ieromonah-arseniiLe hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé «Philocalie Athonite sur le Silence et la Prière» (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici. Les premiers extraits se trouvent ici).

La Maison de Dieu
L’observance d’une règle de prière personnelle, à la maison, ne dispense pas pour autant de la prière commune, celle qui se dit dans la maison de Dieu, car là, le fidèle reçoit une grâce particulière, là, est célébré le Sacrifice Non-sanglant pour la rémission des péchés du monde, là, s’unissent la prière de celui qui sert à l’autel et la prière de l’assemblée ; ensemble elles montent vers le trône de Dieu, comme l’encens de bonne odeur. S’il est dit que le Christ est présent là où deux ou trois se rassemblent en Son nom, que dire alors quand un grand nombre de croyants se rassemblent et s’unissent dans la prière ?
Et il est absolument obligatoire de se rendre à l’église lors des jours de fête. Dieu nous a donné six des sept jours ; Il n’en a gardé pour Lui qu’un seul. Si nous consacrons cette journée à de banales activités quotidiennes, ou pis encore, à des plaisirs inconvenants, alors, comme le dit Saint Jean Chrysostome, ce sacrilège, cette enfreinte des commandements du Seigneur nous rend condamnables. Un jour de fête est un jour dédié à notre salut. Alors que nous sommes surchargés par les tracas de la vie quotidienne, nous devrions en un tel jour déposer tous les soucis terrestres, diriger nos activités surtout vers la prière, les réflexions quant au salut de notre âme, et les recommandations à nos enfants et nos proches, que nous devons confier aux soins de la Divine Providence. Dieu pardonnera une abondance de péchés à celui ou celle qui aura détourné le pécheur de sa voie injuste vers la voie de son salut ; les paroles du Saint Apôtre nous le certifient : «Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés» (Jac. 5,19-20). Mais celui qui séduit son prochain et le pousse sur le chemin de l’impureté, c’est la Géhenne brûlante qui l’attend.

Le Signe de Croix
La sainte puissance de la Croix du Christ a guéri les malades, ressuscité les morts, rendu inoffensifs des poisons mortels, permis de marcher sur l’eau et à travers le feu, mais les Chrétiens contemporains, affligés d’une sorte de honte mensongère, ne pensent même pas à se signer lorsqu’ils entrent dans une maison ou qu’ils s’asseyent pour le repas. N’oublions pas qu’il convient de se protéger à l’aide du signe de croix lors du début de la prière ; ce sont les Apôtres eux-mêmes qui établirent ce procédé. Et il convient de tracer la croix comme il convient, et pas n’importe comment, comme si on avait honte de la Croix de notre Seigneur. Un signe de croix négligé est une offense au Seigneur et la prière en devient péché. Par conséquent, non seulement elle ne revêt aucune puissance, mais elle réjouit les démons, contre lesquels elle aurait dû constituer une arme invincible, car non seulement le larron craint l’outil de son châtiment, mais le diable tremble devant la Croix ; devant elle, il fuit rempli d’effroi, incapable de supporter sa vue qui, tel un feu, l’écorche vivant. Comme nous l’avons dit, les Chrétiens contemporains, affligés d’une sorte de honte mensongère, ne pensent même pas à se signer lorsqu’ils entrent dans une maison ou qu’ils s’asseyent pour le repas, faisant comme s’ils ignoraient les paroles de notre Seigneur : «Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges» (Mc 8,38). N’est-ce pas folie extrême, n’est-ce profond aveuglement, que d’avoir honte de notre Seigneur et Créateur, que d’avoir honte de Sa Croix pure et donatrice de vie, de cette Croix par laquelle nous sommes sauvés et sur laquelle notre Rédempteur versa Son très précieux sang?
Imprégnons-nous de cet édifiant commentaire à propos de la puissance de la Croix : lorsque nous traçons sur nous-mêmes le signe de croix, alors cette Croix du Sauveur crucifié pend entre nous et notre Père Céleste, alors ce n’est plus notre front honteux marqué de l’infamie du péché, qui est offert au divin regard du Très Haut, c’est le chef de l’Homme-Dieu, couronné d’épines, ce n’est plus notre cœur perfide empli de toutes sortes de souillures, mais le côté transpercé de notre Rédempteur, ce ne sont plus nos bassesses coupables de permanentes infractions, ce sont les très saintes mains de notre Très Juste et Très Saint Seigneur Jésus Christ, clouées à la Croix. Armés de la croix, les martyrs allaient vers les supplices les plus effroyables de tous les temps, les endurant comme s’ils étaient dans un autre corps, avec un enthousiasme jubilatoire.
L’un des plus anciens écrivains de l’Église des premiers temps témoigne de ce que les Chrétiens de cette époque, observant en cela la tradition apostolique, se protégeaient au moyen du signe de croix avant d’entamer toute activité, toute forme de déplacement : avant d’entrer quelque part, avant de s’habiller, avant de se chausser, de se laver, avant de manger, à la fin du repas, avant d’allumer le feu, avant de se coucher et de s’asseoir, avant toute activité. (A suivre)
Traduit du russe
Source 1, 2.