qu’il ne figure pas parmi les Pères de l’Église, car pendant un certain temps il tomba dans l’erreur et l’hérésie montaniste. Il était presbytre à Carthagène, au deuxième siècle après J.C. I était doué d’une intelligence remarquable, d’une grande profondeur. Il composa de nombreuses œuvres qui exercèrent une influence telle sur tous ses contemporains et sur tous les hiérarques ultérieurs de l’Église, qu’elles devinrent la lecture de référence de très nombreux grands et saints évêques. Et le grand Tertullien, ce cœur ardent qui brûlait d’amour pour le Christ, qui brûlait d’amour pour la vérité éternelle, raconta à son propre sujet que dans sa jeunesse, avant qu’il ne connaisse le Christ et reçoive le saint baptême, il menait une vie très dépravée. Comme vous le voyez, dans ce cœur coexistaient la perversité et cette grande sagesse qui lui permit d’expliquer de nombreux passages difficiles à comprendre dans la Sainte Écriture. Cette sagesse lui permit de rédiger de nombreux ouvrages dénonçant les hérétiques de son temps, et ils formèrent la base de la formation théologique des évêques et des prêtres.
Rappelons-nous également un autre grand Père de l’Église, particulièrement honoré dans l’Église Latine, le Bienheureux Jérôme, un homme merveilleux, qui vécut plusieurs dizaines d’années dans des grottes en Palestine, consacrant son temps à l’étude et l’analyse des Saintes Écritures. Pour ce faire, il étudia de façon approfondie toutes les langues nécessaires : il savait non seulement le latin et le grec, mais aussi l’araméen, ancienne langue juive, le syro-chaldéen, et l’arabe. Il écrivit un nombre impressionnant d’interprétations de passages de la Sainte écriture. Et ce grand homme, lui aussi, raconta qu’il avait auparavant, dans sa jeunesse, mené une vie impure.
Au même siècle vivait à Carthage l’un des grands maîtres-enseignants de l’Église, le Saint Martyr Cyprien. Il fut païen jusqu’à l’âge de 40 ans, et dans le paganisme, il mena une vie déréglée et impure, puis tout à coup, sous l’action de la puissance du Christ, son cœur naquit de nouveau, complètement. Il crut ardemment en Christ. Il fut consacré prêtre par l’Évêque de Rome, et un peu plus tard, il devint Évêque de l’Église de Carthage.Il fut lui aussi l’un des plus grands saints de l’ancienne Église.
À ses côtés on trouve un quatrième grand Père de l’Église, le Bienheureux Augustin, évêque d’Hippone. Lui aussi connut le Christ seulement à l’âge adulte, après avoir passé une jeunesse violente et pécheresse. Déjà à l’âge de 18 ans, il devint père hors de la légalité. Il maltraitait sa concubine, dont il avait eu un fils. Monique, mère d’Augustin, une femme au cœur le plus pur et de la plus grande piété, une vraie chrétienne, versa des larmes amères au sujet de son fils, car elle voyait sa vie perverse et savait qu’il avait par nature des capacités scientifiques et un grand talent oratoire. La pauvre mère pleura toutes les larmes de ses yeux, devant la mauvaise vie de son fils. Un jour, elle alla trouver l’évêque, un starets, et le supplia de sauver son fils de la perte. Et l’évêque lui dit des paroles étonnantes: «Le fils de tant de larmes ne peut aller à sa perte». Et ces paroles devinrent prophétiques. Augustin s’inscrivit à l’école de rhétorique à Carthage, où il montra de brillantes capacités oratoires. Il ouvrit même son école dans laquelle il enseignait. Mais sa vanité était blessée du fait qu’il avait très peu d’élèves; alors il alla à Rome. Puis, il fut nommé juge à Milan, et s’y installa. A cette époque, à Milan, l’évêque n’est autre que le grand Saint Ambroise. Augustin alla écouter les homélies de Saint Ambroise, s’intéressant à la rhétorique de celui-ci afin d’améliorer ses propres facultés oratoires. Mais la rhétorique s’effaça devant la vérité de ces homélies apostoliques, qui pénétra immédiatement jusqu’en son âme. Il fut e plus en plus pénétré par les enseignements du Christ, et il intensifia sa lecture des Saintes Écritures. Et par la même occasion, il abandonna ses tendances pécheresses, quitta la secte des manichéens à laquelle il appartint environ neuf ans, et devint un pourfendeur ardent et talentueux de l’hérésie manichéenne. Il vécut alors au milieu d’un nouvel entourage, chrétien, étranger à ses anciennes fréquentations.
Un jour, il entama la lecture des récits concernant les héros de l’ascèse vivant dans les ermitages et déserts de l’Égypte, et ces récits ébranlèrent Augustin jusque dans les profondeurs de son âme. S’adressant à ses amis, comme lui, jeunes et bien éduqués, et leur dit : «Qu’est-ce donc?! Nous avons consacré tant de temps à la philosophie et à l’éloquence: pourquoi n’avons-nous pas réussi à construire notre vie comme l’ont construite ces gens qui vécurent bien avant nous?» Et, sortant dans le jardin, Augustin tomba à terre, et pleura, demandant à Dieu de le guider sur une nouvelle voie: «Quand, quand donc, Seigneur, auras-Tu pitié de moi? Aie pitié de moi, Seigneur, aie pitié, aie pitié maintenant!» Et soudain, il entendit une voix: «Prends, lis, prends, lis!». Et voici ce qu’il lut dans l’Épître aux Romains : «Marchons honnêtement, comme en plein jour, ne nous laissant point aller aux excès de la table et du vin, à la luxure et à l’impudicité, aux querelles et aux jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair, de manière à en exciter les convoitises» (Rom.13;13-14). Voici la réponse de Dieu reçue par Augustin. Après cela, il fut bientôt honoré du rang de presbytre. Puis il devint évêque, et en ce rang, il lutta pendant trente-cinq ans, menant une vie sans faille. Il vivait comme un vrai moine, comme un ermite, jeûnait durement, priait toujours, reclus dans sa cellule, se nourrissant de la nourriture commune avec ceux qui servaient à ses côtés, prêtres et diacres. Au cours de ses trente-cinq années de service épiscopal, il composa un grand nombre d’ouvrages théologiques qui formèrent la base de la théologie pour d’autres grands Pères de l’Église. Non seulement les latins, mais aussi l’Église orthodoxe l’honorent comme un grand Maître de l’Église. Ses écrits théologiques et ses enseignements sont remplis d’une sagesse extraordinaire et d’une connaissance profonde.
Je vous ai montré le cœur de deux saintes, autrefois femmes très corrompues, et le cœur de quatre grands Pères et instructeurs de l’Église, eux-aussi d’abord corrompus et ayant mené une vie impure. Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ce récit pour nous-mêmes?
Nous dirons que le cœur humain, même le cœur pur, est souvent recouvert d’une croûte sale, et nous, les pécheurs, avons l’habitude de condamner chaque personne dont le cœur nous semble couvert d’une croûte sale. Et si nous avions été contemporains de ces grands pères de l’Église, nous les aurions condamnés, sans pitié. Mais le Seigneur ne voit pas seulement la croûte sale autour du cœur de l’homme. Il voit ce qui est à l’intérieur de ce cœur, ce qui est caché profondément dans le cœur: il sait de quoi le cœur est capable, même quand il est temporairement recouvert d’une croûte sale. Sous la croûte de boue, Il voit le plus grand Saint, il voit de grandes vertus spirituelles. Et Il protège Ses Saints tout le temps où leur cœur reste couvert de la croûte de vilenie.
Souvenez-vous de cela et ne vous aventurez jamais à condamner des gens qui vous semblent manifestement pécheurs, et même vicieux. Pensez au fait que le cœur de leurs forces cachées, de leurs capacités spirituelles, nous ne le connaissons pas, et donc retenez votre mauvaise langue, qui brûle du désir de prononcer la condamnation. Et à vous, mères qui avez des enfants pervers, je vous dirai ceci : souvenez-vous de Sainte Monique, mère du Bienheureux Augustin, rappelez-vous comment, par ses larmes, elle supplia Dieu d’aider son fils. Pleurez sur vous et sur vos enfants pervers, mais ne tombez pas dans le désespoir: rappelez-vous que le Seigneur a la puissance de faire de vos enfants impurs et pervers, des purs et même des saints.
Amen.

Traduit du russe
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Saint Luc de Crimée. Homélie pour la fête de la Transfiguration

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le jour de la fête de la Transfiguration en l’année 1957. Le texte original traduit ici est traduit de la version mise en ligne le 19 août 2021 sur le site de la paroisse Saint Luc de Crimée à Ekaterinbourg.
La très glorieuse fête de la Transfiguration du Seigneur nous donne l’occasion de réfléchir aux paroles que notre Seigneur Jésus Christ adressa aux Apôtres et au peuple: ««Je vous le dis, en vérité, parmi ceux qui sont ici, quelques-uns ne goûteront point la mort, qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance» (Mc 9,1).
Nous ne pouvons comprendre ces paroles prophétique inhabituelles du Fils de Dieu si nous considérons qu’elles concernent la Parousie de notre Seigneur Jésus Christ, car plus de 1900 années se sont écoulées et tous les contemporains de notre Seigneur Jésus sont morts, alors que nous attendons encore la Parousie. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée. Si nous avions vécu aux temps des Apôtres.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le 16 avril 1948. Il était alors Archevêque de Simferopol depuis deux ans. Le texte original traduit ici est extrait du recueil d’homélies de Saint Luc de Crimée «Hâtez-vous à la suite du Christ» (Спешите идти за Христом).

Souvent, très souvent, on entend dire que vous pensez et dites que notre époque n’est guère favorable pour faire notre salut, et que si vous aviez vécu aux temps des saints Apôtres, vous seriez devenus, bien-sûr, des saints, comme eux.
Avez-vous déjà pensé à la situation dans laquelle se trouvaient les apôtres et tous les contemporains de notre Seigneur Jésus-Christ? Avez-vous pensé à ce qu’ils ne pouvaient imaginer : que vivait avec eux, que prêchait devant eux le Fils de Dieu lui-même? Bien sûr, ils Le considéraient tous comme un Prophète; certains Le considéraient comme un grand Prophète; mais seul Saint Pierre l’appela Fils de Dieu. Quand notre Seigneur Jésus-Christ demanda aux Apôtres qui croyaient-ils qu’Il était, l’Apôtre Pierre répondit : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant». Et cette réponse fut tellement stupéfiante, tellement profonde, tellement exceptionnelle que le Seigneur répliqua : «Heureux es-tu, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais c’est Mon Père qui est dans les cieux»(Mat.16;17). Bienheureux es-tu, d’avoir reçu cette révélation du Père Céleste Lui-même. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée. Homélie pour l’Ascension de notre Seigneur

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous a été prononcée le 14 mai 1953. Elle a été mise en ligne le 23 mai 2012 sur le site Pravmir.

Aujourd’hui, ma faiblesse physique ne me permet pas de vous parler longuement; j’essaierai seulement de vous expliquer le kondakion, si riche de sens, de ce jour de fête. Écoutez, écoutez ce kondakion avec une beaucoup d’attention (Le chœur chante) : «Ayant accompli en notre faveur ton œuvre de salut, après avoir uni les cieux et la terre et les hommes avec Dieu, dans la gloire, o Christ notre Dieu, tu montas vers le ciel sans pour autant nous délaisser, mais restant toujours parmi nous et disant à ceux qui conservent ton amour : je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous»
Que signifie «Ayant accompli en notre faveur ton œuvre de salut»? Voici ce que cela signifie. Notre Seigneur Jésus Christ par tous les actes de sa vie terrestre, par Sa mort sur la Croix, accomplit tout ce qui avait été prédit à notre sujet par le Divin Conseil d’avant les siècles. Il a uni ce qui est sur terre avec ce qui est aux cieux, il a uni les hommes, qui sont sur terre, aux anges qui sont dans les cieux.
Il nous a unis à Ses anges. Il nous a donné la possibilité de participer à la vie céleste.
Sur terre, il y a eu beaucoup de gens qui sont devenus des anges dans la chair. Vous savez que le Saint Précurseur est nommé ange par les Saintes Écritures. Il y a eu beaucoup de gens pour lesquels la vie matérielle ne présentait aucun intérêt, qui purifièrent leur cœur, qui s’élevèrent tellement, qui se perfectionnèrent tellement, qu’ils en devinrent en esprit pareils aux anges ; ils devinrent des anges sur terre, en leur corps.
Cela fut le cas de tous les saints. Sainte Marie l’Égyptienne ne fut-elle pas un ange dans la chair, ne le furent-ils pas aussi, les innombrables pères, les grands ermites comme Saint Antoine le Grand, Saint Euthyme le Grand, Saint Sava le Sanctifié, et notre grand Saint Seraphim de Sarov, et nos grands Saints Antoine et Théodose des Grottes. Tous furent des anges en la chair, et alors qu’ils étaient encore sur terre, ils étaient évidemment unis à ceux qui sont dans les cieux. Ils s’entretenaient avec les anges. La Très Sainte Mère de Dieu leur apparaissait. Nombreux, très nombreux furent ceux que notre Seigneur Jésus Christ unit avec ceux qui sont dans les cieux, avec toutes les puissances célestes.
«Dans la gloire, ô Christ notre Dieu, tu montas vers le ciel sans pour autant nous délaisser, mais restant toujours parmi nous et disant à ceux qui conservent ton amour: je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous.»
Dans un grande gloire, notre Seigneur Jésus Christ S’éleva du Mont des Oliviers. Et comme vous l’avez entendu aujourd’hui dans les lectures de l’Apôtre et de l’Évangile, Ses disciples, séparés de perdirent pas courage. Non seulement ils ne s’affligèrent pas, mais ils rentrèrent chez eux dans la joie, dans une grande joie. Pourquoi? Comment pouvons-nous comprendre qu’ils se réjouissent et soient joyeux, alors qu’ils étaient séparaient du Christ. Cela fut possible parce que le Seigneur leur avait dit qu’Il leur enverrait un Consolateur, l’Esprit Saint, Qui leur rappellerait tout ce qu’Il leur avait dit et resterait avec eux dans les siècles des siècles.
Dans le kondakion, on dit : «…sans pour autant nous délaisser, mais restant toujours parmi nous…». Cela signifie que par Son Ascension, Il ne nous abandonne pas, mais demeure toujours et à chaque instant avec nous.
Nous devons nous souvenir des propres paroles de notre Seigneur Jésus Christ, et ne jamais les oublier : «Celui qui M’aime sera aimé par Mon Père; et Nous viendrons faire notre demeure en lui et Nous habiterons en lui». Voyez, c’est la promesse du Christ. Il dit qu’Il viendra vers chacun de ceux qui l’aiment et qui accomplissent sa parole, Il viendra avec Son Père, et Ils feront en eux leur demeure. Ils entreront dans chacun de leurs cœurs et y habiteront, comme dans un temple de l’Esprit-Saint.
«…disant à ceux qui conservent ton amour : je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous». Celui qui aime le Christ de tout son cœur, qui vit selon Sa parole et obéit à tous Ses commandements, il est toujours en communion avec Lui, il est toujours sous Sa protection, il est toujours protégé par le Christ Lui-même et par les anges de Dieu. Il n’est touché par aucun véritable mal, car le Christ est avec lui à chaque instant.
Mais pourtant, pensez-vous sans doute, les grands saints ont été persécutés; ils eurent beaucoup d’opposants. Et il y eut de nombreux, de nombreux milliers de martyrs pour les Christ!
Vous vous souvenez comment notre grand Saint Seraphim de Sarov a été battu et laissé pour mort par des bandits? Et pensez-vous que cela ait porté préjudice à Saint Seraphim lui-même, que cela ait porté préjudice à l’Église de Christ? Non, cela nous occasionna un grand bénéfice, par l’intermédiaire de Saint Seraphim. Car, la Très Sainte Mère de Dieu Elle-même lui est apparue et a guéri son crâne brisé et ses côtes cassées, et les voleurs allaient être livrés au juge, mais Saint Seraphim Séraphin, ayant appris cela, intercéda avec des larmes pour eux: «Je ne veux pas qu’ils soient jugés! S’ils sont condamnés, je quitterai le Désert de Sarov». Vous voyez, l’attitude de notre Saint doit être un exemple pour nous. Quel grand exemple de l’attitude qu’il convient d’adopter envers la cause de nos souffrances.
Comment alors les paroles du kondakion : «Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous» s’appliquent-elles aux saints martyrs?
Oui, on s’est élevé contre eux, des empereurs se sont élevés, les dirigeants se sont élevés, et les ont soumis à des tourments cruels, très cruels. Mais les paroles du Christ se réalisèrent et, lorsqu’ils furent martyrisés, le Christ lui-même était avec eux, rendant légers les tourments subis. Souvent, souvent, ils ne brûlèrent pas dans de terribles fournaises, dont la flamme brûlait les tortionnaires eux-mêmes.
Pourquoi? Parce que le Christ était avec eux, Il n’abandonne personne. Il envoyait Ses anges, et entrait Lui-même dans les prisons près des martyrs déchirés, à moitié morts, et Il les guérissait, et le lendemain, les tortionnaires les voyaient guéris. Vous voyez, Sa parole s’est réalisée. Croyez que celui qui aime le Christ et qui accomplit Sa parole sera aimé par Son Père, et Il viendra et Il fera Sa demeure en lui.
Aimez donc le Christ, suivez-le, observez Ses commandements!
Et maintenant, écoutez le kondakion qui vient d’être expliqué et j’espère que vous le comprendrez beaucoup plus profondément que vous ne l’avez compris jusque maintenant (le chœur chante).
«Ayant accompli en notre faveur ton œuvre de salut, après avoir uni les cieux et la terre et les hommes avec Dieu, dans la gloire, o Christ notre Dieu, tu montas vers le ciel sans pour autant nous délaisser, mais restant toujours parmi nous et disant à ceux qui conservent ton amour : je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous»
Souvenez-vous, souvenez-vous de ce kondakion. Souvenez-vous toujours de ce grand jour de l’Ascension dans le ciel de notre Seigneur Jésus. De tout votre cœur aspirez à Le suivre, car il nous appartient de nous élever à Sa suite dans le ciel.
Amen.


Traduit du russe
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Saint Luc de Crimée. Homélie pour le Dimanche de Thomas.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous a été prononcée le 2 mai 1954. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 3» des Homélies de Saint Luc.

Pourquoi était-il si difficile pour les apôtres de croire ce que leurs yeux voyaient ? Ils avaient tout de même été les témoins de la résurrection par notre Seigneur Jésus du fils de la veuve de Naïn, de la fille de Jaïre et même de Lazare.
Il fut difficile, très difficile, mais vraiment très, très difficile pour les apôtres de croire que notre Seigneur Jésus Christ était ressuscité. Les paroles de myrrophores, qui leur annoncèrent la nouvelle, ils les prirent pour des mensonges. Quand ils se retrouvèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait commandé d’aller, et qu’ils Le virent, ils n’en crurent pas leurs yeux. Quand Lui-même leur apparut dans la chambre haute à Jérusalem, ils crurent voir un fantôme.
L’incrédulité la plus grande fut celle de l’Apôtre Thomas, qui dut mettre son doigt dans les plaies laissées par les clous dans les mains et les pieds du Sauveur, et sa main dans Son côté. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée : Homélie pour les vêpres du premier jour de Pâques (1951)

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous a été prononcée en 1951. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 1» des Homélies de Saint Luc.

Le Christ est ressuscité des morts, par la mort il a vaincu la mort et à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie.
Quel merveilleux tropaire pour la plus grande des fêtes, qui nous est si chère, et demeure si incompréhensible pour les non-chrétiens, suscitant même leurs moqueries!

Le feu peut-il être éteint par le feu? Les ténèbres peuvent-elles éclairer les ténèbres? Le mal peut-il être vaincu par le mal? Non, bien sûr. Le semblable n’est pas détruit par le semblable, mais seulement par le contraire. Le feu est éteint par l’eau, les ténèbres sont dispersées par la lumière, le mal est vaincu par le bien. Lire la Suite