Le texte ci-dessous est le début de la traduction (qui sera proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014. On trouvera à la fin de la présente traduction une note biographique relative à cet auteur.

Saint Seraphim de Vyritsa (Dans le monde Vassili Nikolaevitch Mouraviev) naquit le 31 mars 1866 (ancien calendrier) dans le village de Varkhomeevo, Volost d’Arethino, Ouïezd de Rybinsk, Gouvernorat de Iaroslav. Ses parents, Nicolas Ivanovitch (1837-1876) et Chionia Alimpieva, étaient des paysans. Le petit garçon fut baptisé le 1er avril 1866 dans l’église du Sauveur sur la Oukhta, au village du Sauveur, non loin du village où habitait la famille Mouraviev. Les parrain et marraine de baptême de Vassili furent le paysan Igor Akimovitch et la paysanne Alexandra Igorovna.

Cette croix rappelle que c’est dans cette église que fut baptisé Vassili Nikolaevitch

Après Vassili, deux filles naquirent encore dans la famille : Élisabeth (1871) et Evdokia (1875). Elles moururent en bas-âge, n’atteignant pas l’âge d’un an. Le 5 septembre 1876, le chef de famille mourut de phtisie, dans sa quarantième année, le petit Vassili, âgé de dix ans, demeura avec sa mère malade. Le Seigneur vint en aide à la famille orpheline; il se trouva parmi les voisins un homme bon, qui travaillait comme commis à Saint-Pétersbourg. Vassili l’accompagna à la capitale afin d’y trouver un emploi. Il y fut engagé dans la boutique d’un marchand. Avant la révolution, les habitants de Iaroslavl étaient réputés pour être d’excellents commis: ce n’est pas pour rien qu’ils constituaient la majorité au marché couvert (Gostiny Dvor) de l’époque.
Le jeune garçon conservait dans son âme un rêve secret : entrer au monastère. Un jour, il décida de tenter sa chance. Après avoir demandé la permission à son patron, tôt le matin, il se présenta aux portes de la Laure Saint Alexandre Nevski, et demanda rencontrer le supérieur. En raison de l’heure précoce, on lui proposa de parler à un moine du grand schème. Vassili s’agenouilla devant le starets, le suppliant de l’accepter au monastère dans n’importe que travail. La réponse du starets clairvoyant fut la suivante: rester dans le monde, créer une famille pieuse, élever des enfants, après quoi, avec son épouse, consacrer le reste de sa vie au podvig monastique. C’est le Père Seraphim lui-même qui, après de nombreuses années, en parla, sans donner le nom du moine du grand schème.
Dans sa douceur, son humilité et son esprit de prière, Vassili reçut les paroles du starets de la Laure comme une bénédiction de Dieu et il vécut toute sa vie ultérieure comme l’avait bénie le Seigneur par l’intermédiaire de son messager le moine du grand schème.
Tout en travaillant dans la boutique du marchand, il apprit non seulement par lui-même à lire et écrire, mais se découvrit d’excellentes capacités en sciences. Quand il eut seize ans, le propriétaire le nomma commis, et à dix–sept ans, commis aîné. Le commis aîné était considéré comme l’adjoint du patron. Le salaire de Vassili passa à cette époque à douze roubles. Il envoyait tout l’argent à sa mère au village.
La future épouse de Vassili, Olga Ivanovna Naidenova (née en 1872) était issue d’une famille paysanne qui vivait dans le village de Kobylino du même District de Rybinsk (le village a été renommé Tcheremouchki après la révolution). Dès son adolescence, Olga rêvait de la vie monastique. Un jour, elle demanda à ses parents de l’emmener en pèlerinage au monastère pour femmes de la Très Sainte Mère de Dieu d’Iviron. Au monastère, Olga eut une conversation avec la moniale du grand schème Pélagia, cet entretien détermina toute sa vie future. La staritsa bénit Olga pour vivre en paix, épouser un homme pieux et seulement après de longues années de vie de famille, d’accepter, dans un consentement mutuel, la tonsure monastique. Olga accepta en toue confiance cette bénédiction prophétique, et en 1890, elle épousa Vassili Nikolaevitch Mouraviev, âgé de vingt-quatre ans. Après le mariage, le propriétaire de la boutique marchande dans laquelle Vassili Nikolaevitch était employé, n’hésita pas à offrir une somme d’argent assez importante à son cher et consciencieux commis, afin qu’il puisse ouvrir son propre commerce.
Vassili Nikolaevitch s’engagea dans la préparation des fourrures. Son commerce prospéra non seulement en Russie, mais aussi en France, en Allemagne, en Angleterre et dans d’autres pays européens. Vassili Nikolaevitch devint millionnaire, mais jamais n’oublia la bénédiction du starets de la Laure, et il s’efforçait de faire le bien, et d’aider les nécessiteux. Il distribuait la plupart de ses revenus aux monastères, aux églises, aux hospices.
En 1897, Vassili Nikolaïevitch termina le cycle de trois ans des cours commerciaux supérieurs à Saint-Pétersbourg. Dans la famille Mouraviev naquit un fils, Nicolas, puis une fille, Olga. Après la mort de leur fille d’un an, les époux vécurent comme frère et sœur, par consentement mutuel. En 1903, les époux Mouraviev participèrent aux célébrations de la glorification de Saint Seraphim à Sarov et y acquirent plusieurs icônes de ce saint. Le Starets conserva l’une d’entre elles dans sa cellule jusqu’aux derniers jours de sa vie. Le couple Mouraviev se nourrissait spirituellement auprès du hiéromoine-starets Barnabé (Merkoulov) de la Skite de Gethsémani, qui, vraisemblablement donna sa bénédiction pour d’importants changements dans leur vie: le Seigneur appela Son élu à Son service. Du fait de ses activités commerciale, Vassili Nikolaevitch voyageait souvent à l’étranger. Le dernier de ces voyages se prolongea relativement longtemps. On dit qu’il séjourna sur l’Athos. Apparemment, déjà à ce moment-là avait mûri en lui le désir de se consacrer pleinement au service de Dieu et de son prochain. La décision finale fut favorisée par les circonstances, bien sûr non sans l’aide de la Providence de Dieu. Lorsque Vassili revint de l’étranger, il était attendu à la gare de Saint-Pétersbourg par son cocher personnel qui l’emmena vers son appartement. Dans une rue, Vassili Nikolaevitch aperçut, assis sur le pavé, un paysan en haillons, qui répétait à voix forte : «Non pas comme tu veux, mais comme Dieu donnera!». Sentant qu’il devait parler à ce paysan, Vassili Nikolaevitch, au grand mécontentement de son cocher, invita le «loqueteux» dans sa calèche et se mit à l’interroger. Le paysan raconta que dans son village natal, il avait sept enfants sa femme et son père, tous malades du typhus. Les voisins craignaient la contagion et ne s’approchaient pas de sa maison. Son père lui avait dit : «Tu es le seul en bonne santé parmi nous. Va et vend le cheval. C’est maintenant le printemps. Quelqu’un l’achètera pour les travaux des champs. Avec l’argent, tu achèteras une vache. Grâce à elle, peut-être que nous pourrons survivre». Le paysan emmena le cheval à la ville et le vendit, mais l’argent lui fut volé car, affamé, il était très faible et incapable de s’opposer à ses agresseurs. Alors il s’était assis sur le pavé et avait pleuré. Rentrer chez lui sans argent, c’était impossible. Le paysan avait donc décidé de mourir là, et il répétait comme pour lui-même : «Non pas comme tu veux, mais comme Dieu donnera!».

La famille Mouraviev

Vassili Nikolaevitch arriva chez lui, renvoya le cocher et appela le coiffeur. Ce dernier lui proposa de s’asseoir dans un fauteuil, mais Vassili Nikolaevitch arpentait la pièce en répétant : «Non pas comme tu veux, mais comme Dieu donnera!». Le coiffeur lui proposa à nouveau de s’asseoir, mais le maître de maison répéta : «Non pas comme tu veux, mais comme Dieu donnera!». Alors le coiffeur tomba soudain à genoux et dit : «Maître, comment m’as-tu deviné, moi l’endurci?». Et il avoua qu’il avait eu l’intention de le tuer et de le dévaliser. Vassili Nikolaevitch pardonna et lui ordonna de ne plus jamais paraître sous ses yeux. Après cet événement, il distribua la grande partie de ses avoirs, faisant d’importantes donations à la Laure Saint Alexandre Nevski, au Monastère pour femmes de la Résurrection-Novodevitchi à Saint-Pétersbourg et au monastère pour femmes de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu d’Iviron. Il fit don d’importantes sommes d’argent à ses serviteurs et à ses collaborateurs dans les affaires. On conserve un récit du starets lui-même au sujet de cette période de sa vie.
Un jour, un voleur s’introduisit dans son appartement, rassembla ce qui s’y trouvait de plus précieux, attacha tout dans un baluchon et sortit. Alors que le voleur était en chemin, le nœud du baluchon se défit soudainement. Le voleur commença à ramasser fiévreusement les choses éparpillées. C’est alors que le propriétaire approcha. Le voleur prit peur, mais le futur starets s’approcha de lui, l’aida à ramasser toutes les choses précieuses et le laissa partir, et il rentra lui-même à la maison. Le starets raconta que le péché de cet homme avait ainsi été enlevé: il n’avait pas volé, les objets lui avaient été donnés. Le Père Seraphim répétait souvent à ses enfants spirituels: «Si tu as subi une perte, n’en sois pas affligé. Si tu as trouvé ou reçu quelque chose, ne te réjouis pas trop, mais remercie Dieu pour tout».
Il existe des preuves de ce que même avant la révolution de 1917, Vassili Nikolaevitch recevait des gens, donnait des conseils spirituels, aidait par sa prière dans les problèmes quotidiens et dans les maladies. (A suivre)
Traduit du russe.
Source

Alexandre Trofimov, naquit en 1944, le 21 mars. Il est membre de l'Union des écrivains de Russie. Il fut diplômé ingénieur physicien en 1969 et travailla dans sa spécialité jusqu'en 1995, mais il commença à écrire voici une trentaine d'années. Le sujet principal de ses œuvres est la vie des héros russes de l'ascèse orthodoxe du XXe siècle. Les premières vies furent composées en 1970; celles des startsy Seraphim de Vyritsa et Samson (Sivers), de l'Archimandrite Boris (Kholtchev), de l'Archimandrite Seraphim (Soutorikhine), et de la Staritsa moscovite et moniale du grand schème Olga (Lojkina). À cette époque, la publication de tels ouvrages n'était pas possible, ils furent donc distribués par samizdat. Après la perestroïka et l'effondrement du pays, il est devint possible de publier ce qui avait été écrit pendant 15 ans. Ensuite, commencèrent à sortir les uns après les autres des livres écrits à partir de matériaux collectés au fil des ans. Le premier publié fut un livre sur l'icône de la Très Sainte Mère de Dieu «du Don». Puis suivirent la publication de nouveaux acathistes, composés par l'auteur sur commande pour des évêques, des supérieurs de monastères et d'églises. Au total, jusqu'en 2006, plus de 30 acathistes ont été composés, vingt-quatre d'entre eux furent publiés dans le livre «Criez vers Dieu par la voix de la joie».
L'attention particulière des lecteurs fut attirée par le livre «les Saintes femmes de Russie» (Moscou, 1993), ainsi que par le livre «La Sainte Moniale Élisabeth. Vie et Acathiste», réédité dix fois. Sortit alors de presse, le livre sur les héroïnes de l'ascèse orthodoxe et staritsy la moniale du grand schème Olga (M.I. Lojkina), la moniale du grand schème Antonia (A.I. Kavechnikova), la moniale du grand schème Nila (E.A. Kolesnikova), la moniale Silouana de Pioukhtitsa (N.E. Soboleva), la moniale Maria (M. Sergueenko), la moniale Marie (O.N. Vycheslavtseva). À la suite de nombreuses années de travail sur le thème «féminin», la biographie de M.S. Trofimova, la mère de A. Trofimov sortit de presse. Le livre sur Saint Seraphim de Vyritsa a été traduit en grec et en bulgare.
L'auteur prit plus de vingt ans pour composer et publier une anthologie poétique en trois volumes consacrée aux trois règnes de la nature: les plantes, les oiseaux et les animaux. Cette anthologie des chefs-d'œuvre poétiques des poètes de toute la terre est devenue le livre du repentir de l'humanité devant la nature. Le travail au sujet des icônes de la Très Sainte Mère de Dieu se poursuivit avec les livres sur l'icône d'Iviron (1997), l'icône «Ajout de l'esprit» (2001), l'icône de Korsun (2009). Le tirage total des trente-six livres de A.A. Trofimov atteint environ deux millions d'exemplaires. Dix-sept sont en voie de publication. En outre, plus d'une centaine d'articles ont été publiés dans différents périodiques.