Saint Seraphim de Vyritsa : «Il y aura de l’effroi plus qu’il n’y en eut» (11)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Instructions et prophéties de Saint Seraphim de Vyritsa (suite)

De nombreux pays se rueront sur la Russie, mais elle résistera, tout en perdant la plus grande part de ses terres. Cette guerre, racontée par la Sainte Écriture et dont parlent les prophètes, sera la cause de l’unification de l’humanité. Les gens comprendront qu’il est impossible de continuer à vivre ainsi, sinon tous les êtres vivants périront, et ils choisiront un seul gouvernement; ce sera la veille de l’avènement de l’antéchrist.
Ensuite, les persécutions contre les chrétiens commenceront, et quand ils quitteront les villes par convois vers la Russie profonde, il faudra se hâter d’être parmi les premiers, car beaucoup de ceux qui resteront périront.
Arrivera le règne du mensonge et du mal. Ce sera si dur, si mauvais, si effrayant. Que Dieu nous épargne de vivre jusqu’à ce moment-là. Vous et nous ne vivrons pas jusque là.

Peu de temps après la fin de la Grande Guerre Patriotique, on dit au Père Seraphim :
– Cher Batiouchka! Comme c’est bien maintenant.
La guerre était terminée, les cloches sonnaient dans les églises…
Le Starets répondait :
Non, ce n’est pas encore fini. Il y aura de l’effroi plus qu’il n’y en eut. Vous la rencontrerez encore, la guerre… Qui survivra? Qui restera en vie? Mais pour celui qui restera vivant, qu’elle sera la bonne vie…
«Si tous les gens du monde entier, tous jusqu’au dernier, s’agenouillaient en même temps et priaient Dieu pendant au moins cinq minutes de prolonger leur vie, afin que le Seigneur accorde à tous le temps de se repentir… Si le peuple Russe ne se repent pas, il se pourra que le frère se lève de nouveau contre le frère.»
«Les temps viendront où ce ne sera pas la persécution, mais bien l’argent et les séductions de ce monde, qui détourneront les hommes de Dieu. Alors périront beaucoup plus d’âmes que pendant les persécutions athéistes. D’une part, ils érigeront des croix et des coupoles dorées, mais d’autre part viendra le règne du mensonge et du mal. La véritable Église sera toujours persécutée, et il ne sera possible d’être sauvé que par les afflictions et la maladie. La persécution prendra le caractère le plus sophistiqué et le plus imprévisible. Ce sera effrayant de vivre en ces temps»
Le Starets aimait beaucoup la jeunesse. À ce moment-là, les jeunes gens n’allaient presque pas à l’église et il était si heureux quand ils venaient à lui. Batiouchka a évoqué le rôle énorme des jeunes dans la renaissance future de l’Église.
Il a expliqué que des temps arriveraient (et déjà ils arrivent!) au cours desquels la corruption et le déclin des mœurs des jeunes atteindront les limites les plus extrêmes. Il n’y aura presque plus de non-corrompus. Ils considéreront que tout leur est permis pour satisfaire leurs caprices et convoitises, car ils constateront leur impunité. Ils se rassembleront en bandes pour voler, et se dépraver.
«Mais à un certain moment, la voix de Dieu se fera entendre, et les jeunes comprendront qu’il est impossible de continuer ainsi. Et ils se tourneront vers la foi de différentes manières, le désir d’ascétisme augmentera. Ceux qui étaient auparavant des pécheurs, des ivrognes, rempliront les églises, ressentiront une grande soif de vie spirituelle. Beaucoup d’entre eux deviendront moines. Des monastères seront ouverts, les églises seront pleines de croyants.
Alors les jeunes iront en pèlerinage dans les lieux saints; ce sera une époque glorieuse! Celui qui aura grandement péché se repentira ardemment. Comme le cierge qui, avant de s’éteindre, resplendit, illuminant tout par sa dernière lumière, ainsi sera la vie de l’Église. Et ce temps est proche.»
«Combien de grâces le Seigneur n’a-t-il données à la Russie, quelles forêts, lacs, rivières, quelles richesses dans les tréfonds de sa terre. Mais nous vivons sans Dieu, et la terre est une mère, elle donne du pain et donne la vie. Nos ennemis et les puissances impies ne permettront pas longtemps aux gens revenir à la terre. Il sera possible de nourrir tout le monde et de tout bien organiser, mais cela ne serait pas profitable à nos ennemis; ils ont peur de la renaissance de la Russie. Et pourtant, la Russie vivra de sa terre.»
«Le salut au monde viendra de la Russie, et Saint-Pétersbourg deviendra le centre spirituel du pays. Il y aura encore de grands événements en Russie. La découverte et la glorification de reliques à Saint-Pétersbourg , ce sera une grande joie pour le monde entier. Vyritsa deviendra un lieu de pèlerinage et un monastère sera ouvert ici.»
Du chemin de Saint-Pétersbourg à Vyritsa, Batiouchka disait: «Maintenant, il faut deux heures et demie, voire trois heures, avec le train à vapeur, mais plus tard vous viendrez plus rapidement; les trains électriques rouleront et se succéderont sans cesse.»
Après la guerre, le Starets dit à une de ses filles spirituelles: «Il viendra un temps où la procession partira de la Cathédrale de Kazan et ira à nouveau jusqu’à la Laure. Tu vivras jusque là.» C’était difficile à croire, mais maintenant tout cela s’est accompli! Tous les orthodoxes se souviennent de la procession jusqu’à la Laure avec les reliques retrouvées de Saint Seraphim de Sarov.

Photo : Pravoslavie.ru

«Jérusalem deviendra la capitale d’Israël et, avec le temps, elle deviendra également la capitale du monde. Car là est le véritable centre de la Terre, c’est là que le Sauveur du monde a été crucifié et est ressuscité.»
Le Starets prédit qu’un des papes catholiques serait un Slave.
Le Père Séraphin a parlé à ses proches de sa glorification future, mais il a précisé: «Ne vous précipitez pas pour déterrer mon corps. Vous devez laisser tout cela à Dieu. Je ne veux pas qu’on marchande mon corps.»
Traduit du russe
Source

Saint Seraphim de Vyritsa : «Vous serez Patriarche» (5)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Les proches du Starets se souvinrent de ce podvig : «En 1941, Grand-Père avançait dans sa 76e année. Alors, il était très affaibli par la maladie, et il pouvait à peine se déplacer sans qu’on l’aide. Dans le jardin derrière la maison, à une cinquantaine de mètres, un roc de granit émergeait de terre. Un petit pommier poussait juste devant. C’est sur cette pierre que le Père Seraphim élevait ses demandes vers le Seigneur. On le conduisait par la main jusqu’à ce lieu de prière, et parfois même, il fallait tout simplement l’y transporter. Une icône avait été attachée au pommier, et Grand-Père, ses genoux malades sur la pierre, tendait les mains vers le ciel… Qu’est-ce qu’il lui en coûta! Il souffrait de maladies chroniques des jambes, du cœur, des vaisseaux sanguins et des poumons. Manifestement, c’est le Seigneur Lui-même qui l’aidait, mais il était impossible de regarder ce tableau sans verser de larmes. Souvent, nous l’avons supplié d’abandonner ce podvig. Il pouvait en effet prier dans sa cellule. Mais en l’occurrence, il demeura impitoyable vis-à-vis de lui-même, et de nous. Le Père Seraphim priait tant qu’il en avait la force, parfois une heure, parfois deux, parfois des heures durant… Je me souviens que Grand-Père me disait : «Un seul intercesseur pour le pays peut sauver les villes et tout…».
La moniale Taïssia se souvient : «Avenue Pilnyi, Batiouchka priait sur une pierre, imitant Saint Seraphim de Sarov. Lorsque la parcelle fut morcelée, le Père Seraphim fit placer une autre pierre. Ces pierres existent encore aujourd’hui. A cette époque, le père Séraphin était tout diaphane. Il était alité et prenait si peu de nourriture qu’il ne lui restait que de la peau couleur cire et les os. Le Père Seraphim jeûnait très strictement: il mangeait un prosphore par jour et un peu de carottes râpées, et buvait de l’eau sainte. Sa santé était très précaire et il ne venait qu’occasionnellement à l’église de Kazan où il célébrait dans la chapelle de Saint Seraphim de Sarov».

Pierre de Saint Seraphim. Photo prise en 2018.

Les proches et les enfants spirituels du Starets, qui logèrent à Vyritsa se souviennent que Batiouchka priait toute la nuit. Pendant la journée ceux qui venaient auprès du Starets déposaient d’innombrables notes pour la santé de leurs proches et le repos des âmes de leurs défunts. La nuit, Batiouchka lisait obligatoirement ces notes, et le lendemain, elles étaient apportées à l’église de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan à Vyritsa. Il y faisait emmener une grande partie des cadeaux et de l’argent que les visiteurs apportaient.
Une fille spirituelle de Batiouchka décida d’aller lui demander sa bénédiction pour déménager et quitter Vyritsa; son mari insistait. Quand elle dit qu’elle allait demander à Batiouchka, le mari s’indigna:
– Encore! Mais tu vas le voir sans cesse!
Mais elle alla auprès du Starets, et celui-ci lui dit:
– Laisse-le partir, mais toi, reste.
Peu de temps après le départ du mari, la guerre éclata et l’homme disparut.
Pendant la guerre, avant l’évacuation, une femme accompagnée de sa fille vinrent demander à Batiouchka sa bénédiction avant leur départ. Le Starets les retint, cajolant la fillette, les faisant rester là pendant qu’il priait longuement. Ensuite il leur dit :
– Vous êtes sauvées.
Et il les bénit pour qu’elle partent. Le train qu’elle empruntèrent avait eu du retard et avait été retenu avant d’entrer en gare. A ce moment, les Allemands avaient pilonné la gare et le convoi dans lequel elles auraient dû se trouver brûla, alors que le train retardé ne subit aucun dommage.
…Au tout début de l’occupation une femme accourut en larmes auprès du Père Seraphim:
– Batiouchka, les Allemands sont venus dans notre maison, ils nous ont dit de partir!
– Soyez tranquille, on restera ensemble, on n’ira nulle part.
Après un certain temps, les Allemands revinrent, menaçants. Les propriétaires commencèrent à rassembler leurs affaires. Mais le Starets répéta :
– Restez.
Les Allemands ne revinrent plus jamais dans cette maison.
…Pendant l’occupation, une habitante de Vyritsa fut enceinte et décida d’avorter. Elle dissimula sa situation à son mari et attendit un moment propice pour mettre en œuvre son intention. Un jour, elle passa voir Batiouchka Seraphim, qui lui dit:
– Tu sais ce qui se passe maintenant? Certaines mères, imitant la cruauté d’Hérode, deviennent les meurtrières de leurs propres bébés innocents!
La femme comprit que le Starets savait tout, et avec des larmes de remords, elle s’agenouilla devant lui. Quand l’enfant naquit, c’était une petite fille, le Père Seraphim lui choisit son nom et désigna les parrain et marraine.
…En 1944, les Allemands envoyèrent en Allemagne les habitants de Vyritsa capables de travailler. Le Père Seraphim prédit à une famille qui partait que tous ses membres reviendraient dans leur patrie et vivraient dans une grande ville. Il en fut ainsi. Malgré le fait que la famille se retrouva dans un camp de concentration, le Seigneur la préserva. À leur retour de captivité, ils réussirent à s’installer à Leningrad.
… On a conservé l’histoire d’une femme qui vivait à Vyritsa pendant la guerre et allait chez le Père Seraphim presque tous les jours. Pendant les bombardements, c’était très effrayant, c’est pourquoi sa mère et elle avaient peur de passer la nuit dans leur maison et se réfugiaient souvent dans la maison du Starets. Là, elles se sentaient parfaitement à l’aise bien qu’il n’y ait ni cave ni abri contre les bombes.
… Pendant la guerre, une femme arriva en larmes chez le Père Seraphim; elle venait d’apprendre que son fils avait disparu, et ne savait comment prier pour lui, pour sa santé ou le repos de son âme. Le Starets lui dit:
– Va immédiatement à Novorossiysk, sinon tu seras en retard.
La femme partit immédiatement de chez le Starets, et elle arriva à temps pour enterrer son fils. C’était un marin militaire. Son navire avait coulé et tout l’équipage était mort. Le fils de cette femme avait été ramené par la mer sur le rivage. Le jour où elle arriva, le marin n’avait pas été identifié et il allait être enterré dans une fosse commune; aucun document n’ayant été trouvé sur lui. La mère reçut le réconfort d’accompagner son enfant dans la toute dernière partie de son chemin. Il est bien sûr important pour une mère de savoir où se trouve la tombe de son fils!
Alors qu’il était encore confesseur de la Laure Saint Alexandre Nevski, le Père Seraphim avait prédit à l’archevêque Alexis (Simanski) de Khoutyne qu’il deviendrait patriarche. En 1944, lorsque le blocus fut levé, Mgr Alexis, alors Métropolite de Leningrad, rendit visite au Starets à Vyritsa. Ce jour, le Père Seraphim, s’adressant à ses proches, avait dit:
– Aujourd’hui, le métropolite vient nous voir.
Entendant ces mots, Matouchka Seraphima sourit en elle-même, décidant que ce n’était pas possible. Un témoin se souvient: Quelqu’un frappa à la porte. Les hypodiacres du Métropolite Alexis de Leningrad sont entrés, disant que Mgr Alexis venait rendre visite au Starets. A leur suite, le Métropolite Alexis entra dans la cellule de Batiouchka et s’agenouilla devant le Starets couché sur son lit. Batiouchka avança les mains, demandant la bénédiction. Vladika bénit, après quoi le Père embrassa la main du hiérarque. Alors Vladika, restant à genoux, embrassa lui-même la main du Starets.
Le Père Seraphim demanda au Métropolite de se relever, en disant que c’était lui qui devait s’agenouiller devant le Patriarche de Moscou:
– Vous serez Patriarche de Moscou pendant vingt-cinq ans, tout comme votre Saint patron céleste.
Vladika commença à expliquer que cela n’était guère possible, à en juger par l’état actuel des choses. Le Starets dit alors:
– Staline enverra un appel et vous serez élu Patriarche.
Et tout se passa comme Batiouchka l’avait prédit. Toute sa vie, le Patriarche honora la mémoire du Saint Starets avec une vénération particulière. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Saint Seraphim de Vyritsa : «Viens sans faute vendredi» (4)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Dans leur immense majorité, les gens venaient auprès du Starets de Vyritsa chercher aide et soutien spirituel, ce qui, évidemment, ne pouvait être dissimulé aux autorités. Des perquisitions eurent lieu plus d’une fois dans la cellule du Starets. D’habitude, ils débarquaient la nuit. Mais une fois, une voiture arriva en plein jour, et trois hommes en civils exigèrent d’être introduit auprès du Père Seraphim, afin de l’arrêter. Marguerite Nikolaevna, la petite-fille du Starets se plaça devant eux et leur dit :
– Vous devrez passer sur mon cadavre. Je ne vous livrerai pas Grand-Père! Il est très malade et ne résisterait aucun déplacement.

Margarita Nikolaevna et sa grand-mère, Matouchka Seraphima

Le plus ancien des perquisiteurs ordonna d’appeler leur médecin. Cela fut fait, et ce dernier confirma que les maladies dont souffrait le Père Seraphim empêchaient qu’on le transporte où que ce soit. Ainsi, le Seigneur protégea le Starets. Dans ces années-là des membres du NKVD firent régulièrement des descentes, soi-disant à la recherche de biens ecclésiastiques de valeur provenant de la Laure.
Il y eut un cas au cours duquel, pendant la perquisition, le Père Seraphim malade et alité appela auprès de lui un des tchékistes. Il lui adressa un regard de bonté et d’amour, priant intérieurement pour lui, et il lui prit la main, la caressa , et ensuite plaça sa propre main droite sur la tête de l’homme et dit :
Que tous tes péchés te soient pardonnés, serviteur de Dieu, et il cita son nom.
Et la puissance de l’amour fit son œuvre. Le visage menaçant du visiteur s’adoucit. Une conversation s’en suivit, comme si le Starets et lui étaient les meilleurs amis. Et s’adoucirent également les cœurs des autres perquisiteurs.
Nonobstant infirmités et maladies, le Père Seraphim priait toute la nuit, et pendant la journée, des milliers de personnes lui apportaient leurs tribulations, leurs maladies et leurs soucis. Il n’est pas exagéré de dire qu’un océan de miracles furent accomplis à Vyritsa par les prières du Starets, surtout pendant la Grande Guerre Patriotique.
A la veille de la guerre, le Starets dit à une de ses filles spirituelles :

Saint Seraphim dans sa cellule

Viens sans faute vendredi. Dimanche, la guerre va commencer et nous ne nous verrons pas pendant longtemps.
Elle ne vint pas le vendredi. Le dimanche qui suivit fut le 22 juin 1941. [Premier jour de la Grande Guerre Patriotique. N.d.T.]
Quand la guerre commença, de nombreux habitants de Vyritsa vinrent demander ce qu’ils devaient faire ; quitter leur maison et évacuer, ou rester. Le Starets leur répondit d’une voix assurée :
Vos maisons demeureront indemnes. Vyritsa sera protégée ; ici, pas un seul ne mourra.
Et il en fut ainsi. Les Allemands entrèrent à Vyritsa en septembre 1941, mais il n’y eut ni meurtre ni pillage dans le bourg. A cette époque, le Père Seraphim priait tout particulièrement pour le salut de l’âme des habitants, pour la protection du bourg et de ses églises. Selon les récits des anciens de Vyritsa, l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan fut fermée par les autorités après Pâques de l’année 1938. Quasiment dès le début de l’occupation allemande, les églises ouvrirent, et on y célébra les offices. Les fidèles y étaient nombreux. Pendant les années de guerre, l’église de Kazan fut la seule église en service dans la zone d’occupation derrière la ligne de front.

Vyritsa, église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan

Il n’y eut pas d’objections de la part des autorités allemandes, car le poste de commande arrière des roumains (alliés d’Hitler) était stationné à Vyritsa. Ces roumains étaient originaires de la partie orientale de leur pays, adjacente à la Russie. Ils parlaient un peu le russe, comprenaient les offices en slavon d’église et fréquentaient donc souvent l’église de Kazan. Les paroissiens louchaient d’abord un peu sur ces soldats en uniforme allemand, mais ils s’habituèrent, voyant comment ils priaient, et observaient les règles de l’église. Leur dirigeant était un capitaine allemand.
Les Allemands, ayant entendu parler du Saint Starets et de sa clairvoyance, venaient auprès de lui, lui demandaient quand la guerre allait finir, si Hitler allait gagner. Le Père Seraphim répondait clairement qu’Hitler ne pourrait pas vaincre la Russie:
– Vous ne prendrez jamais Leningrad. Nous sommes une puissance orthodoxe. La foi est maintenant persécutée, mais bientôt, l’Église renaîtra.
Au capitaine, dirigeant le poste, le Père Seraphim dit:
– Si tu vas en Pologne, ce sera ta fin. Tu ne rentreras pas à la maison!
… Après de nombreuses années, dans les années 1970, un Roumain âgé vint à Vyritsa. Il avait servi dans ce poste de commandement, et il raconta que leur capitaine avait été tué près de Varsovie, comme l’avait prédit le Père Seraphim.
Le Starets avait vu qu’au Val du Prince, où se dressait l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, le sang humain ne serait pas versé. Et malgré qu’en 1944, à trois kilomètres du village, à la gare de Vyritsa se déroulèrent de violents combats, pas une seule maison du Val du Prince ne fut endommagée. Le Starets répétait sans cesse que les Allemands partiraient :
– Ils sont chez nous de passage. Les gens de passage ne restent pas longtemps ; ils doivent rentrer chez eux.
Quelqu’un rapporta ces paroles au commandant et celui-ci ordonna de tuer le Père Seraphim. Aux soldats qui vinrent le trouver, le Starets dit :
Oh, les assassins sont arrivés ! Sur qui allez-vous tirer? Regardez, je porte sur moi la croix avec le Sauveur. Vous allez tirer sur le Christ, et après cela, vous direz encore que vous êtes croyants.
Il dit cela en allemand, car lorsqu’il était commerçant, il allait en Allemagne pour affaires et y avait appris la langue. Il ajouta encore, s’adressant à chaque soldat :
– Zwei Kinder, drei Kinder ( C’est-à-dire, tu as deux enfants, toi, trois), et il conclut l’entretien en disant : Dites au commandant que ce qu’il a semé en Russie, il le récoltera à la maison.
Les soldats ne touchèrent pas au Starets. Ils partirent et firent leur rapport au capitaine. Les témoins de cette conversation se rappellent que Batiouchka transmit au capitaine une prédiction qui le concernait personnellement. Après cela, il décida de ne plus causer aucun tort au Starets.
Pendant la guerre, en plus d’un jeûne sévère et de la prière permanente, le Starets prit sur lui un podvig particulier pour le salut de la Russie et de son peuple : pendant mille nuits, il se tint sur une pierre «dans le jardin, dans la nuit calme» les mains tendues vers l’icône de Saint Seraphim de Sarov, imitant ainsi le podvig de son protecteur céleste. Au sujet de ces veilles, le Starets rédigea des vers spirituels, en 1942 :

Saint Seraphim, sur la pierre

Dans la joie ou la tristesse, le moine, starets malade,
Va vers la sainte icône dans le jardin, dans la nuit calme,
Prier Dieu pour le monde et tous les hommes.
Et le Starets vénère sa patrie :
Prie la Souveraine de Bonté, grand Seraphim,
Elle est la Dextre du Christ, l’Aide des malades,
L’Avocate des pauvres, le Vêtement des déshérités,
Dans les grandes et nombreuses afflictions, Elle sauve Ses serviteurs…
Dans les péchés, nous périssons en nous éloignant de Dieu,
Et nous offensons Dieu par nos actes.
Le Starets priait la Très Sainte Mère de Dieu et Saint Seraphim. Et nous avons un témoignage remarquable de l’efficacité de sa prière. L’hiver 1942, Matouchka Seraphima eut un songe : Le Père Seraphim en bottes de feutre et en long sarrau blanc au milieu d’une plaine enneigée chassait une multitude de soldats allemands armés, fuyant devant lui, terrorisés (A cette époque, les Allemands occupaient encore Vyritsa). Le matin, quand Matouchka Seraphima vint demander la bénédiction du Starets et lui raconter quel rêve incroyable elle avait fait, il lui dit, avant qu’elle ne parle:
– Ah, tu as vu ! Maintenant, va faire sécher les bottes de feutre et le sarrau.
En ces nuits d’hiver, il sortait dans le jardin et priait sur une pierre, chaussé de bottes de feutre, et se couvrait d’un long sarrau blanc pour se dissimuler afin que les voisins ne le reconnaissent pas. Les bottes et la robe, comme se rappelait Matouchka Seraphima, étaient mouillées. Comment le Starets résista à ces veillées nocturnes avec ses jambes malades, Dieu seul le sait.(A suivre)
Traduit du russe
Sources 12

Le Saint Starets Aristocle de Moscou. (Cinquième partie)

Saint Aristocle naquit dans l’Oural en 1846, et fut baptisé sous le nom d’Alexis. Il rejoignit le Mont Athos, y mena son podvig, et puis il rentra en Russie et y entama un second podvig. La traduction ci-dessous, dernière partie de la série consacrée à ce starets, provient de deux originaux, un texte préparé par Madame Olga Rojniova et publié le 6 septembre 2019 sur le site Pravoslavie.ru, et l’extrait d’un texte publié le 6 septembre 2015 sur le réseau social Live Journal. Les premières parties du texte se trouvent ici.

L’Évêque Alexis (Polykarpov) de Solnietchnogorsk, Supérieur du Monastère Danilov, raconte ce qu’il connaît de la tradition orale relative au Hiéromoine du Grand Schème Aristocle, à ses bénédictions, ses miracles et ses prophéties. Lire la Suite

Saint Seraphim de Vyritsa. Prophète de nos temps mauvais.

L’Église vit. Sur terre et dans les Cieux. Les Saints sont vivants. A nos côtés. Dans les temps mauvais que nous traversons, il nous est donné de comprendre que seuls nous ne pouvons rien. L’ennemi est à l’œuvre. Vers qui nous tourner? Vers notre Créateur et Sauveur, d’abord, vers Sa Mère Toute Sainte, vers nos pères spirituels qui peinent et prient à nos côtés, mais aussi vers les saints. Ils prient avec audace et ferveur, répondent à nos supplications. Ils nous guident. Mais ils nous ont également laissé un héritage. L’héritage de leur passage sur terre. Nous connaissons tous Saint Seraphim de Vyritsa. Nous le fêtons particulièrement ce 21 mars/3 avril. La littérature le concernant est abondante. Un des auteurs les mieux informés sur la vie et les paroles et la spiritualité de Saint Seraphim est Valery Pavlovitch Filimonov. Il a rédigés plusieurs ouvrages concernant Saint Seraphim. L’un d’entre eux s’intitule : “Prophéties de Saint Seraphim de Vyritsa” ( Пророчества преподобного Серафима Вырицкого), publié aux Éditions Statis à Saint-Pétersbourg. Le texte ci-dessous est composé de deux extraits de ce livre. (pages 99 et 100 pour la première prophétie, prononcées pendant les années ’30 et transmise à l’auteur par la petite fille de Saint Seraphim, et pages 46 et 47 pour la seconde. )Outre sa fonction de confirmation stupéfiante de la clairvoyance de Saint Seraphim, ce texte peut servir de canevas, d’outil, de “grille de décodage” pour nos temps mauvais, et nous aider à identifier les vertus spirituelles qu’il convient de développer pour traverser cette houle déferlante et continuer à naviguer vers le havre auquel nous aspirons. Les intertitres ont été ajoutés par le traducteur. Reste au lecteur à conjuguer les paroles des deux prophéties pour tenter d’identifier la voie qui traverse le brouillard des souffrances. Lire la Suite

Saint Cosme d’Étolie. Les Temps sont mûrs. (2)

Athanasios Zoïtakis, professeur à la Faculté d’Histoire de l’Université d’État de Moscou (MGU), et auteur d’une monographie consacrée à Saint Cosme d’Étolie (Le texte original russe de la monographie précitée, qui compte plus de 200 pages, est accessible librement ici.), a commenté pour le site Pravoslavie.ru les prophéties de Saint Cosme se rapportant à notre époque, parmi les deux cents prophéties que ce Saint nous a léguées. Plusieurs textes du Professeur Zoïtakis au sujet de Saint Cosme d’Étolie ont déjà été traduits sur le présent blog. Voici la deuxième partie de la traduction française du commentaire accordé au site Pravoslavie.ru. La première partie se trouve ici.

Prophéties concernant notre époque

Saint Cosme d’Etolie

«Il viendra un temps où vous n’apprendrez plus rien». Il est malaisé d’affirmer que ces paroles s’appliquent précisément à notre époque, mais il est suffisamment évident aujourd’hui qu’en Europe Occidentale et aux États-Unis, et ailleurs aussi, l’opinion publique est manipulée. En Europe Occidentale, rares sont ceux qui savent réellement se qui se passe en Ukraine et en Syrie, de la même façon que quasiment personne ne savait se qui se passait en Yougoslavie quand l’Occident y intervint. Ceux qui le souhaitent disposent encore toutefois de la faculté de chercher l’information sur l’internet et de la creuser jusqu’à atteindre la vérité, toutefois c’est devenu chose impossible au moyen des seuls médias occidentaux. Lire la Suite