Le texte ci-dessous est composé de plusieurs extraits de deux «articles» publiés le 31 octobre 2018 et le 22 octobre 2019 sur le site internet du Monastère pour femmes de Velikaia Bolchanka, Raïon de Vassiliev, Oblast de Kiev, monastère appartenant à la Métropole de Son Éminence Onuphre. Celui-ci se rendait chaque année au Mont Athos, auprès du Starets Grigorios (Zoumis) de bienheureuse mémoire, archimandrite et higoumène du Monastère de Dochiariou. Vladika Jonas, père spirituel de la communauté de Velikaia Bolchanka s’y rendait également, et le site internet du Monastère de Velikaia Bolchanka contient de nombreux textes relatifs à l’Archimandrite Grigorios. C’est au Monastère de Dochiariou que se trouve la célèbre icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Qui entend rapidement».
Voici ce que raconta Geronda Grigorios au cours des années, lors de la Fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Qui entend promptement», le 22 novembre.
Pour pénétrer dans le réfectoire du Monastère de Dochiariou, il faut emprunter un corridor dont les murs sont ornés de fresques. A droite des portes d’entrée du réfectoire se trouve une fresque représentant la Panagia.

L’icône de la Panagia ‘Skoroposlouchnitsa’, ‘Celle Qui entend promptement’

Depuis les temps les plus anciens, le cuisinier devait travailler dans la pénombre qui règne avant l’aube, afin de parvenir à préparer le repas pour les pères qui sortaient de la Divine Liturgie. L’éclairage se résumait à la flamme allumée au bout de longs copeaux ou à celle de flambeaux. N’imaginez pas que j’exagère. Jusque très récemment, notre cuisinier cuisinait à la lumière de lampes à huile. Les copeaux enflammés produisaient évidemment beaucoup de suie. Du fait que le cuisinier, un copeau allumé à la main, allait et venait régulièrement devant l’icône de la Panagia, Dont le visage en devint tout noirci par la suie. Aujourd’hui encore on dirait qu’il a été brûlé.
La Très Sainte Mère de Dieu voulut rectifier cela et à trois reprise, Elle dit au cuisinier :
Moine, ne noircis pas Mon visage!
Le moine-cuisinier ne crut pas qu’il s’agissait de la voix de la Panagia. Il pensa qu’on se jouait de lui. Mais après la troisième admonestation, la Panagia ajouta :
– Pour cette impiété, tu deviendras aveugle!
Lorsque cette prédiction se réalisa, le moine revint à la raison et demanda qu’on lui installât un banc devant l’icône pour qu’il puisse y prier. Et peu de temps plus tard, il entendit de nouveau la voix connue lui annoncer, après lui avoir rendu la vue :
– Appelez-Moi «Celle qui entend promptement» et vos prières, Je les entendrai immédiatement. Adressez-vous à Moi, après Dieu.
La nouvelle se répandit partout et depuis lors, moines et laïcs pieux affluent vers «Celle Qui entend promptement », avec leurs afflictions en tous genres. Par Ses saintes prières, ô Dieu, aie pitié de nous!
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Saint Nicodème l’Agiorite, qui se distinguait par sa vénération particulière envers la Panagia, écrivit un des canons de prières à «Celle Qui entend promptement», mais il s’avère qu’il s’agit plutôt d’un canon de glorification que de supplication. Le saint moine loue la Panagia en l’appelant «Celle Qui entend promptement». Il considère que ce fut en vérité un miracle que cette icône reçoive la grâce de la Panagia ainsi que l’appellation «Celle Qui entend promptement». Bien sûr, certains érudits considèrent cette appellation étrange, mais il n’en reste pas moins que la tradition à ce sujet demeure authentique.
Si la Panagia Elle-même souhaita se désigner par l’appellation consolatrice de «Celle Qui entend promptement, qui sont-ils ceux qui, avec tout leur rationalisme, doutent de la véracité de Ses paroles?
C’est pourquoi il vous est demandé de l’appeler sans aucune hésitation «Celle Qui entend Promptement», et elle entendra réellement vos prières très rapidement. Il n’est pas dans les usages de l’hymnographie de l’Église de s’occuper des racines des mots et de leurs combinaisons. Elle a toujours été une parole donnée de Dieu et qui confondit les esprits hautains.
Puisse l’intercession de la Panagia «Qui entend promptement» être toujours avec nous. En effet, comme nous serions malheureux sans la Panagia! Ces paroles du Nouveau Testament le confirment: «la prière intense du juste peut accomplir beaucoup».
Notre Mère, Toi Qui enfanta Dieu! Sois avec nous dans nos afflictions, dans nos infirmités, dans nos difficultés et dans les tempêtes qui nous bouleversent dans l’abîme de cette vie. Amen.

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A cause du cinéma et d’une compréhension plutôt incorrecte de l’humilité, nous avons acquis l’image de l’humble moine, les yeux fixés au sol, les mains croisées sur la poitrine, poussant de profonds soupirs et parlant sans cesse de son indignité. En fait, tout cela a peu de choses à voir avec la véritable humilité. L’humilité, c’est quoi? Tout d’abord, une notion sobre de soi. Tout homme, quels que soient ses podvigs, quelles que soient ses vertus, comprend malgré tout cela que, selon les paroles de Saint Macaire le Grand, « il n’a même pas commencé à se repentir».
Plus la vie spirituelle de l’ascète est élevée, plus sa notion de lui-même est sobre. Il voit le fossé qui le sépare de l’idéal, du Christ. Inversement, au moins l’homme est tourné vers le spirituel, au moins il aura de vertus, au plus il pensera à lui-même. C’est un axiome spirituel.

L’Archimandrite Grigorios (Zoumis) avec Vladika Jonas

Geronda Grigorios n’avait rien à voir avec l’image populaire de l’humilité. Il était tranchant, rigoureux et même, à certains moments, autoritaire. Il disait beaucoup de choses sur un ton qui n’admettait pas la réplique, ni quelque possibilité de dialogue ou de discussion que ce fût.
Mais en quoi se manifestait son humilité? Dans tous les aspects, même les plus insignifiants de sa vie. Par exemple, quand quelqu’un lui demandait sa prière, Geronda répondait toujours: «Oui, d’accord, je vais prier. Mais toi aussi, va prier la Panagia. Notre Panagia vous aidera certainement». (..) Geronda Grigorios envoyait systématiquement les gens prier «Celle Qui entend promptement». Et en même temps, avec son humour caractéristique, il ajoutait: «seulement crie vraiment fort, parce qu’Elle est plutôt vieille et Elle n’entend pas bien».
Crier plus fort? Qu’est-ce que cela signifiait? Cela voulait dire demander par une prière qui vienne du fond du cœur, dite avec ferveur afin d’être vraiment entendu par le Seigneur et Sa Très Sainte Mère toute Pure.
Traduit du russe

Source 1, 2 (également pour les photos).