Le texte ci-dessous est extrait des pages du livre de Saint Jean de Kronstadt «Мысли христианина», «Pensées d’un chrétien», pages 203 à 207. Il constitue la première partie du chapitre V de ce livre, paru aux éditions Otchii Dom en 2014. Ce chapitre V est intitulé : «Le repentir». Ce livre de 384 pages est composé d’extraits du journal personnel de Saint Jean de Kronstadt. Le choix d’extraits fut effectué en Angleterre, dans la traduction anglaise de 1897 de «Ma Vie en Christ» et publié sous le titre «Pensées et instructions du Père Jean». Celui-ci ayant été informé de cette publication, il approuva le choix d’extraits de son journal et leur regroupement en chapitres et sous-chapitres tels que présentés dans le livre anglais. Et en 1903, la version russe de l’ouvrage fut publiée en Russie sous le titre «Pensées d’un chrétien».

«Seigneur mon Roi, donne-moi de voir mes transgressions!»
Prière de Saint Ephrem le Syrien
«Éprouve-moi, ô Dieu, et connais mon cœur, interroge-moi et connais mes sentiers. Et vois s’il y a en moi un chemin d’iniquité, et conduis-moi dans la voie éternelle» Ps.138:23,24

Depuis que pécha le premier homme, chaque homme est à ce point enténébré par le péché au centre même de son être (son cœur), que bien souvent ils n’ont pas conscience et ne sentent pas l’omniprésence de Dieu et pensent que quatre mur et un plafond les cachent de Celui Qui englobe tout, de Celui Qui voit celui qui se cache dans les recoins secrets. «Quelqu’un se tiendra-t-il dans un lieu caché, sans que je le voie? dit l’Éternel. Ne remplis-je pas, moi, les cieux et la terre? dit l’Éternel» (Jér.23,24), «Je suis nu, et je me suis caché» (Gen.3,10). Et bien non. Observez votre cœur toute votre vie, surveillez-le, écoutez-le. Qu’est-ce qui pourrait alors vous empêcher de l’unir à Dieu très bienheureux? Voilà la science des sciences. Et avec l’aide de Dieu, il vous est très facile de remarquer ce qui vous éloigne de Dieu et ce qui vous rapproche de Lui et vous unit à Lui. C’est le cœur lui-même qui indique ce qui unit à Dieu et ce qui repousse loin de Lui. Plus que tout, c’est le malin qui se tient entre notre cœur et Dieu ; il nous fait rejeter Dieu au moyen des différentes passions, ou la luxure physique, le désir qui naît par le regard, l’orgueil dans la vie. Testez-vous plus souvent : vers quoi se dirigent les yeux de votre cœur, vers Dieu et vers la vie du siècle à venir, vers les exemplaires puissances célestes et saintes, bienheureuses et lumineuses, situées aux cieux, ou vers le monde, vers les biens terrestres : nourriture, boisson, vêtements, habitation, vers les pécheurs préoccupés par leurs affaires ? O, si seulement nos yeux étaient toujours tournés vers Dieu ! Mais c’est seulement dans le besoin et le malheur que notre regard se dirige vers le Seigneur. En temps de prospérité, nos yeux regardent le monde et ses vaines activités. Mais alors, direz-vous, que m’apportera le fait de fixer mon regard vers Dieu ? Une paix profonde, la tranquillité de ton cœur, la lumière dans ton esprit, un saint zèle dans ta volonté, et la délivrance des rets de l’ennemi. «Mes yeux sont toujours tournés vers Dieu», dit David. Et il en ajoute la raison : «Car il fera sortir mes pieds du filet.» (Ps. 24,15). Le Seigneur parle de paix à ceux qui tournent leur cœur vers Lui. (Ps.84,9).Le péché ferme les yeux du cœur : le voleur pense que Dieu ne le voit pas, le fornicateur se livre à ses méfaits, imaginant que Dieu ne le voit pas. L’avare, le gourmand, l’ivrogne pensent qu’ils dissimulent leurs addictions. Mais Dieu voit et juge. «Je suis nu, et je me suis caché» (Gen.3,10). Voilà ce que dit tout pécheur de ses activités, se cachant du Dieu omniprésent. La plus grande, et permanente, supercherie de notre cœur, contre laquelle il convient de lutter sans relâche, toute notre vie, c’est son illusion secrète selon laquelle nous pourrions exister sans Dieu, et quelque part hors de Dieu, à quelque moment que ce soit, fût-ce un seul instant. Il faut l’affermir constamment en Dieu, dont il se détourne sans arrêt par les pensées. Il atteint un grand succès dans sa vie chrétienne celui qui sincèrement peut s’écrier avec Anne, Mère de Samuel : «Mon cœur se réjouit en l’Éternel, Ma force a été relevée par l’Éternel; Ma bouche s’est ouverte contre mes ennemis, Car je me réjouis de ton secours» (1Sam.2.1). Il faut laver toute souillure, et la prière est l’ablution qui élimine les souillures spirituelles, les péchés, mais également, tout particulièrement, la prière avec larmes.
Nous péchons en pensée, en parole et en action. Afin de faire de nous de pures images de la Très Sainte Trinité, nous devons progresser vers la sainteté de nos pensées, de nos paroles et de nos actions. Les pensées correspondent à Dieu le Père, les paroles à Dieu le Fils et les actes à l’Esprit Saint, qui accomplit tout. Les péchés en pensée ne sont pas de peu d’importance pour le Chrétien, car tout le plaisir de notre Dieu, selon Saint Macaire l’Égyptien, réside dans les pensées, car elles sont le principe d’origine, les paroles et les actés proviennent d’elles, les paroles car, soit elles donnent la grâce à ceux qui les entendent, soit elles sont des paroles pourries et font office de tentation pour autrui, souillant les pensées et les cœurs des autres, et les actes sont pis encore car ils constituent les exemples qui agissent plus que tout sur les gens, incitant ceux-ci à les reproduire.

St Jean de Kronstadt

La conscience de l’homme n’est autre que la voix de Dieu omniprésent, qui descend dans le cœur de l’homme. Le Seigneur, en tant que créateur de tout, et de Fils unique, connaît tout comme Lui-même, toutes les pensées, tous les souhaits, toutes les humeurs, les paroles, les actes des gens vivants, défunts et non-encore nés. J’ai beau fuir en avant avec mes pensées, mon imagination, Il me précède toujours ; c’est inévitablement en Lui que j’accomplis ma course, L’ayant toujours comme témoin de mes voies. «Tu as les yeux ouverts sur toutes les voies des enfants des hommes» (Jér. 32,19). «Où irais-je loin de ton esprit, Et où fuirais-je loin de ta face?» (Ps.138,7)
Ah, si nous accordions de l’attention aux conséquences de nos péchés et de nos bonnes actions! Alors, nous serions prudents, nous fuirions le péché, notre zèle pour le bien serait exemplaire. Car alors, nous verrions clairement que chacun de nos péchés, qui n’est pas extirpé à temps, se renforce par l’habitude, enfonce ses racines profondément dans le cœur de l’homme, qu’il trouble parfois jusqu’à en mourir, le meurtrit, le torture, éveillant, pour ainsi dire ravivant, en lui à chaque occasion favorable le souvenir du péché accompli jadis, il souille ses pensées, ses sentiments et sa conscience. De gros nuages de larmes sont nécessaires pour laver la souillure ancienne d’un péché, tellement elle est adhésive et caustique!
Par contre, toute bonne action, accomplie n’importe quand de façon sincère, désintéressée, et répétée jusqu’à devenir une habitude, réjouit notre cœur. Elle fait les délices de notre vie à travers la conscience que nous n’avons pas vécu notre vie, pleine de péchés, complètement en vain, et que nous ressemblons à un être humain et non à un animal, que nous avons été créés à l’image de Dieu, qu’en nous existe une étincelle de lumière et d’amour divins et que quelques bonnes actions feront contrepoids à nos actes mauvais sur les plateaux de la balance impartiale de la vérité de Dieu.
Si le cœur est pur, c’est comme si l’homme tout entier était pur. Un cœur impur, et l’homme entier est impur : «Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies» (Mat.15,19). Les saints ont, par le jeûne, la prière, la pensée de Dieu, la lecture de la parole de Dieu, le martyre, les labeurs et la sueur, conquis la pureté du cœur, et l’Esprit Saint se réjouit en eux, les purifie de toute souillure et les sanctifie pour l’éternité. Efforcez-vous, plus que tout, d’atteindre la pureté du cœur. «Crée en moi un cœur pur, O Dieu» (Ps.50,12).
Comme le péché m’a endommagé! La moindre chose mauvaise, méchante, impure, est immédiatement pensée et ressentie dans le cœur, mais le bon, le bien, le pur, le saint est seulement pensé et dit, mais pas ressenti. Malheur à moi! Le mal est toujours plus de mon cœur que le bien. Et de plus, il suffit seulement de penser ou de ressentir le mal et on est de suite prêt à le commettre, et on passe vite à l’acte, et facilement, si on n’a pas la crainte de Dieu. «Car je ne fais pas le bien que je veux» (Rom.7,18). Je n’ai pas acquis en moi la force, et l’acte bon auquel je pensais est remisé au fond d’un long, long tiroir.
Traduit du russe.

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