Archimandrite Papadakis : Sans les Saints, l’Église n’est pas l’Église.

Homélie prononcée par l’Archimandrite Chrysostomos Papadakis, Prédicateur de la Métropole de Veria, durant les vêpres de la Fête de Saint Nikolaos Planas, le 1er mars 2015, dans l’église Saint Jean le Chasseur à Athènes, la paroisse que le Saint ‘Papa Nikolaos’ desservit de son vivant. Le texte a été mis en ligne dans sa version anglaise sur le site Pemptousia.gr, en quatre parties, les 25, 27 et 31 octobre 2015 et le 27 juin 2016.

Ce jour particulier justifie donc que nous abordions le thème de la sainteté en général et en particulier la vie de Saint Nikolaos que nous honorons, joyau et fierté de la paroisse de ce quartier, qu’il servit, d’une manière qui plut à Dieu, alors qu’elle naissait et ne comptait que quelques habitants. Vous, les paroissiens contemporains, ne pouvez oublier que votre paroisse fut bénie par le Saint, non seulement du fait de son ministère sacerdotal en ces lieux, mais aussi du fait qu’il fut inhumé ici, et sa présence vous bénit chaque jour. Lire la Suite

Saint Seraphim de Sarov et la Tempête

Le site russe Pravmir a repris dans ses pages anglaises le texte ci-dessous du Père Thaddaeus Hardenbrook publié dans le bulletin «The Grapevine» du 13 janvier 2017, de la paroisse Saint Lawrence de Felton (Archévêché Grec Orthodoxe d’Amérique).

Un jour de cette semaine, au plus fort de la tempête, je rentrai à la maison et me débarrassai de mes vêtements de pluie. De ma place dans la salle à manger, j’apercevais les torrents d’eau qui dévalaient la colline et, débordant les buses de franchissement incapables d’absorber de telles quantités, surmontaient la digue de sacs de sable. Dans tous les coins, on fermait les routes, coupées par des coulées de boue. Dans les écoles, les cours étaient suspendus. L’électricité, elle, fonctionnait, mais combien de temps encore…
Je détournai mon regard de la fenêtre, et il se posa sur l’icône de Saint Seraphim de Sarov. Je me souvins que sa relique allait être exposée, le dimanche, à l’occasion de sa fête. Comme rien ne me pressait, je tirai de la bibliothèque le livre de sa vie, et je l’ouvris, providentiellement, sur ce passage: Lire la Suite

Geronda Ephrem, Cathigoumène de Vatopedi. De la Persona postmoderne à la Personne. 2/2

Le 8 Janvier 2017, le site ‘Pemptousia.com’ a publié dans ses pages anglaises un long texte rédigé par Geronda Ephrem, l’higoumène du Saint et Grand Monastère de Vatopedi, et consacré à la notion de ‘personne‘. (L’original grec fut publié le 18 juillet 2013) La traduction française de ce texte est proposée en deux parties, compte tenu de sa longueur. Pour des raisons pratiques, il a été choisi de ne pas reproduire l’abondant appareil de notes, la plupart du temps des références, dont sont dotés le texte anglais et l’original grec, certaines de ces notes étant directement intégrées à l’adaptation en français. Voici la seconde partie du texte.

La Purification des Passions par la Prière du Cœur
Les fidèles nourrissent leur faculté de raisonnement au moyen de la prière de Jésus: «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi». Quand il ‘tourne’ dans le ‘noûs’ des fidèles, le nom du Christ apporte l’illumination divine et ils peuvent alors discerner les pensées qui induisent les péchés en action et sont capables de les abattre dès leur naissance, c’est-à-dire avant qu’elles n’adoptent une image provocante. Et lorsque les passions ne sont pas activées, elles meurent progressivement, avec l’aide de la Grâce divine, ou plutôt, elles sont transformées, comme l’explique Palamas. Lors de ce processus de nécrose-transformation, les passions deviennent contemplation et là, devant «le trône de Grâce du cœur» , elles découvrent une nouvelle énergie, celle de la connaissance directe. C’est alors que se produit l’union du ‘noûs’ et du cœur. Notre ‘noûs’ est sans doute le thème fondamental de l’anthropologie ascétique, thème le plus malaisé à cerner pour ceux qui ne sont pas ‘spirituels’, qui sont ‘terrestres’. De nombreux Pères nous ont transmis une description du ‘noûs’. En résumé, ils le considère comme la force ou l’œil de l’âme. Toutefois, Palamas définit le ‘noûs’ et ses fonctions de façon précise, unique et révélatrice. Il considère le ‘noûs’ comme une substance indépendante et suprêmement active. Mais il faillit à ses propres fonctions et perd sa valeur lorsqu’il est réduit à l’intellect, qui se meut selon un mode terrestre dont le siège se trouve dans le cerveau. Notre ‘noûs’ est doté de substance et d’énergie. L’énergie de la connaissance directe, dissipée vers l’extérieur à travers les sentiments et, à l’intérieur, mélangée à la raison, doit retourner à la substance du ‘noûs’, dont le siège est dans le cœur, le principal organe calculateur du corps. Et ce retour s’effectue à travers la prière. Lire la Suite

Geronda Ephrem, Cathigoumène de Vatopedi. De la Persona postmoderne à la Personne. 1/2

Le 8 Janvier 2017, le site ‘Pemptousia.com’ a publié dans ses pages anglaises un long texte rédigé par Geronda Ephrem, l’higoumène du Saint et Grand Monastère de Vatopedi, et consacré à la notion de ‘personne‘. (L’original grec fut publié le 18 juillet 2013) La traduction française de ce texte est proposée en deux parties, compte tenu de sa longueur. Pour des raisons pratiques, il a été choisi de ne pas reproduire l’abondant appareil de notes, la plupart du temps des références, dont sont dotés le texte anglais et l’original grec, certaines de ces notes étant directement intégrées à l’adaptation en français. Voici la première partie du texte.

Comme le révèle la tradition ascétique hésychaste, la théologie de la personne est le contre-argument le plus significatif à l’individualisme et au relativisme postmodernes. L’ascétisme de l’introversion et de la paix consciente (hésychia) n’est pas une proposition, mais l’unique et authentique voie de transformation du «masque repoussant» en une personne. Lire la Suite

Romanité ou Barbarie ? Prologue

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Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte a rédigé le prologue du livre «Romanité ou barbarie? L’Origine historique du conflit séculaire entre Hellénisme et Occident», écrit par Anastasios Philippidis et publié en 1994 sous le titre «Ρωμηοσύνη ή βαρβαρότητα». Il semble que le livre précité n’ait pas été traduit en français à ce jour. Voici la traduction du prologue, à partir de la version anglaise du texte. Celle d’extraits du livre suivra.

Prologue
Bien souvent au cours de conversations variées, il m’est arrivé de remarquer que le terme «byzantinisme» était utilisé avec une connotation négative. On utilise le terme byzantologie quand quelqu’un parle pour ne rien dire. On recourt à ces termes sans y penser, alors que la raison de leur utilisation et de leur prévalence dans ces contextes est tout à fait tombée dans l’oubli. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée : La tristesse selon Dieu et la tristesse selon le monde.

agios-louka-st-lukaInnombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée en 1946. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la suite du Christ» (Спешите идти за Христом)

«En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut et dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort» (2 Cor. 7,10) Voici des paroles d’une grande profondeur, tirées de la deuxième épître du Saint Apôtre Paul aux Corinthiens. Il convient d’approfondir ces paroles: qu’est-ce donc que la tristesse selon Dieu et qu’est la tristesse selon le monde?
La tristesse selon Dieu, c’est l’état d’esprit dans lequel ont vécu tous les saints, et c’est avant tout une très grande tristesse au sujet de nos propres péchés. C’est également une tristesse continue à propos de ce que nous voyons dans le monde : des impies qui ne croient pas en notre Christ, qui vivent comme si c’était satan qui dirigeait leur vie. Ils ne veulent pas connaître la voie du Christ. La tristesse selon Dieu, c’est la tristesse pour toutes les choses injustes, et les vols et les meurtres et l’obscénité et le mensonge, l’effroyable mensonge qui imprègne tout et dans lequel ont vécu et vivent des gens de toutes conditions. La tristesse selon Dieu, c’est la tristesse pour l’infortune de nos enfants, de notre jeunesse qui ne connaît rien de Dieu, et qui vit sans Dieu.
agios-louka-st-lukasC’est cela la tristesse, celle qui naît de ce que nous-mêmes nous écartons souvent de la voie de Dieu, de ce que le monde entier emprunte un chemin qui éloigne du Christ. «Une repentance qui conduit au salut et dont on ne se repent jamais»
Cette tristesse engendre une repentance continuelle et immuable, elle engendre un sentiment de culpabilité devant Dieu, le sentiment de notre propre culpabilité et de celle de ces malheureuses gens impies qui nous entourent. Cette tristesse, cette affliction, ces larmes versées sur nous-mêmes et sur notre prochain nous conduisent à la repentance. Et nous vivons alors dans ce saint et salutaire sentiment de repentance, dans la prière pour nous-mêmes pour notre propre indignité, et pour notre prochain, pour ceux aussi qui nous sont étrangers, pour tous les malheureux qui ne croient pas en le Christ. La repentance dont on ne se repent pas mène au salut. Elle suscite en notre esprit la puissance de la prière du repentir, la prière avec larmes, la prière pour tous.
«Mais la tristesse selon le monde mène à la mort». Qu’est-ce, la tristesse selon le monde ? C’est la tristesse de ceux qui placent le but de leur vie dans les seuls plaisirs de ce monde, dans leur seule prospérité en cette vie terrestre, ceux qui ne veulent rien savoir du chemin du salut, qui ne connaissent rien de la vie spirituelle, qui ne prient pas, qui ne croient en rien ou croient seulement en le veau d’or, en la richesse qui leur procure bien-être et prospérité en cette vie. Et la tristesse frappe très souvent ces gens car leurs théories orientées vers l’acquisition de la prospérité matérielle, s’écroulent comme des  châteaux de cartes. Mais cela peut être pis encore car il arrive que ces impies se lancent à la poursuite de leur prospérité matérielle par des voies criminelles et ils en arrivent à une catastrophe intégrale. Leur iniquité et leurs crimes finissent par être découverts, il apparaît que pour satisfaire leur avidité, ils ont porté atteinte au bien et à l’intégrité de leurs prochains ou aux intérêts de l’État. Alors un dur châtiment leur est réservé : la prison, la déportation, l’exil. Mais tout cela n’est encore qu’un demi-mal. Ce n’est pas si terrible que d’atterrir en prison ou d’être exilé. Ce qui est terrible, c’est la mort éternelle qui les attend, l’éternelle perdition. C’est pour cette raison qu’il est dit que la tristesse selon le monde, la tristesse pour les biens de ce monde, conduit à la mort. Écoutez ces paroles avec crainte, craignez d’emprunter ce chemin de la tristesse selon le monde qui vous mènera à la mort. Vivez dans la tristesse selon Dieu, baignez dans les larmes saintes suite à votre propre indignité, pour les impies qui succombent et parmi lesquels vous vivez, et vous recevrez le salut éternel. Amen.agios-louka-mix

Traduit du russe.