Taras SidashTaras Sidash, naquit en 1972, il vit à Saint Saint-Pétersbourg. Diplômé de l’Institut de Philosophie et de Théologie de Saint-Pétersbourg, il est traducteur du grec ancien, écrivain, poète et philosophe. Une partie de ses écrits viennent récemment d’être publiés, en deux fascinants volumes de plus de mille pages chacun. Orthodoxe, il fait partie depuis 2009 des Vieux-Croyants Unis (единоверие) au sein de l’Église Orthodoxe Russe. Dans le court texte ci-dessous, mis en ligne en 2016 sur sa page Vkontakte, Taras Sidash affirme l’existence d’un lien historique philosophique entre monde hellénique et monde slave. C’est précisément cette thèse qu’il développe dans les deux ouvrages précités, qui peuvent être commandés sur le site de la maison d’édition qu’il a lui-même créée.

 Jamais l’Antiquité hellénique ne se réduisit pour moi à un intérêt purement académique (c’est-à-dire à un moyen de gagner ma vie et me faire un nom à l’université). A mes yeux, jamais elle ne se limita à un intérêt strictement esthétique (une sorte de narcotique qui vous permettrait d’oublier le présent).
Je me suis toujours occupé de l’Antiquité hellénique en la considérant comme mon propre passé, convaincu de ce que la source spirituelle, de notre mentalité de Slaves, ou du moins de Russes, nous devons la rechercher et en remonter la trace jusqu’à l’État achéen créto-mycénien.
L’Antiquité hellénique est notre maison. Celui qui la voit pour la première fois, en lisant, disons, Eschyle ou Platon, la voit de très loin, comme un temple perché en haut d’une montagne. Les esthètes se satisfont de ce genre de vision. Pour ma part, j’ai toujours souhaité pouvoir me trouver en elle et ne pas seulement la regarder de loin.
Et pour nous le seul chemin qui conduit à elle, c’est le chemin de l’histoire de Russie, dans la portion la plus spirituelle et la plus hellénisée de son histoire : la période de l’État ecclésiastique russe qu’on appelle aujourd’hui, en modernisant monstrueusement le concept, l’Église russe du Moyen-âge. Admettons que lors de descentes dans l’un ou l’autre profond défilé, on n’aperçoive plus ses blanches colonnes, mais le moment vient où elle se fait proche. Il n’existe pas d’autre voie. Les Romains, en leur temps, comprirent cela parfaitement ; ils passèrent par l’Antiquité hellénique pour créer, à travers leur filtre, leur style profondément original.
Les Romains eux-mêmes ne peuvent être la voie. Considérer qu’ils le sont, comme le firent les humanistes italiens ou encore Nietzsche, c’est une profonde erreur, même si les Romains furent sans aucun doute un exemple paradigmatique de la mise en œuvre d’une telle démarche.
Traduit du russe
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