Le Portail Pravoslavie.ru a publié le 5 février 2017 la version russe du texte du Métropolite Athanasios de Limassol dont l’adaptation française est proposée ci-dessous. Le Métropolite Athanasios développe particulièrement le rôle de l’évêque, en se fondant sur sa riche expérience, et insiste sur la nécessité de prier pour tous nos pasteurs.
Pendant la Divine Liturgie, alors que le chœur chante «Il est digne en vérité…», le prêtre lit une prière qui dit «Nous T’en prions encore : Souviens-Toi Seigneur, de tous les évêques orthodoxes qui dispensent fidèlement la parole de Ta vérité ; de tous les prêtres, les diacres dans le Christ, de tout le clergé et de tout l’ordre monastique». L’Église du christ n’est pas un vague concept, mais un corps concret, un ensemble de gens qui croient en Christ, en accord avec les règles, et qui sont unis par les Saints Mystères. L’Église dépasse les différences ethniques et phylétiques. Pour elle, la nationalité de l’homme, grecque, russe, bulgare, roumaine, géorgienne, turque ou israélienne ne signifie rien. Qui qu’il fût, dès le moment où il a été baptisé au nom de la Sainte Trinité, il est devenu membre de l’Église du Christ, Sainte, Catholique et Apostolique. Nous sommes tous membres de l’Église et frères en Christ. Cela ne signifie toutefois évidemment pas que nous mépriserions ou rejetterions notre patrie. Tous, nous aimons notre pays, nous éprouvons de l’amour pour lui, mais c’est d’abord vers le Christ que nous dirigeons notre amour qu’a fait naître l’unité de foi, la relation à l’Esprit Saint et la participation au Mystère de l’Eucharistie, la communion à une seule Coupe. Nous pouvons célébrer la Divine Liturgie avec des Russes, des Bulgares, des Monténégrins, des Blancs, des Jaunes, des Européens, des Asiatiques, avec quiconque, car, de façon émouvante, nous, Chrétiens Orthodoxes, sommes unis par la Coupe commune de la Sainte Eucharistie. Elle nous unit et nous rend frères. Nous prions pour tous les évêques de l’Église. Le christ est la Tête de l’Église et l’évêque est le lien visible de celle-ci avec chaque Église Locale. Les évêques, avec les prêtres, les diacres et tout le peuple, les laïcs, nous formons le Corps de l’Église.
L’Église prie pour les évêques. Pourquoi? Car ils doivent dispenser correctement les enseignements du Christ et la vérité évangélique. Enseigner la vérité de l’Église est pour eux un devoir. «Et si l’évêque ne le fait pas, si sa parole n’est pas vérité, que devons-nous faire?», demanderez-vous. Si l’évêque ne le fait pas, alors, l’Église et les évêques doivent dénoncer l’évêque qui s’écarte de la vérité de la foi et, au moyen de procédures adéquates, lui rappeler la vérité évangélique, car il nous arrive à tous de commettre des erreurs et il n’est aucunement étrange de dire alors : «Ceci n’est pas juste». Qui parmi nous peut se vanter de ce que tout ce qu’il dit soit juste? Il est possible que certains de nos propos soient erronés ; il n’y a là rien d’étrange, c’est plutôt naturel pour l’homme. Et lorsqu’on te montre ton erreur, et qu’on t’explique que ce que tu as dit s’avère faux, qu’on te le prouve par l’autorité des propos des Saints Pères, des décisions des Conciles et des enseignements de l’Église, il est pernicieux de ta part de ne pas admettre ton erreur. Cela devient un problème. L’Église est obligée de protéger le peuple de Dieu. Comment le fait-elle? Les évêques se réunissent et par voie canonique ils appellent l’évêque qui s’est égaré à venir à résipiscence. S’il refuse de revenir à la vérité évangélique, on peut aller jusqu’à l’exclure de l’Église. Certains patriarches devinrent hérétiques et enseignèrent leurs hérésies au peuple de Dieu. Après que l’Église les eût exhortés à cesser leur entêtement, et malgré qu’il s’agisse de patriarches, l’Église les excommunia. Elle leur avait montré leurs erreurs, leurs fautes, leurs hérésies, mais ils confirmèrent leur choix. Il ne serait pas juste que nous, de notre initiative, anticipions la décision de l’Église et disions : «Ce qu’il a dit est erroné ; c’est un hérétique, il est coupable!». Qui sommes-nous? Imaginerions-nous que nous savons tout, que nous pouvons décider par nous-mêmes et chasser autrui du sein de l’Église. Celle-ci a instauré une méthode, et à l’aide des saintes règles et de l’enseignement des Saints Apôtres, elle peut mettre ces choses en œuvre. L’Esprit Saint dirige l’Église, et il serait incorrect de se hâter à faire des déclarations, adopter des décisions et prononcer des jugements, car d’habitude ce type de démarche aboutit à la catastrophe spirituelle de celui qui s’y livre.

Le futur Métropolite Athanasios à la Sainte Montagne, avec Saint Païssios et Geronda Joseph de Vatopedi

Prions pour les évêques. Pourquoi devrions-nous prier pour eux ? Parce que nos évêques se trouvent en première ligne. Lorsque je me trouve parmi des moines, dans les communautés monastiques, ou à la Sainte Montagne, souvent les pères me demande de leur raconter l’un ou l’autre fragment de mon expérience. Ils me disent : «Tu as vécu plusieurs années sur l’Athos, tu es parti à Chypre où tu devins higoumène, et ensuite évêque et tu vis parmi beaucoup de monde, que penses-tu de la différence entre l’époque de ton séjour ici, et celle d’aujourd’hui, là-bas à Chypre?». Et je leur parle toujours de ce que je vis et vois quotidiennement. Lorsque j’étais novice sur la Sainte Montagne, je m’efforçais d’obéir à mon geronda, dans les limites de mes forces, j’essayais d’être un bon novice. C’est alors que j’ai appris comment le diable mène la guerre contre les novices, les moines. Le temps a passé et obéissant à l’ordre de mon geronda, et il s’agissait d’un ordre, pas seulement d’une bénédiction, car je ne voulais pas cela, je suis parti à Chypre et je suis devenu higoumène. Devenu higoumène, dirigeant, j’ai pris soin des autres moines. Et j’appris comment le diable mène la guerre contre un higoumène, je compris, pour la première fois, dans quelle situation se trouve un higoumène, comment il doit se battre, car le diable ne fait pas seulement la guerre aux novices, il la fait aussi aux anciens. Voici un exemple simple que l’on peut vivre dans une famille. Satan lutte contre les enfants ; il s’applique tout particulièrement à dresser les adolescents contre leurs parents, à ce qu’ils les chagrinent, leur parlent de façon vulgaire, méchante. Cela porte préjudice, sans aucun doute, à l’âme des enfants, mais pas à Dieu. Et pendant la puberté, les enfants sont nerveux, irrévérencieux, et ils font cela sans réfléchir. Tous le font, qui ne l’a pas fait ? Nous ouvrons la bouche et nous faisons avaler à nos parents une potion bien amère. Mais le diable fait aussi la guerre aux parents et les incite à réprimander leurs enfants, fulminer contre eux, leur asséner des propos déplaisants. Cela aussi, ce n’est pas juste. Tout comme les enfants doivent respecter leurs parents, ceux-ci doivent demeurer vigilants et ne pas se mettre en colère, et surtout ne pas prononcer de gros mots à l’adresse de leurs enfants. Tout de même, me direz-vous, les parents doivent pouvoir répondre à leurs enfants, qui peut-être ne s’imaginent pas avoir fait quelque chose de mal ou inapproprié. Un parent n’éprouve pas de mauvais sentiments envers son enfant, mais même en l’absence de mauvais sentiment, dans sa colère et ses tensions, il doit s’efforcer de lui apprendre à mesurer ses paroles, prier Dieu et ne pas proférer de grossièreté. Quand le geronda voit par exemple un moine qui n’accomplit pas son obédience, qui ne se soumet pas, qui ne remplit pas ses obligations monastiques, le diable déclare la guerre au geronda et le pousse à réprimander le moine : «Mais regarde donc ce qu’il est en train de faire! C’est l’heure de la prière et au lieu de prier, il reste assis dans la cour, à bavarder, rire et faire d’autres choses sans en avoir reçu la bénédiction». A ce moment-là, toi, l’homme, tu dois te battre contre le diable… C’est ainsi que j’ai vu comment le diable mène la guerre contre l’higoumène.
Et quand je suis devenu évêque, j’ai vu comment le diable mène la guerre contre les évêques, et j’ai compris que c’est contre eux qu’il mène la plus grande guerre. Pourquoi donc le diable combat-il les évêques avec un tel acharnement? Parce que la place occupée par l’évêque dans l’Église est semblable à celle du général en temps de guerre. Je ne suis pas familier avec les grades militaires, mais, qui est habilité à donner les ordres les plus importants? Le général. Si l’ennemi élimine le général, il lui sera facile de défaire l’armée. Mais tant que le général accomplit sa mission et commande les soldats, sur le front où à l’État-major, il remplit sa fonction nécessaire et tout est coordonné.
Combien de fois n’ai-je pas expliqué aux moines que rien de ce que nous entreprenions dans notre ville ne se déroulait sans anicroche. Nous commençâmes la construction d’une chapelle, et soudain mille problèmes surgirent. Tout le monde se liguait contre nous : la mairie, diverses associations, les autorités du nome, etc. Pour arriver à nos fins et simplement obtenir le permis de bâtir la chapelle, nous dûmes nous battre entre dix et quinze ans. Nous envoyions des documents. Ils nous étaient retournés. Nous devions les envoyer à nouveau, et ils nous les renvoyaient. On paya pour les documents, et pendant un an et demi nous ne reçûmes aucune nouvelle. Où ces documents avaient-ils abouti? Dans le tiroir du bureau de l’un ou l’autre employé. Pourquoi? Parce qu’il le voulait ainsi!
Je vais vous raconter les péripéties rencontrées lors de la construction d’une autre église, sans vous donner le nom de celle-ci, car les gens concernés vivent encore. Ils ont lutté onze ans pour obtenir l’autorisation de bâtir. Par contre, quand il s’agit de construire un cinéma ou n’importe quelle stupidité, tout est bouclé en six mois. Pour cette église, la pose de chaque brique se heurtait à des difficultés. Les travaux commencèrent ; les machines tombèrent en panne. Les travaux reprenaient ; des instruments de mesure se brisèrent. Mille problèmes surgissaient. Une guerre impitoyable. On entreprend de publier un petit livre. Il faut l’imprimer dix fois, et dix fois on y trouve des erreurs. Très peu d’entreprises aboutissent avec facilité. Mais tout finit par s’arranger. La vérité consiste en ce qui aboutit, mais notre âme en est toute retournée. Même quand on accomplit des choses toutes simples, dans l’Église, on est confronté à des difficultés, comme s’il fallait repousser un mur millimètre après millimètre. Mais malgré tout, il avance. Tout cela j’en ai fait l’expérience pendant mes quinze années de sacerdoce en qualité de Métropolite.
Chaque jour, nous sommes confrontés à mille et une choses, des plus extraordinaires aux plus terribles. Les gens viennent me dire : «Un tel a dit ceci! Un autre a fait cela! Celui-là a été là! Celui-ci est venu ici! Il m’a traité de ceci et de cela!». J’entends des dizaines d’interprétations de mes propres paroles et de mes actes. Quand on est inexpérimenté, ces situations sont perturbantes, mais à la longue on s’y fait. Mais tout cela est un grand combat. C’est pour cette raison que nous devons prier pour nos évêques. Il arrive que l’évêque soit amené à prendre des décisions qui ne plaisent pas à tous ; d’aucuns en seront contrariés, d’autres, attristés et d’autres encore, fâchés, et tous blâmeront l’évêque. Voilà pourquoi nous avons tous besoin de l’aide de Dieu ; il est indispensable que tous les évêques de l’Église reçoivent l’aide de Dieu. Tous ceux qui font partie des ordres de prêtres, de diacres, de moines  sont les pasteurs du peuple. L’évêque est un pasteur, mais il en est de même de tous les prêtres qui servent dans les paroisses et luttent chaque jour.
Un jour j’ai dit à un politicien : Vous êtes incapables d’évaluer ce que réalise l’Église. Allez donc à une distribution de repas et de sandwiches gratuits organisée par l’Église. Vous pensez que nous n’avons que cela à faire? Quand vous vous promenez le soir, entrez dans toutes les églises et voyez combien de prêtres y restent quasi toute la nuit à confesser. Que font-ils? De la broderie? Ils jouent au tric trac ? Non, ils écoutent les gens chargés de souffrances, les gens qui ont des problèmes avec leurs enfants, ou dans leur mariage, ou au travail, ou des problèmes de santé, mille problèmes ; et le prêtre passe des heures avec eux. Combien de fois ne sortons-nous pas de l’église à minuit? Et quand c’est à minuit, tout va bien, mais c’est plus souvent à deux, trois heures du matin. Des heures interminables, enfermés dans les confessions. Et qui écoutons-nous? Les gens. Qu’est-ce qui nous y oblige? L’Évangile. Rien d’autre ne nous y oblige. Tous ces gens qui viennent, le fait que nous les écoutions, même quand vient une seule personne et que nous l’écoutons, ne s’agit-il pas d’un énorme travail social? Un homme arrive et vous dit : «Je vous remercie de m’avoir écouté!». Et après cela, il s’assied et reste une, deux, trois ou quatre heures. Alors que moi, je voudrais me lever au bout de cinq minutes, aller boire un verre d’eau, aller aux toilettes, allonger les jambes serait-ce cinq minutes, mais je me dis : il ne faut pas montrer que je suis fatigué, que j’ai une crampe à la jambe, et je ne dois pas bailler. Je ne dois rien lui montrer de tout cela. Il faut rester assis et écouter. Pendant des heures. Car si on vient à dire à quelqu’un : «Tu sais, je suis fatigué, peux-tu revenir une autre fois?», il répondra «Non merci, j’ai terminé!». Et il partira. Ou alors faut-il agir comme les psychologues et regarder la montre et dire «Les quarante cinq minutes se sont écoulées, ça fait 50 euros. Si tu souhaites rester quarante cinq minutes supplémentaires, cela fera 50 euros de plus. Mais je peux te faire une remise ; tu ne me dois que 30 euros!». Nous n’agissons pas de la sorte, et dès lors le fait d’écouter les gens des heures durant est en réalité très important. De nos jours, quelqu’un qui écoute de façon désintéressée, compréhensive, avec amour, c’est très précieux. Dès lors, les gens en profitent et prennent leur temps. Imaginez combien de confesseurs compte l’Église. Comme je vous l’ai dit, promenez-vous tard le soir, et vous verrez luire les lampes à huile des confesseurs. Une nuit, alors que je confessais, il était une heure et demie et j’attendais encore deux ou trois personnes. Un autre confesseur m’appela par téléphone. Il souhaitait connaître mon opinion à propos d’un problème. Et il me dit :
– J’espère que je ne t’éveille pas?
– Père, je ne suis pas encore rentré à la maison ; j’en suis encore à confesser.
– Moi aussi, je suis en train de confesser et il y a une question que je souhaite te soumettre.
Et ce prêtre était marié. Moi, je suis moine ; personne ne m’attend donc à la maison. Je rentre dans ma cellule, je ferme la porte et je suis seul. Mais qu’en serait-il si j’étais marié, si à la maison, mon épouse et mes enfants m’attendaient? Qu’arriverait-il si je devais rester à l’église pour confesser les gens jusque minuit, une heure, deux heures du matin? Et combien de fois le prêtre ne se trouve-t-il lors des confessions face à des femmes ou des hommes dangereux? Tous les gens ne jouissent pas d’une bonne santé psychique. C’est déjà arrivé souvent. Quelqu’un entre, ferme la porte à clé et empoche la clé. Je me dis alors : «Cette fois, c’est fini!». Lors d’un de ces cas, il s’avança après avoir pris la clé et dit :
Enlève toutes les fiches des prises électriques!
– Mais pourquoi, qu’est-ce qui se passe? Je ne vais tout de même pas me mettre à quatre pattes pour trouver toutes les prises!
– Si, la télévision nous écoute à travers les prises!
Il était onze heures, le soir, et je me trouvais encore dans l’église, et voilà qu’il vient me raconter que la télévision nous écoutait à travers les prises électriques! Il est dangereux de se trouver avec quelqu’un seul dans une pièce, car on ne sait quand il ou elle partira, ce qu’il ou elle dira. Je pourrais raconter des dizaines d’histoires de saints et vertueux confesseurs qui furent salis et calomniés. Il arrive que les journaux parlent de moi. Ils écrivent souvent que je me livre à du lavage de cerveaux avec les jeunes et que je tente d’en faire des moines ou des moniales. Une femme vint un jour pour se confesser. Avant de commencer, elle me dit :
Père, j’aime le Christ et l’Église et je m’intéresse au monachisme. J’aimerais que vous me donniez un conseil.
«Dieu aime le voleur, mais aussi le maître de maison». Il faisait déjà sombre mais je n’avais pas encore allumé la lampe du confessionnal ; seul un cierge brûlait. Je vis qu’une petite lampe venait de s’allumer dans son sac! «Ahaaa, pensai-je, elle m’enregistre sur un magnétophone… Et bien écoute donc ce que je vais te dire!»
Tu veux dire que tu souhaites devenir moniale?
– Oui, Père! Je veux devenir moniale! Et j’aimerais savoir ce que vous en pensez.
– Ma fille, est-ce pour Dieu que tu aurais décidé de devenir moniale? Va donc et trouve-toi un gars et mariez-vous! Mariez-vous et fondez une famille, et si tu ne trouves personnes, viens me voir, je te dénicherai un bon jeune homme à épouser. Pourquoi donc voudrais-tu devenir moniale?
Elle me regardait… Et je lui dis encore :
Ma fille, commence par éteindre ton dictaphone!
– Mais…
– Regarde la petite lampe rouge dans ton sac.
Je lui montrai du doigt la lumière dans son sac. Il se fait qu’elle était journaliste et qu’elle venait me voir pour vérifier si j’allais essayer de l’embrigader dans le monachisme, etc. Qui sait, en fait, pourquoi elle fit cela. Je la houspillai gentiment et lui dis :
Ce n’est pas très bien, ce que tu as fait!
– Mais je ne voulais rien vous faire de mal. Je voulais seulement vérifier si ce qu’on dit de vous est juste.
Que donc espérait-elle entendre? Je suis moine, évêque, clerc. Que voulait-elle que je raconte aux gens? Quand on entre dans une pâtisserie, qu’espère-t-on y trouver? Des vélos? On y trouve des sucreries et des gâteaux. Si on se rend auprès d’un moine ou d’un prêtre, que va-t-il répondre si on lui dit : « Je veux devenir moine » ? Il ne va tout de même pas te convaincre de ne pas devenir moine…
Voilà pourquoi tous les Chrétiens doivent prier pour les évêques, les prêtres, les pasteurs de l’Église. Ils portent un énorme fardeau.
Nous, les clercs, où que nous allions, nous nous heurtons à une opposition. Certains nous aiment, d’autres nous haïssent, parce que nous sommes clercs, parce que quand ils nous regardent, nous pensons à Dieu. Mais nous avons choisi de revêtir l’habit monastique, et donc, si on nous dénigre et que l’on crache sur nous, cela ne constitue en rien un obstacle. Mais le prêtre qui a une épouse et des enfants? Le prêtre accompagne son épouse lorsqu’il s’agit de faire des achats, ou d’emmener leurs enfants quelque part, où tout le monde va, par exemple en promenade, ou dans un parc récréatif. Alors les gens se mettent à juger, à discuter, à ricaner, à montrer du doigt et à faire des grimaces. C’est la croix du prêtre. Et il  existe bien d’autres choses contre lesquelles doivent lutter les prêtres et les diacres.
Pour toutes ces raisons, il convient de prier pour les pasteurs de l’Église ; nous formons un seul troupeau. Et eux prient pour nous, pour le monde entier, lors de chaque liturgie, pour tous les besoins des gens. Parfois, d’aucuns arrivent et me disent : Père, s’il te plaît, je te demande de prier beaucoup pour mon petit enfant qui est malade! Non seulement, je dois aller lire les prières adéquates, mais je dois aussi faire preuve de compassion envers cet homme qu’un problème accable.
Un collègue-confesseur vient et me dit :
Je ne puis supporter de célébrer ces funérailles!
Et tu t’imagines que moi je puis le supporter? Célébrer chaque semaine les funérailles de ceux qui viennent à décéder ? Mais que puis-je y faire? Le cœur tout serré, j’y vais. Je ne serais donc pas un homme? Tout ce que je vois et ce que je vis ne me toucherait donc pas? Quand on célèbre les funérailles d’un jeune, on fait l’expérience de toute la tragédie qu’offre le tableau de cette vie. A tel point que la question finit par surgir : pourquoi donc faut-il que je vive tout cela… Mais c’est pourtant ma tâche, compatir avec mes frères et sœurs dans leur souffrance, et me réjouir dans leur joie. L’homme se marie ; le prêtre doit célébrer le Mystère du mariage, celui du Baptême. Que nous le voulions ou non, nous devons célébrer les Mystères du mariage et du Baptême, après quoi, nous rentrons à la maison où nous attendent des gens qui nous demandent de procéder pour eux à la bénédiction de l’eau, ou qui veulent nous faire part de leur problème…
Nous, les prêtres devons faire montre de compassion et prier pour le peuple de Dieu, et pour tout ce qui se déroule autour de nous, pour tous ceux qui sont les membres de l’Église. Mais les hommes et femmes, membres du peuple de l’Église, doivent eux-aussi prier pour leurs clercs, pour les évêques, les diacres, pour l’ordre des prêtres tout entier, et pour celui des moines…
L’ordre monastique est également une part de choix de l’Église du Christ. Ils sont peut-être hors du monde, mais ils participent à l’œuvre de l’Église, et leur service revêt une grande valeur pour le salut des hommes. On ne peut comprendre l’Église sans l’ordre des moines, fût-ce dans les dimensions extérieures de celui-ci, les missions, l’hésychasme, et ses autres aspects également. Mais la vie intérieure des moines est toujours pareille, indépendamment du lieu où le moine se trouve, au monastère, au désert, en mission, ou n’importe où ; l’essence de la vie monastique est toujours et partout ‘une’.
Voilà pourquoi vous devez prier pour tous les prêtres qui accomplissent l’œuvre du Christ, et prier pour le monde entier. Chacun d’entre nous, nous devons prier pour tous nos frères. Je suis très impressionné par le fait que beaucoup prient avec amour et compassion pour tous les prêtres de l’Église, sans que quiconque le leur ait demandé, simplement parce qu’ils ressentent le besoin non seulement de recevoir la bénédiction des pasteurs, mais aussi de prier pour eux afin que Dieu les protège.
Traduit du russe.
Source.