MNMoLe texte ci-dessous est la traduction d’une version russe mise en ligne le cinq février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 2 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Saint Païssios reçut la visite non seulement de la Très Sainte Vierge Marie, mais aussi de nombreux saints. On connaît l’apparition de Saint Euphémie au Geronda Païssios. Une nuit, soudain, racontait Saint Païssios, ou plutôt, au petit matin, alors qu’il priait, on frappa à sa porte. Il demanda :

Sainte Euphémie

– Qui est là?
– C’est moi, Euphémie, répondit une voix féminine.
– Qui?
– Euphémie!
Avant que la porte ne s’ouvrit complètement, la sainte l’avait traversée. Geronda Païssios, hardi, ne se troubla pas.
– Qui es-tu, Euphémie, et comment te trouves-tu sur la Sainte Montagne de l’Athos ?
– Je suis la martyre Euphémie, Père Païssios! Lui répondit-elle.
– Si tu es la martyre Euphémie, va dans la chapelle, fais trois métanies, signe-toi du signe de la Croix à trois reprises, et puis reviens, alors nous discuterons!
Il se montra prudent, craignant que cette apparition fût une illusion diabolique. La Sainte entra dans la chapelle de la cellule et fit trois métanies. Il lui dit
– Au nom du Père…
La Sainte avait une voix faible.
– Au nom du Père, répéta Sainte Euphémie.
– Plus fort, je ne t’entends pas!
Et quand le Saint Geronda vit qu’elle se signait, il se mit à genoux et lui dit :
– Pardonnez-moi, mais parfois, semblables apparitions proviennent du tentateur!
Vous voyez, Saint Païssios ne cherchait pas les miracles. Même quand dans sa vie un miracle se produisait, il le vérifiait.
L’amour de Saint Païssios pour Chypre était inhabituel. Je vais vous raconter ce qui s’est produit voici peu. A Limassol, on construisait une grande église, consacrée à Saint Arsène et Saint Païssios. Le Métropolite Athanasios de Limassol me téléphona et demanda :
– Accepteriez-vous de venir afin que nous célébrions ensemble la consécration de l’église?
– Écoutez, Athanasios, vous souffrez des jambes. Les médecins veulent vous opérer! Moi aussi, je souffre des jambes car je manque de vitamines B12. Nous sommes deux évêques boiteux! Consacrez l’église, mais moi, je ne peux venir.
Je n’y allai donc pas. Mais je pensais souvent à la consécration de cette l’église. Je reçus un appel téléphonique d’un homme à l’âme toute pure, un habitant de Kapsalos, un de ces hommes dont la prière maintient notre pays en vie et libre. Il s’appelle Andreas. Il me dit :
– Aujourd’hui, il y a eu un miracle pas loin d’où je vis. Je n’arrête pas de téléphoner à Limassol, mais personne ne décroche, donc je vous téléphone pour vous raconter le miracle.
– Que s’est-il passé, Andreas?
– En 1993, un an avant la mort de Saint Païssios, je suis allé le voir. C’était la seule fois que j’y suis allé. Deux hommes de Limassol m’accompagnaient. Geronda me demanda :
– Tu t’appelles comment, mon enfant?
– Andreas.
– Tu fais quoi?
– Je suis entrepreneur.
Alors, un des deux hommes de Limassol dit à Geronda Païssios :
– Geronda, il ne vous dit pas la vérité. Il est entrepreneur, mais savez-vous ce qu’il fait? Il détruit les grands bâtiments.
Geronda Païssios répliqua :
– Oui, il détruit, mais pour autant que je puisse en juger, il en construit aussi.
– Non, je n’en construit pas, je ne fais que les détruire, dit Andreas.
– Non, Andreas, tu en construis car tu développes ton obéissance envers ton père spirituel!
Andreas allait se confesser auprès du Père Athanasios, le supérieur du Monastère de Stavrovouni.
– Par cette obéissance, lui dit Geronda, tu construis progressivement un édifice que tu trouveras quand tu arriveras au paradis. Et sache que là où tu vis maintenant, je vivrai dans quelques temps.
– Mais je vis à Limassol, dans le quartier de Kapsalos. Vous allez venir à Kapsalos?
 -On va m’y construire une grande demeure. Elle se trouvera à 635 mètres de ta maison. Et ne t’inquiète pas au sujet de tes parents. Tu ne te marieras pas, et tu ne deviendras pas moine. Ni le monastère, ni le mariage ne te sont nécessaires. Reste dans le genre de vie dans lequel tu te trouves aujourd’hui!
– Geronda, j’ai peur de la solitude après la mort de mes parents!
– Ne pense pas à cela, lui dit Saint Païssios, je viendrai près de toi, de ma grande demeure qu’on me construira à Limassol, et je te tiendrai compagnie! Et chaque fois que tu seras indécis, viens me voir dans la grande demeure. Mais tu sais, tu ne resteras pas longtemps un réfugié, et je ne resterai pas longtemps dans la grande demeure. Car alors une grande miséricorde se produira! Tu viendra avec moi et nous partirons pour ton coin de terre natal (dans la partie occupée de Chypre). Là, les Turcs construiront un grand port. Nous prendrons le bateau et nous naviguerons jusqu’à la rive d’en face, à Farassa!
– Mais il n’y a pas de port dans ce coin-là.
– Aujourd’hui, il n’y en a pas, mais les Turcs en construiront un.
Si vous allez aujourd’hui au Monastère du Saint Apôtre André, vous verrez que les Turcs ont construit là un grand port pour les yachts, le plus grand de la Méditerranée orientale. Geronda Païssios avait prédit cela dès 1993.
Notre relation avec ces événement est significative. Saint Païssios y pensait. Il voyait que nous recherchons uniquement, de façon maniaque, les miracles, les prédictions et les décisions faciles. Et nous vivons de grandes difficultés dans notre attitude vis-à-vis de ces choses, dans la façon de compatir avec les gens. Et quand je parle de «gens», je ne parle pas seulement de nos Cypriotes orthodoxes, mais aussi des Turcs. Nous devons veiller à ce que lors de ces événements, qui seront provoqués par les hommes mais que Dieu utilisera pour le bien des hommes, nous vivions dans le repentir, dans la prière, avec beaucoup de compassion pour tous les gens. Voilà ce que nous devons faire à notre époque. Pendant la crise économique, nous devons partager avec nos proches notre nourriture, notre argent, et nos bonnes paroles. Ce qui se produit maintenant, c’est une répétition, un entrainement. De grands événements nous attendent. Je ne veux pas clôturer mon propos par des histoires de miracles et de prophéties dont nous pourrions bavarder pendant des heures sans que cela ne nous soit d’aucun profit. Je terminerai par quelques mots au sujet de ce que le Saint Geronda aimait. Vous vous demandez ce qu’il aimait, à part la Cappadoce, la Sainte Montagne, Souroti?
Il aimait les gens qui souffraient, qui s’asseyaient et qui attendaient qu’il vienne et écoute leurs souffrances pendant des heures. Et en réalité, je crois qu’aujourd’hui, il n’existe aucun autre geronda qui accueille autant de gens et écoute leurs problèmes. Et Geronda Païssios devenait une mère aimante pour tous ceux qui souffraient. Même lorsque des étrangers, par exemple des Allemands, demeuraient seuls avec lui et lui parlaient en Allemand, et que Geronda leur parlait en Grec, ils se comprenaient l’un l’autre. Ils parlaient la langue de la Pentecôte. C’est très important, mais pour moi, ce qui est le plus important, c’est l’amour de Saint Païssios envers un grand saint, Saint Isaac le Syrien, considéré par beaucoup comme un «docteur» en ascèse. Saint Païssios disait qu’un des problèmes de notre époque consistait en ce que nous, les gens d’aujourd’hui, nous nous satisfassions de la lecture de livres, de l’écoute d’entretiens, sans avoir le souhait de faire les efforts nécessaires à quelques métanies et quelques signes de croix pour nos voisins, et nous ne prions pas pour ceux qui nous offensent, nous ne disons pas : «Seigneur, fais miséricorde à celui qui m’a injustement accusé et a déjà remis son esprit à Dieu». Un jour, je lui demandai :
– Pourquoi est-ce que j’éprouve une joie immense quand je commémore les défunts?
– La plus belle prière est la prière pour les défunts car eux ne peuvent plus se repentir.
Et nous pouvons les aider. Saint Païssios disait que, malheureusement, aujourd’hui, il y a de plus en plus de livres et d’entretiens spirituels, mais de moins en moins d’expérience spirituelle vécue car les gens se trouvent sous l’influence de l’esprit de ce monde qui les incite à se donner constamment aux conforts et à fuir le labeur physique. La plupart d’entre nous trouvons consolation dans la lecture de livres orthodoxes, mais nous n’appliquons pas dans nos vies ce que nous avons lu. Nous nous enthousiasmons devant les saints héros de l’ascèse de notre Église, mais ne parvenons pas à comprendre combien ils ont travaillé, nous n’essayons pas de mener comme eux notre podvig avec philotimo et à les imiter. Ce qui sauve le Chrétien, ce ne sont pas les enseignement théoriques, mais l’accomplissement des commandements de Dieu. J’ajouterai une citation d’un livre de Saint Isaac le Syrien : Discours ascétiques . Saint Païssios lisait quotidiennement un extrait de ce livre. Un jour, il me dit :
– Chaque jour, je lis ce livre, mais pas plus de deux pages. Une page, c’est suffisant, maximum deux, pour que le cœur se mette à brûler.
Écoutez ce qui allume le feu dans le cœur de l’homme qui veut mener une vie ascétique :
«Mieux vaut vivre en compagnie des bêtes sauvages qu’avec les amis des vices. Mieux vaut se lier d’amitié avec un assassin qu’avec celui qui aime la discorde. Assieds-toi avec les lépreux, pas avec les orgueilleux. Sois crucifié, ne crucifie pas. Sois injustement calomnié et ne te justifie pas. Endure la calomnie et ne calomnie pas. Sois indulgent et n’envie pas le mal. Réjouis-toi avec celui qui se réjouit et pleure avec celui qui pleure. Pleure avec le pécheur. Réjouis-toi avec le repentant, sois l’ami de tout homme». (A suivre)
Traduit du russe
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