Geronda Seraphim (Dimopoulos). 2

Agionoros.ru a mis en ligne une série de textes concernant des ascètes contemporains. Plusieurs de ces textes concernent Geronda Seraphim (Dimopoulos), dont une biographie fut publiée en 2011 : «Père Seraphim Dimopoulos (1937-2008). Un ascète dans le monde contemporain» («Πατήρ Σεραφείμ Δημόπουλος (1937-2008) Ένας ασκητής στον συγχρονό κόσμο». Les textes publiés par Agionoros.ru ne sont pas extraits de ce livre, mais ont plutôt pour objet d’apporter un éclairage complémentaire. La première partie se trouve ici.

Peu nombreux furent ceux qui eurent la possibilité de constater dans quel dénuement Geronda vivait. Dans sa chambre se trouvait un frigo endommagé, sur lequel était posé un petit réchaud au gaz et deux caisses en bois : voilà toute la richesse de son «mobilier». Un jour, la tranquillité de Geronda fut perturbée. A proximité de sa retraite isolée, on ouvrit un centre de divertissements. La musique hurlait toute la nuit, les moteurs des véhicules vrombissaient, les cris retentissaient. Geronda Seraphim ne pouvait plus prier, ni dormir. Il se réfugiait dans un réduit et tentait malgré tout de se reposer un peu, assis sur un banc étroit. «A cause d’eux, je ne parvenais plus à dormir. Mais cela ne se prolongea guère. Le centre ferma rapidement». Le night club cessa effectivement d’exister. Lire la Suite

Taras Sidash. L’Antiquité hellénique, Source spirituelle de la Russie.

Taras SidashTaras Sidash, naquit en 1972, il vit à Saint Saint-Pétersbourg. Diplômé de l’Institut de Philosophie et de Théologie de Saint-Pétersbourg, il est traducteur du grec ancien, écrivain, poète et philosophe. Une partie de ses écrits viennent récemment d’être publiés, en deux fascinants volumes de plus de mille pages chacun. Orthodoxe, il fait partie depuis 2009 des Vieux-Croyants Unis (единоверие) au sein de l’Église Orthodoxe Russe. Dans le court texte ci-dessous, mis en ligne en 2016 sur sa page Vkontakte, Taras Sidash affirme l’existence d’un lien historique philosophique entre monde hellénique et monde slave. C’est précisément cette thèse qu’il développe dans les deux ouvrages précités, qui peuvent être commandés sur le site de la maison d’édition qu’il a lui-même créée.

 Jamais l’Antiquité hellénique ne se réduisit pour moi à un intérêt purement académique (c’est-à-dire à un moyen de gagner ma vie et me faire un nom à l’université). A mes yeux, jamais elle ne se limita à un intérêt strictement esthétique (une sorte de narcotique qui vous permettrait d’oublier le présent).
Je me suis toujours occupé de l’Antiquité hellénique en la considérant comme mon propre passé, convaincu de ce que la source spirituelle, de notre mentalité de Slaves, ou du moins de Russes, nous devons la rechercher et en remonter la trace jusqu’à l’État achéen créto-mycénien.
L’Antiquité hellénique est notre maison. Celui qui la voit pour la première fois, en lisant, disons, Eschyle ou Platon, la voit de très loin, comme un temple perché en haut d’une montagne. Les esthètes se satisfont de ce genre de vision. Pour ma part, j’ai toujours souhaité pouvoir me trouver en elle et ne pas seulement la regarder de loin.
Et pour nous le seul chemin qui conduit à elle, c’est le chemin de l’histoire de Russie, dans la portion la plus spirituelle et la plus hellénisée de son histoire : la période de l’État ecclésiastique russe qu’on appelle aujourd’hui, en modernisant monstrueusement le concept, l’Église russe du Moyen-âge. Admettons que lors de descentes dans l’un ou l’autre profond défilé, on n’aperçoive plus ses blanches colonnes, mais le moment vient où elle se fait proche. Il n’existe pas d’autre voie. Les Romains, en leur temps, comprirent cela parfaitement ; ils passèrent par l’Antiquité hellénique pour créer, à travers leur filtre, leur style profondément original.
Les Romains eux-mêmes ne peuvent être la voie. Considérer qu’ils le sont, comme le firent les humanistes italiens ou encore Nietzsche, c’est une profonde erreur, même si les Romains furent sans aucun doute un exemple paradigmatique de la mise en œuvre d’une telle démarche.
Traduit du russe
Source

Geronda Seraphim (Dimopoulos). 1

Agionoros.ru a mis en ligne une série de textes concernant des ascètes contemporains. Plusieurs de ces textes concernent Geronda Seraphim (Dimopoulos), dont une biographie fut publiée en 2011 : «Père Seraphim Dimopoulos (1937-2008). Un ascète dans le monde contemporain» («Πατήρ Σεραφείμ Δημόπουλος (1937-2008) Ένας ασκητής στον συγχρονό κόσμο». Les textes publiés par Agionoros.ru ne sont pas extraits de ce livre, mais ont plutôt pour objet d’apporter un éclairage complémentaire.

Éléments de biographie.
Père Seraphim Dimopoulos naquit en 1937, en la ville d’Héraklion, sur l’île de Crète. Lors de son baptême, on le nomma Christos. Il fut le deuxième enfant de la famille nombreuse de ses parents Constantin et Irène ; ils eurent sept fils. La famille Dimopoulos était originaire d’Asie Mineure. Le saint Métropolite Chrysostome de Smyrne, mort en martyr, livré le 10 septembre 1922 par le Pacha Nourredine à la vindicte de la foule hystérique, était membre de la famille Dimopoulos. Les enfants de Constantin et Irène reçurent une éducation orthodoxe. Dès son plus jeune âge, Christos manifesta un amour particulier pour l’Église et la vie ascétique. Très tôt, il demanda à ses parents de lui octroyer une chambre qui lui serait propre. La mère accepta de le séparer de ses frères, mais résolut de dormir dans la même chambre que lui jusqu’à ce qu’il ait grandi. C’est alors que la Panagia apparut en songe à Irène et lui dit : «Ne l’empêche pas de mener la lutte ascétique». Le garçon fut dès lors autorisé à dormir seul dans sa chambre, recevant ainsi la possibilité de prier pendant la nuit. Lire la Suite

Romanité ou Barbarie? Les Noms de la Nation.

Romiosini i Varvarotita«Romanité ou barbarie? L’Origine historique du conflit séculaire entre Hellénisme et Occident», est un ouvrage écrit par Anastasios Philippidès et publié en 1994 sous le titre «Ρωμηοσύνη ή βαρβαρότητα». Outre l’originalité et la pertinence de son analyse historique, dans la lignée des enseignements du P. Jean Romanides et du Métropolite Hiérotheos de Naupacte, il constitue un éclairage extrêmement intéressant de la situation de crise qui se déploie en Grèce depuis quelques années. Il semble que le livre précité n’ait pas été traduit en français à ce jour. La traduction du prologue du livre, rédigé par le Métropolite Hiérotheos et de l’introduction de l’ouvrage se trouvent ici. Pour la cohérence avec le propos de l’auteur nous avons traduit le grec Ελλάδα et Έλληνες non par Grèce et Grecs, mais par Hellade et Hellènes (la version anglaise du livre ayant retenu Hellas et Hellenes). Le texte ci-dessous, celui du premier chapitre du livre, concerne justement l’histoire, conflictuelle, de la distinction entre les deux appellations. La traduction du prologue du livre (rédigé par Monseigneur Hierotheos de Naupacte) est accessible ici.

Les deux courants du XIXe siècle
Nous entamerons notre étude par une clarification des termes ‘Hellènes » et ‘Romains’ au sujet desquels existe un énorme débat. Les Hellènes de 1994 pourraient être surpris en découvrant que jusqu’au début du XXe siècle se déroula un grand conflit idéologique à propos du recours à l’un ou l’autre de ces termes en tant qu’appellation nationale. Ce conflit reflétait le conflit général entre deux courants idéologiques dans notre pays, qui avait débuté au XVIIIe siècle, et dont les racines pouvaient toutefois être tracées jusqu’à de nombreux siècles auparavant. Lire la Suite

Métropolite Nikolaos : Dans la Kaliva de Geronda Païssios

Dans trois jours, le 12 juillet, l’Église célèbre la mémoire de Saint Païssios l’Athonite. Le Métropolite Nikolaos (Hadjinikolaou) de Mésogée et de Lauréotique est l’une des personnalités marquantes de l’Église de Grèce. Diplômé de la faculté de physique de l’Université de Thessalonique, d’astrophysique à Harvard et d’ingénierie mécanique à l’Institut de technologie du Massachusetts, il a étudié ensuite la théologie au Collège de la Sainte-Croix à Boston et à la faculté de théologie de Thessalonique. Tonsuré moine en 2003, il servit au metochion du monastère de Simonopetra pendant quinze ans. Devenu métropolite du diocèse de Mésogée, il est membre du comité de bioéthique auprès du Saint-Synode de l’Église de Grèce. Le texte ci-dessous est un extrait du livre de Despotis Nikolaos, intitulé «La Sainte Montagne, Point le plus élevé de la terre» (traduit et publié en 2016 en russe – «Святая Гора – высочайшая точка Земли» – par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou. Ce livre est le journal des visites que rendit l’auteur au Mont Athos depuis les années ’70 du siècle dernier jusqu’à nos jours) et mis en ligne sur le site Pravoslavie.ru le 12 juillet 2016.

Vendredi, 13 août. Deux jours avant la fête de la Dormition. Je me suis éveillé à six heures, ce matin. Le temps a été lourd aujourd’hui, nuageux, chaud, étouffant. Le petit déjeuner fut riche, et généreux : thé, café, confiture, miel, cerises au sirop. Tout respirait une sincère hospitalité. Tout ce que possédaient ces hommes, ils l’avaient disposé devant nous : tout ce qui se trouvait dans leurs armoires et tout ce qu’il y avait de précieux dans leur cœur. Nous demandâmes la bénédiction du Père Chrysostome et vers 9h30, nous nous mîmes en chemin, emmenant le souvenir béni de son hospitalité digne de celle d’Abraham. J’étais agité par l’émotion, mais mon âme ne trouvait pas ce qu’elle cherchait. J’avais soif de quelque chose d’autre. Lire la Suite

Hiéromoine Arsène l’Athonite. La Prière 7 (Don de Dieu et Feu Divin)

ieromonah-arseniiLe hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé «Philocalie Athonite sur le Silence et la Prière» (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici. Les premiers extraits se trouvent ici).

La prédisposition à la prière est un don de Dieu. Mais en fonction du degré de pureté et d’ouverture de leur cœur, certains ressentiront rapidement la présence d’un tel don, et leur prière devient alors consolation et douceur indicibles. D’autres devront œuvrer longtemps avant de parvenir à éveiller en eux ce sentiment bienfaisant. La variété qu’adopte en cette matière la mise en œuvre de la Grâce nous fait venir à l’esprit la sagesse de l’économie divine. Si un don nous vient sans labeur aucun, nous ne lui accorderons que peu de valeur, et nous le perdrons facilement, alors que ce que nous conquérons par nos efforts, nous le préservons tel un précieux trésor. Lire la Suite