Le texte ci-dessous est composé de la traduction de deux originaux russes. La première partie est la traduction d’un Paterikon de la Laure des Grottes de Kiev, dont les pages 280, 281 et 282 sont consacrées à Saint Spyridon. Il s’agit de «Жития и подвиги святых Киево-Печерской Лавры», publié par les Éditions du Monastère Sainte Élisabeth de Minsk en 2003 (l’édition utilisée est celle de 2011). La seconde partie est la traduction d’un texte publié sur le réseau social VK du groupe ‘Rus’ Pravoslavnaya’ le 18 août 2018, et intitulé «Miracle à la Laure des Grottes de Kiev». L’unique obédience de Saint Spyridon étant de préparer les prosphores pour la communauté, il était qualifié en russe de «prosfornik», rendu ici par le néologisme ‘prosphoriste’. Il est commémoré le 31 octobre/13 novembre).

Toute âme remplie de la grâce de Dieu, simple et au cœur pur, étrangère au mal et à la flatterie, encline à parfaire la pureté et la simplicité, est telle la demeure de Dieu Lui-Même. Ainsi, le Saint Apôtre dit: «Dieu a choisi ce qui est fou dans le monde pour confondre les sages; Dieu a choisi ce qui est faible dans le monde pour confondre les forts» (1Cor.1,27). Notre Saint Père Spyridon faisait partie du nombre de ces élus de Dieu.
Saint Spyridon était originaire d’une famille de simples villageois. Il était tout à fait illettré et les livres lui étaient chose inconnue et il était inculte mais très doué dans le raisonnement des choses spirituelles, ainsi que riche en vertus et en actes plaisant à Dieu. Son cœur était habité par la crainte de Dieu, ce qui est la source et le principe de l’authentique sagesse. En 1139, Spyridon se présenta à la Communauté de la Laure des Grottes et y entama une vie de combat ascétique sévère.
Ayant déjà atteint un âge mûr et ne sachant lire, Spyridon commença par apprendre l’alphabet et les règles de la langue, et bien vite, il fut capable de lire des livres. Il étudia par cœur le psautier et consacra son énergie au salut de son âme, psalmodiant tout au long de la journée.

Saint Spyridon éteint le feu

Pimène, le grand héros du jeûne, était higoumène de la communauté à cette époque. Constatant la piété, la douceur et l’amour du labeur de Spyridon, il lui donna une obédience qui plaisait à Dieu: la confection des prosphores. Le bienheureux Spyridon accomplit avec zèle son travail à la boulangerie, tout en continuant sa vie de podvig spirituel. L’œuvre de ses mains consistait à la préparation pure du sacrifice que le prêtre présentait à Dieu en l’élevant. Le fruit de son labeur spirituel était le sacrifice de la louange continuelle. Pendant qu’il fendait des bûches ou pétrissait la pâte, ses lèvres chantaient les psaumes de David, afin que, selon son habitude, il ait terminé la psalmodie du psautier à la fin de la journée.
Un jour, accomplissant son travail habituel, Spyridon avait allumé le feu dans le poêle et commença la cuisson des prosphores. Soudain, des flammes s’échappèrent du poêle et mirent le feu au plafond de la cellule-boulangerie. Le bienheureux se hâta de boucher l’ouverture du poêle à l’aide de sa mantya, il enleva sa cilice de crins et fit un nœud avec les manches, en courant vers le puits. Il remplit d’eau la cilice et revint à la cellule-boulangerie en appelant les frères à la rescousse. Les moines qui accoururent à ses cris furent stupéfaits par cette vision miraculeuse: la mantya qui bouchait l’orifice du poêle était absolument intacte, complètement épargnée par le feu, et l’eau restait dans la cilice sans qu’une goutte ne s’en écoulât, et ainsi l’eau éteignit l’incendie qui avait pris dans la cellule. Voyant cela, tous louèrent à forte voix Dieu, Qui était manifestement venu au secours de Son saint.
Le collaborateur le plus proche du bienheureux Spyridon à la boulangerie était le moine Nicodème, qui s’efforçait d’imiter le zèle de Spyridon, tant dans les labeurs physiques que dans les podvigs exemplaires de la prière et de la vie vertueuse. Avec une douceur et une volonté toutes chrétiennes, tous deux accomplirent leur obédience et cuisirent les prosphores qu’ils préparaient pendant trente ans. A un âge très avancé, ils rendirent leur dernier souffle à Dieu.
Rassasions-nous dignement de leurs saintes prières et du pain de la vie, la grâce et la gloire du Christ Jésus. A Lui, à Dieu le Père et à l’Esprit Saint reviennent honneur, gloire et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen

Miracle à la Laure des Grottes de Kiev

Pendant la Grande Guerre Patriotique, les Allemands occupèrent Kiev. Le commandant allemand de la ville souhaita visiter la Laure de Grottes de Kiev, mondialement célèbre. On trouva un guide pour cette «excursion», un moine qui jadis faisait partie de la communauté de la Laure.

Le moine avançait en tête de file, un cierge allumé à la main, suivi par un Allemand portant une forte lampe de poche. Le commandant suivait, son revolver à la main. Devant la châsse de Saint Spyridon le Prosphoriste, décédé huit cents ans auparavant, il s’arrêta et demanda de quoi ces reliques étaient faites. Le moine commença à expliquer qu’il s’agissait du corps d’un homme, dont la sainteté de la vie avait rendu son corps incorruptible. Le commandant donna alors un violent coup de crosse de revolver sur la main de Saint Spyridon. Alors se produisit l’inexplicable.
La peau, sèche et noircie par les siècles, éclata sous l’effet du coup donné au poignet, et de la blessure s’écoula du sang (les traces de trois écoulements séchés sont encore visibles aujourd’hui sur la main de Saint Spyridon). Le commandant et sa suite, saisis d’effroi, se hâtèrent de sortir des Grottes.
Le lendemain, le commandant allemand de la ville déclara à la radio que la Laure des Grottes de Kiev était ouverte et ceux qui le souhaitaient pouvaient s’y installer. Cette déclaration fut placardée dans la ville sur les poteaux et les murs. (Extrait de la Vie de Saint Koukcha le Grand Confesseur).
Traduit du russe
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