«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Extrait du livre «Archevêque Louka (Voïno-Yassenetski). Homélies.Tome 2», publié par les éditions de l’Éparchie de Simferopol et de Crimée, en 2004, et repris en 2005 par les Éditions Omega de Moscou pour la version adaptée à l’internet. Cette homélie, la première du tome 2, fut prononcée en 1958 pour la fête de la Nativité du Christ, par le Saint Archevêque Luc de Simferopol et de Crimée.

Une fois encore en notre vie, notre Seigneur nous permet de fêter le grandiose événement de l’histoire du monde, cet événement qui stupéfia indiciblement les Anges dans les Cieux. Ils virent quitter les Cieux et descendre sur terre le Fils de Dieu, le Fils-d’Avant-les-Siècles, Deuxième Personne de la Sainte Trinité, et ils Le virent condescendre à prendre un corps d’homme. Ils virent le Dieu-Homme Que nul ne pouvait concevoir.Et si les Anges de Dieu furent ébahis à l’extrême, que dire des gens sur terre? Rien bien-sûr, nous pouvons juste écouter humblement ce que dit le Responsable de cet événement admirable. Écoutez donc ce qu’Il dit: «Je suis venu dans le monde comme une lumière, afin que celui qui croit en Moi, ne demeure pas dans les ténèbres»(Je.12;46). Écoutons aussi ce qu’en dit le grand Prophète Isaïe : «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort, la lumière a resplendi»(Is.9;1).
Examinons les paroles de l’Apôtre Jean, bien-aimé du Christ Dieu : «Mais nous savons que le Fils de Dieu est venu, et qu’Il nous a donné lumière et intelligence pour connaître le vrai Dieu, et nous sommes en ce vrai Dieu, étant en son Fils Jésus-Christ. C’est Lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle»(1Je.5;20)
Impénétrable, comme l’obscurité épaisse d’une nuit sans lune, était la brume qui enveloppait les esprits et les cœurs des anciens, qui déifiaient de nombreux animaux et même des objets inanimés.
Même les religions des peuples les plus cultivés de l’époque ultérieure, les Grecs et les Romains de l’époque de la Nativité du Christ, étaient tombées en une telle décadence que leurs prêtres eux-mêmes se moquaient de leurs propres croyances. Il semblerait qu’il faille faire une exception pour le peuple d’Israël choisi par Dieu, mais ce peuple ne fut pas très ferme dans sa foi révélée par Dieu et, pendant des millénaires, il se détourna de temps en temps vers la voie de l’idolâtrie adoptée par les peuples voisins. Seule une minorité de ce peuple au front d’airain et à la nuque de fer gardait la vraie foi dans le seul Dieu.
En ce jour béni, le plus saint et le plus grand dans cette obscurité pernicieuse, la Lumière Divine resplendit dans une grotte en bordure de la ville de Bethléem.
Un mystère étrange et très glorieux fut révélé au monde: la sombre grotte devint le Ciel, car en elle resplendit la Lumière de Dieu. La crèche destinée à la nourriture du bétail reçut le Dieu que l’univers entier ne peut contenir. Le Trône des Chérubins sur lequel Dieu est assis était remplacé par la Vierge Toute Pure, sur la poitrine de Laquelle reposait le Christ Dieu d’Avant-les-Siècles Qui, inconcevablement pour nous, S’était incarné.
À la connaissance de qui ces événements impénétrables sont-ils portés? Non pas à celle des rois et des nobles, ni des sages et des philosophes, fiers de leur gloire terrestre. C’est à des bergers, simples, qui ne connaissaient rien, qui n’avaient rien appris, que les Anges sont apparus, leur annonçant par un chant céleste que le Soleil de Justice brillait et que la Lumière de la vraie intelligence était révélée au monde.
Pourquoi les anges ont-ils annoncé à de simples bergers un événement universel aussi grand que la Nativité dans la chair humaine du Sauveur du monde? Pourquoi pas aux puissants et aux sages du monde? Parce que, pensons-nous, Dieu s’oppose aux orgueilleux et donne la grâce seulement aux humbles.
Mais d’aucuns diront peut-être que Dieu avertit les sages mages venus d’Orient par l’apparition miraculeuse de l’étoile de la Nativité à Bethléem du Dieu-Homme et Fils de Dieu, qui prit chair humaine de la Très Sainte et Très Pure Vierge Marie. Je répondrai à cette question dans la mesure de mes faibles forces. Qui étaient ces mages venus de loin ? Dans le tropaire de la Nativité, ils sont qualifiés de «serviteurs des astres». Ils dirigeaient toutes les forces de leur intelligence vers la connaissance des astres de la voûte céleste, étoiles et planètes, vers l’étude des mouvements de ces astres, vers la découverte de nouveaux astres. Leur cœur et leur raison étaient en permanence orientés vers la lumière céleste; cela ne signifierait-il pas que leurs cœurs étaient assoiffés de connaissance de la vraie lumière? Mais oui, bien-sûr! Même pour nous, la lumière des luminaires célestes est beaucoup plus proche de la vraie lumière, de la lumière céleste, que la lumière électrique, morte, ne l’est. Et les mages serviteurs des astres, dans leur connaissance religieuse étaient beaucoup plus élevés que les païens grossiers qui déifiaient les animaux et les objets inanimés. Et ils étaient incomparablement plus dignes, après les bergers de Bethléem, de venir se prosterner devant le Fils de l’Homme Qui venait de naître, le Fils de Dieu, et de lui apporter de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or est le cadeau digne du Roi, l’encens est digne du vrai Grand-Prêtre, et la myrrhe digne de Son sépulcre après qu’Il ait sauvé le monde par Sa Croix.
Ces sages venus des pays d’Orient furent jugés dignes de voir et adorer le Christ Enfant-Dieu, car Dieu vit à quel point ils aspiraient sincèrement à la connaissance de la Seule Vraie Lumière Céleste.
Et le Christ Dieu, Qui connaît les cœurs, connaît aussi tout ce dont nous sommes dignes et tous nos défauts, et Il attribue à chacun de nous ce qu’il mérite.
Et il nous charge de la croix qui nous sauvera. Et nous devons la porter sans murmurer et même avec gratitude. Car Lui-même, en ce jour béni, S’est incarné non pas pour être un roi et un maître du monde, mais pour l’humiliation, la persécution et l’outrage des pécheurs, et Il a porté la plus terrible de toutes les Croix, celle sur laquelle Il a donné Sa vie pour sauver de la violence du diable ceux qui croient en Lui .
Transportons-nous, serait-ce en pensée, à la suite des mages dans la crèche de Bethléem, et apportons en offrande à notre Sauveur, toute la force de notre foi en Lui, toute la profondeur de notre amour pour Lui, le repentir de nos péchés et de nos iniquités.
Et Il nous pardonnera toute notre souillure, et ordonnera à l’Apôtre Pierre d’ouvrir devant nous les portes du Royaume des Cieux.
Que cette joie soit avec vous tous, mes frères et sœurs!
Amen.

Traduit du russe
Source

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)