Agionoros.rua mis en ligne une série de textes concernant des ascètes contemporains. Plusieurs de ces textes concernent Geronda Seraphim (Dimopoulos), dont une biographie fut publiée en 2011 : «Père Seraphim Dimopoulos (1937-2008). Un ascète dans le monde contemporain» («Πατήρ Σεραφείμ Δημόπουλος (1937-2008) Ένας ασκητής στον συγχρονό κόσμο»). Les textes publiés par Agionoros.ru ne sont pas extraits de ce livre, mais ont plutôt pour objet d’apporter un éclairage complémentaire. Voici la cinquième partie de la série. Les premières parties se trouvent ici.

Le Général Evsthatios Diamantopoulos se souvient : «Habité par le repentir, je m’étais employé à rechercher un bon père spirituel à la foi profonde. En 2005, je me suis rendu à la Skite Nouvelle, sur la Sainte Montagne. C’est là qu’un geronda me parla du Père Seraphim, un geronda qui vivait à proximité de ma ville natale, doué de nombreuses vertus et de dons spirituels exceptionnels. Un beau matin, je partis donc à la recherche de Geronda Seraphim. Lorsque j’aperçus sa petite maison, je vis que huit personnes faisaient déjà la file pour rencontrer Geronda.
Au bout d’un long moment, Geronda sortit et se dirigea vers nous. Il dispersa immédiatement tous les autres et me fit signe de rester. Il m’indiqua une chaise qui avait l’air de sortir de terre, au milieu des herbes folles. Geronda portait un rason et un épitrachilion usagés, il s’était assis à côté de moi et je commençai à confesser mes péchés ; des ruisseaux de larmes s’écoulèrent de mes yeux. Geronda Seraphim s’était couvert le visage avec les mains et ne me regardait pas dans les yeux. Lorsque j’eus terminé, Geronda Seraphim me donna des conseils importants et des instructions spirituelles. Se faisant, il m’appela plusieurs fois par mon nom, alors que nous ne nous étions jamais rencontrés. Après cette rencontre avec Geronda, je me sentis littéralement pousser des ailes. C’était comme si je grandissais dans une nouvelle vie, le cœur plein d’espoir, de courage et de la décision de lutter».
D’habitude, Geronda Seraphim accueillait les visiteurs en soirée. Il sortait s’asseoir sur une chaise en plastique devant sa demeure, le long komboschini de trois cents nœuds à la main, le visage tourné vers l’Est. Il parlait peu, mais ses propos étaient édifiants. Parfois, il ne répondait pas immédiatement aux questions ; on voyait que ses lèvres murmuraient la prière permanente. Il lui arrivait de dire : «Si je n’ai rien à dire (Si Dieu ne me donne pas d’indications), je me tais. Je ne veux pas jouer au professeur. Nous avons un seul maître, notre Seigneur Jésus Christ». Geronda Seraphim faisait partie de ces rares pères spirituels capables de répondre à une question en disant : «Je ne sais pas». La stagnation spirituelle de certains le perturbait grandement : «Ils viennent se confesser et disent chaque fois la même chose. Ils ne font aucun progrès spirituel».
Geronda demandait sans cesse à ceux qui venaient se confier à lui de ne pas parler de lui à des tiers.
– Geronda, pouvons-nous proposer à nos amis de venir vous voir ?
– Non, il existe suffisamment de confesseurs dans les environs. Qu’ils aillent voir l’un d’eux. Et ne racontez rien me concernant.
Geronda Seraphim consacrait la plus grande partie de son temps à la prière et à la confession. A la fin de sa vie, on parlait de Geronda partout ; de tous les coins de Grèce, les gens venaient à lui. Certains venaient même de pays voisins. Une file impressionnante de voitures étaient garées devant sa petite maison. Des gens de toutes les tranches d’âge voulaient le rencontrer. Geronda Seraphim se résolut alors à accepter de recevoir seulement ceux qui avaient réellement besoin de son aide spirituelle. Mais de nombreux visiteurs importuns persistaient à vouloir lui parler et ils ne le laissaient pas même en paix la nuit. Parfois, Geronda allait chercher refuge au jardin d’enfants «Les Jeunes Hirondelles» ; il s’y reposait, lisait, priait.

Instructions
Geronda disait :
L’homme a placé tout son espoir dans la science et les techniques et le voici maintenant devenu totalement dépendant d’elles.
La société a, de façon irresponsable, permis le délabrement du système d’enseignement et la jeunesse se trouve désemparée.
A la question : «Comment aidez-vous ceux qui sont spirituellement malades?», Geronda répondait : «Je leur dit de communier plus souvent. Le Corps et le Sang du Christ transfigurent l’homme jusqu’à la racine. L’âme et le corps renaissent. Le caractère et le psychisme changent. Les cellules elles-mêmes reçoivent une nouvelle impulsion vitale. J’ai vu de nombreux cas de malades spirituels qui reçurent l’aide de la Sainte Communion».
Un prêtre de ses connaissances demanda à Geronda Seraphim s’il fallait lire sur les possédés les prières d’exorcisme. Et Geronda répondit : «Oui, lisez-les, mais aussi, confessez-les régulièrement et donnez-leur régulièrement les Saints Dons».
Quelqu’un demanda à Geronda Seraphim : «Comment voir Dieu? Et à quoi ressemble-t-Il?». Et il répondit : «Je te le dis afin que tu saches : Tout comme les poissons de la mer ne peuvent pas s’imaginer à quoi ressemble l’homme, ni toi, ni moi ne sommes capables d’imaginer l’aspect de Dieu. Cela est inaccessible à notre esprit».
A des parents dont les enfants souffraient de lourdes maladies, Geronda disait : «Sachez qu’avec cette épreuve, Dieu leur prépare une immense récompense dans la vie future».
Un jour, Geronda Seraphim dit à un visiteur : «Tu ne sais pas prier. Viens ici, je vais t’apprendre. Tu dois répéter très souvent, surtout le matin et le soir, les paroles de l’Archange Gabriel «Réjouis-Toi, Vierge, Mère de Dieu…», et efforce-toi de répéter sans cesse la Prière de Jésus. Pour ce qui est des offices, je les lis, je ne les chante pas ; le chant dissipe l’esprit. Et fais autant de grandes prosternations que ta santé te le permet; au plus tu en fais, au mieux ce sera». A ceux qui souhaitaient apprendre la Prière de Jésus, Geronda conseillait la lecture des lettres de Saint Ignace Briantchaninov.
Le Père Pavlos Tsouknidas racontait : «Un matin, je trouvai Geronda Seraphim seul à la maison. Il m’invita à entrer et nous discutâmes de divers sujets spirituels. Quand notre conversation aborda le thème de la prière, Geronda me demanda de lui montrer comment je priais. Je me mis à genoux et je commençai à dire la Prière de Jésus, la prière à la Panagia et la prière aux saints. Au bout de quinze minutes, Geronda m’interrompit et me dit : «Arrête, lève-toi. Écoute-moi, Père ; ne sois pas tendu pendant la prière. Sois détendu et très concentré, afin que Dieu t’entende. Prie naturellement et calmement. Il est important d’observer l’ordre prescrit pour les prières, mais l’essentiel est de maintenir son attention sur le sens de la prière. A la Sainte Montagne, on respecte scrupuleusement le typikon, mais tout en maintenant la concentration sur le contenu de la prière ; rien n’est lu de façon formelle». A maintes reprises, Geronda Seraphim m’expliqua avec beaucoup d’amour comment organiser ma prière personnelle, comment prononcer la conclusion des ecténies et prières pendant la liturgie. Il conseillait de ne jamais se presser et de demeurer concentré sur les mots de la prière. Il m’expliqua aussi comment dire les homélies». (A suivre)
Traduit du russe
Source